Archives mensuelles : février 2010

Gogote

Gogote
Nom féminin      [oups ! j’avais d’abord écrit “masculin”…]

1. (Familier à vulgaire.) Sexe masculin, membre viril, zizi, bite.

2. (Familier à vulgaire.) Par glissement de sens, terme péjoratif ou injure signifiant “couillon”, “idiot”, “imbécile”, “connard”.

« Aujourd’hui sur les paquets de cigarettes on te montre comment ta gogote va devenir si tu fumes trop. »

« Lindsay s’était caché derrière le gros veloutier au milieu de la pelouse et si, à son âge, il s’était attardé à regarder à travers les feuilles, se balancer les seins nus de la Ti’ Madam puis ses jolies fesses rondes quand, arrivée sur la plage, elle lui tourna le dos, même qu’il avait senti sa gogote devenir dure comme bois de fer, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps et l’avait fait rire (…) » (Geneviève Dormann, Le Bal du dodo, page 82.)
 
 
« Ça c’est une gogote ce Tommy-là ! Il a fait exactement le contraire de ce qu’il fallait faire !! »

« parceque c une gogote et il faut niker sa gueule de chinois » (Facebook)

« The driver, that is the accused party, told W1 to remove the vehicles of the Fire Brigade. The accused party stated the following to W1: “Tire sa camion la la pou dimoune capave allé ti gogote. » (Jugement à la cour de Moka, février 2008.)
 
 
Le mot en tant que terme de mépris ou d’insulte est utilisé à la Réunion aussi, a priori plutôt au masculin alors qu’à Maurice il est exclusivement féminin*, y compris lorsqu’on parle d’un homme ou d’un garçon. Dans Le français de la Réunion, Michel Beniamino écrit ceci :

« GOGOTE n. m. (et f.) Insult. || Idiot, imbécile. Un gogote inconscient des valeurs sportives, de la morale du sport, a agi comme un gamin irresponsable [_]. (TEM 17.12.91) ÉTYMOL.: Du fr. dial. gogotte: « membre viril », passé en créole. Le terme, qui est peut-être en rapport avec gogue: « andouille, boudin » explique la métaphore (CHA: 774). »

Il existerait donc le mot gogotte dans un français dialectal qui n’est pas précisé. On se demande lequel. Mais il est indéniable qu’un googlage du terme donne des résultats qui, a priori, ne peuvent être directement rattachés à Maurice ou à la Réunion. Par exemple :

« Sur ce, ça sera peut-être la dernière, parce que j’en ai marre que ce mec me file une crise d’urticaire à chaque fois qu’il ouvre la bouche, et que finalement, il faut bien être une gogotte pour courir comme ça, révulsée, derrière chacune de ses ignominies. Ouais, y a une vie avant la mort. Sorry Sarko, mais j’y retourne. Demain, j’aurais même oublié ton nom. » (Blog “Dans la marmite de Rachel”)

Un livre pour enfant porte le titre suivant : Rominet secoue les gogottiers. L’éditeur présente le livre de la sorte : « Papillote la souris gourmande, adore les beignets de gogottes. Mais qu’est-ce qu’une gogotte ? Un fruit délicieux, qui hélas, pousse sur le gogottier, un arbre très grand et très haut. Heureusement, Rominet a inventé une échelle pour cueillir les gogottes sans se fatiguer… » (Amazon.fr)

Sur un “forum pour femmes” : « et ceux qui lui disait : « il te prend pour une gogotte, il ne divorcera pas », etaient légion comme on dit mais rien a faire. meme si parfois elle trouvait le comportement de son amant louche, elle se contentait des miettes et attendait. » (Forum auFéminin)

En l’absence de référence dans un dictionnaire, le sens du mot tel qu’il est employé dans ces exemples reste à déterminer. Mais par ailleurs, même si ce dictionnaire extensif qu’est le TLF ne connaît aucune entrée pour gogot(t)e**, il semble à peu près établi qu’en minéralogie une gogotte est une concrétion de grès (sable consolidé) ou de calcaire.
 
 
 
* En français mauricien, le créole n’ayant pas de genre.
(Le mot est utilisé dans le même sens en créole, mais en possède d’autres aussi, comme par exemple dans « li pa vo enn gogot », il ne vaut rien (“il ne vaut pas une gogote”) ou « li fer koir li enn mari ; ler gété li pa konn enn gogot ».)
** A ceci près qu’à la deuxième entrée pour le verber cocot(t)er (signifiant puer) on trouve mention d’un substantif gogotte qui serait une altération de cocotte :
« 1881 gogoter (L. Rigaud, Dict. de l’arg. mod., p. 198); 1900 cocotter (Nouguier, Notes manuscrites interfoliées au Dict. de Delesalle, p. 72). Prob. dér. de cocotte¹* d’apr. l’idée de sentir la cocotte « sentir le parfum (trop fort et/ou de qualité médiocre) des femmes légères ». La forme gogotte (peut-être altération d’apr. gogue, goguenots « fosse d’aisance »?) n’est pas suffisante pour retenir l’hyp. d’une formation par apocope et redoublement de chelingoter, dér. de chlinguer « puer » (Esn.). »

 

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Mise à jour du 10 décembre 2014.

fuck off gogot

fuck off
gogot

Graffiti sur une chaise d’école.

 

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Mise à jour du 28 mars 2015.

Un homme était un bougre et avait une gogote ou une bibite tandis qu’une femme était une bougresse avec des tétés et une chouchoute. Une fesse ne désignait pas une jolie fille mais un paresseux ou un maladroit.”
Notons qu’en France un imbécile est un « con » (sexe de la femme dans son sens premier) mais à Maurice, c’était plutôt une gogote.”
(François Duchenne, De Carol à Gervaise, chroniques d’un temps révolu, 2010.)

Mortalité

Balsamine

Plante annuelle appartenant au genre Impatiens et pouvant devenir envahissante. Il suffit d’une légère pression sur les capsules (fruits) visibles ci-dessus et ci-dessous, lorsqu’elles arrivent à maturité, pour qu’elles éclatent, la membrane extérieure tendant à se recroqueviller sur elle-même.

It seems that this particular species is Impatiens walleriana, a.k.a. “Busy Lizzie” in English.

In Chile there is a lonely but brave impatiens that grows in a crack in concrete* stairs. She might be related to the Little Prince’s rose. Saint-Exupéry used to cross the Andes with his plane and who knows if he didn’t see a little flower like this one, whose fate made him think of the rose on asteroid B612.
 
 
* concrete, and not cement (which is just a powder) as most people would tend to say

Degh briyani

Après le dekti, le degh, ce dernier étant en principe associé au briyani alors que le dekti est d’un usage plus varié.
 
 

 
 
Ci-dessus et ci-dessous on voit d’ailleurs un deksi, cylindrique et plus petit que le degh, qui sert à transférer une partie du riz et de la viande.
 
 

 
 
A l’instar de dekti, le mot degh vient de l’hindi, qui l’aurait emprunté au persan.
 
 

Pêcheurs & touristes

Margoz divan farmasi

Bonne Nouvelle pour votre sante !

Comprimés de karela (margoze)

Ce medicament n’a pas d’effets secondaires et est 100% naturel.

Pour diabetiques

Réduit le taux de sucre dans le sang

Margoze egalement connu sous le nom de KARELA ou courge amère est une herbe qui aide à réguler le taux de sucre dans le sang et à continuer le fonction normal du corps. Riche en fer, le melon amer contient deux fois le beta carotene du bro-coli, deux fois le calcium des épinards, deux fois le potassium des bananes, les vitamines C et B1 a 3, le phosphore et la bonne fibre diététique. On pense que c’est bon pour le foie et on s’est avere que ceci contient de l’insuline qui agit en tant qu’agent antitumoral, et empêche l’infection HIV-1 Ce supplement antibiotique a ete montre a la production d’augmentation d’aide de betas cellules par le pancreas, ameliorant de ce fait la capacite du corps de produire et liberer l’insuline, alors qu’en même temps, elle peut augmenter le nombre et l’activite des recepteurs d’insuline. D’une maniere primordiale, ce supplement est sur et efficace en partie parce qu’il est developpe et produit naturellement, sans les additifs ou les preservatifs artificiels.

Avantage des comprimés de karela

1. Pour le diabete.
2. Reduit le taux de sucre dans le sang.
3. L’hypertension.
4. Maladies fongiques.
5. Ameliore la circulation du sang.
6. Contient les vitamines B1, B2, A et C.
7. Agent anti-tumeur.
8. Prévient les crampes.
9. Pour une bonne vision.

Votre sante c’est votre fortune. En vente partout a un prix incroyable.

Autorise et Approuve par le Ministere de la Sante et Qualite de la Vie, Ile Maurice.

Distributeur excelusif
Fatehmamode
Office : 3, St Jean Baptiste Lane Curepipe Mauritius
Tel.: 750 6296 / 763 1837. Fax.: 675 3952
E-mail : iqkoo7@intnet.mu

Fabrique en inde par:
Shriji Herbal Products
Ayrvedic Consultant:
Dr. Dilip Trivedi
India

Poc-poc

1. Gomons poc-poc.

Variété d’algue brune comportant de petites vésicules qui font “poc, poc” quand on les presse avec les doigts pour les faire éclater, ce qui amuse beaucoup les enfants.


 
 
 
2. Liane poc-poc.

Plante filante produisant des sortes de ballonnets (Cardiospermum halicacabum, aussi connue sous le nom de “pois de cœur” ou de “cœur des Indes”). Le nom local vient du bruit que font ces capsules lorsqu’on marche dessus, comme un petit sac en papier qui éclate.

Dans Le Mauricien du 28 juin 2008, il est possible de lire ceci : « De même l’on savait recueillir le meilleur des graines de poc-poc, plante filante qui pousse aussi dans les haies, et qui présente de petites baies vertes. Celles-ci étaient écossées pour en extraire les pépins, que l’on lavait et cuisait ensuite en curry avec du poisson salé. » Je n’ai pas l’impression que les capsules que l’on voit ci-dessus soient de “petites baies vertes”. Peut-être existe-t-il une autre plante ayant elle aussi reçu ce nom onomatopéique.

Coming rain

South African cereal box

This morning, during breakfast, my eye was caught by an image that looked very familiar, so familiar it was like glowing on that cereal box.

It reminded me of the old days of the single-channel MBC, when TV programmes were broadcast only during certain hours of the day (and, of course, of the night). I can’t remember exactly what the schedule was, but you might have something moving on your screen between say 9 or 10 in the morning until 11 or 12 in the night. The rest of the time, you had that fix coloured picture — for those who had a colour TV, which wasn’t our case for quite some time —, which I believe is called a “mire” in standard French. (I’m afraid I don’t know its English name.)

Therefore I picked the cereal box to see what was written on it, but it was in an undecipherable language which must be Afrikaans. In fact that whole side of the box was covered with “interesting” information, half of it in English, half of it in “African Dutch”. Isn’t it funny how easily you can get yourself dragged into reading something that is just lying there?

Unfortunately, I don’t know Afrikaans. It would have helped me understand what “sig” can be. Have you noticed where that damn Sig is hiding?

(Click the image to enlarge and read.)

Somehow it is fascinating, and a bit frustrating, to look at the side of a box printed in an English-speaking country and understand only half of it. Obviously, what is written in Afrikaans is not translated in English, and vice versa. It’s as if Bokomo, the company manufacturing this product, is saying that children need to know both languages.

Normally I don’t eat that stuff, which is primarily for children, but today I had some. May my brain (and my sig) be boosted.

Pistache

Pistache.
Nom féminin.

Cacahuète, arachide (Arachis hypogaea).

« On n’aurait pas des pistaches ou un autre gadjak à offrir à nos visiteurs ? »

« Les autorités ont effectué plusieurs descentes auprès des marchands d’aliments, et il ressort que sur 23 échantillons de pistaches salées grillées retenus, deux contenaient de la rhodamine, d’où la texture rosâtre des pistaches grillées. » (Du colorant pour vêtement utilisé dans certains aliments, Week-End du 28 septembre 2008.)

La vraie pistache (pistachio en anglais) n’est pas ce qu’on appelle pistache à Maurice (peanut en anglais). Il s’agit d’une petite noix, dont la partie comestible est verte* à l’intérieur, contenue dans une coque nettement plus dure que la gousse de l’arachide et qui pousse sur un arbre pouvant atteindre une dizaine de mètres de hauteur.

La cacahuète, aussi connue sous le nom de “pistache de terre” (Trésor de la langue française, Wikipédia), est une légumineuse dont le fruit a la particularité de s’enfouir sous la terre après la fécondation de la fleur. Le même mot, pistache, est utilisé à la Réunion dans le même sens. Selon le TLF, qui parle d’usage régional, l’utilisation de ce nom pour l’arachide se rencontre en Afrique aussi (“Rousseau a fait fixer à 5 frs le boisseau d’arachides (…) dans les autres villages de la baie, à Rufisque par exemple, les pistaches se traitent à 2 frs le boisseau (J. Charpy, La Fondation de Dakar, 1958, p.73 ds Invent. Particul. Lex. Fr. Afr.** n. 1983)”). En effet, on retrouve le mot pistache, probablement dans ce sens, dans le journal de René Caillié, le premier Européen à atteindre la ville de Tombouctou. Entre 1824 et 1828 il parcourt l’Afrique de l’Ouest de la Mauritanie au Mali actuels, se faisant passer pour un musulman. (Roger Frison-Roche l’a raconté dans L’Esclave de Dieu.) Dans le tome II de son récit (Journal d’un voyage à Temboctou et à Jenné, dans l’Afrique centrale), il écrit par exemple « j’achetai des pistaches bouillies pour mon déjeûner, et j’y joignis quelques galettes » (p. 159). Dans un livre intitulé Sur les traces de René Caillié, le Mali de 1828 revisité (publié en 2008) l’auteur, Pierre Viguier, précise ceci à propos du passage cité ci-dessus : « Par pistaches il faut entendre le voandzou ou pois bambara (Voandzeia subterrana) plus probablement que l’arachide, encore peu répandue dans l’intérieur à l’époque » (page 63). (Précédemment, à la page 38, l’auteur précise que par pistache il faut entendre l’arachide, ou le voandzou (pois bambara).)

En effet, si aujourd’hui la pistache (arachide) est facilement associée à la cuisine africaine, il convient de se souvenir que la plante est originaire d’Amérique. (Le mot cacahuète vient d’ailleurs du nahuatl tlacacahuatl, littéralement “cacao (cacahuatl) de terre”.) Ce sont les Portugais qui l’auraient introduite en Afrique aux alentours de 1800, ce qui expliquerait qu’en 1828 elle soit encore peu répandue sur ce continent, surtout loin de la côte.

Les pistaches sont relativement peu employées dans la cuisine mauricienne (on en trouve traditionnellement quelques-unes dans le “dry curry”), le plat le plus commun qui en comporte étant le “rougail pistache”, constitué de pistaches écrasées apprêtées avec des pommes d’amour (tomates) de façon à faire une pâte qui accompagne du riz ou un farata. Toutefois, le “beurre pistache” (beurre de cacahuète, ou pâte d’arachide) est une denrée relativement commune que l’on étale sur du pain. Mais c’est probablement telles qu’elles que les pistaches sont le plus consommées : pistaches salées, pistaches bouillies (voir le billet du 18 février 2010 consacré au mot coque) ou pistache grillées, avec ou sans rhodamine. Au point que ce mode de consommation est passé dans une expression : manz pistas get cinéma, ce qui veut dire que l’on assiste à un évènement quelconque comme un simple spectateur, se délectant de ce qu’on a sous les yeux. Par exemple deux personnes que vous n’appréciez pas particulièrement sont en train de se bagarrer. Vous en êtes témoin et, plutôt que de prendre parti et de vous interposer, vous vous contentez, en pensée, de manger des pistaches en regardant le cinéma. Dans l’imaginaire collectif leur valeur n’est pas très élevée puisqu’une personne à qui l’on demandera combien coûte une chose donnée pourra répondre “pistache !”, signifiant par là que cela ne coûte presque rien. Dans son Inventaire, Robillard précise ceci : « pas une pistache: somme insignifiante, objet de peu de valeur. » En ce sens c’est l’exact pendant de l’expression anglaise peanuts.

Au nord-ouest de Rodrigues on trouve une “rivière Pistache” se jetant dans une “baie Pistache” elle-même bordée d’une “pointe Pistache”. Et à Maurice on trouve un jeu consistant à tirer les orteils d’une personne — généralement un enfant — jusqu’à provoquer un petit craquement, et il arrive qu’on parle de pistache à ce sujet. (On dira par exemple “moi faire pistache avec toi” ou “allez, allons faire pistache”.) Quand l’orteil craque, on dit alors “pistache !”, peut-être à cause du craquement qu’on entend lorsqu’on ouvre une tlacacahuatl.
 
 
 
* d’où, naturellement, la couleur de la glace à la pistache
** probablement l’équivalent africain — continental — de l’Inventaire des particularités lexicales du français de Maurice (lien à droite de cette page)

 

 

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Mise à jour du 7 avril 2013

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Ally Bhugaloo
Pour l’amour des pistaches

Son métier est toute sa vie. Marchand de pistaches, Ally Bhugaloo compte une bonne clientèle grâce à son approche. Son truc : la communication et le respect d’autrui. Rencontre.

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