Faille.
Adjectif.
Faible, en mauvaise santé, fatigué, sans force.
« Ils ont appelé un taxi. Son tonton était trop faille pour marcher jusqu’au bus stop. »
Nulle fissure géologique ici, mais une faiblesse des corps vivants. Si lorsqu’on vous donne des nouvelles de la grand-mère malade on vous dit qu’elle est “bien faille”, il est permis de penser que son état de santé est inquiétant. Quand toutefois le redoublement est utilisé (“il se sent faille-faille”), on fait comprendre que la personne est plutôt en mauvaise forme mais que les choses ne sont pas trop graves.
L’adjectif est issu du verbe français faillir, “faire défaut”, “manquer”, lui-même dérivé du latin fallere, “tromper”, “échapper à”, et il appartient à la même famille que les mots défaillance et faillite. Des expressions voisines se retrouvent en français dialectal (failli, “qui a perdu sa force, mauvais”) et dans diverses langues régionales apparentées au français (fayi, “faible”, failli, “amaigri”, falli, “maladif, languissant”, failli, “faible, chétif”, etc.), locutions auxquelles il faudrait en toute logique rajouter le faille du français mauricien.
En se rapprochant du créole, faille peut parfois signifier “mauvais, détestable”, comme dans “un faille bougre” pour parler d’un type déplaisant ou, plus savoureux, “un faille bâtard”, c’est-à-dire un de ces individus exécrables qui peuvent vous donner la nausée… — Ayo, j’ai failli être faille…