Archives mensuelles : novembre 2017

Mourgate

Mourgate.
Nom féminin.

Calamar, mollusque marin nageur au corps fuselé.

« Hier soir à la marée montante on est allé à la pêche à la mourgate. Tout le monde est revenu couvert d’encre ! »

Plus souvent utilisé pour parler de l’animal qu’on voit ou qu’on pêche que de la chair qu’on mange, le nom mourgate est originaire de l’ouest de la France. Sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique, de la Normandie à la Charente, des mots tels que margatte, margade, morgad, etc. servent généralement à évoquer une bête voisine du calamar, un autre mollusque souvent confondu avec celui-ci : la seiche. En breton, langue d’où sont issues les diverses appellations ci-dessus, le nom de la seiche — morgad — veut littéralement dire “lièvre de mer” (de mor, mer, et gad, lièvre), le rapide animal aux longues oreilles.

De la seiche au calamar, les différences sont suffisamment faibles pour qu’on les confonde et que les noms s’entremêlent tels des tentacules de céphalopodes. Au point que sur la côte sud de la Bretagne le mot morgate est utilisé, comme à Maurice, pour parler des calamars (ou encornets), notamment lorsqu’ils sont cuisinés “à l’armoricaine”, c’est-à-dire avec une sauce à base de purée de tomates, oignons, échalotes, vin blanc, cognac et crème fraîche. Miam !

Mari

Mari.

1. Adverbe
Très, extrêmement, super.
— Comment tu trouves le nouveau patron ?
— Mari domineur.

2. Nom
Individu remarquable, doué, courageux, fort, supérieur.
« Hier on jouait au football avec Claudio. Il croit vraiment qu’il est un mari. »

3. Locution nominale
“Un/une mari de” : expression méliorative marquant le côté positif d’une chose.
« Je l’adore. C’est une mari de copine ! »

Le mot appartient au registre familier, plutôt jeune. Comme adverbe il peut presque toujours être remplacé par “mauvais” (mauvais bon, mauvais solide, mauvais caillelouche, etc.), sans égard aucun pour les oxymores que cela peut créer.

“Mari”, dont l’usage local dans ce sens aurait débuté autour des années 1960 à 70, provient certainement du mot signifiant “époux” en français, le fait d’être le mari (husband) d’une femme étant vu comme un avantage en soi, une position de force. Devenir le mari de quelqu’un relèverait donc, dans une telle perspective, des relations de supérieur à inférieur. Notre langage traduit ainsi de façon inconsciente le machisme latent de notre société patriarcale, un “mari” étant le contraire d’une “femmelette”.

Que le nom de l’époux, de l’homme, ait même fini par signifier “très”, “beaucoup”, “extrêmement” (sens 1.) n’appelle dès lors qu’un seul commentaire : “Maaari ça !”