Archives mensuelles : Mai 2010

Tradiksyon arab

(Kapav klik lor bann zimaz-la pou tour zot pli gran.)

Martian ice cream

Martian ice cream, on line?

Copie

Copie.
Nom féminin.

Exemplaire (d’un livre, d’un journal, d’un rapport, d’une brochure, etc.).

J’ai une vieille copie d’Exils, le premier livre de Gilbert Ahnee. Elle m’a été offerte par une amie qui quittait Maurice.”

Kailash Purryag a aussi annoncé que des dispositions spéciales avaient été prises pour l’impression In House de deux copies pour le chef du gouvernement et le leader de l’opposition. Les autres membres de l’Assemblée nationale ne devront obtenir leurs copies du rapport qu’en début d’après-midi.” (Le Mauricien du 10 novembre 2009.)

Amnesty International Maurice (AIM) a rendu public son manifeste pour les droits humains. Tous les candidats en auront une copie et seront invités à prendre des engagements.” (L’Express du 18 avril 2010.)

Réservations à l’avance au 208 2132 ou au 208 5551, sur lptmail@intnet. mu, ou encore en achetant une copie du livre Lemorn de Roger Moss, à Rs 50.” (Le Mauricien du 31 janvier 2009.)

L’expression est probablement un emprunt de l’anglais, lequel peut parler d’“an old copy of Science magazine” ou, dans un avion, préciser que l’exemplaire de tel journal offert par la compagnie est “your copy”.

Toutefois, en français standard on peut parler d’une copie d’un rapport, d’une lettre, d’une facture, etc. si la chose en question constitue véritablement une copie d’un document donné. Dans le cas d’un livre ou d’une revue, il ne s’agit généralement pas d’une copie mais d’un exemplaire original.

 

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Mise à jour du lundi 4 mars 2013

Copie_gratuite--L'Express--04-03-2013_(crp)

Copie Gratuite
Ne peut être vendue
La Sentinelle Ltd

Stamp_Copie_gratuite--La_Sentinelle_Ltd

No parking (bis)

No parking
Unauthorised vehicle[s] will have
their tyres deflated

 
 
< No parking

Bostoque

Bostoques.
Nom masculin ou féminin, souvent pluriel.

Grosses chaussures lourdes et peu esthétiques, qui sont portées davantage pour leur solidité et leur côté pratique que pour leur élégance. L’expression est surtout utilisée avec une idée de plaisanterie ou de taquinerie.

« A une soirée où tout le monde était sur son trente-et-un il est arrivé avec ses grosses bostoques encore couvertes de boue. »

Je ne sais pas si tu as remarqué, mais ton bostoque-là est en train d’écraser le bouchon de ma plume.”

Le dictionnaire créole-anglais de Ledikasyon Pu Travayer donne la définition suivante:
bostok (n)
big shoes

Parfois le mot est employé avec une valeur d’adjectif.

Tu ne trouves pas qu’ils sont un peu bostoques ces souliers-là ?

Il a été dit que l’expression pouvait provenir d’une marque de chaussures (un peu comme les pixidoos). En l’absence d’autre indication — Robillard ne dit rien à propos de l’étymologie du mot —, l’hypothèse peut être retenue comme étant « possible ». Le Dictionnaire étymologique des créoles français de l’océan Indien, dans la 2e partie consacrée aux mots d’origine non-française ou inconnue, évoque l’hypothèse de la marque, indication précédée d’un point d’interrogation.

En argot de France il existe un mot aussi peu élégant qu’un bostoque pour désigner ces souliers-là : écrase-merde. Du bostoque à la bouse et au bouseux il n’y aurait pour ainsi dire qu’un pas. On en reviendrait ainsi au gros-feuille :

clodhopper
n.
1. A clumsy, coarse person; a bumpkin.
2. A big heavy shoe.

Balisage

Balisage.
Nom masculin.

Limite de propriété (souvent matérialisée par un mur ou un fencing).

« Pendant des années ils ont jeté des saletés sur le terrain vague qui se trouvait de l’autre côté de leur balisage. »

Au contrat ci-après relaté, il a été fait et observé que la sortie de ce terrain se ferait au moyen d’un droit de passage de 3.05m de large, pris entièrement du lot No. 1 longeant le balisage de Monsieur Deolall Ramsurn pour aboutir à Montagne Longue Road”. (Annonce légale dans L’Express du 21 juillet 2009, page 16.)

« Selon Jean Laurais, “il y a, à Midlands, dans la tournée dite Pavé Citron, tout près du balisage entre Midlands et Sans-Souci, un petit cours d’eau appelé Ruisseau Bety”.” (Week-End du 24 juin 2007.)

« Le Nature Park juxtapose [jouxte ?] la réserve naturelle des gorges de Rivière-Noire. De l’autre côté du balisage, la végétation des gorges et [est] dense et d’un vert profond. » (L’Express du 29 juin 2007.)

En français du dictionnaire le balisage est soit l’action de placer des balises (guides pour la navigation maritime, fluviale, ferroviaire, aérienne), soit, après que cette opération a été faite, l’ensemble des balises ainsi placées. Il est question de guider ceux qui se déplacent. On ne trouve nul déplacement dans le balisage mauricien, tout au moins celui qui a trait à la propriété foncière, sauf en cas de glissement de terrain. L’expression locale pourrait provenir du fait que la limite de propriété est matérialisée sur le terrain par des bornes ou des jalons qui sont vus comme autant de balises.

Il existe un dicton en créole qui dit que « lizié péna balizaz » (les yeux n’ont pas de balisage). Dans l’Étude sur le patois créole de Charles Baissac (1880), l’auteur en donne la traduction suivante : “Les yeux n’ont pas de frontière. (L’œil a le droit de regarder tout ce qu’on montre.)” Ce qu’on pourrait aussi traduire par “la vue n’a pas de frontière”.
 

Il en ressort que cette acception mauricienne de balisage en tant que limite, frontière, démarcation ou lisière date au moins du XIXe siècle.

On trouve aussi un verbe baliser signifiant que le terrain d’une personne donnée est attenant à celui d’une autre. “Si j’habite près de Jayen Cuttaree ? Je balise avec lui…”

 

 
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Mise à jour du 20 juillet 2013

“Balisage Street” sur une carte de Roche-Bois (Directorate of Overseas Surveys, sheet 9806, published 1971) :

Balisage_Street--Roche-Bois--D.O.S._1971

(Cliquer sur l’image pour voir l’extrait de carte en plus grand.)

Fraîcheur

Fraîcheur.
Nom féminin.

Froid.

« Cette année-ci la fraîcheur n’est arrivée que le 15 mai. »

Hmmm… Il y a une petite fraîcheur ce soir, tu ne trouves pas ?

« Eh toi, hier au soir chez Hans on a dîné sous la varangue. Il y avait une mari de fraîcheur et je n’avais amené aucun paletot. Il a eu à me prêter un tricot. Heureusement qu’on est à peu près de la même taille… »

Tu vas aller habiter à Curepipe ? Tu n’as pas peur de la fraîcheur ?

« – … Ici fraîcheur pe donne bal, Mawsi. Bizin met chaussette ek bonnet la laine pour dormi mo dire ou… » (Jean-Claude Antoine, Week-End du dimanche 5 juillet 2009.)

La différence de sens avec le français standard tient au fait qu’à Maurice la fraîcheur est la plupart du temps une chose négative, déplaisante, qu’on préfèrerait éviter, alors qu’en France il s’agit d’une chose positive, ou d’un répit, d’un soulagement, comme ici : “Nous avions marché depuis deux heures au soleil quand nous sommes arrivés dans la forêt. La fraîcheur du sous-bois fut un baume.” On pourrait aussi citer l’exemple que donne le Petit Robert : « Ces rochers dont l’ombre donnait une fraîcheur délicieuse. (Stendhal)” Il y a là l’idée d’un rafraîchissement, d’un bienfait. Comme chez Rimbaud :

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue,
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irais loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.

Il est possible, en français mauricien, dans certains cas, au cours d’une chaude journée, d’entendre le mot fraîcheur avec ce sens positif. Mais souvent la fraîcheur est une chose dont on se passerait volontiers, et dans bien des cas “il fait frais” signifie “il fait froid”. (On pourra même entendre à ce sujet “il fait frais-frais”, ce qui veut dire qu’il fait plutôt froid, i.e. frisquet en français standard.)

Cela tient sans doute à la proximité du créole, lequel n’a pas le mot froid. En créole, “il fait froid” se dit “faire frais” (“éta, fer fré la !”), et le froid c’est “fréssère”, manifestement issu du mot français “fraîcheur”. Les allers-retours habituels entre créole et français ont fait que le mot “fraîcheur” est plutôt associé au froid qu’aux sens que peut prendre ce mot en français d’ailleurs : qualité de ce qui est frais, de ce qui est nouvellement arrivé (la fraîcheur d’un poisson) ; qualité de ce qui respire la santé et la vie (la fraîcheur du teint) ; qualité de ce qui a quelque chose de vivifiant, de jeune et de pur (la fraîcheur d’un coloris, d’une toilette, d’un premier amour) — Le Petit Robert.

Par contre, “un poisson frais” est compris de la même façon qu’en France, i.e. sans que sa température n’entre en ligne de compte. Idem pour « le pain frais » ou « des idées fraîches ». Mais en créole « poisson-la inn fré » (le poisson est “frais”) signifie qu’il est froid, après cuisson, alors même que “enn poisson fré” signifie “un poisson frais”, c’est-à-dire fraîchement pêché. C’est la présence du verbe être (ou de son “image”) — en créole classique celui-ci n’existe théoriquement pas — qui différencie l’un de l’autre.

 

 

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Mise à jour du 3 juin 2012.

— Je suis un peu kaya kaya avec cette fraîcheur qui commence à arriver. Et toi-même ?
— Pareil comme toi. Parfois cette petite fraîcheur rentre dans tes os, toi, et il faut te faire frotter, mais personne ne veut. Mais enfin, il vaut mieux ça que la grande chaleur, non ?

(Jean-Claude Antoine, Week-End, dimanche 27 mai 2012.)

Couc

Couc.
Nom masculin.

Cache-cache, jeu d’enfant où l’un des joueurs doit découvrir (“dépister”) les autres qui sont cachés et, dans certaines variantes, les toucher ou les attraper. (Correspond au jeu appelé “hide-and-seek” en anglais.)

Allons jouer couc la moque !

Je me souviens de ces interminables parties de couc qu’on faisait avec les cousins quand on allait les voir à Beau Bassin.”

A sa première entrée pour couc, Robillard dit ceci : « Exclamation marquant l’apparition d’un joueur de “couc” lorsqu’il se montre à celui qui le cherche pour le narguer. Couc! Je suis ici, tu ne me “mailleras” pas. »

Il ajoute à cette occasion, citant Baker et Hookoomsing, que le mot couc pourrait être une abréviation de “coucou !”. Cela est possible, car il existe un petit jeu que l’on joue avec les bébés et qui consiste à se dissimuler (par exemple derrière le dossier du divan sur lequel se trouve l’enfant), ou simplement à cacher son visage avec ses mains, en disant “couc… couc… couc”, et puis de réapparaître soudainement en criant “alalila !” (littéralement “le voilà !”). Le bébé a généralement une petite frayeur mais, de façon amusante, il y prend souvent goût et cela finit parfois par causer des éclats de rire à chaque nouveau “alalila”.

La version de base du jeu de couc est appelée “couc cassiette” (cachette). Il consiste à dépister (trouver, découvrir, voir) ceux qui se sont cachés. Mais il existe plusieurs variantes. Par exemple “couc maillé”, au cours duquel il faut non seulement trouver mais aussi attraper ceux qui se cachent et cherchent à s’échapper. “Couc maille-en-place” (appelé “couc immobile” par Robillard) est une variante de “couc maillé” dans laquelle celui qui est maillé (attrapé) doit rester prisonnier, immobile à la place où il a été capturé, jusqu’à ce qu’une personne de son camp, encore libre, donc mobile, vienne le délivrer en le touchant.

Nous avons aussi “couc la moque” pour lequel une moque (boîte de conserve), remplie de roches (cailloux) et aplatie du côté de l’ouverture pour la refermer, est lancée au loin. Pendant que le “chercheur” va la reprendre pour la remettre à sa place, les autres vont se cacher. Il doit alors les trouver et, lorsqu’il en a vu un, il doit crier son nom, courir jusqu’à la boîte de conserve et la secouer. Si celui qui a été découvert arrive à la boîte de conserve avant le “chercheur”, alors ce dernier a perdu et rempile pour un tour. Le « gardien » doit à la fois chercher les autres et surveiller la moque car si un autre joueur arrive à l’atteindre et à la secouer avant lui, il a perdu et continue d’être gardien pour un tour supplémentaire. En revanche s’il a vu quelqu’un, qu’il a crié son nom et qu’il arrive à la moque avant ce dernier, c’est celui qui a ainsi été attrapé qui devient gardien au tour suivant.

“Couc marée noire” quant à lui se joue dans le noir, un noir le plus complet possible. Au cours la partie, celui qui attrape les autres doit deviner l’identité de celui qui a été attrapé. Il s’agit en quelque sorte d’un colin-maillard sans bandeau et pour lequel les poursuivis sont aussi aveugles que le poursuivant.

Accessoirement, on peut noter qu’en Belgique et dans le nord de la France une couque est une « pâtisserie flamande de pâte briochée ou feuilletée avec des raisins de Corinthe, servie au déjeuner ou le soir avec le thé ». Il doit faire bon boire du thé et manger des couques après une bonne partie de couc.

Gros-feuille

Gros-feuille.
Nom et adjectif.

Rustre, ours mal léché, pas raffiné, épais, sans manières.

« C’est quelqu’un d’intéressant, mais il est un peu gros-feuille quand même… »

« Des amis m’avaient demandé de répliquer à cette campagne dans les mêmes termes en utilisant les surnoms Picolo, Pinochio ou Tintin. J’ai refusé parce que, même si j’ai dû couper la canne ou le cresson dans ma jeunesse pour vivre, il y a un niveau auquel je ne peux m’abaisser. Je lui ai rendu son bonjour comme le fait un homme bien élevé, en oubliant qu’il a fait des déclarations selon lesquelles je suis un “gros feuille”, que je ne suis pas digne de manger à table avec lui et autres remarques de même acabit. » (Week-End du 4 février 2007.)

Le secrétaire général du MSM rappelle aussi que le leader de l’opposition avait fait des commentaires sur la chevelure de Rama Sithanen et avait déclaré au Parlement que Nita Deerpalsingh devrait chercher un mari. Il n’a pas manqué de dire que Paul Bérenger avait traité Ashock Jugnauth de “gros feuille” et Harish Boodhoo de “Maha zougadère”.” (Le Matinal du 4 février 2010.)

« Sur le dossier de la Property Tax , je vous signale qu’Anil Gayan du parti « gros feuille » a déjà entamé une action conséquente. » (Site internet du MSM.)

« Alala kot liberte d’expression ete? GROS FEUILLE V/S GRO FEY !!! » (Commentaire du 5 février 2010 12:57 sur le site du journal Le Défi Plus.)

L’origine de l’expression m’est inconnue. « Gros-feuille » (grosse feuille) suggère à la fois quelque chose d’épais et de peu de valeur, mais il n’est pas certain qu’il faille chercher dans cette direction-là.

Babel électorale

A l’entrée des centres de vote on trouve des affiches rédigées en 9 langues : anglais et français (sans précision quant à la langue dont il s’agit), hindi, tamoul, télégou, urdu, gujarati, marathi et chinois (la langue étant alors précisée en anglais).

On ne peut se demander à quoi cela rime en fin de compte, car combien d’électeurs sont-ils capables de lire le texte en télégou ou en gujarati, pour ne citer que ces deux langues-là ?

(Il est possible de cliquer sur les photos pour les voir en plus grand.)

Cela ressemble fort à un archaïsme — archaïsme, un mot pouvant rimer avec mauricianisme —, une survivance du passé à laquelle personne n’a osé toucher de peur de provoquer une levée de boucliers, la question des langues étant un sujet sensible, ici comme ailleurs.

Mais une question me turlupine : quand la Commission électorale écrit “Chinese”, s’agit-il du hakka, du cantonnais ou du mandarin ?

 

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Mise à jour du mercredi 10 décembre 2014.

À l'entrée du bureau de vote...

À l’entrée du bureau de vote…

Le créole aussi — enfin !