Mettre l’emphase (sur quelque chose).
Locution verbale.
Mettre l’accent (sur quelque chose), attirer l’attention (sur quelque chose), insister, souligner.
“— Il faudrait peut-être qu’ils les tuent à un rythme industriel pour te convaincre ? Qu’ils réquisitionnent la gare de Drancy et les envoient par wagons entiers à l’incinération ?
Comme toujours, Marine employait le sarcasme pour mettre l’emphase sur ses propos. Dorian se dit qu’à défaut de magistrat, elle aurait sûrement fait une excellente avocate. Il s’abstint toutefois de toute répartie cinglante, sachant ce qu’il encourrait dans le cas contraire.”
(Ashvin Krishna Dwarka, Le Neuvième Passage (2014), page 293.)
“Il [le ministre de l’éducation] a aussi mis l’emphase sur la récente initiative du gouvernement d’attribuer un financement intégral dans le cadre d’un nouveau système de bourses pour aider les étudiants dont le revenu familial ne dépasse pas Rs 12 000 par mois, et dont les parents font face à de sérieuses difficultés pour permettre à leurs enfants de poursuivre des études supérieures.”
(Le Mauricien, 6 septembre 2013.)
“Imperial Gardens fait aussi la part belle aux espaces verts. Ceux-ci représentent 63 % de la superficie du site. «A travers ce projet nous avons voulu mettre l’emphase sur le projet Maurice Ile Durable», déclare Shanawaz Jaulim, le directeur de City View Development Co Ltd. D’où les grands espace verts, la récupération et le recyclage de l’eau et l’utilisation de l’énergie solaire pour des espaces en commun.”
(L’Express, 28 novembre 2012.)
“« J’avais déjà l’ébauche de mon livre, Stanley’s Noble Deeds, qui évoque l’histoire d’un homme qui décède du sida et qui se voit couronné au paradis pour ses actions, comme son titre l’indique.
J’avais conçu l’écriture comme un scenario de film et je crois que ce style, de même que le sujet, ont séduit les éditeurs », raconte Ajay Ramphul. Après l’envoi, ce dernier, à la demande des éditeurs, développe le sujet et met l’emphase sur les dialogues.”
(Le Défi, 20 janvier 2014.)
“Paul Bérenger a, lui aussi, participé à ce rassemblement au No. 5. Il a repris ses thèmes de campagne habituels, mettant l’emphase sur l’ordre public, le combat contre la drogue et le redressement de l’économie.”
(L’Express, 30 avril 2010.)
“Après Bar Chacha vendredi, l’alliance MMM/MSM était à La Tour Koenig hier soir. Lors de son intervention sir Anerood Jugnauth (SAJ) a mis l’emphase sur l’importance de ces élections pour le pays. Il s’est dit confiant que la population est suffisamment intelligente pour le réaliser. Paul Bérenger s’est dit fier de l’équipe présentée par le Remake 2000.”
(Le Militant, 20 novembre 2012.)
“David Leong-Lone, pour sa part, le lauréat côté garçon du Rodrigues College, songe à devenir ingénieur informaticien. Il dit avoir été bien encadré par ses parents, tous deux enseignants. Avec conviction, les deux boursiers affirment qu’ils reviendront pour mettre leurs compétences au service du pays. Rodrigues, disent-ils, manque de cadres dans certains domaines. «L’autonomie a été enclenchée mais n’a pas encore pris son envol. Il faut mettre l’emphase sur l’éducation et la formation», dit le jeune homme.”
(L’Express, 10 février 2004.)
“La SBM met l’emphase sur l’intégration sociale”
(Communiqué de la State Bank of Mauritius, avril 2010.)
“Jules a mis l’emphase sur le fait que la JOC est un mouvement qui aide à transformer la vie des jeunes, à donner un sens à leur existence.”
(La Vie catholique, mai 2011.)
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Cette tournure est due à l’influence de l’anglais. Il s’agit d’un calque de l’expression “to put the emphasis (on something)”. En anglais, emphasis n’est pas un équivalent exact d’emphase. Emphasis a le sens d’insistance, de force, d’accentuation. To emphasize, c’est souligner, insister sur, faire ressortir, mettre en exergue, etc. En français, l’emphase est une exagération dans la façon de s’exprimer. C’est être pompeux, grandiloquent, exagérément solennel. Parler avec emphase, c’est parler avec affectation, dans un style ampoulé — un style qui peut justement être qualifié d’emphatique. C’est le contraire de parler simplement, de façon naturelle.
Il est toutefois possible de noter qu’en créole “met lanfaz (lor kiksoz)” n’est pas nécessairement sujet à caution. Comme il ne s’agit pas d’un “français abâtardi” mais d’une langue indépendante — quand bien même elle tire l’essentiel de son vocabulaire du français —, elle n’est en rien obligée de suivre à la lettre les locutions et tournures du français. Qui plus est, “met laksan (lor kiksoz)” ne signifierait pas grand-chose en créole et une telle expression n’aurait que peu de chances d’être comprise dans le sens de “mettre l’accent (sur quelque chose)”.