Archives quotidiennes : 9 novembre 2009

Meule

Meule (de roches).
Nom féminin.

Pile de rochers et de pierres constituée lors de l’épierrage d’un champ.

Meule_1
(La meule est le tas noirâtre émergeant du champ de cannes. — Ph. cliquable.)

Mot construit par analogie avec la meule de foin. Bien que « meule » puisse avoir comme acception « amas de matériaux, d’objets, de morceaux de formes et de consistances diverses » (TLF), en dehors d’un contexte mauricien je n’ai jamais rencontré ce mot utilisé pour parler d’un tas de pierres. Ce qui ne veut pas dire que cela ne puisse pas être le cas. Je garderais néanmoins, quoi qu’il en soit, cette meule-là, enn mèl ross, dans ma liste de mauricianismes, ma liste personnelle, pour l’image qu’elle suscite dans mon esprit — ainsi que dans celui de nombre de Mauriciens, j’en suis sûr.

« Deux jeunes, âgés tous deux de 23 ans, habitant Montagne Blanche, ont été grièvement blessés dans un accident de la route, survenu aux alentours de 15h, hier. L’accident a eu lieu à la hauteur de Melrose, en direction de Montagne Blanche. Les deux jeunes, qui se trouvaient dans une voiture de maître, ont percuté une meule. » (Week-end du dimanche 28 novembre 2004.)

« Depuis que les producteurs de macadams cherchent des roches pour alimenter leurs moulins, les meules ont presque complètement disparu des champs de cannes. »

Des gens se retrouvant hors du pays natal peuvent, à la lecture d’un texte les renvoyant vers des paysages familiers, avoir à l’esprit une image très vive, une image dont ils se souviennent encore après des lustres et des lustres, quand bien même les mots eux-mêmes se sont effacés de la mémoire. Ainsi, ce passage de Le Clézio :

     Devant moi, au milieu des cannes, il y a une meule de pierres de lave noires. C’est là-dessus que j’aime grimper, pour regarder l’étendue verte des champs (…).
     C’est cela que j’aime. Je crois que je pourrais rester en haut de cette meule pendant des heures, des jours, sans rien faire d’autre que regarder.
     Aouha ! Aouha ! Denis m’appelle, à l’autre bout du champ. Il est lui aussi au sommet d’une meule de pierres noires, naufragé sur un îlot au milieu de la mer. Il est si loin que je ne distingue rien de lui. Je ne vois pas que sa longue silhouette d’insecte, au sommet de la meule.

(Le Chercheur d’or, page 14.)

Près de Plaine Magnien, certaines meules datant des années 40 (1940) ont été faites selon une forme régulière, avec des degrés et des côtés rectilignes.

Meule_Plaine_Magnien_1

Il s’est trouvé des gens pour leur donner des origines pour le moins surprenantes, le dernier illuminé en date à venir faire part de ses impressions sur les « pyramides de Plaine Magnien » étant une sorte d’Indiana Jones d’origine bosniaque, Semir Sam Osmanagic.

Ce chercheur a cherché, à l’Est, des pyramides martiennes. Peut-être n’a-t-il pas trouvé, faute d’avoir suffisamment cherché, ce qu’il y avait à l’Ouest, près de Petite Rivière, à savoir une ziggourat martienne :

Ziggourat_martienne

 

Ѩ

 

Février 2011.

La plupart des meules ont été enlevées des champs au fil des années et envoyées à l’abattoir au concasseur (plutôt appelé “concasseuse” à Maurice) mais, outre celles de Plaine Magnien qui sont dorénavant protégées — en principe —, on en trouve encore pas mal près de Montagne Blanche :

Aux deux photos ci-dessus (cliquables) correspond une vue de Google Maps permettant de constater que les meules en question, vues de dessus, produisent un paysage moucheté du plus bel effet :

Gourgouri

Gourgouri.
Nom masculin.

Outil fourchu servant à plier les fers à béton, griffe. Aussi connu sous le nom de « tourne-à-gauche ».

Gourgouri_1

Le Dictionnaire étymologique des créoles de l’océan Indien n’a qu’un point d’interrogation pour l’étymologie du mot gourgouri. A croire qu’il est né sous X.

« Hein, dis au ferrailleur d’amener un coup un gourgouri. Il faut écarter ces barres-là. »