Archives mensuelles : février 2013

Roussaille

Roussaille.
Nom féminin.

Eugenia uniflora. Fruit rouge, rond et côtelé, pouvant ressembler à un potiron en miniature, produit par un arbuste ou un petit arbre appelé roussailler (ou roussaillier). Le fruit, légèrement acidulé, possède une saveur caractéristique.

Roussailles (fruits) et feuilles de roussaillier.

Roussailles (fruits) et feuilles de roussaillier.
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Originaire d’Amérique du Sud, le roussaillier appartient à la famille des Myrtacées (tout comme le jeanmalac, le jamblon, le jambosse, le niaouli, le bottle brush et de nombreuses autres espèces présentes à Maurice). Il appartient en outre au même genre que les “cerises” locales (Eugenia brasiliensis), cerises qu’on a pu voir ici il y a trois ans. Si les roussailles ne sont jamais appelées “cerises” à Maurice, à la Réunion elles portent avant tout le nom de “cerises à côtes” ou de “cerises de Cayenne”, l’appellation “roussaille” y ayant cependant été attestée (cf. par exemple Eugène Jacob de Cordemoy, Flore de l’île de la Réunion (1895), page 424, où il est dit que le nom vulgaire d’Eugenia uniflora, arbuste du Brésil naturalisé à la Réunion, est “roussaille, cerise”). Dans des pays de tradition plus anglophone on peut la trouver sous le nom de “Surinam cherry” (cerise du Surinam) ou de “Brazil cherry” (cerise du Brésil), voire de “pumpkin cherry” (cerise potiron).

Sur la berge des bassins, Mukesh a mis en terre des plantes pour l’embellir. Mais comme il ne manque pas d’idées, il y a une année, il a créé un verger sur un terrain d’un arpent. Il y cultive tous les fruits qu’on peut trouver à Maurice. Même ceux qui sont en voie de disparition, comme la vavangue, le cœur de bœuf ou la roussaille.”
(L’Express, 14 mai 2007.)

La 15e édition de la Fête des Fruits a lieu ce dimanche au Jardin Balfour à Beau-Bassin. Activité annuelle de la mairie des villes-sœurs, cette fête connaît, à chaque édition, un grand succès d’affluence et d’ambiance. C’est, notamment, l’occasion pour la jeune génération de découvrir des fruits rarissimes disparus des marchés traditionnels et autrefois en abondance dans nos bois et bosquets tels la ‘pomme jacquot’, la ‘bibasse’ ou encore la ‘roussaille.”
(Week-End, 7 février 2005.)

Roussaillier (région Ouest).

Roussaillier (région Ouest).
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(Merci à J. pour les photos de roussaillier.)

Le restaurant offre aux clients un véritable havre de paix. Il est ouvert sur un immense jardin accessible au public où le gazon côtoie une multitude d’arbres fruitiers méconnus, à l’instar du combava, du fruit à pain ou encore de la roussaille.”
(Scope, 6 juillet 2011.)

‘Il y a très peu d’enfants qui connaissent la pomme jacquot, la roussaille ou le lucuma, même la prune locale est méconnue, parce que quand vous allez au marché, vous voyez surtout des fruits importés telles la pomme, la poire et l’orange”, affirme Ameenah Gurib-Fakim. L’auteur nous fait goûter, sur 190 pages, au jamrosat, à la framboise marronne, au jamblon, à la grenade.”
(L’Express, 17 janvier 2006.)

Les auteurs de l’étude ont en premier lieu été particulièrement étonnés de constater que si restreinte soit-elle (0,75 hectare), leur surface d’échantillonnage a permis de recenser 56 % de toutes les espèces ligneuses indigènes jusqu’alors répertoriées dans ce type de forêt. Ils ont aussi pu retrouver une espèce endémique qu’on n’avait pas vue depuis 150 ans, et ils ont découvert une nouvelle espèce d’arbre endémique dans la famille des Eugenia (bois clou, espèce proche du [?] roussaille cultivé).”
(Le Mauricien, 11 janvier 2013.)

The few remaining areas of native vegetation are badly degraded through the invasion by exotic plants such as “piquant loulou » (Acacia nilotica), jamrosa (Syzygium jambos), bois d’oiseaux (Litsea glutinosa), aloes (Furcraea foetida), vieille fille (Lantana camara) and ravenale (Ravenala madagascariensis). A number of other plants potentially threaten native vegetation, including poivre marron (Schinus terebinthifolius), roussaillier (Eugenia uniflora) and Chinese guava (Psidium cattleianum).”
(National bio-diversity strategy and action plan 2006-2015, Chapter 6 (Rodrigues), site du gouvernement.)

Diksyoner kreol morisyen, page 280.

Diksyoner kreol morisyen (1987), page 280.

Le mot roussaille pourrait être une corruption du mot français groseille, le groseillier étant un type de plante originaire des régions tempérées de l’hémisphère nord n’existant pas à Maurice (Ribes spp.). C’est du moins la possibilité qu’évoquent MM. Baker et Hookoomsing dans leur dictionnaire du créole, comme on peut le voir dans l’extrait ci-dessus tiré de la page 280 de l’ouvrage, ces auteurs suggérant par ailleurs de se tourner vers l’Inde, où, en portugais, le fruit (ou un fruit similaire du genre Eugenia lui aussi) aurait été appelé groselha peruviania.

À première vue il peut paraître difficile de croire que le mot rousaille puisse provenir du mot groseille, les prononciations semblant par trop différentes. Mais en essayant oralement de “corrompre” la prononciation du mot groseille, en gardant de surcroît à l’esprit qu’une influence portugaise a pu s’immiscer dans l’opération, alors on finit par se dire que la roussaille est peut-être un rejet, voire un rejeton, de la groseille. C’est en outre ce que mentionne le Dictionnaire historique de la langue française (édition de 2010), ouvrage de référence écrit sous la direction d’Alain Rey et dans lequel, de façon inattendue, on peut trouver une entrée à propos des roussailles mauriciennes (et — ne soyons pas excessivement chauvins — bourbonnaises) : “ROUSSAILLE n. f. (1804) semble être la déformation de groseille”.

Dictionnaire historique de la langue française (2010), page 1995.

Dictionnaire historique de la langue française (2010), page 1995.

Le DHLF précise par ailleurs que la transformation du mot groseille en roussaille a pu être influencée par le mot roux, ou plutôt son féminin rousse, mot renvoyant consciemment ou inconsciemment à la couleur rougeâtre du fruit. Roussaillier_(Eugenia_uniflora)--JB_55 Selon ce qui figure dans ce dictionnaire contemporain, le mot serait attesté — par écrit donc — à partir de 1804. On le retrouve bien en 1880 dans cette savoureuse Étude sur le patois créole de Charles Baissac, publiée à Nancy en France, savoureuse aujourd’hui encore quand bien même ce livre vieux de cent trente ans peut fleurer le paternalisme d’une société cloisonnée dans ses préjugés. Baissac, évoquant un temps où il était exilé loin de Maurice, parle de la saveur exquise qu’il aurait alors trouvée aux plus “contestables” des fruits du pays natal, citant à cette occasion les vavangues et les roussailles — des mots qu’il s’abstient de mettre en italique ou entre guillemets :

Charles Baissac, Étude sur le patois créole (1880), page 204.

Charles Baissac, Étude sur le patois créole (1880), page 204.

Le roussailler est mentionné à la page 143 de l’Hortus Mauritianus, l‘“énumération” du botaniste Wenceslas Bojer imprimé à Maurice en 1837, lequel précise alors qu’il est “presque naturalisé” dans l’île. Plus ancien que le livre de Baissac et celui de Bojer, le Dictionnaire classique d’histoire naturelle (tome XIV), publié en 1828, parle de la roussaille et du roussailler en précisant qu’on les trouve à Maurice et à la Réunion :

Dictionnaire_classique_d'histoire_naturelle_(1828)_tome-14_page_694

Dans l’Encyclopédie Méthodique, dans le sixième tome consacré à l’agriculture, publié en 1816, à la page 194 il est question de la roussaille, laquelle, de façon assez singulière, est donnée comme étant synonyme de jambosier :

Encyclopedie_Methodique--Agriculture--Tome_6_(1816)--page_194

Le Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique, volume 7, paru en 1809, parle lui aussi de la roussaille (page 400), par ailleurs appelée à cette occasion “jambosier de Micheli”, pour dire qu’elle est cultivée “à la Chine”. (Rappelons que l’espèce est d’origine sud-américaine.)

Roussailler--Nouveau_dictionnaire-d'histoire_naturelle_(1809)_page_400

En 1803, dans le tome XII du Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle appliquée aux arts (page 242), on retrouve notre roussailler, appelé là aussi “jambosier de Micheli”, arbre qui, selon les auteurs, pousse aux “aux Grandes-Indes, à la Chine, et dans l’Amérique méridionale” :

Nouveau_dictionnaire_d'histoire_naturelle_(1803)_page_242

Par ailleurs, dans Le Jardin des Pamplemousses (1983), Guy Rouillard mentionne le botaniste François Péron qui fit partie de l’expédition Baudin vers l’Australie, laquelle relâcha par deux fois à Maurice (1801 à l’aller, 1803 au retour). Et c’est à cette occasion que Péron visita le jardin des Pamplemousses et chanta les louanges de Nicolas Céré qui, dit-il, a su naturaliser un nombre prodigieux d’arbres et d’arbustes, parmi lesquels il cite “l’arbre de Cythère, le latanier, la roussaille, l’arbre à suif, l’arbre à thé…”

Il semblerait par ailleurs que la culture de la roussaille se soit répandue dans le monde jusqu’au Maghreb, car dans le Dictionnaire de la langue française d’Émile Littré (publié entre 1872 et 1877) on trouve le mot roussaillier, un arbre poussant en Algérie selon l’auteur, qui à cette occasion cite le Journal Officiel du 26 novembre 1874 :

ROUSSAILLIER. (rou-sa-llé, ll mouillées) s. m.
Espèce d’arbre à fruit de l’Algérie.
Journ. offic. 26 nov. 1874, p. 7813, 2e col.: Le roussaillier, aux jolies cerises cannelées, à la pulpe aigrelette et un peu térébenthinée.

À ma connaissance à Maurice on ne trouve que des roussailles rouges, mais il en existe qui sont d’un pourpre très foncé, presque noir, comme des jamblons. On peut en voir un exemple ici.

"Roussaille", dans Arbres et arbustes de Maurice et de l'océan Indien, Ameenah Gurib-Fakim.

« Roussaille », dans Arbres et arbustes de Maurice et de l’océan Indien,
Ameenah Gurib-Fakim.

Toutefois Ameenah Gurib-Fakim de l’université de Maurice mentionne une variété foncée et sucrée (voir l’extrait de son livre ci-dessus). Pas plus que je n’ai entendu qui que ce soit dire “goussaille” comme le signalent Baker & Hookoomsing dans leur dictionnaire en tant que prononciation alternative, jamais je ne suis tombé sur une roussaille violette et douce. Mais un jour, peut-être…

Roussailles_447

Zéro point, zéro traka

Penalty Points System in Mauritius
Road Traffic Amendment Bill passed in Parliament in July 2012

MPF--Permis_a_points--Recto

(Clickable images)

MPF--Permis_a_points--Verso

The now usual mix of “official” English and “unofficial” (i.e. “badly written”) Creole in government communication.

 

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10 March 2013 update

Complex and possibly expensive tools freshly bought to get lepep admirab a good score:

Radar_Paillote_(Candos)_91

(These photos were taken on the road between La Louise and Carreau La Liane, a few hundred metres from the entrance to Candos’ hospital.)

Radar_Paillote_(Candos)_90

 

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12 March 2013 update

More efforts on the government’s part to give good points to each and everyone…

– Phoenix main road (A10), about 250m from the Phoenix police station:

Phoenix_speed_camera_07

– St-Paul road, approximately midway between Winner’s and Gymkhana:

St-Paul_speed_camera_06