Archives mensuelles : juin 2012

Graines

Graines.
Nom féminin, généralement pluriel.

Testicules (bourses, couilles, roustons, roubignolles, etc.).

Il portait un short tellement lâche que, de temps en temps, quand il était assis le genou en l’air, on voyait ses graines.”

Rex, le chien des voisins, a eu les graines déchirées net pendant la bagarre qu’il a eue avec les autres chiens du quartier. Il a fallu le faire recoudre chez le vétérinaire.”

Hé toi, ti couillon, taleure tu vas manger un bon coup dans tes graines si tu continues à faire ton domineur comme ça !

Mari tilesprit en tt k zot p lager [ki] sana so graine plis gros.”
(Forum MruDota, 12 avril 2011.)


 

 

 

 

 

 

 

L’expression, qui appartient à un registre plutôt familier (pouvant tirer sur le vulgaire), provient très probablement d’un parallèle avec les graines trouvées dans le règne végétal, par analogie de forme mais aussi à cause du pouvoir germinatif — donc reproducteur — des graines de papaye, de letchi, de bibasse, d’avocat, etc.

Cette analogie peut produire des quiproquos amusants, l’utilisation du mot graines dans certaines situations pouvant prêter à rire, surtout si on a l’esprit longaille. Exemple : “Mettez les graines de jacques à bouillir” (recette dans l’hebdomadaire Week-End, dimanche 9 janvier 2011).

 

_______

Mise à jour du 6 janvier 2015.

Exemple humoristique de traduction littérale.

Mari ça ! Uniquement ceux qui ont des graines ont des problèmes dans ce pays !

Deven T., 22 août 2013, Le Mauricien, page 4.

Deven T., 22 août 2013, Le Mauricien, page 4.

Grains secs

Grains secs.
Nom masculin pluriel.

Terme générique utilisé pour parler des graines de légumineuses telles que les lentilles, les haricots — blancs, pâles ou rouges —, les gros pois, les pois chiches, les dals, les ambrevades, les ambériques, etc. (Graines séchées provenant de plantes à gousses.) Légumes secs.

Le riz et les grains secs coûteront plus cher en 2010”.
(Le Matinal, 8 décembre 2009.)

La State Trading Corporation compte réguler le marché des grains secs”.
(L’Express, 15 octobre 2010.)

On en parlait depuis quelque temps, le prix des gros pois, grains secs très consommés à Maurice, va enfin baisser. Ceux de la marque Orient, importés de Madagascar, baissent effectivement à partir de demain matin, à Rs 20.75 les 500 grammes au lieu de Rs 28.50.
Guillaume Babet, directeur général de Tire Master Food Business Unit, entreprise importatrice de grains secs, explique cependant que les consommateurs ne devraient pas s’attendre à ce que le nouveau prix prenne effet immédiatement dans tous les supermarchés de l’île
.”
(Le Mauricien, 11 octobre 2011.)

Grains secs : baisse des prix en vue
Les consommateurs peuvent pousser un ouf de soulagement ! Les prix des grains secs notamment gros pois, lentilles, dholl et autres petits pois connaîtront une baisse conséquente d’ici peu
.”
(Le Matinal, 28 septembre 2011.)

La présence visible d’oiseaux, précisément de moineaux, dans ses rayons de grains secs et de riz ne semble pas incommoder une enseigne opérant au rez-de-chaussée d’un centre commercial à Phoenix.”
(Le Mauricien, 31 juillet 2011.)

L’intérieur
Echoppes de
bœuf, cabri,
basse boucherie,
poisson, légumes,
grains secs
.”

À la Réunion, île voisine où la façon de s’alimenter présente un certain nombre de similitudes avec celle rencontrée à Maurice, l’expression consacrée est “riz, grain, rougail”, parfois abrégée même en “R.G.R.”, cette trinité-là représentant l’archétype du repas réunionnais ordinaire, celui qu’on mange chaque jour ou presque. Pour parler de la partie “G”, les Bourbonnais utilisent davantage l’expression “grains” que “grains secs”, cette dernière se rencontrant plutôt à Maurice me semble-t-il. (Si par le plus grand des hasards un Réunionnais venait à passer par là et qu’il acceptait de donner son avis là-dessus…)

Riz, Grains, Rougails ! Dans ma mémoire ces 3 mots sont pour moi si étroitement liés que l’évocation de chacun d’eux suscite aussitôt le souvenir des deux autres.
Dans la cuisine créole cette trilogie correspond en effet au minimum minimorum exigé à chaque repas, tout autre plat (rôti, carry ou achards pour ne citer que les plus courants), n’étant qu’un éventuel complément pour améliorer l’ordinaire. Dans les restaurants typiques de La Réunion ces trois lettres « R.G.R. » (pour Riz, Grains, Rougail) sont d’ailleurs souvent affichées en gros pour attirer l’attention des clients ces plats constituant le menu de base proposé aux clients : pour les « locaux » c’est la certitude de manger créole et pour les touristes c’est un appel à leur curiosité pour les appâter
.”
(Site zanatanyforever.free.fr, mai 2006.)

 

Ɠ

 

En français dit “normal”, le grain est d’abord le “fruit comestible des graminées”, les graminées en question étant la famille des plantes ressemblant à de plus ou moins grandes herbes et produisant de petits fruits parfois regroupés en épis (fataque (Panicum maximum), millet, riz, blé, etc.). Le mot est avant tout utilisé pour parler des céréales (“grain de blé”, “grain d’orge”, “grain de riz”, “grain de maïs”), un peu moins fréquemment du raisin (“grain de raisin”), du café (“grain de café”), du poivre (“grain de poivre”) ou d’autres fruits non céréaliers de taille réduite. Le Trésor de la langue française précise que dans un usage absolu “le grain” ou “les grains” sont les céréales (“commerce, marchand de grains”) — cf. la partie I.A. À Maurice, l’usage absolu de l’expression “les grains (secs)” renvoie aux légumineuses plutôt qu’aux céréales. Cette spécificité est d’ailleurs mentionnée dans le Dictionnaire historique de la langue française (2010, sous la direction d’Alain Rey), lequel précise que “grain désigne (v. 1160) comme en latin le fruit comestible des graminées et en général toute graine ou petit fruit de forme arrondie (grain de riz ; grain de raisin, v. 1225), avec diverses extensions parmi lesquelles, en français de l’océan Indien, grains secs « légumineuses bouillies accompagnant le riz ».”

 

Vénus en transit (2)

À partir du XVIIe siècle le passage de la planète Vénus entre la Terre et le Soleil a revêtu une importance particulière pour les astronomes terriens. Mesurer, en différents points du globe terrestre, le temps que prenait cette planète pour passer devant le disque solaire ainsi que l’heure du passage devait permettre de connaître la distance entre la Terre et le Soleil. La connaissance du rayon de l’orbite terrestre avait une importance particulière en ce qu’il s’agissait d’une distance servant d’étalon pour mesurer les distances astronomiques. Cette distance de référence séparant la Terre du Soleil porte le nom d’unité astronomique, une unité encore utilisée de nos jours.

C’est en 1639 en Angleterre que le premier transit de Vénus fut observé par un astronome de génie mort à l’âge de 22 ans, le pasteur Jeremiah Horrocks, évènement qu’il avait lui-même prédit à l’encontre des calculs du grand Kepler. Il apparut, suite notamment aux travaux d’Edmond Halley — le 2e directeur de l’observatoire de Greenwich —, que le transit de Vénus permettrait de connaître cette fameuse distance Terre-Soleil. C’est ainsi que le passage de Vénus devant le soleil au cours du mois de juin 1761 fut attendu avec de grands espoirs par les astronomes européens. Organisèrent alors des expéditions l’Angleterre et la France, puissances maritimes en guerre, mais aussi la Russie, la Suède ou les Pays-Bas.

Après force discussions côté français, il fut décidé que, entre autres scientifiques, un prêtre franc-maçon, l’abbé Alexandre-Guy Pingré, serait envoyé sur une minuscule île de l’océan Indien, l’île Rodrigues, alors habitée par environ 70 personnes, et que Guillaume Le Gentil serait expédié vers une autre possession française, Pondichéry, au Sud de l’Inde — ce qui allait lui occasionner des déboires restés célèbres.

L’expédition de Pingré fut un demi-échec, les conditions météorologiques rodriguaises ayant été capricieuses le matin du 6 juin 1761. Le chanoine ne put observer le Soleil que par intermittence, comme le raconte un autre prêtre catholique, Amédée Nagapen, dans un livre un peu fourre-tout publié en 2004 :

Toutefois, les scientifiques tôt levés constatèrent qu’il pleuvait de tous côtés et qu’un vent violent soufflait sur l’endroit. Pire, au lever du soleil, une chape d’épais nuages bouchait le soleil. Or, l’entrée de Vénus sur le disque du Soleil devait se faire peu après le lever du Soleil “à 6h34”. Assurément, les deux scientifiques se sentirent immédiatement envahis d’un sentiment de profonde frustration. En conséquence, ils manquèrent les deux premiers contacts entre la planète Vénus et le Soleil. Fort heureusement, par la suite, le ciel s’éclaircit et ils purent effectuer quelques utiles observations. (…)

(Amédée Nagapen, Le Transit de Vénus, 2004.)

En ce qui concerne l’astronome Le Gentil envoyé vers Pondichéry, sa frustration fut probablement bien plus grande que celle de son collègue : les Anglais ayant pris la ville, il ne put débarquer et dut rentrer à l’île de France (île Maurice) sans avoir pu effectuer ses observations le jour J. Il resta dans la région pendant les 8 années qui le séparaient du prochain transit de Vénus, celui de juin 1769. Pondichéry ayant été rendue à la France, il s’y rendit en mars 1768 et y bâtit un observatoire, tout en s’intéressant à ce qui l’entourait, y compris l’astronomie indienne. Hélas, le jour du transit, le 3 juin 1769, le mauvais temps l’empêcha de voir le soleil alors que les jours précédents avaient été dégagés, de même que le suivant. Découragé, il entreprit le voyage de retour vers la France, qu’il avait quittée en 1760. Après avoir été malade, il s’embarqua pour l’île de France en mars 1770, où il dut rester en convalescence jusqu’au le 19 novembre de cette année, date à laquelle il quitta Maurice sur le navire l’Indien, en même temps que Bernardin de Saint-Pierre. À l’île Bourbon (la Réunion), le 30 décembre, l’Indien dut prendre le large à cause d’un cyclone et subit des avaries alors que les collections d’histoire naturelle réunies par Le Gentil furent perdues. Le bateau dut regagner Port-Louis. Finalement, en mars 1771 l’astronome trouva place sur un navire espagnol qui le débarqua à Cadix en août 1771, ce qui lui permit de regagner Paris par la route, onze ans et demi après son départ. En France, on le donnait pour mort, l’Académie des Sciences ne le comptait plus parmi ses membres, ses héritiers s’étaient partagé ses biens (il perdit même son procès quand il tenta de les récupérer) et sa femme s’était remariée. C’est sans doute ce que dans l’île de France d’aujourd’hui on appellerait “être mofine”.

C’est aussi pour observer le transit de Vénus de 1769 que le navigateur James Cook se rendit pour la première fois de l’autre côté de la Terre, à Tahiti. Il y bâtit un fortin sur une péninsule qui, depuis, porte le nom de pointe Vénus, un toponyme qui n’est pas inconnu des Rodriguais, comme nous le verrons plus loin. Les observations de Cook connurent des résultats mitigés, non pas à cause des guerres ou de la météo comme dans le cas du pauvre Le Gentil, mais à cause du phénomène connu sous le nom de goutte noire. Il s’agissait d’une aberration optique tendant à déformer l’image de Vénus peu avant son contact avec le disque solaire et peu avant sa sortie du disque solaire, ce qui faussait la mesure de l’instant auquel le transit commençait et finissait.

Pour l’observation du transit de 1874, de meilleurs instruments allaient aider à réaliser des mesures plus précises. Cette année-là, le transit de Vénus put être photographié pour la première fois. Le nombre d’expéditions éparpillées sur la surface de la terre fut particulièrement élevé, l’Angleterre, la France, l’Allemagne, les États-Unis ou la Russie dépêchant des équipes d’observateurs entre autres à Rodrigues (une fois encore), à Maurice, à la Réunion, à Saint-Paul, en Nouvelle-Calédonie, en Indochine, en Chine, au Japon, en Sibérie, en Afrique du Sud, en Nouvelle-Zélande, aux Kerguelen (cet archipel isolé et battu par les vents du sud de l’océan Indien recevant la bagatelle de trois missions, une américaine, une anglaise et une allemande).

À Rodrigues, l’Amirauté britannique déploya les grands moyens, construisant un observatoire astronomique sur les ruines d’un fort disparu, à un endroit qui allait par la suite être connu sous le nom de pointe Vénus, pointe située entre la “capitale” Port-Mathurin et l’Anse aux Anglais, sur la côte Nord de l’île. C’est ainsi qu’une seule observation astronomique se déroulant à une date bien précise influença la toponymie pour plusieurs siècles, voire davantage, tout comme cela s’était passé 105 ans plus tôt à Tahiti.

Plusieurs postes d’observation furent établis à Rodrigues, les Anglais ayant prévu de mesurer le phénomène non seulement de “l’observatoire principal” de pointe Vénus mais aussi de la pointe Coton et de l’îlot de l’Hermitage. Selon le récit du lieutenant Neate de la Royal Navy, responsable de l’expédition astronomique et observateur principal à la pointe Vénus, “by the kind permission of Mr. Bell, the resident magistrate, the observatory was surrounded by policemen, and no one was allowed to approach.” Sans doute la curiosité des autochtones risquait-elle de perturber le bon déroulement du transit. Les mesures furent un succès complet cette fois-ci, ce qui a peut-être fait plaisir à Pingré au Paradis, alors même qu’à Maurice et à la Réunion le mauvais temps rendait impossibles les observations. Dans son compte rendu le lieutenant Neate raconta en ces mots le moment où Vénus toucha le Soleil :

I did not see the planet till it had (apparently) broken into the Sun’s limb. Instantly when I saw the notch on the Sun’s limb I also saw the remaining segment of the planet showing in strong relief against the dark space beyond, and surrounded by an exceedingly faint annular haze. The following limb of the planet also appeared bright, like a very young moon. This appearance I have attempted to show in Fig. 1, Plate XIII. I used an Airy eye-piece, power 152, for the observation of all phenomena. The dark glass I used was a neutral tint achromatised wedge. The first phenomenon recorded by me was that of Circular or apparent Contact at 11h.51m.24s.5 by the Equatorial Clock, as shown in Fig. 2. The formation of a dark ligament between the limbs of the Sun and Venus followed instantaneously. It was as if, after Circular Contact, a piece of Venus was being drawn out by the Sun. The breadth of this ligament was apparently one-fourth (approximately) of Venus’ diameter.

Les observations de 1874 permirent d’estimer la parallaxe du Soleil à 8.8 secondes d’arc, ce qui veut dire que le rayon de la Terre serait vu sous cet angle pour un observateur malencontreusement placé au centre du Soleil. Sachant le rayon de notre planète égal à 6370 km, distance mesurable avec un bon décamètre, et qu’à l’école on nous a appris que la tangente de l’angle est égale au côté opposé sur le côté adjacent, il en ressortait que la distance entre Rodrigues et le Soleil avoisinait les 149 millions de kilomètres. QED.

Vénus en transit (1)

Hier au soir nous regardions le ciel au-dessus des filaos. Et nous nous demandions si des deux astres situés près de la Lune l’un était une planète. La réponse était “oui” : à côté de l’Épi de la Vierge (α Virgo) on pouvait voir Saturne, la planète possédant les plus grands anneaux de notre système solaire. Puisque par définition les planètes sont des astres errants, autrement dit des points qui se meuvent sur la voûte céleste, il n’est pas possible de les représenter sur une carte du ciel. C’est pourquoi des tables d’éphémérides sont nécessaires pour connaître la position de ces infatigables voyageurs — des éphémérides ou, à l’heure de l’informatique, un petit programme.

En juin 2005, sur le premier blog que j’aie fréquenté de façon régulière, un contributeur bien intentionné avait passé l’adresse à partir de laquelle il était possible de télécharger Stellarium, un programme gratuit donnant la position de plusieurs milliers d’objets visibles dans le ciel. Grâce à Stellarium, donc, il a été possible de constater que ce qu’on voyait hier au soir au-dessus de nos têtes était ceci :

[cliquer sur l’image pour la voir en plus grand]

La beauté de ce programme réside entre autres dans le fait qu’on peut se bloquer sur l’objet de son choix — la planète Saturne par exemple —, et d’un simple scroll de souris s’en rapprocher presqu’autant qu’on veut. C’est ainsi que l’on commence à voir apparaître les anneaux et les lunes de cette planète tels qu’on les verrait si on disposait d’un gros télescope pointant dans cette direction.

Raffinement supplémentaire, il est possible d’accélérer le cours du temps. Ceci permet de voir le mouvement de la voûte céleste telle qu’il a lieu de façon imperceptible IRL, mais aussi, lorsqu’on regarde de près une planète, le mouvement de ses satellites, quand elle en a.

Il est aussi possible de “retirer” l’atmosphère terrestre, ce qui permet de rendre le ciel noir en plein jour, comme sur la Lune, et donc de voir les étoiles ou les planètes sans l’interférence de toute cette bleuité délirante et parasite. Pour pouvoir suivre un astre pendant plus d’une douzaine d’heures, y compris donc pendant la période où il est couché, le logiciel permet aussi d’enlever le sol, et de se retrouver ainsi dans la situation où la Terre serait devenue transparente, l’observateur flottant dans l’espace.

Hier au soir nous nous amusions à nous approcher des planètes les unes après les autres, y compris de notre planète-mère (ou notre planète-père si on préfère), la planète rouge, Mars, coiffé de sa kippa blanche. De façon étrange, alors que Vénus se trouvait relativement proche de la petite Mercure, c’est cette dernière qui était la plus brillante. Pourtant, je me souvenais d’une période assez récente au cours de laquelle Vénus brillait relativement fort au-dessus de la Montagne des Signaux, avant de n’être plus guère visible ces jours-ci, ce qui manquait un peu lors de quelques marches crépusculaires vers le sommet de la montagne.

Peut-être Vénus était-elle moins brillante que Mercure parce que la deuxième planète du système solaire était en train de passer derrière le Soleil, avant de réapparaître de l’autre côté comme “étoile du matin” ? Cela paraissait étrange que son éclat puisse diminuer si rapidement, mais pourquoi pas ? Qu’à cela ne tienne, Stellarium allait nous montrer de quoi il retournait. Nous avons donc zoomé sur Vénus pour suivre, jour après jour, en accéléré, son mouvement par rapport au Soleil.

À une vitesse élevée, le croisement des deux astres se déroule trop rapidement pour qu’on ait le temps de bien voir ce qui se passe. Mais n’avions-nous pas vu cette Vénus-là passer devant le Soleil ? Bon, rewind, et fast forward à nouveau — en prenant soin de ralentir le mouvement au moment opportun.

“Tahiiiii ! Mais oui vous autres ! elle passe bien devant !! Mari sérieux !!!”

Eh oui, c’est ainsi, par le plus grand des hasards, que l’on peut se rendre compte que dans quelques jours aura lieu un phénomène rarissime sur la Terre : le passage de Vénus devant le disque solaire — ce qu’on appelle un transit. Ceci a lieu moins de deux fois par siècle, les transits se passant en paire, à 8 ans d’intervalle, période elle-même séparée par des périodes de plus de 100 ans sans aucun transit. (Ingérer des doses massives de Brooklax n’y changerait rien.)

Pourra-t-on le voir de Maurice ? Encore une fois, Stellarium nous a fourni la réponse : oui, le 6 juin 2012 le Soleil se lèvera (vers 6h40) avec, sur la figure, un petit grain de beauté. Ce petit point noir commencera à quitter le disque solaire aux alentours de 8h30. Ce qu’on devrait voir vers 7 heures :

Vers 7h30 :

Vers 8h00 :

Vers 8h30 :

Pas très impressionnant ? Sans doute. Je dois dire que le transit de juin 2004, observé de chez mon beau-père (qui était encore vivant), n’a pas laissé une impression impérissable, même s’il était cool de voir ce petit point noir qui se déplaçait devant le soleil en se disant qu’il s’agissait là de cette Vénus brillant si fort dans le ciel nocturne. Mais on peut garder à l’esprit qu’il sera impossible de revoir une telle chose avant décembre 2117. Le 11 décembre 2117 au matin, nous, Maurichiens, alors que nous serons bloqués dans l’embouteillage à la hauteur du Réduit, pestant contre une MBC occupée à ne parler que des faits et gestes des dirigeants du jour, nous devrions voir ce qui suit à 7:29:45, weather permitting :

Mais qui seront-ils, ces dirigeants-là ? Qui, en 2117, aura la haute main sur le pouvoir exécutif ? Un membre de la famille Ramgoolam ou un membre de la famille Jugnauth ?