Robot.
Nom masculin.
Feux de signalisation tricolores pour la circulation.
“Je me rappelle encore l’époque où dans tout Maurice il n’y avait qu’une poignée de robots, dont un, de façon étonnante, à la croisée principale du très rural village de Piton.”
“Pour les dos d’ânes, il parait qu’ils vont mettrent des robots (feux tricolores) à la place. Des dépenses un peu inutiles non?!”
(Forum ile-maurice.com, 27 février 2009.)
“Vijaykumar, notre chauffeur de camion opte plutôt pour une meilleure délimitation de l’espace piéton et l’espace automobiliste. ‘Il faut des trottoirs qui tiennent la route et des barrières. Ici sur la route Palma, au lieu de dos d’âne, il faut des passages-piétons accompagnés de robots.’”
(L’Express, 28 novembre 2006.)
“Au Khadafi Square, les véhicules tournent à gauche pour entrer dans la rue Sir Edgar Laurent, faisant fi de la flèche du robot qui indique qu’il faut obligatoirement tourner à droite! Question: Comment se fait-il que la police apporte un changement dans la circulation routière tout en laissant les feux de signalisation inchangés?”
(Week-End, courrier des lecteurs, N. G. Hossen, 18 décembre 2005.)
“Moi j’ai déja vu un troupeau de « cabris » attendre brave et patiemment au feu rouge d’un robot tandis que les piétons continuaient à traverser.”
(Commentaire d’article sur le site de L’Express.mu, 25 mars 2011.)
“Pour notre part, nous vous conseillons de conduire avec les vitres fermées et leurs portes verrouillées dans des endroits chauds ou à risques ou à l’approche des feux de signalisations, plus connus comme robots.”
(Association des consommateurs, 25 juin 2012.)
“Toujours est-il que les voix discordantes voient en ce projet de « robots » comme une mesure d’accompagnement à ces deux projets qui, valeur actuelle, n’offrent aucune garantie quant à leur concrétisation en raison d’absence d’étude de faisabilité et d’étude d’Environment Impact Assessment (EIA) – Luxeconsult (Mtius) Ltd a obtenu le contrat de l’étude EIA pour le Link Road.”
(Week-End, 8 juillet 2007.)
“Avec les tergiversations de la moto, le chauffeur du van immatriculé 5584 oct 10 devait klaxonner à deux reprises peu avant les feux de signalisation se trouvant à la hauteur du stade Nelson Mandela, afin que le deux-roues lui cède le passage. « Mais li panne céder ditou. Finalement monn bizin doubler li ek arret lor robot », a expliqué en substance la victime au Mauricien à la mi-journée hier.”
(Le Mauricien, 22 février 2012.)
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Il est possible que l’utilisation du nom robot pour parler d’un système de feux de signalisation provienne du fait qu’à l’origine une telle machine était vue comme un automate, même si elle ne comportait pas de pièce mobile. Le nom serait par la suite resté inscrit dans l’imaginaire collectif.
Maurice n’est pas le seul pays dans lequel on parle de robot lorsqu’il est question de feux tricolores. En Afrique du Sud l’expression est courante, la prononciation se faisant à l’anglaise, robot rimant donc avec pot ou hot, alors que localement elle se fait à la française, robot rimant avec dodo ou corbeau. Selon le dictionnaire créole de MM. Baker & Hookoomsing l’expression mauricienne, en créole donc, serait un calque de l’expression sud-africaine.
L’encyclopédie en ligne Wikipedia propose sur son site une liste de régionalismes en anglais d’Afrique du Sud et parmi ceux-ci figure bien l’expression qui nous intéresse ici :
List of South African English regionalisms —
Robot, robots – besides the standard meaning, in South Africa this is also used for traffic lights. The etymology of the word derives from a description of early traffic lights as robot policemen, which then got truncated with time.
Mais est-ce bien sûr que les premiers feux de signalisation étaient vus comme des robots policiers et ainsi nommés ? Un RoboCop avant l’heure pour ainsi dire ? Possibilité… mais cela va pas nécessairement de soi, d’autres explications restant possibles, par exemple celle évoquée plus haut (robot = automate).
Quoi qu’il en soit, les particularités lexicales de l’anglais d’Afrique du Sud semblent avoir déteint sur d’autre pays d’Afrique car on retrouve le mot robot dans cette acception dans la presse aussi bien sud-africaine que zimbabwéenne, tanzanienne ou kényane, comme on peut le voir dans les quelques exemples ci-dessous tirés de journaux en ligne.
En Afrique du Sud :
“Millions lost in robot vandalism”
(Sowetan Live, 21 June 2012.)
Au Zimbabwe :
“‘I was involved in an accident because of the confusion there. The robots were not working,’ said Meki.
Harare City Council spokesperson, Leslie Gwindi, said the council was working to rectify the problem.”
(The Standard, 11 November 2012.)
En Tanzanie :
“Arusha’s second set of robots to be fixed at Mianzini
by Valentine Marc Nkwame
Arusha may yet to be used to the town’s first-ever traffic control lights installed at Sanawari, but authorities are now planning to add another set of robots in Mianzini area.”
(The Arusha Times, June 6 – 12, 2009.)
Au Kenya :
“I recall an experience a businessman had while on a business trip to Botswana. Waiting in a queue at a ‘robot’ – traffic lights – he saw the president of Botswana travelling in a two-car convoy, and stop for the robot. There was no hullabaloo and special treatment like we see in the rest of Africa. No cars being blocked off in a 30-Km radius of the Big Man, causing interminable traffic jams and delays that waste billions in fuel, man hours, missed business opportunities and the importation of drugs to alleviate hypertension.”
(Judy Munyinyi, Standard Digital, 14 November 2009.)
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Mais il semblerait que les choses ne s’arrêtent pas là, bloquées au carrefour de l’Afrique, car dans un journal australien, The Argus de Melbourne, il a été question de robots dédiés à la circulation routière. Dans son numéro du 20 juillet 1935 ce journal évoque des “robot traffic light” en proposant d’expliquer à ses lecteurs comment ils fonctionnent. Deux ans plus tard, un journal de Tasmanie, The Advocate,
dans son édition du 29 décembre 1937, s’extasie à propos des manœuvres de ces robots “presque humains” que les Australiens ont la chance de découvrir :
Motorists in Australia will shortly have an opportunity of watching the operations of that almost human robot, the electromatic traffic actuated light, and when they see how effectively it works, they will appreciate the wonders that are being gradually wrung from the mysteries of electricity. The accuracy with which the mechanism in this electro system signals to its mechanical brain, the passage of vehicles over rubber timing strip inserts in the road surface and calculates to a nicety which stream of traffic shall be given the green light to cross the intersection, is something that one must behold to believe.
Mais il ne semble pas que l’expression ait perduré en Australie. Ceci ferait que le mot robot en tant que traffic light ne serait utilisé qu’en Afrique australe et orientale — et, dans une version francisée, à Maurice.
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24 November 2013 update
What is said about the word robot in The Etymologicon, a book by Mark Forsyth:


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19 March 2014 update
Found in a South African book:
We were in Twist Street, waiting for a robot to change. Everything was still. The little red soldier, standing to attention against the black gong of the light, had stopped the world in its tracks.
(Ivan Vladislavic, Double Negative (2011), page 39.)