Archives mensuelles : novembre 2010

Pilon

Pilon.
Nom masculin.

Mot péjoratif signifiant “pédé”, “pédéraste”, “homosexuel” ou éventuellement “impuissant”. (Il peut aussi avoir sensiblement la même valeur que le mot “enculé” en tant qu’injure lancée par des Français.)

Regarde un peu le caca qu’il a foutu, ce pilon-là !!

Le regard des autres change quand ils apprennent que tu es homosexuel. Tout de suite ils se méfient de toi et croient que tu sautes sur tout ce qui bouge. Ils te prennent pour un détraqué sexuel. Ils te confondent avec les pédophiles et les pervers. Le plus dur, c’est dans la rue quand un groupe de personnes te provoque et te traite de ‘pilon’.” (L’Express, 22 mai 2005, article repris par Servihoo.com, site de Mauritius Telecom.)

J’ai reconnu la voix de Chef Inspecteur Mosafeer qui hurlait « gros kreol kuma twa bizin bourr toi dan cité zot pa gagn drwa gagn terrain campement bord la mer, nou ki to mari nou pou klat to fess mové pilon » entre autres…” (Commentaire d’article, L’Express.mu, 26 septembre 2009.)

si ti ar moi ti pou ena 2 scenario:
1. Mo desann mo calott pilon la. Force pou ena 1 lamann.
2. Mo crazz accelerateur a fond, mo bour mo masinn direk dans pilon la so masinn
..” (Commentaire de blog, “Do you feel like swearing while driving?” sur Yashvinblogs.com, 2 juin 2010.)

Eux, ce sont les jurons. De ‘gogot’, ‘pilon’, en passant par ‘merde’, ‘fais chier’, ‘kouyon’, que ça fait du bien de les voir écrit.” (Merde… des gros mots, L’Express du 29 juin 2008.)

T’es content, maintenant, t’es content, hein ? Espèce de pilon de baise-ou-maman de Créole, à cracher ton sang et à crever ? Regarde dans quelle merde tu me fous…” (Carl de Souza, Les Jours Kaya, page 30.)
 
 
 
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Mise à jour du samedi 8 janvier 2011

Une petite promenade dans le centre de l’île a permis de voir que certains prenaient leur nissa en modifiant (légèrement) les panneaux de signalisation routière :

(Je ne savais pas qu’on écrivait sur les panneaux routiers avec de la tresse isolante.)

 
 
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Mise à jour du 9 juin 2013

Photo prise à la rue de l’Église, Port-Louis, en décembre 2010 :

Pilon_facteur_49

 
 
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Mise à jour du 30 juin 2013

Photo prise à la rue Dauphine, Port-Louis :

Tag_pilon--Port-Louis_407

 
 
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Mise à jour du 13 janvier 2014

Photo prise à la rue « Nehru Pandit Jawaharlall » à Port-Louis :

Nuvin Pilon6

Nuvin Pilon6

Coquilles (de protection)

La violence du poing
« La voiture provenant de Champ-de-Mars et qui se dirigeait vers l’Hôtel du gouvernement a heurté de plein fouet le cycliste qui négociait le virage en direction de la Cure de la Cathédrale. Le point d’impact a été d’une rare violence. »
(Le Mauricien, 15 novembre 2010.)
 
 
Tuer les morts
« Selon des responsables sud-coréens, les tirs ont déclenché des incendies et coûté la vie à au moins deux morts suite à un message du Nord qui avait demandé à Séoul de mettre un terme à des exercices militaires dans la région. »
(L’Express, 23 novembre 2010, “(Sources : AP/Reuters)” — Mais sur le site du Nouvel Observateur : « Selon des responsables sud-coréens, les tirs ont déclenché des incendies et coûté la vie à au moins un militaire […]. AP »)
 
 
Développement martien
« Ce projet fait partie au fait du Médine Master Plan, qui consiste à intégrer des zones résidentielles de niveau international avec des développements commerciaux et terriens. »
(Le Matinal, 24 novembre 2010.)
 
 
Études d’éboueur
« Marvy Damien Simon, un étudiant éboueur âgé de 20 ans, né de mère mauricienne et de père français, a été arrêté avec une certaine quantité de hashisch et de cocaïne en sa possession. »
(Le Mauricien, 23 novembre 2010.)
 
 
CWA unijambiste
« Harry Booluck souligne aussi qu’il serait ravi si une hausse des tarifs de la CWA intervenait, ainsi cet organisme pourrait se tenir sur son pied. »
(Le Matinal, 25 novembre 2010.)

Accent créole

Selon la proposition de standardisation de l’écriture du créole connue sous le nom de “Grafi Larmoni”, le son “é” est transcrit par la lettre e, écrite sans accent, comme il a été dit çà et . Or l’usage des uns et des autres montre que cette proposition-là a du mal à s’imposer, la plupart des gens préférant transcrire le son “é” par les deux lettres er. D’autres utilisent le “e-accent-aigu”. D’autres encore hésitent entre les différentes possibilités :

ASTÉ
EK
VENDER

 
 

OPERATION TAYÉ-RAZÉ
LORS TOUS PRIX KOT
PURDASY & PURDASY

 
 

Й

 
 

RadioPlus
écouté ou pou tendé

 
 

Na pas zette salter ici

 
 

PA ZET SALTE

 
 

PE RECRUTE

Couple marié civilement
qui éna a partir 35 ans,
pou travail à plein temps dans la cour campement
à RIVIÈRE NOIRE ou GRAND BAIE.
Couple-là (de préférence sans enfant ou ène zenfan maximum)
pou loger surplace dans ène dépendance.

Ce ki intéresser bisin envoye ène lettre application
avec certificat moralité (si ena) lor sa l’adresse-là:
Le Gérant
Star Trading Agencies
23, Brown Sequard Street
Quatre Bornes

 
 

SUPERTOTE
Mizé pou amizé !

 
 

Й

 
 

“Grafi Larmoni” part en outre du principe qu’en créole il n’existe que le son é. Or il existe des mots pour lesquels c’est un accent grave qui serait plus adapté : livèr (hiver), talèr (tout à l’heure), malèr (malheur), sémèn (semaine), ver (vert), mem (même), zet (jette), ek (avec), etc. Écrire granmer (grand-mère) en pensant que ce mot se prononce “granmére”, avec le même son “é” que dans manzé, cela ne reflète pas complètement la réalité de la langue.

 

 

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Banané (31 décembre 2010)
Asté ek vendé (20 janvier 2013)

Par ordre

Une évidente contamination anglaise (“by order”) :

NA PAS
ZETTE
salter
ICI
Par ordre

 
 

&

 
 

 
 

&

 
 

>>> https://mauricianismes.wordpress.com/2010/09/20/zet-salte/
>>> https://mauricianismes.wordpress.com/2011/09/06/monter-a-bicyclette/

Me?

Mo MAM twa (pou Pak)

NOW is the TIME
—————————
MAM
LUNDI
PAQUES
2011
BIZIN
CONGE
PUBLIC
ELIEZER FRANCOIS
Public Press


 

Ж

 
Abé zour Pak péna konzé anyway ?

Moi mo pou dimann ki “mardi Pak” ousi li bizin konzé piblik.
 

Ж

 
Bon, en quelle langue est rédigée cette affiche ?

La première phrase, occupant toute la ligne du haut, est en anglais, c’est entendu. MAM est le sigle du Mouvement Authenthique Mauricien (en français me semble-t-il, à moins qu’il ne soit devenu le Mouvma Otantik Morisyen pour faire encore plus authentique, ce qui le changerait toutefois en un MOM aussi maternel que Mam). Mais que dire du reste ?

“Lundi Paques” ressemble à du français, bien qu’il manque la préposition “de” et l’accent circonflexe, mais “bizin” indique clairement que la phrase se conjugue en créole. Alors dans ce cas pourquoi “conge public*” ? (“Conge” rime-t-il avec “songe” ici ?) Écrire “konze piblik” ou “konzé piblik” défriserait-il leur blason ?
 
 
 
* congé public (Maurice) = jour férié (France & divers)

Un satyre trop rapide

express
adj. et n.m. express [eksprɛs] (mot angl.)
Qui assure un service, une liaison rapide.
 

Ж

 
L’Express, quotidien martien bien connu, tient un site web sur lequel il est possible de laisser des commentaires, démarche a priori louable pour ce qui est de l’ouverture au débat et aux remarques de tous bords — dans la limite de la bienséance et des places disponibles, bien entendu. L’ouverture a toutefois ses limites puisque le journal ne semble autoriser les commentaires que lorsque ce qui est dit n’égratigne pas son ego.

Un article daté du 14 novembre comportait une coquille classique mais néanmoins comique : la confusion entre une satire (œuvre cherchant à ridiculiser quelqu’un ou quelque chose) et un satyre (demi-dieu paillard aux jambes de bouc ou pervers sexuel). On s’en rend facilement compte en cliquant sur l’image ci-dessous :

Faute typographique bégnigne ayant amené votre serviteur à persifler de la sorte :

Lâchez-moi les satyres

« Le Canard Enchaîné, journal satyrique français » — Satirique, le journal. Le satyre, avec un i grec comme il se doit, relève de l’obsession sexuelle. (Tiens, va-t-on publier mon commentaire cette fois-ci ou bien l’espace de « débat démocratique » de L’Express va-t-il modérer à grands coups de ciseaux une fois encore ?)

Las, une fois de plus cela n’a servi à rien de vouloir faire de l’humour grinçant : le commentaire ci-dessus a fini à la poubelle (sélective, la poubelle, car La Sentinelle est vigilante et trie les ordures). Mais au moins l’erreur a-t-elle été rectifiée — en attendant la prochaine.

On continuera donc de regretter que, dans sa rapidité quotidienne — pour ne pas dire sa précocité —, L’Express ne prenne pas suffisamment le temps de se relire, autrement dit de repasser sur ce qu’il produit. A trop se presser même un satyre peut connaître quelques déboires.

Night burial

NIGHT BURIAL
PLEASE CONTACT
PLAINE MAGNIEN
SUNEE MOSQUE
FOR LIGHTING

Demander pour

Aujourd’hui L’Express.mu titre “Air Mauritius : le directeur à Madagascar demande pour quatre gros appareils”.

En septembre 2009 nous avions vu de quelle façon particulière les Mauriciens pouvaient utiliser la préposition par. Faudrait-il consacrer une entrée à pour aussi ?

Mais c’est bien la première fois que j’entends “demander pour”. A se demander s’il ne s’agit pas là d’une traduction mot à mot de “ask for”…

Fandia

Fandia.
Nom masculin.

1. Fougère arborescente (Cyathea excelsa ou Cyathea borbonica).

2. Tronc de fougère arborescente utilisé comme pot de fleur ou comme support pour certaines plantes (orchidées, fougères).

« De fait, la quasi-absence des plantes vertes dans les maisons, et par ricochet dans les bureaux, est imputable à la disparition d’une partie de la culture créole d’antan. Quand l’intérieur des maisons était surtout agrémenté par des fougères plantées dans des troncs de ces arbres qu’on appelle fandia. Ils retenaient l’humidité et la fraîcheur pour permettre aux fougères de croître en intérieur. » (L’Express, 28 décembre 2007.)

« Connu par ses collègues comme chasseur de plantes rares, Jean-Claude Sevathian peut s’enorgueillir que ses efforts pour la sauvegarde de la biodiversité ont été payants. Depuis novembre dernier, une des quatre espèces de fandia porte son nom : “Cyathea borbonica var Sevathiana.” » (La Vie catholique, 7 juin 2007.)

« Les voyages à l’étranger, et notamment à Singapour, et les visites dans les shopping centres sont aussi pour quelque chose dans l’engouement des Mauriciens. N’oubliez pas qu’il fut un temps où les fougères dans les fandia étaient aussi très à la mode. » (L’Express, 20 décembre 2004.)

« On avait compris et les détails restés dans l’ombre s’étaient éclairés plus tard. Car Sassita avait été tellement marquée par son aventure qu’un jour elle n’avait pu s’empêcher de nous la conter. Elle aussi avait baissé la voix, s’était ramassée sur elle-même comme si elle avait eu froid, avait parlé d’une voix haletante, si blanche qu’elle en devenait monocorde ; et tout en parlant elle jetait des regards anxieux vers le corridor qui menait à la varangue, où Mère était assise comme toujours près de ses fandias. » (Marie-Thérèse Humbert, A l’autre bout de moi, page 49.)

Le mot fandia vient du malgache fanshaa (“arbre dont le bois a la feuille de la fougère”, Flacourt, in Dictionnaire étymologique des créoles de l’Océan Indien) ou fantsaha. C’est aussi ce nom malgache qui a donné le nom de la plante à la Réunion, où elle est appelée fanjan. Aux Seychelles, la même plante et les mêmes pots de fleurs tirés de cette plante sont appelés fanzon en créole (DECOI), ce qui rejoint une des prononciations rencontrées à la Réunion (fangeon).

Le stipe (“tronc”) de la plante peut atteindre 6 mètres de haut d’après Ameenah Gurib-Fakim (Mieux connaître les arbres et arbustes de Maurice et de l’Océan Indien), ce qui me paraît une valeur élevée. (Toutefois, il faut garder à l’esprit que les grands individus ont été quasi systématiquement coupés pour faire des pots de fleurs.) Selon cet auteur, le nom du genre — Cyathea — provient du mot grec kyatheon, “tasse” ou “coupe”, en référence à la forme des conteneurs des spores.