Fandia

Fandia.
Nom masculin.

1. Fougère arborescente (Cyathea excelsa ou Cyathea borbonica).

2. Tronc de fougère arborescente utilisé comme pot de fleur ou comme support pour certaines plantes (orchidées, fougères).

« De fait, la quasi-absence des plantes vertes dans les maisons, et par ricochet dans les bureaux, est imputable à la disparition d’une partie de la culture créole d’antan. Quand l’intérieur des maisons était surtout agrémenté par des fougères plantées dans des troncs de ces arbres qu’on appelle fandia. Ils retenaient l’humidité et la fraîcheur pour permettre aux fougères de croître en intérieur. » (L’Express, 28 décembre 2007.)

« Connu par ses collègues comme chasseur de plantes rares, Jean-Claude Sevathian peut s’enorgueillir que ses efforts pour la sauvegarde de la biodiversité ont été payants. Depuis novembre dernier, une des quatre espèces de fandia porte son nom : “Cyathea borbonica var Sevathiana.” » (La Vie catholique, 7 juin 2007.)

« Les voyages à l’étranger, et notamment à Singapour, et les visites dans les shopping centres sont aussi pour quelque chose dans l’engouement des Mauriciens. N’oubliez pas qu’il fut un temps où les fougères dans les fandia étaient aussi très à la mode. » (L’Express, 20 décembre 2004.)

« On avait compris et les détails restés dans l’ombre s’étaient éclairés plus tard. Car Sassita avait été tellement marquée par son aventure qu’un jour elle n’avait pu s’empêcher de nous la conter. Elle aussi avait baissé la voix, s’était ramassée sur elle-même comme si elle avait eu froid, avait parlé d’une voix haletante, si blanche qu’elle en devenait monocorde ; et tout en parlant elle jetait des regards anxieux vers le corridor qui menait à la varangue, où Mère était assise comme toujours près de ses fandias. » (Marie-Thérèse Humbert, A l’autre bout de moi, page 49.)

Le mot fandia vient du malgache fanshaa (“arbre dont le bois a la feuille de la fougère”, Flacourt, in Dictionnaire étymologique des créoles de l’Océan Indien) ou fantsaha. C’est aussi ce nom malgache qui a donné le nom de la plante à la Réunion, où elle est appelée fanjan. Aux Seychelles, la même plante et les mêmes pots de fleurs tirés de cette plante sont appelés fanzon en créole (DECOI), ce qui rejoint une des prononciations rencontrées à la Réunion (fangeon).

Le stipe (“tronc”) de la plante peut atteindre 6 mètres de haut d’après Ameenah Gurib-Fakim (Mieux connaître les arbres et arbustes de Maurice et de l’Océan Indien), ce qui me paraît une valeur élevée. (Toutefois, il faut garder à l’esprit que les grands individus ont été quasi systématiquement coupés pour faire des pots de fleurs.) Selon cet auteur, le nom du genre — Cyathea — provient du mot grec kyatheon, “tasse” ou “coupe”, en référence à la forme des conteneurs des spores.

9 réponses à “Fandia

  1. Ravissante fougère! En deux mots.

  2. Oui, il s’agit là d’une belle plante ! 🙂 Quand nous étions petits nous récoltions le duvet (poils) qu’on peut voir sur l’avant-dernière photo et nous le mettions dans le cou des copains (et des filles) en guise de poil à gratter.

  3. En France , les orchidées sont cultivées dans un mélange d’écorce de pin, de sphaigne, parfois de fibres de coco, auquel on ajoute souvent des billes d’argile ou de polystyrène expansé, pour améliorer le drainage; l’ensemble est dans un pot en plastique le plus souvent.
    Les fandias sont certainement plus jolis mais il faut trouver un équilibre, les écosystèmes étant partout fragiles. Thérésien Cadet note également dans sa thèse sur la végétation de l’île de la Réunion (1980) : «Comme à basse altitude, ces deux espèces (Cyathea excelsa et C. glauca) sont abusement exploitées en vue de la production de pots à fleur (fanjans) découpés dans l’épais lacis de racines adventives qui se développent sur la base de leur stipe.»
    Une autre espèce (Cyathea cooperi) originaire d’Australie a été introduite pour l’ornementation et devient une menace pour les espèces endémiques de la Réunion et de Maurice (voir ce lien; aux 3/4 de l’article environ).

  4. A fern still tightly closed in this fashion is called a fiddlehead in English, from the comparison to the decorative scrollwork at the end of a violin. Some species are steamed or sauteed in butter and eaten.

  5. Fiddleheads are a delicacy in early spring in Eastern Canada. You have to catch them at an early stage (more tightly curled than the one in the second photo). First I wash them and remove some of the brownish stuff that sticks to the curled stems, then I steam them lightly and serve them with butter, or swirl them in the meat juices if I have been cooking meat. Delicious, with a foresty taste, less bland than most green veggies.

  6. Françoise : Une autre espèce (Cyathea cooperi) originaire d’Australie a été introduite pour l’ornementation et devient une menace pour les espèces endémiques de la Réunion et de Maurice

    Cela m’avait échappé et à regarder sur internet des photos de cette plante je me dis que mes photos à moi pourraient très bien montrer cette espèce-là. Toutefois, en ce qui concerne le mot fandia proprement dit, je pense qu’il serait utilisé de toute façon, indépendamment du fait que la fougère arborescente en question soit endémique ou exotique.
     
     
    John & Marie-Lucie, I’ve never heard about anyone eating ferns before! How to know whether our local fandias are edible or not? (Maybe I can try with the dogs first…)

    When we were children we used to smoke the thin (and hollow) twigs pulled from fandia “flowerpots”, and it was doubly defiant since “smoking fandia” sounded almost like “smoking gandia” (local name for marijuana).

  7. Siganus, si vos fandias étaient comestibles, peut-être vos compatriotes auraient-ils déjà découvert cette particularité?

    Il y a deux illustrations de ces légumes sauvages dans la rubrique Fiddleheads de Wikipédia, qui donne aussi les noms des espèces comestibles dans certaines parties du monde. L’article correspondant en français (« tête de violon ») est très réduit et l’illustration montre une espèce différente que celle que je connais, qui est la fougère-aigle, en anglais « bracken fern ».

    Selon ces articles et un autre sur cette fougère, il y aurait quelques risques à en manger, mais je crois que ce risque est très limité étant donné que la plante ne reste au stade optimal pour la cueillette que pendant un temps très court, une fois par an.

  8. A Maurice il me semble que dans la cas des fandias les nouvelles feuilles (frondes) sortent tout au long de l’année. Je n’ai pas l’impression qu’il y ait une saison particulière pour cela. Mais les feuilles de fandia sont très grandes par rapport aux autres fougères, et on peut se demander si cela ne constituerait pas un handicap pour ce qui est de leurs qualités comestibles potentielles, à quoi s’ajoute le fait que leurs “têtes de violon” sont couvertes de poils comme on peut le voir sur la photo.

  9. Une autre espèce (Cyathea cooperi) originaire d’Australie a été introduite pour l’ornementation et devient une menace pour les espèces endémiques de la Réunion et de Maurice

    Françoise, j’ai eu la confirmation aujourd’hui que le fandia qu’on voit sur la photo “Fandia_4564” — i.e. l’avant-dernière, sur laquelle on voit le duvet présent à la base des tiges — appartient à l’espèce exotique australienne, c’est-à-dire à l’espèce Cyathea cooperi. Le duvet en question est blond à brun-roux pour l’espèce australienne alors qu’il est noir pour l’espèce locale (Cyathea borbonica). Il faudra à l’occasion que je cherche des fandias endémiques afin de les photographier de près. (Il est possible, et même probable, que ceux figurant sur la première photo appartiennent à l’espèce locale. Mais je ne les ai pas photographiés d’assez près.)

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