Manglier

Manglier.
Nom masculin.

Palétuvier. (Rhizophora mucronata.)

Mangliers_1

« Quand j’étais petit nous somme allés nous promener une fois en pirogue dans un labyrinthe de mangliers, celui qu’on trouve sous le vent de l’îlot Mangénie. J’avais trouvé fascinant ce monde à la fois marin et végétal. »

« L’étude traite également d’une autre question chère au pêcheurs : l’arrachage des mangliers sur l’Ile-aux-Chats. Ces plantes contribuent pour 80 % de la biomasse des lieux où elles se trouvent. “L’enlèvement partiel des mangliers sur l’Ile-aux-Chats causerait une perte et une altération des habitats qui subviennent aux besoins des poissons et aux autres organismes marins”, souligne l’étude compilée par une dizaine de techniciens de l’AFRC. » (Boolell doit calmer le jeu entre promoteur et pêcheurs, L’Express du 17 mars 2006.)

Depuis environ deux ans, ce jeune chercheur, Daniel. E.P. Marie, employé par l’Institut océanographique de Maurice (M.O.I) a, sous la supervision de l’université catholique de Louvain (Belgique), entrepris des études pour comprendre pourquoi la racine du manglier (de son nom scientifique le Rhizophora mucronata) est communément utilisée pour faire baisser le taux de glucose dans le sang de personnes diabétiques.”
(Week-End, 12 août 2007.)

« Le manglier croît directement dans la mer. Ses branches et ses racines serpentent sur le sable, et s’y entrelacent de telle sorte qu’il est impossible d’y débarquer. Son bois est rouge, et donne une mauvaise teinture. » (Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, Voyage à l’Ile-de-France (1773), page 91 (édition de 1835).)

« Mon hôte voulut m’accompagner une partie du chemin ; nous fûmes en pirogue jusqu’auprès du poste de Fayette. Presque toute la côte est couverte jusque là de roches brisées et de mangliers. » (Bernardin de Saint-Pierre, Voyage à l’Ile-de-France, page 223.)
 
 
Le mot manglier vient de mangle, qui est le fruit de l’arbre en question, tout comme le badamier est l’arbre qui porte des badames. Le mot mangle vient de l’espagnol, lequel l’aurait emprunté à la langue taïno de Haïti. Manglier existe de longue date en français. Littré (1863) en donne la définition suivante : « Arbre peu élevé, de la famille des rhizophorées, se trouvant dans les lagunes et les plages maritimes de l’Amérique intertropicale et du Malabar. On le nomme aussi palétuvier. » Cependant, en français standard, aujourd’hui, on parlera plutôt de palétuvier que de manglier, alors qu’à Maurice le mot palétuvier est inconnu de la plupart des gens.

Manglier_2

Un panneau du ministère de la Pêche (photo ci-dessus, cliquable), installé in situ sur la côte Est, tente de faire passer le message suivant :

Protégeons nos mangliers.
> Ils protègent les côtes contre l’érosion.
> Ils retiennent les sédiments, protégeant ainsi le lagon.
> Ils offrent un refuge et un lieu de ponte aux organismes marins.
> Ils représentent une source importante d’approvisionnement en aliments.

Gros_manglier_sur_roche

 

 

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Mise à jour du 1er mai 2012.

Le mot manglier sert aussi à décrire deux autres espèces végétales, des arbres qui ne sont pas aquatiques et qui n’ont rien à voir, du point de vue botanique, avec la plante dont il est question ici (le palétuvier). Il s’agit de deux essences endémiques, appartenant toutes deux à la famille des Sapotacées, et connues à Maurice sous le nom de manglier vert (Sideroxylon cinereum) et de manglier rouge (Sideroxylon puberulum).


(Guy Rouillard et Joseph Guého, Histoire des plantes d’intérêt horticole, médicinal et économique à l’île Maurice (1981-1985), page 224.)

 

 

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Mise à jour du 19 avril 2014.

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Mangrove à l’île d’Ambre.

11 réponses à “Manglier

  1. Ah! comment oublier ce grand éclat de rire ?
    Remarquez qu’avec des mangliers cela aurait été beaucoup moins drôle…

    N.B. : mangle du taïno, palétuvier du tupi, mangrove du malais … Une véritable jungle étymologique!

  2. Une véritable jungle étymologique!
    Il y a des livres dans la jungle ?

    Des palétuviers roses ? Il est vrai que les racines du baye visible sur la dernière photo du billet ont une teinte rougeâtre. Quelle voix, en tous cas, cette Pauline Carton ! N’était-ce pas elle qui jouait la femme du général Cambronne dans la fameuse pièce de Sacha Guitry où elle harcèle son mari pour qu’il lui dise enfin en quoi consiste son fameux mot ?

    Il me revient qu’ailleurs, sur un autre blog, j’avais eu quelques échanges liés au mot manglier avec un monsieur né en Europe et établi au Venezuela, où il a construit la charpente de sa maison avec le bois de ces arbres-là, ce qui m’avait scié car je ne pensais pas qu’on pouvait l’utiliser en construction (je ferais peut-être mieux de me taire ici). Il signait Arcadius et avait dit ceci : « la charpente est de manglier, après je dispose la caña (oui, cagna), percée et vissée sur le manglier (mangles, bois de « manglare », c.a.d. mangrove) de manière à, d’une part avoir des linteaux extérieurs et, d’autre part, une harmonie intérieure. » Mais j’avais compris à l’époque que les mangliers de l’Orénoque étaient énormes.

    http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2006/12/15/la-dictee-nest-plus-que-pluie/#comment-30791

  3. Dans le Mot de Cambronne , Pauline Carton joue le rôle de la préfète, méchante vieille commère. La femme du général est jouée par Jacqueline Delubac.

    Votre baye , que je ne trouve pas dans mes dictionnaires — pas même le Quillet, c’est vous dire! —, a-t-il quelque chose à voir avec le bayou ? Si c’était le cas — ce qui m’étonnerait, vu le peu de rapport entre Maurice et Louisiane — voilà qui rajouterait le choktaw à notre méli-mélo étymologique.

  4. Dans le Mot de Cambronne , Pauline Carton joue le rôle de la préfète, méchante vieille commère. La femme du général est jouée par Jacqueline Delubac.

    Merde !

  5. Le baye est dans la baille.

  6. « Baye » n’a que peu de chance d’avoir un rapport avec « bayou ». Un « baye » n’est pas nécessairement un manglier, ni même un arbre. Il s’agit simplement d’un individu — animal ou végétal, voire d’un objet — d’une taille au-dessus de la moyenne. « Ce boug-là était un bel baye » signifie que c’était un beau spécimen d’homme. Je ne sais d’où vient l’expression. « Bhai » est un mot affectueux utilisé avec certaines personnes (il signifie « frère »), mais il s’agit là d’une autre acception. « Baye » est parfois utilisé sous la forme « baya », à moins que « baya » ne soit parfois utilisé sous la forme « baye » (voir la liste de mauricianismes).

  7. GT cheerfully renders both palétuvier and manglier as mangrove, thus making complete hash of this article (but fear not, mousing over the translation shows the original). But its truly immortal rendering of Quand j’étais petit nous somme allés nous promener une fois en pirogue dans un labyrinthe de mangliers emerges as When I was little we went for a walk once in a canoe in a maze of mangroves! Needless to say, those who go for walks in a canoe swiftly find themselves in the drink….

  8. Trond Engen

    After thinking « Gee, do they use promener like that », I thought of making the same point, but since it probably just would reveal how little I understand of French idiom, and since I couldn’t blame Google Translate or anyone, I kept it to myself.

  9. marie-lucie

    Oui, on peut se promener à pied, à cheval, à dos de chameau ou d’éléphant, en bateau, en auto, et pourquoi pas en hélicoptère! Il s’agit seulement de passer le temps agréablement sans rester sur place ni se presser.

  10. John, there is a difference between the English mangrove and the French mangrove. In English mangrove is the plant itself, whereas in French it is the type of coastal vegetation, the forest if you will. La mangrove est formée de palétuviers/mangliers.

    Regarding the etymology, there also seems to be a difference between what is proposed by English authors and what is proposed by French authors.

    On the one hand the SOED has this:
    « Mangrove. 1613. [Cf. Portuguese mangue, Spanish mangle; the second syllable is due to association with GROVE.] 1. Any tree or shrub of the genus Rhizophora, or the allied genus Bruguiera; especially the Common Mangrove, Rhizophora mangle.”
    Etymonline.com has this:
    « mangrove — 1613, from Spanish mangle, mangue (1535), perhaps from Carib or Arawakan. Second syllable is from influence of grove. A Malay origin also has been proposed, but it is difficult to explain how it came to be used for an American plant. »
    Collins has this:
    « Mangrove. (…) History. 17th century mangrow (changed through influence of grove), from Portuguese mangue, ultimately from Taino. »

    But on the other hand Dauzat has this:
    « mangrove. 1902, Larousse ; mot anglais, d’origine malaise. »
    Trésor de la langue française has this:
    « Mangrove. (…) 1789 mangrore (W. Tench, Voyage à la baie botanique, 229-230 ds Höfler Anglic.); 1891 mangrove (Baillon). Emprunté à l’anglais mangrove «manglier» attesté sous les formes mangrowe, mangrave, mangrove depuis le XVIIe s. et usité, p. ext., depuis la fin du XVIIe s., pour désigner d’autres plantes de même type. L’origine du terme semble être la même que celle du fr. mangle* (à partir du type mangue), –grove pouvant représenter l’anglais grove «bocage», les autres formes restant totalement obscures. [Sur l’hypothèse d’une origine malaise du terme, ainsi que de mangle, proposée par NED, v. notamment Fried., p. 384]. »
    [I don’t know who « Fried. » is, and what « NED » is either. We would have to look into the list of abbreviations.]
    Finally, Le Petit Robert has this:
    « Mangrove. — 1902 ; mot anglais, du malais. »

    The French dictionaries do not all say the same thing, Dauzat and Petit Robert speaking the same language while TLF refers to mangle/mangue, which it says comes from Taino, via Spanish. There is a bit of confusion in all this. According to some French authors the French word is supposed to come from English, which mainly suggests an American origin (at least according to the OED and Collins), but at the same time these French authors mention a Malay origin. However, maybe they know more about English than the English themselves.

  11. Siganus Sutor

    Aujourd’hui j’ai appris une chose que je ne soupçonnais pas jusqu’à l’heure : à Maurice il existe des mangliers qui poussent loin, très loin de la mer. (Enfin, bien sûr, cela est relatif dans une île d’une largeur maximale de 42 km, mais je me comprends.) C’est en feuilletant l’Histoire des plantes d’intérêt horticole, médicinal et économique à l’île Maurice que je suis tombé sur un “manglier vert” ainsi qu’un “manglier rouge”, arbres endémiques de “moyenne altitude” (voir ci-dessus la mise à jour du billet), ce qui est incompatible avec une plante poussant dans l’eau de mer. Guy Rouillard et Joseph Guého disent que ces arbres “portent le même nom [que les mangliers des régions côtières] parce que, devenus très âgés, ils donnent l’impression d’être supportés par des échasses, leur tronc étant évidé à l’intérieur.” Je me suis alors demandé quel parallèle les auteurs pouvaient bien faire entre le nom manglier et les échasses. À ma connaissance, le mot mangle, d’où est issu le mot manglier, vient d’une langue amérindienne, dans laquelle il n’y a probablement pas l’idée d’échasse. (Mais qui le sait vraiment, en fin de compte.) Toutefois, il est possible qu’il ne soit pas là question d’une parenté étymologique mais plutôt d’une simple ressemblance extérieure, les mangliers paraissant en général reposer sur des échasses (voir ci-dessus la première photo du billet). Ces deux “bois de fer” — si j’ai bien compris la signification de sideroxylon, comme dans sidérurgie et xylophone —, dans leur vieux jours, ne feraient ainsi qu’évoquer des palétuviers.

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