Archives mensuelles : septembre 2014

Tambalacoque

Tambalacoque.
Nom masculin.

Grand arbre endémique (Sideroxylon grandiflorum), aujourd’hui très rare, que l’on trouve encore dans certaines forêts des hauts plateaux.

Le cheval repart au lancé. Mais en chemin son pied heurte un chicot de tambalacoque. Le pied en est tout blessé, et le cheval ne peut s’empêcher d’injurier le tambalacoque.
(Charles Baissac, Le Folklore de l’île Maurice, 1888.)

Environ mille pieds de tambalacoques prospèrent à Maurice notamment à Brise-Fer, Mare-Longue, Macchabée, Ferney, Bassin-Blanc, Bel-Ombre, au Pouce et même pour l’un d’entre eux dans un parc privé de Curepipe. De la famille des sapotaceae, cet arbre se distingue par une longévité exceptionnelle qui peut avoisiner les mille ans et sa hauteur dominante dans la canopée des forêts hautes de Maurice.”
(Le Mauricien, 21 janvier 2012.)

Plus que centenaire, le “tambalacoque”, est unique dans le village de Petit-Raffray, voire de la région, expliquent des habitants du village.”
(L’Express, 5 janvier 2004.)

Symbole de résistance et de longévité, le tambalacoque, arbre endémique unique à Maurice peut atteindre jusqu’à 400 ans, voire plus.”
(Week-End, 20 novembre 2011.)

Sur le sentier plus étroit que nous prenons entre les arbres indigènes, nous ne tardons pas à découvrir un Tambalacoque, arbre que le scientifique américain Stanley Temple avait postulé ne plus pouvoir se régénérer depuis la disparition du dodo… Il avançait qu’une digestion partielle des graines par notre Raphus cucullatus était indispensable à leur germination, ce qui s’est par la suite avéré inexact. Celui que nous découvrons est dans un état pitoyable, avec une partie du tronc pourrie et des marques de machette à environ cinquante centimètres du sol. Un repère a permis aux botanistes de constater que le diamètre de son tronc ne prend en moyenne que 0,2 mm par an, ce qui le classe parmi les arbres à croissance très lente.”
(Le Mauricien, 7 janvier 2012.)

Appartenant à la famille des Sapotacées (au même titre que le bois de natte, le makak et le pomme jaco), il s’agit d’un arbre endémique à Maurice, pouvant atteindre une vingtaine de mètres de hauteur, au tronc bien droit. Il était un bois apprécié en construction.

L’origine du mot tambalacoque est inconnue — une forme “tamanicoque”, aujourd’hui disparue, aurait existé —, le nom écrit de la sorte étant attesté depuis 1888 (voir plus haut l’extrait du livre de Charles Baissac).

L’arbre a donné lieu à un certain nombre de théories fantaisistes, parfois prises sans sourciller par les uns et les autres (cf. l’article de L’Express du 5 janvier 2004 ainsi que les extraits ci-dessus et ci-dessous).

Le dodo avalait la graine de l’arbre tambalacoque et pour mastiquer cette graine dans son estomac, il avalait une pierre grosse comme un œuf de poule, qui lui servait de dents intérieures.”
(Bernard Violet, L’ombre d’une île, entretiens avec Malcolm de Chazal, 1994.)

Au début des années 1970, Stanley Temple, un chercheur américain, ornithologiste de son état, donc un spécialiste des oiseaux plutôt que des plantes, a émis l’hypothèse que pour germer les graines de tambalacoque avaient besoin de passer par le système digestif d’un dodo. Les dodos ayant disparu, les tambalacoques ne pouvaient plus se reproduire, et se trouvaient donc condamnés à plus ou moins brève échéance si un substitut au gésier de dronte n’était pas trouvé. Des dindons furent utilisés comme cobayes, sans résultat concluant. On se mit à parler de “dodo tree”, ce qui ne pouvait qu’attirer l’attention du public sur les tambalacoques et leur raréfaction. (L’association dodo / tambalacoque perdure à ce jour, notamment sur internet.)

En 1977, dans son livre Golden Bats and Pink Pigeons, l’écrivain et naturaliste britannique Gerald Durrell a mentionné la chose en citant ce qu’on lui avait raconté lors d’une de ses visites à Maurice : “le tambalacoque était commun à l’époque du dodo et, selon la théorie, le dodo aimait manger le fruit de l’arbre. Lorsque la partie charnue était digérée, les sucs gastriques pouvaient agir sur la graine dure et le passage de celle-ci à travers le corps du dodo la ramollissait suffisamment pour lui permettre de germer”. Mais de l’aveu de Durrell lui-même, plutôt sceptique, cela était avant tout une belle histoire : “‘It’s a lovely story,’ I said, fascinated at the thought of such a link between a bird and a tree, and now the extermination of one was causing the disappearance of the other, ‘but I’m afraid it’s got more holes in it than a colander.’” Passons, donc. Mais pour en avoir le cœur net il faudrait sans doute demander son avis au Lonely Dodo pendant qu’il est encore là.