Suggestions

Ici vous pouvez faire toutes les suggestions qui vous passent par la tête, qu’elles aient trait à des mots (ou à un mot particulier figurant déjà dans la liste), à des expressions, à leur sens ou à leur prononciation, ou qu’il s’agisse de conseils de présentation ou de gestion du site. Vous pouvez même suggérer d’élargir la palette de sujets traités.

416 réponses à “Suggestions

  1. A. J. P. Crown

    Sig, You were just discussing the details of different French and Martian accents at Language Hat. I think you ought to say something (perhaps in Moâ, perhaps as a post) about your own French accent. Do people think you talk funny? Is Sig a fish out of water on Mars? In France? For all we know, you sound like a Texan in Glasgow.

  2. Siganusk

    Just to give you an idea, the first time I went to France was when I started to study there (cristallography and stupid things like that). One day, at the uni restau, I was sitting with my coturne*‘s classmates. I asked a question to one of them, but he just laughed. « Well », I thought, « maybe this guy’s a bit cuckoo. » Some time later, my coturne told me that he’d thought I was speaking English to him. The guy hadn’t understood a single word of my own French.

    * coturne: the guy you are supposed to share a room with

  3. Siganusk

    Accents would be an interesting topic indeed. Unfortunately it is not an easy one to tackle on a written blog. But I might think about it (and start recording people, he he).

    Any other suggestion anyone?

  4. That’s a remarkable story. It must be quite an accent.

  5. Siganusk

    Well, Steve, I can’t blame that guy too much: the same thing happened to me in Quebec, where I was left astounded by the fact that, in the very beginning, I didn’t understand a word of what French-speaking people were saying around me. But at least I didn’t think they were speaking English.

  6. A. J. P. Crown

    Is it possible that there is a British influence or do you think that guy was just not very bright?

  7. I love the way they speak in England, but when the subject would come up, I would tell them « I don’t have an accent, you have an accent. » They always had to stop and think about that one.

  8. A. J. P. Crown

    It’s true. It’s like water not having a flavour until you think about it. I have a very variable accent, that depends on who I’m talking to. Sometimes it’s very English and sometimes quite American. I only realised I had the American accent when, after living there for some years, I heard myself on somebody’s answering machine — it was quite a shock to find out it wasn’t under my control.

  9. marie-lucie

    SK, The same thing happened to me on my first visit to Montreal (in the 60s). But in the meantime there has been a big change in the direction of a more « standard » pronunciation, as the older Canadian accent used to sound very rural in France. But many educated people can handle both the old and the new Québécois accents depending on the occasion. There are other French-speaking areas in Canada also, although not as large or compact as Québec, and there the French varieties are less standard, so harder for a French-speaking outsider to understand.

  10. Siganusk

    I was in Montreal in the 90s, and the people I met there were students, i.e. young persons. But my God, what an accent! I imagine that someone from Gaspésie or from New Brunswick may indeed be hard to understand.

    What I found funny with the few French-speaking Canadians I have met here on Mars is that when they start to speak English they have such an American accent! This is always a surprise to me because since they speak French, some of them without too much of an accent, I unconsciously expect them to speak English in a more British way. But after all, they are Americans too, aren’t they?

  11. A.J.P. Crown

    I can only tell that English-speaking Canadians aren’t from the US if they say words like ‘house’ or ‘out’ — ‘out’ is pronounced like ‘oat’ (I don’t know how they say ‘oat’). I think their accent is slightly Northern Irish (i.e. influenced by what the Americans call ‘Scots-Irish’ immigrants).

  12. marie-lucie

    AJP, in Nova Scotia they pronounce about and a boat in exactly the same way, which is like other people say a boat. As the name indicates, this area was in large part settled by immigrants from Scotland. In other areas of Canada there is usually a difference between the two (which is hard to explain without using phonetic symbols) but not as marked as in England or the US. I mean that Canadian about is kind of in between other pronunciations of about and a boat.

    Of course French Canadians speaking English are following the lead of English-speaking ones, some of them perfectly (so you can’t tell they speak French) but many of them with a distinctive Québec accent which is quite different from a typical European French accent in English.

  13. Sig,

    en attendant d’avoir un billet en bonne et dûe forme pour chaque entrée de votre liste, est-ce qu’il n’y aurait pas moyen déjà d’ouvrir les commentaires sous chaque mot ?

    Ce qui me permettrait de vous dire tout de suite combien votre « ferfoute » m’intrigue. Se pourrait-il qu’il s’agisse d’une contraction de « va te faire foutre » ?

    Pour moi, ce « ferfoute » sonne comme un juron, quelque chose de nettement plus musclé que votre « tant pis » bien propret, ce pourrait être aussi l’écho du « vervloekt » retentissant qu’on entendrait à Bruxelles si on découvrait que la voiture ne démarre pas et qu’il faut aller à pied (prononcé, plus ou moins, « feurflourte »…).

    Pour tout vous dire, je trouve ce « ferfoute » très belge.

  14. Siganusk

    Aquinze, seriez-vous en train de me suggérer de consacrer la prochaine note au mot ferfoute ? Je vous attendais un peu sur l’écolage, mais je suis resté sur ma faim. (Notamment pour les questions d’enseignement — français ou pas, à l’étranger ou pas —, mais aussi pour vous dire que votre minerval n’est pas tout à fait un écolage payable chaque mois. Ce serait plutôt ce que nous pouvons appeler des « frais d’inscription ».)

  15. Siganusk

    PS : du “vervloekt” retentissant qu’on entendrait à Bruxelles si on découvrait que la voiture ne démarre pas et qu’il faut aller à pied (prononcé, plus ou moins, “feurflourte”…)

    Ceci me fait penser que notre « ferfoute » se prononcerait presque comme le patronyme d’un politicien sud-africain de sinistre mémoire.

  16. Sig, j’ai des doutes sérieux sur la spécificité mauricienne de « gabelou ». Il est vrai qu’en français de France, le gabelou c’est le douanier et pas le policier (parce qu’historiquement, ce sont les gabelous qui faisaient la chasse aux faux-sauniers, ces contrebandiers qui achetaient le sel non taxé en pays franc, c’est-à-dire exempté d’impôt sur le sel, pour le revendre en pays de grande gabelle, c’est-à-dire dans les régions où non seulement le sel était taxé, mais où de plus il était OBLIGATOIRE d’acheter une certaine quantité de sel…), mais je ne crois pas que cette confusion entre police et douane suffise à signer le mauricianisme.

    Par comparaison, je doute qu’en français de France, on sache précisément que les « pandores » désignent, précisément, les gendarmes, et non les policiers. En réalité, je parierais volontiers que peu de Français font la différence entre les deux, alors que les premiers sont militaires et les autres pas…

    Et par esprit d’escalier (gabelou = gabelle = sel), j’ai une question pour vous : est-ce qu’à Maurice aussi on utilise/utilisait les coquillages comme ersatz de sel ? Pourquoi je pense à ça ? Parce qu’il existe un plat typiquement portugais, le porc aux palourdes : le mélange viande-coquillage est pour le moins insolite et fait un tabac chez les touristes en Algarve.

    Pourtant, il n’est pas si typique qu’on pourrait le croire. En Bretagne, par exemple, où la pauvreté a été longtemps si extrême que l’on n’avait pas les moyens d’acheter du sel, même non taxé (la Bretagne était un pays franc, c’était la condition mise au rattachement de la province au Royaume de France, mais le commerce du sel était tout de même un monopole royal), on utilisait les coquillages (palourdes, coques ou berniques) pour saler la nourriture, et la viande, c’était toujours du cochon… On trouve donc, aussi, du porc aux palourdes dans les cahiers de recettes des (très) vieilles bigoudènes. Mais curieusement, plus personne ne s’en souvient…

  17. marie-lucie

    Très intéressant, Aquinze. Je ne savais rien de ces recettes aux fruits de mer pour saler les plats. (Pour moi-même, les coquillages sont les jolies coquilles qu’on ramasse sur les plages comme souvenir d’un séjour à la mer, mais c’est peut-être parce que je n’en mange pas: je crois qu’il faut avoir été élevé au bord de la mer pour en apprécier le goût et surtout la texture).

    Les forces de police françaises: il y a non seulement les agents de police et les gendarmes, mais aussi les CRS, et peut-être d’autres encore, il est facile de confondre leurs rôles et attributions même s’ils ont des uniformes différents.

  18. marie-lucie

    On trouve donc, aussi, du porc aux palourdes dans les cahiers de recettes des (très) vieilles bigoudènes. Mais curieusement, plus personne ne s’en souvient…

    Ça n’est peut-être pas si curieux si le porc aux palourdes et recettes similaires représentaient une nourriture de pauvres, qu’on a abandonnée lorsqu’on a pu se permettre d’acheter du vrai sel.

  19. Siganusk

    mais je ne crois pas que cette confusion entre police et douane suffise à signer le mauricianisme

    Aquinze, le sens que j’ai donné au mauricianisme ici est assez lâche. Un adjectif comme maf ou une interjection comme ayo ne peuvent faire l’objet d’un doute. Mais j’ai aussi inclus des mots que l’on retrouve en français standard sans toutefois avoir le même sens (baiser, pistache, malabar), ou sans avoir la même prononciation (cerf, un), voire même sans avoir une fréquence d’utilisation identique (un coup, foire, moque, tété).

    Vous dites qu’en France un gabelou est un douanier. C’est en effet ce que dit le Petit Robert : Employé d’octroi, douanier (péjoratif). Ici je n’ai entendu parler de gabelou qu’à propos de policiers, ceux qu’en France on appelle des “flics”.

    Quant au sel, je ne sache pas qu’il ait fait l’objet d’une taxe spécifique à l’Isle de France ou à l’île Maurice. Le sel a de longue date été produit ici, dans des salines (voir la liste). Nous n’avons pas eu besoin d’une Marche du sel d’un quelconque Gandhi. Pour autant que je sache le sel n’a jamais été une denrée de luxe ici. Au contraire, le gros sel local a toujours été regardé un peu de haut. Il n’a jamais été nécessaire d’utiliser des coquillages pour saler les plats.

    Les coquillages étaient mangés pour eux-mêmes, en bouillon comme les tec-tecs (tiens, voilà un mot de plus pour ma liste) ou les bigorneaux, ou encore ce qu’on appelle je crois un « conocono », qui est peut-être aussi appelé « olive » (il faudra que je me renseigne sur celui-là) ou en gratin comme les bénitiers. Je ne pense pas que nous ayons jamais mélangé viande et coquilles*.

    * coquille pourrait aussi être un mauricianisme en quelque sorte, puisqu’il est employé à la place du coquillage en français standard. Quelle différence faites-vous, vous, entre une coquille et un coquillage ?

  20. Une coquille, c’est essentiellement un contenant (sauf pour les coquilles Saint Jacques). Les « coquilles d’huitre », « coquilles d’escargot », ou « coquilles de moule », c’est ce qui reste quand on mange des huitres, des escargots ou des moules…

    A contrario, on dit en français courant, pour parler de quelque chose qui n’a que l’apparence de ce qu’elle voudrait être , »ce n’est qu’une coquille vide », d’où on pourrait déduire qu’a priori, une coquille est supposée être pleine…

    Mais si on va par là, le « coquillage » n’est pas non plus toujours forcément plein. Comme le remarquait Marie-Lucie, quand on ramasse des coquillages sur la plage, ce sont le plus souvent de simples coquilles ouvertes (l’intérieur – la « chair » du mollusque – ayant été depuis longtemps becqueté par les mouettes).

  21. Siganusk

    Aquinze :
    Une coquille, c’est essentiellement un contenant […]
    d’où on pourrait déduire qu’a priori, une coquille est supposée être pleine…
    le “coquillage” n’est pas non plus toujours forcément plein

    Bref, ça me semble clair comme du jus de chaussette pleine ! Je crois que je préfère encore notre coquille unique, comme celle contenant le coq d’Adam sur certaines peintures. Au moins dans ce cas les choses sont-elles moins tarabiscotées, car ces nuances qui n’en sont pas ne peuvent que troubler l’esprit des gens simples.

    Re : Coquilles St-Jacques.
    Vous me faites revenir à l’esprit ces gratins que j’ai mangés ici à Maurice, ces « plats » saupoudrés de chapelure, cuits dans des coquilles Saint-Jacques passées au four et servis tels quels dans l’assiette. Malheureusement je ne me souviens pas de quoi était fait le gratin proprement dit, s’il s’agissait de fruits de mer ou pas. (Je vais essayer de me renseigner. De même que cuire l’agneau avec le lait de sa mère ne peut être kosher, il me semblerait presque haram de cuire disons du porc dans des coquilles Saint-Jacques. Saint Antoine cochon ne l’aurait probablement pas apprécié.)

  22. Siganusk

    l’intérieur – la “chair” du mollusque – ayant été depuis longtemps becqueté par les mouettes

    Pas de mouette ici, ni de goéland, malgré ce qu’a écrit Leclézio dans La Quarantaine, roman se passant principalement sur l’île Plate, îlot situé au large de la côte Nord de Maurice. Mais nous avons ce qu’il faut de noddis, de corbijeaux et de paille-en-cul(s). De crabes aussi, dont le “c’est-ma-faute”.

  23. Non, vous avez raison, tout ceci n’est pas clair du tout.

    Et pourtant, on ne se trompe jamais, on n’emploie pas coquille pour coquillage ou vice-versa.

    Ah, et aussi : les crabes « Cé ma faute » ! Je me souviens en avoir vu des milliers en Martinique, on dit là-bas qu’on les appelle comme ça parce qu’ils doivent leur unique très grosse pince au fait de réciter constamment le Confiteor… Et il y a aussi les crabes Matoutou, dont on fait des ragoûts pour Pâques… En Bretagne, le sport favori des petits, c’est (ou plutôt c’était) d’attraper les crabes verts, des vraies teignes ! (A la vérité, je doute qu’il existe encore de nos jours beaucoup d’enfants bretons qui attrapent des crabes verts, des mères bretonnes qui sachent encore piler les crabes pour en faire de la soupe, et des mômes qui ne préfèrent pas un Big Mac à la soupe de crabes… )

    Re les coquilles Saint-Jacques : ce que vous décrivez est la recette classique. Les noix et le corail de Saint-Jacques sont revenus dans du beurre avec des échalottes et du vin blanc, puis la cuisson est liée à la farine et à la crème, on dispose cette préparation, un peu liquide, dans les coquilles (compter trois noix + coraux par coquille), on saupoudre de chapelure et on gratine au four. Mais il existe 10 000 autres recettes de Saint-Jacques, certaines furieusement sophistiquées, d’autres très simples et néanmoins sublimes. Les coquilles Saint-Jacques sont la preuve que la gourmandise n’est pas un péché.

  24. Pas un péché parce que cela porte le nom d’un saint ? Hmmm, frère Étienne vous dirait que c’est un peu léger comme raisonnement.

    Et il y a aussi les crabes Matoutou

    Cela me fait penser que je dois ajouter troulourou à ma collection. Les crabes troulourous sont des crabes terrestres qui creusent un trou dans la terre et y nichent. Certains les appellent « crabes KK » à cause de ce qu’ils sont censés manger. Une légende ? (On le dit des tilapias aussi, ce qui n’empêche pas certains de les manger.)

  25. marie-lucie

    Je suis sûrement beaucoup plus âgée que vous, Aquinze, parce qu’il ne me viendrait pas à l’esprit d’écrire dans une recette, Les noix et le corail sont revenus – revenus d’où? Chez moi, on ne revient pas les oignons ou autre chose, on les fait revenir, ils ne peuvent donc pas être revenus. Ma recette (si j’en avais une) dirait: Faire revenir les noix …. Mais mon parler n’est plus de mode.

  26. marie-lucie

    Les tilapias commencent à être à la mode au Canada aussi, et je n’ai jamais entendu ce genre de commentaires sur ce qu’ils mangent – en fait je ne sais absolument rien sur le sujet.

  27. Et d’où les feriez vous revenir, vous ? 😉

    Sérieusement, votre remarque m’étonne (et ce n’est pas une question d’âge !) : si on remplace « revenir » par « sauter », on ne sautera certes pas plus les pommes de terre qu’on ne les reviendra, mais elles seront bel et bien sautées à la fin du processus. Par contre on pourra les saisir, ou encore, indifféremment, les frire ou les faire frire… et on écrira également « les pommes de terres sont saisies ou sont frites ».

    Du reste, si vous commencez votre recette, par « Faire dorer les noix dans le beurre », vous continuerez certainement ainsi : « lorsqu’elles sont bien dorées, …. »

  28. marie-lucie

    Aquinze (impossible de placer mon commentaire directement après votre dernière remarque):

    « Les noix et le corail de Saint-Jacques sont revenus dans du beurre avec des échalottes et du vin blanc, puis la cuisson est liée à la farine et à la crème, … »

    Une fois qu’on a fait sauter les pommes de terre (ou autres aliments), elles sont désormais sautées, mais je voulais dire surtout que je trouve bizarre de commencer une recette par une construction passive: « les p. de terre sont sautées/saisies/frites/etc », comme si elles l’étaient au commencement, avant qu’on ait commencé à les faire cuire. Et pour moi l’expression « faire revenir » (qui dans le contexte culinaire n’a rien à voir avec un déplacement) n’entraîne pas la possibilité que l’aliment soit lui-même « revenu ».

    Il s’agit sans doute de changements qui se sont produits dans la langue pendant ma longue absence, étant donné qu’il y a longtemps que je vis surtout en milieu anglophone.

  29. J’ai pris beaucoup de plaisir à parcourir votre site et certains des images sont très amusantes !

    Je m’intéresse au français de l’île maurice dans toutes ses formes depuis quelques années (en 2004 j’ai travaillé sur les mauricianismes – au sens large – dans la presse mauricienne francophone de 1777 à nos jours) en écrivant des articles de dictionnaire. Je m’intéresse particulièrement aux aspects historiques/étymologiques/comparatifs avec le reste du monde francophone et sociolinguistiques.

    En ce moment je dépouille tous les vieux romans, encore de la presse, etc.
    J’y ai découvert des mots comme « matelot » (interjection), « casse-cou » (tomber de sommeil), châlit (sol, comme vous le dites – très rare à l’écrit: seulement 1 occurrence!), alerte (faire la coquette ! – j’adore ce mot), canapé (lit mortuaire). Je suis en pleine rédaction des articles cet été!
    C’est mon grand passe-temps. Est-ce le vôtre aussi ou êtes-vous dans le métier?

    Merci pour votre site!

  30. Christel, tout ceci n’est qu’amusement d’amateur. (Il ne s’agit absolument pas de mon domaine professionnel.) Je suis tombé dedans par hasard, comme je l’ai dit dans l’introduction, et j’y ai pris goût.

    en écrivant des articles de dictionnaire. Je m’intéresse particulièrement aux aspects historiques/étymologiques/comparatifs avec le reste du monde francophone et sociolinguistiques.
    Y a-t-il un endroit sur internet où l’on peut voir votre travail ? Très égoïstement je pense que ça m’intéresserait beaucoup.

    Je n’ai pas souvent entendu l’expression « matelot » utilisée en français de Maurice. En créole par contre elle est fréquente. (Je pense par exemple à ce collègue qui s’exclame souvent de la sorte : « Matlo, si boug-la envie ki travay-la marsé li bizin tir so lédoi dan so tonkin !”) Mais comme je l’ai dit dans une des notes, les emprunts du créole au français et du français au créole sont fréquents et il est tout à fait possible que, en certaines occasions, un « matelot » se glisse dans une conversation tenue en français.

    Pour moi (et pour un certain nombre de personnes) « casse-cou » n’est pas tomber de sommeil. C’est un substantif, l’équivalent je crois de ce qu’on appelle une « roulade »* en français standard.

    Le châlit — j’hésite quant à la graphie — est en effet une chape, le plus souvent teintée en rouge sombre, mais parfois laissée en gris ciment (“châlit gris”). J’écris châlit car c’est là ce qu’on trouve dans le Petit Robert, mais la définition ne correspond absolument pas (“cadre de lit, en bois ou en métal”). Je n’ai pas encore réussi à trouver d’où peut venir notre châlit à nous.

    Je n’ai personnellement jamais entendu « alerte » pour dire « coquette », même en créole. Mais avec d’autres on se faisait la réflexion que certaines expressions, ou certaines acceptions, se rencontrent quasi exclusivement au sein d’un groupe donné de personnes (cela peut dépendre de facteurs géographiques, encore que de façon limitée selon moi, de l’origine ethnique des locuteurs ou de leur milieu social, entre autres).

    Quant au « canapé » pour le « lit mortuaire », oui, mais surtout en créole il me semble. Quoi qu’il en soit il faut bien protéger le mort des moustiques, n’est-ce pas ?

    ———————-

    * [addendum du 17 juillet] Roulade
    A. − GYMN. Tour complet sur soi-même que l’on exécute en pliant les jambes, en posant la nuque à terre et en roulant sur le dos arrondi pour se retrouver sur ses pieds, ou par le mouvement inverse. Roulade avant, arrière. (Ds Petiot 1982).
    http://www.cnrtl.fr/definition/roulade

  31. « entre autres »

    L’âge des gens aussi. Même s’il existe un large fonds commun — encore heureux ! —, le vocabulaire d’une génération n’est pas rigoureusement le même que celui des générations précédentes et suivantes. J’ai par exemple eu l’impression que les gens relativement âgés disaient plutôt « mavouzou » alors que ceux un peu moins âgés avaient plutôt tendance à dire « magouzou » (avec des exceptions toutefois). Les plus jeunes, pour leur part, ne semblent pas connaître le mot du tout, dans aucune de ses variantes.

  32. Siganusk,

    c’est vrai que « Matelot », c’est plutôt du créole; cependant en lisant des romans mauriciens je l’ai trouvé à plusieurs reprises dans des conversations. Il semble donc qu’il soit inscrit dans continuum créole-fr. mauricien, surtout à l’oral, et comme vous dites, dépendant de l’âge des gens qui parlent, et de leur milieu social.

    (« Eh Matelot, parle-nous des choses qu’on comprend. Ici on connaît seulement Cassiya » !!)

    Je pense que « alerte » aussi, c’est plutôt ressenti comme du créole, mais certains locuteurs (surtout ceux qui ont le créole comme langue maternelle) semblent l’employer à l’oral en fr. maur., en étant conscients du « créolisme » (d’où, dans les textes, la mise en italiques, les guillemets, etc.)
    C’est fou, c’est un mot qu’on utilisait beaucoup, quand je grandissais…!

    « Tu sais Ton Faël, il aime être chic, bien mis. Mam dit qu’il est un peu « alerte » [guil. texte], un peu coquet quoi. » (Patel, 2003, p. 73)

    « Par contre, mes camarades de classe et moi, nous admirions nos Miss [ital. texte]. Les plus jeunes étaient si alertes [ital. texte] dans leurs collants […] » (Gungaloo, 1999, p. 51)

    Quand à « châlit » (drôle de graphie, calquée sur celle du PR, mais il n’y a pas de raison, pourtant, car le terme nous vient du créole, qui semble l’emprunter au tamoul « calli » « rough ground, floor treated with concrete » ? Plausible, qui sait !?

    D’ailleurs, je n’ai vu le terme qu’une fois. Donc je pense que la graphie est douteuse et que le terme c’est plus du créole aussi ! qu’en dites-vous?

    « […] Maman et mes deux sœurs aînées, un chiffon à la main, passaient de la cire rouge sur le parquet de nos deux pièces. Un peu plus tard, elles astiquaient le tout avec la brosse coco et le châlit resplendissait. » COMARMOND, 2007, p. 15

    Quant à mon travail, une partie est incluse dans un bouquin, mais ce ne sont que les termes provenant de la presse (pas de littérature, etc).

    Je pourrais vous envoyer mes parties par email, si vous le souhaitez.
    J’avais commencé par travailler sur 2 romans, puis ensuite sur une sélection de la presse écrite, et maintenant sur un peu de tout! C’est vraiment passionnant!

  33.      Il semble donc qu’il soit inscrit dans continuum créole-fr. mauricien, surtout à l’oral, et comme vous dites, dépendant de l’âge des gens qui parlent, et de leur milieu social.

    Dépendant aussi du ton de la conversation. L’emploi de « matelot » implique une certaine familiarité avec la personne à qui l’on s’adresse ainsi et si des personnes se laissent entraîner par le feu d’une conversation un peu animée cette expression pourra surgir, “même” si les personnes sont en train de s’exprimer en français.

    (Incidemment, si vous vous en souvenez, Matelot était aussi une marque de cigarettes, peut-être les meilleures marché qu’on pouvait trouver sur la place. J’avais un oncle qui en fumait et il faut avouer que le matelot en question ne sentait pas particulièrement bon…)
     
     
         C’est fou, c’est un mot [alerte] qu’on utilisait beaucoup, quand je grandissais…!

    Peut-être est-ce un mot qui est moins utilisé aujourd’hui ? (J’essaierais de faire un sondage autour de moi.) Je pense pourtant être grosso modo de la génération de Shenaz Patel. Mais peut-être faut-il se méfier un peu des écrivains car, aimant jouer avec les mots, ils peuvent avoir tendance à réutiliser des expressions qu’on n’entend plus guère chez le commun des mortels. (Le Clézio tombe un peu dans ce « travers » me semble-t-il.)

    Certains mots tombent en désuétude, ce qui est normal après tout. Dans ma liste j’ai mis « golmal », que je ne connaissais pourtant pas mais qui m’avait été suggéré par un ami ayant une quinzaine d’années de plus que moi. En revanche ma mère le connaissait : « golmal-golmal, travers-travers », avait-elle dit. Finalement cet « alerte » me semble être un complément de « crainte » (creinte ? crinte ?), élégant.
     
     
    Il y aurait donc un calli tamoul signifiant « floor treated with concrete » ? Voilà qui collerait parfaitement. Pour ma part je l’ai très souvent entendu employé en français et je n’imagine aucune dame* d’un milieu un tant soit peu bourgeois, s’exprimant en français, utiliser un autre mot que « chali ». Tout simplement parce qu’il n’y aurait pas d’équivalent en « bon français ». Et je ne crois pas que le fait que le mot puisse être d’origine créole soit un handicap. Je ne pense pas, d’ailleurs, que beaucoup de gens imaginent qu’il puisse venir du créole vu qu’il a finalement une sonorité très française. Il serait intéressant de savoir s’il n’y a pas eu là un phénomène d’hyper-correction, le mot ayant été francisé en “chali” en partant du principe que le créole avait comme d’habitude transformé le son sh- en s-. (Cela n’est pas sans faire songer à ces gens qui mettent une cédille à merçi, comme je l’ai vu une fois sur une affiche dans une boutique où on demandait aux clients de ne pas toucher le pain.)

         Un peu plus tard, elles astiquaient le tout avec la brosse coco et le châlit resplendissait.

    Ah, la brosse coco, je l’avais oubliée celle-là ! Le plaisir d’enfant de « danser » en équilibre sur ce patin à glace des tropiques. Kou-tchou-kou-tchou-kou-tchoooouuuuk… Kou-tchou-kou-tchou-kou-tchoooouuuuk… Quelques coups courts et un coup long, pour aller plus loin. Il faudra que je l’ajoute à la collection. Merci.
     
     
    Vous pouvez bien sûr m’envoyer tout ce que vous voulez, avec plaisir. L’adresse est siganus.k at gmail point com. (Mais ne vous sentez surtout pas tenu(e) de le faire.)
     
     
     
    * mot “poli” souvent utilisé à la place du mot femme (vulgaire ?), vous ne trouvez pas ?

  34. Ah, vous m’avez (sans le vouloir ?) fourni un mot supplémentaire pour ma collection de mots : « Maman et mes deux sœurs aînées, un chiffon à la main, passaient de la cire rouge sur le parquet de nos deux pièces. » Dire parquet pour parler du sol d’une maison, quel qu’il soit, ne s’agit-il pas là d’un mauricianisme supplémentaire ? Si je ne m’abuse en français standard le parquet est un revêtement de sol en bois, exclusivement en bois.

  35. Ha ha ha ! Voici l’occasion de ramener ma fraise avec un belgicisme : on parle ici de roulade, ce qui est la façon « académique » de nommer ce qu’on appelle « galipette » (non, pas ces galipettes-là, les autres, celles que les petits enfants font en toute innocence lorsqu’ils roulent cul par-dessus tête dans l’herbe ou sur le sable…). Eh bien cette galipette, cette roulade enfantine, en belge, c’est un cumulet

  36. Un cumulet pour un casse-cou ? Amusant, y compris pour les esprit mal tournés qui penserait en parallèle à une chose qui pourrait être « casse-cul » (i.e. embêtante, astreignante).

    Aquinze, il faudrait peut-être songer à meubler la section « belgicismes ». Je pourrais commencer, avec certaines approximations dues à l’ignorance, et vous continuez ?

  37. Jaya Conhye

    Une de mes amies m’a signalée l’existence de votre site, et je viens d’y naviguer avec grand plaisir et nostalgie. Etant une amoureuse à la fois de la langue française et du créole, j’ai savouré les divers échanges sur ce blog. Je tenais à faire un commentaire sur votre commentaire ci-après – ‘je n’ai personnellement jamais entendu “alerte” pour dire “coquette”, même en créole…. » car ce mot, à ma connaissance a toujours eu ce sens dans le créole mauricien, et est beaucoup utilisé.

    Thanks for sharing your linguistic passion !

  38. Jaya, mersi pou ou kontribisyon. Kouma dire zamé monn « alert » dan mo lavi… 😉 (Pa koné sipa sa enn bon zafer ou bien enn mauvé zafer sa…)

    Si ou ena lot sizesyon, révini. Sa blog la so lintéré séki tou dimounn amenn so ti bout. Personn napa kapav koz kouma enn diksyoner li tousel.

    A bientôt ?

  39. Jaya Conhye

    ‘Pa koné sipa sa enn bon zafer ou bien enn mauvé zafer sa…’

    Suivant l’ouverture d’esprit de la personne qui le dit ou le ton sur lequel c’est dit : ‘sa enn mari alerte sa’ ou ‘sa ki enn alerte sa’; ca peut être positif ou très péjoratif… Quand j’étais jeune, on me qualifiait souvent d’alerte, et je n’aimais pas toujours ca .. Par contre, si on dit ‘sa enn ti alerte sa’, c’est plutôt mignon car on y retrouve bien ‘le sens de ‘coquette, être bien mise’. L’expression ‘fer alerte’ a aussi le sens de ‘faire du charme’, comme dans ‘li pe fer so alerte’ ou encore ‘arret fer to alerte’.
    A bientôt, salaam

  40. Pour ma part personne ne m’a jamais qualifié d’alerte, pas même quand j’étais jeune. Je me demande à quel point le fait de n’avoir jamais entendu cette expression a quelque chose à voir avec ma masculinité.

    Si jamais vous avez des commentaires à faire sur d’autres sujets, allez y sans peur et sans reproche, comme le disait la devise de ce coiffeur de je ne sais plus quel endroit. La très grande partie des commentaires qui ont été écrits jusqu’à l’heure ont été le fait de personnes qui ne sont pas mauriciennes. Un comble, n’est-ce pas ? En tous cas cela passe à côté d’un des buts principaux sous-tendant la création de ce blog, lequel se voulait un forum de discussion sur certains mots et expressions « locaux » afin d’arriver au consensus le plus large possible à ce sujet.

    Par exemple, avez-vous déjà entendu le mot « quinquet » ? Si oui, qu’évoque-t-il pour vous ?

  41. Oui, pour moi, c’est une lampe à pétrole. Quand j’étais petite, j’ai entendu parler de ‘la lampe quinquet’, mais je crois qu’on en a jamais eu chez mes parents. En tout cas, je ne me souviens pas l’avoir vu utilisé au sens que vous en donnez dans votre article ….

  42. J’ai une question pour vous:
    – connaissez-vous l’expression ‘apendan couma la grecque café’ ? – on l’utilisait, par exemple, en rigolant pour parler de la culotte des petites filles qui dépassait de la robe – ‘culotte pe apendan couma la grecque café’.
    Quand je faisais mes études de lettres, j’avais signalé cette expression à mon prof d’alors qui m’avait dit que ce mot venait probablement de l’ancien français, où il avait le sens de ‘passoire en tissu dans laquelle on filtrait le café’ – cela cadrerait bien avec l’expression imagée mentionnée ci-dessus ….

  43. Concernant mon commentaire ci-dessus, je me demande si ce sens de grecque ne se retrouve pas, par association, dans celui ci-après du Littré:
    ‘Nom d’une coiffe que portent les femmes de la campagne, de Marseille à Valence, formée d’une bande de dentelle ou de mousseline fraisée, et d’une calotte destinée à loger le chignon’.

    la ‘grecque à café’ pourrait par extension être assimilée à la ‘calotte’ dont il est question ici – j’extrapole ….

  44. Jaya, je trouve très intéressant ce que vous dites à propos du quinquet. J’ai l’impression qu’à Maurice cohabitent deux acceptions de ce mot. Pris de doute à ce sujet, j’ai interrogé un certain nombre de personnes sur ce que « quinquet » signifiait pour eux, quand ils connaissaient le mot. Pour la plupart des sondés il s’agissait du verre de la lampe à pétrole. Mais pour une part d’entre eux c’était la lampe elle-même, comme dans l’article de Nazim Esoof vers lequel j’avais mis un lien. Ça ne doit pas être le seul mot dans ce cas, mais c’est amusant de le voir dans ce cas-ci.

    Pour ce qui est des grecques, nous en reparlerons…

  45. > Jaya

    grecque
    ‘Nom d’une coiffe que portent les femmes de la campagne, de Marseille à Valence, formée d’une bande de dentelle ou de mousseline fraisée, et d’une calotte destinée à loger le chignon’.

    Peut-être pourrait-il y avoir un lien quelconque entre cette grecque-là et la grecque en tissu dans laquelle on fait (faisait, à l’imparfait ?) couler du café, mais il semblerait plutôt que le mot provienne de ce qu’on appelait une ‘cafetière grecque’, ou une ‘cafetière à la grecque’, ou encore une ‘cafetière du Levant’, laquelle se composait d’un récipient inférieur pour recueillir le café, récipient au-dessus duquel on posait un autre récipient, percé celui-là, destiné à recevoir le café moulu sur lequel on versait de l’eau bouillante, le tout rendant possible la percolation du liquide. On peut en voir une sur cette page-ci :
    http://www.antiquites-en-france.com/antiquites/21317_grande-cafetiere-emaillee-dite-grecque.html

    GRANDE CAFETIÈRE ÉMAILLÉE DITE GRECQUE
    Grande et rare cafetière émaillée à décor de fleurs utilisée sur l’ile de Groix (Bretagne).
    Epoque : Début XXème
    Origine : France, Bretagne
    Matière : Fer, émail

    Par ailleurs, cette grecque-là, que l’on nomme ainsi à Maurice, porte à la Réunion voisine le nom voisin de grègue. On peut en voir une, en fer-blanc, sur cette page-là :

    Sinon, pour répondre à votre question, oui, j’ai déjà entendu ‘enpendan couma la grecque café’ — une fois, dans la bouche d’une personne d’un certain âge. Je ne crois pas que les jeunes générations connaissent beaucoup l’expression. Mais je peux me tromper.

    On parle davantage des grecques dans ce billet-là, lequel demande toutefois à être complété.

  46. Je vois que vous avez des correspondantes de tous âges: comme Jaya, je dirais seulement « quand j’étais jeune », ou bien, s’il s’agit d’un temps plus reculé, « quand j’étais petite », jamais, comme Christel, « quand je grandissais » qui est une traduction littérale de « when I was growing up », l’une des nombreuses traductions de ce genre qui s’infiltrent dans la langue française d’aujourd’hui.

  47. Je vois que vous avez des correspondantes de tous âges

    En effet, la plus jeune ne devait pas avoir plus de quinze ans. Mais je trouve qu’elles ne sont pas encore assez nombreuses…

    “quand je grandissais” qui est une traduction littérale de “when I was growing up”

    En français c’est peut-être mal, mais en mauricien les mots et les tournures ont été influencés par la puissance tutélaire, à notre corps défendant. Qu’y faire aujourd’hui ?

  48. et pourquoi pas cordé comme 1 souffrance, ex: mon ongle est tombé, j’ai gros cordé…

  49. Siganus K.

    En effet, très bonne suggestion. « Corder » dans le sens de « souffrir beaucoup, se tordre de douleur ».

    Pour ma part je ne connais pas l’expression « j’ai gros cordé », mais plutôt « j’ai bien cordé », voire « j’ai mari cordé ! » Mais peut-être d’autres emploient-ils « gros cordé » ?

  50. « s’ennuyer a cent sous l’heure »???

  51. Oui, Emmanuelle, ça pourrait probablement faire l’affaire. Merci pour votre contribution.

    De nos jours, avec l’inflation, une roupie de l’heure ce n’est pas cher payé. Mais dans les années trente ou quarante c’était autre chose…

  52. Pascal Lagesse

    Hello, bravo pour le site que je trouve extraordinaire et très utile. J’ai quelques suggestions:

    1) Pagla – Fou
    2) Bobok – Retardé mental
    3) Blender – « J’ai écrasé les tomates dans le blender »
    4) Bourik – imbécile
    5) Blinds – « Je ferme les blinds »
    6) Lafouche – Arbre
    7) Multipliant – « Lafouche »
    8) Plaque – « J’ai cuit le poisson sur la plaque »
    9) Tawa – Grosse fesse ou pour cuire les « faratas »
    10) Grosfeuille – Sans manières
    11) Lac – Aussi veut dire nul – ce boug la c’est un lac sa!
    12) Sandalmoustik
    13) Faire venir –  » Il faut faire venir le tuyau jusque là
    14) Border line –  » Il a passé l’examen border line
    15) Test – Il a passé le test
    16) Cheké – Se faire véhiculer par quelqu’un
    17) Lift – Se faire véhiculer par quelqu’un
    18) Chiquette – un petit coup
    19) Fosse net – « Une histoire fosse net »
    20) Faire le courbe – « Le magasin est là, quand tu fait le courbe là »
    21) Lamem la – C’est ici
    22) A main gauche/droite – sur la gauche ou droite
    23) Fek – « Il était fek là »
    24) Arra – Etre enragé
    25) graines – aussi veut dire « tant-pis »
    26) kante mem – Quand même
    27) Gonage – « Gajaks » divers
    28) Vert – « En bonne forme » ne pas gaffer un poisson encore vert
    29) Raide – En erection
    30) PVC – Tuyau en Plastique
    31) Bouletang – Poisson porc épic
    32) Desbin – « dust Bin  » Poubelle
    33) Mat – « la soirée était mat » Bof
    34) Lavidouce –  » comment ça va? Lavidouce?
    35) Suceur – Lèche-botte
    36) Faye – Pas en bonne santé
    37) please – STP  » Fait ça pour moi please?
    38) Réchaud – « Cuit sur le réchaud »
    39) Lalampe vert – Je cuis sur lalampe vert
    40) Vim – « Tu va nettoyer ça avec du vim »

    Amitiés,

    Pascal

  53. Pascal Lagesse

    Encore quelques suggestions:

    41) Radio crocher – Concour de chants
    42) Piquer son nom – s’inscrire à quelque chose
    43) Faire un pool – Parier au jeux
    44) Piquer – coucher avec une personne
    45) Peter un cable – Perdre le contrôle de sois
    46) Jacques mur – Odeur noséabonde
    47) multiplug
    48) couler – se faire couler par quelqu’un – Etre trahis
    49) plomb – Football: « Baiser un plomb » – Tirer au but avec force
    49) piqué – ses dents sont piquées
    50) Topside – viande de boeuf
    51) Roti – Faratas
    52) Pineur – qui écrase quelqu’un de plus petit que lui
    53)Detsou – sous vêtements
    54) Claté – épuisé
    55) Grand cerf – Aime avoir des maitresse
    56) pisser sur lui – Etre indifferent
    57) Pit – Latrines
    58) Blanc tiède – Thé avec beaucoup de lait tiède
    59)manger sa tête/crane – se moque de quelqu’un
    60) un « Store »
    61) La perle – Type de poisson frogorifié
    62) meksine – fertilisant
    63) Switch – Intérupteur – « Il faut changer le switch »
    64) Cloche – Ampoule au pied ou ailleur
    65)boite – un problème.  » Ayo, une mari d’ boite m’est arrivé »
    66) Dry Carri –  » manger un drycarri « 

  54. Wahoo ! « Quelques » suggestions !? Qu’est-ce que ç’aurait été s’il n’y avait pas eu ce « quelques »… Mais il me semble avoir trouvé l’oiseau rare, la perle (pas le poisson), une source intarissable de mauricianismes. Bon, essayons de voir un peu tout ça :

    1) Pagla. Oui, en effet, on pourra entendre deux personnes en train de parler français, ou plutôt mauricien, dire « c’est un mauvais pagla ce boug-là », ou « il est pagla net », de l’hindi pagla, fou.

    2) Bobok. « Mais non bobok, c’est pas comme ça qu’on fait ! » Un « bobok » serait systématiquement un retardé mental ? Ou parfois simplement un « couillon » ? Une idée sur l’origine du mot ?

    3) Blender ? Jamais entendu pour ma part. Je connais le « mixer », qui servait à écraser les purées de pipangaille, mais je ne connais pas le « blender ».

    4) Bourrique. Oui, mais n’est-ce pas employé de la même façon en français standard ? Quoique « bourrique ! » soit souvent plutôt exclamatif ici-bas : « Mais non, bourrique ! » (Et il y a l“herbe bourrique », qui n’est pas l“herbe pique-fesse ».)

    5) Blinds. Oui, les stores à lames orientables, si c’est bien comme ça qu’on est censé dire en bon français, ce qui est nettement moins pratique que « blinds ».

    6) Laffouche. Il en a été question ici :

    Laffouche

    7) Multipliant. Cf. ci-dessus.

    8) Plaque. « Plaque chauffante », ça ne serait pas français aussi ? Je ne suis pas certain que ça soit typiquement mauricien. A vérifier.

    9) Tawa. « Grosse fesse » ? Je ne connais que la plaque servant à faire des faratas, dont on voit un exemplaire suspendu à gauche sur la photo ici : https://mauricianismes.wordpress.com/2009/10/22/dekti/
    Plaque en question qui n’est pas sans faire songer au « bilik » breton, si j’ai bonne mémoire.

    10) Gros-feuille. En effet, sans manières, lourdaud, épais. (Je pensais pourtant l’avoir mis celui-là.) Mais pourquoi « gros-feuille »? Pour cause d“homme-des-bois” ?

    11) Lac. Je ne me souviens que du lac croche-patte (avec le pied qu’on envoie dans les jambes de l’autre ou les herbes qu’on attache entre elles) et j’ai entendu une fois un cousin parler d’un lac qu’il utiliserait dans les bois près de chez lui pour attraper des lièvres au piège, mais je ne suis pas certain de me rappeler cet autre lac-là, à moins de plonger très loin en arrière dans le temps de l’école, peut-être.

    12) Sandale. Oui, bien vu, le tortillon vert qui empeste davantage les homos que les culicidés. Une corruption de « santal » ?

    13) Faire venir (le tuyau). Il me semble que cet usage serait assez standard, non ? (Les Français, quelque chose à dire à ce sujet ?)

    14) Border line. Oui, oui, tout à fait. C’était juste. « L’autre jour j’ai failli rentrer ek un boug sur l’autoroute. Encore un peu on tapait ; c’était vraiment border line. »

    15) Test. Test dans le sens d’examen ? C’est pas français ça ?

    16) Chéké. Se faire véhiculer ? Jamais entendu pour ma part. Se faire charrier à la rigueur, mais pour moi checker c’est uniquement vérifier. Par contre chacker…
    [Il y a peut-être eu une petite coquille là, non ?]

    17) Lift. Oui, un lift, un séqué, une place. Je me souviens avoir demandé à quelqu’un comment on était supposé le dire en « bon français » et je crois bien qu’on était restés secs.

    18) Chiquette. Une chiquenaude ? Je ne suis pas bien sûr de me souvenir de cela. Mais je ne suis pas bien sûr de ne pas m’en souvenir non plus ! Ça ne pourrait pas aussi être quelque chose sans importance, un petit rien du tout, pas grand-chose ?

    19) Fosse/fausse. Ah, on a eu toute une discussion là-dessus il n’y a pas très longtemps. Pour mon frère, dans « fausse » il y avait l’idée de mensonge, de couillonnage. Pour moi et pour notre beau-frère, pas vraiment. Je vois « fausse » plutôt comme « mat » (point 33). Ex : « On est allé aux courses. Il pissait des cordes, il y avait une foule terrible, et en plus on a baisé en panne. C’était fausse net. » Ou bien « c’était mari fausse ». Et je n’ai pas été le seul à entendre « fausse » comme « pas terrible », « en couillonnade », « dans baise ».

    20) Faire le courbe ? C’est quoi, c’est faire le contour, faire le tour du virage ? Jamais vraiment entendu je crois.

    21) Là même là. Juste là, pas très loin. Oui, surtout à Rodrigues où, paraît-il, « la même là » peut être à près d’une heure de marche…

    22) A main gauche / à main droite. En effet, j’ai oublié qu’on m’avait dit de tourner à main gauche après le laffouche… Un lien de famille avec « à toucher ». Ou « droite dans gauche » quand on se trompe de côté pour les souliers ou les manches du paletot.

    23) Fek. Oui, surtout « fek-fek » même, il me semble, dans une conversation principalement en français. « Il y a longtemps qu’il est parti ? — Non, fek-fek là. »

    24) Arra pour « être enragé » ? Jamais entendu. Ah si, ça me revient peut-être. Ne serait-ce pas disons « le boug était à ras net », pour dire qu’il était exaspéré au plus haut point ?

    25) Graine (au pluriel toujours ?) pour tant pis, ferfoute, merde. Oui,comme dans « Ayo, graine, on va pas rester là comme des piaws à l’attendre encore et encore. Allons. » Mais il y a aussi le « graine » qui veut dire « couillon », « bobok », « ploque », etc. « Mais non, graine, tu n’as pas compris ce qu’il essayait de t’expliquer !? »

    26) Kante même ? Je suis sûr qu’il doit y avoir des membres de l’Académie française qui prononce ça de la sorte. Mais ils ne disent sans doute pas « kant même… » pour marquer leur désapprobation.

    27) Gonage ? Jamais entendu ce mot-là pour ma part. Il s’agit de n’importe quel type de gadjac ? Un rapport avec « gonase » ?

    [27 seulement ? Fouf, la main faire dimal !]

    28) Vert. « En bonne forme » ? Quel rapport avec le poisson « vert » ? (Un cateau ?) Ce que j’ai entendu de mon côté, c’est que le lendemain du coulage le béton était encore vert (autrement dit pas encore bien mûr, i.e. pas complètement durci).

    29) Raide. « Son coq était encore raide quand le professeur l’a envoyé au tableau. » Mais je ne suis pas certain que les zizis français ne puissent pas être raides eux aussi. A vérifier (à l’œil).

    30) PVC. Sans doute pourrait-on entendre « un PVC » au lieu d“un tuyau en PVC » en France aussi, mais il est vrai qu’à Maurice on dit très facilement « on va mettre un PVC jusqu’au pit ». « Tuyau » se dirait plus facilement pour un tuyau en acier ou une buse en béton.

    31) Bouletangue. Oui, en effet, « bouletangue lastic » même. Mais ce poisson serait-il un tangue adapté à la vie marine suite à un coup de (véritable) baguette magique ?

    32) Desbin. Cette prononciation-là s’entendrait plutôt en créole, non ? En « français » les gens ne diraient-ils pas plutôt « dust bin », ou tout au moins « dus bin » ?

    33) Mat. Bof, pas terrible, un peu dans baise. Oui, avec ceci de particulier qu’il s’agit là d’un vocabulaire de « jeunesses ». A mon âge je me vois mal aller dire que ceci ou cela était « mat ».

    34) La vie douce. N’est-ce pas plutôt du créole « pur » ? Un peu comme on glisserait quelques mots de créole dans une conversation en français, pour la pimenter. Du genre « Ah ben Percy, ki pozisyon ? Tou korek ? Ta sciatique a passé finalement ? »

    35) Suceur. Ou souceur. Je l’avais utilisé dans la liste, à l’entrée « bonhomme » : “Allez, bonhomme, ne fais pas ton souceur…” Et un jour, à table, une vénérable nonagénaire à qui on avait montré un tirage de cette liste d’expressions typiquement mauriciennes, avait dit qu’elle ne connaissait pas ce qu’était « souceur ». Un lèche-botte, mais aussi un salaud parfois, voire un « creveur ».

    36) Faille. Voir la liste.

    37) Please. Oui, à la place d’un « s’il te plaît » parfois un peu pénible à dire — le « mot magique ».

    38) Réchaud. Ça paraît bel et bien français :
    A. − Ustensile, appareil de petites dimensions, généralement portatif, alimenté par diverses sources d’énergie, destiné à chauffer, à réchauffer quelque chose. Réchaud à alcool, à charbon, à esprit-de-vin, à gaz; réchaud électrique; réchaud de camping; petit réchaud; allumer, apporter un réchaud.
    http://www.cnrtl.fr/definition/rechaud

    39) La lampe vert(e). Oui. Il y avait aussi le primus, un peu plus « safe ». Mais ne parlait-on pas aussi de « la lampe bleue » ?

    40) Vim. Ah, cela fait belle lurette qu’il n’y a plus de Vim, et ça doit faire bien des années que je n’ai pas entendu quelqu’un dire « vim » pour « poudre à récurer ». Mais peut-être y a-t-il des personnes qui emploient toujours le mot ?

  55. 29) raide

    On raconte ce bon mot vachard de Sacha Guitry à son ex-épouse, Yvonne Printemps : «Sur votre tombe, Yvonne, on écrira « Enfin froide… » Yvonne Printemps lui rétorqua : « Vous, Sacha, je ferai écrire sur la vôtre : « Enfin raide… ».

  56. Ah ah, je ne savais pas Mme Guitry aussi amateuse de bons mots.

    Mais dira-t-on d’un homme qu“il est raide » alors qu’il n’est pas du tout question de raideur cadavérique ? (On ne parle pas uniquement d’un endroit précis que rigoureusement ma mère m’a défendu de nommer ici, mais de la personne elle-même.) Le Trésor n’est pas très explicite à ce sujet.
    http://www.cnrtl.fr/definition/raide

    > Pascal

    Plaque, dans le dictionnaire :
    B. − Objet de surface plane, peu épais, le plus souvent de forme géométrique.
    1. Élément fonctionnel d’un mécanisme, d’un appareillage, d’un système.
    − [Dans un fourneau, une cuisinière] Plaque de cuisson, plaque électrique, plaque chaude. Plaque qui supporte ce qui doit être cuit.
    http://www.cnrtl.fr/definition/plaque

  57. > Pascal (suite)

    41) Radio-crochet. Les Nordistes confirmeront peut-être, mais je pense que les radio-crochets devaient exister sous leurs latitudes aussi. Aujourd’hui tout cela est fini, le karaoké étant passé par là (et encore).

    42) Piquer son nom. Jamais entendu pour ma part (ce qui ne veut bien évidemment pas dire que ce n’est pas utilisé).

    43) Faire un pool. Ça doit exister, je pense, mais comme je ne suis pas joueur pour un sou, pas même aux combats de coqs…

    44) Piquer pour « charger » ? Plutôt en créole seulement, non ? « 4 hère bomatin missié Koutou pique madame Koutou lor lili, alala coq la santé coq la santé, coq la santé courouroucoucou. »

    45) Péter un câble pour « péter les plombs » ou « péter une durite » ? Il faudrait voir si en français standard on est câblé pour ce genre de chose. Ça me semble de l’ordre du possible.

    46) Jacques mur pour une mauvaise odeur ? Jamais entendu pour ma part.

    47) Mutliplug. De mon côté j’ai plutôt entendu « prise voleuse ». Mais à mon avis on aurait été mieux inspiré de lui donner le nom de « roulette russe ».

    48) Couler, se faire couler. Je ne vois pas cela uniquement comme une trahison. On peut couler une personne sans la trahir. Mais est-ce bien là une spécificité mauricienne ?

    49.a) Plomb. Un coup porté avec force, un « feu ». (Ça pourrait être au volley ball ou un autre sport de balle aussi, il me semble.). Je l’avais marqué quelque part celui-là, mais il n’a pas encore trouvé son chemin jusqu’au site web. [“Marquer” pour « noter par écrit », c’est du bon français ça ?]

    49.b) Dent piquée pour carie. Oui, possible. En tous cas Google ne semble pas connaître beaucoup de « dents piquées » dans l’acception mauricienne. Et puis il y a le bois aussi (un meuble, une pièce de charpente, le cadre d’un tableau, etc.) qui peut être piqué, sous-entendu « par des bêtes » (insectes).

    50) Topside. Oui, ce morceau doit avoir un autre nom en français. « Romsteck » peut-être. (En bon Martien je ne connais pas le mot français.)

    51) Roti. Un roti — à ne surtout pas confondre avec un rôti — n’est pas tout à fait un farata. En principe le farata a des cloques, dues au fait que lors de sa fabrication on enduit la galette fraîchement roulée d’une mince couche d’huile, à l’aide d’un petit chiffon, on replie la pâte, on la roule encore, et ainsi de suite, tant et si bien qu’à la cuisson l’huile tend à soulever la surface du farata, qui « pèle » un peu en quelque sorte. Le roti, lui, est plus lisse, avec beaucoup moins de taches.

    52) Pineur. Un « pineur » serait un « domineur » ? (Hey, quid de celui-là ?) Moi je n’ai eu affaire qu’à des domineurs.

    53) Detsou. J’aurais eu tendance à dire plutôt « caneçon detsou » (slip d’homme), n’ayant jamais mis de « detsous » tout nus.

    54) Claté pour épuisé, exténué, mort, « plote ». Oui, tout à fait. « On a joué à fond pendant une heure et demi ; je suis claté net. » C’est l’équivalent de l“explosé” français.

    55) Grand cerf pour un « homme à femmes », un « coureur de jupons », en effet. On peut noter que, de façon amusante, en France on dira d’un cocu notoire que sur la tête il a une ramure de cerf.

    56) Pisser sur quelqu’un, s’en foutre de lui, l’envoyer promener, balader. Oui, bien entendu. Un regrettable oubli de ma part. « Il a pissé sur moi en long, en large et en travers. »

    57) Pit, pour puisard, fosse, latrine. Oui, bien sûr. (Il me semblait pourtant en avoir parlé quelque part ici.) « Pit latrine » est une expression anglaise par ailleurs.

    58) Blanc tiède pour le thé avec beaucoup de lait, en effet. Et puis n’y a-t-il pas le « thé clair », c’est-à-dire le thé sans lait ?

    59) Manger la tête de quelqu’un, pour se moquer de lui, oui. Mais aussi lorsqu’on le pousse à bout, sans vraiment avoir l’intention de se moquer. Par exemple une personne qui ne fait pas ce qu’elle était censée faire : « Eh toi, il mange ma tête ce boug-là ! » On peut aussi « manger son coco », l’histoire ne disant généralement pas s’il est râpé ou pas.

    60) Store pour remise, en effet, le store n’étant souvent qu’un godon d’ailleurs. Mais j’ai l’impression que « store » doit être parfois utilisé en français standard aussi.

    61) Poisson la perle. Pour autant que je sache il s’agit là de poisson venant de Saint-Brandon, « La Perle » étant une marque ou une appellation quelconque. (Une des îles de Saint-Brandon s’appelle La Perle.)

    62) Meksine ? Disons plutôt « megsinn » en créole, non ? Laquelle médecine serait plutôt des pesticides ? Ce que j’ai pour ma part entendu lors de conversations tenues en français, c’est « j’ai mis des médicaments sur mes plantes ».

    63) Switch pour interrupteur, en effet, lequel interrupteur est aussi appelé « taquet ».

    64) Cloche pour ampoule, ou cloque. Oui, surtout lorsque la cloque est encore pleine de liquide, non ?

    65) Boîte pour problème, en effet. Je revois ma mère disant « ayo, grande boîte ! » Je n’ai pas le moindre idée d’où elle peut venir, cette boîte-là.

    66) Dry cari, of course, le cari avec des petits cubes de viande, des pistaches, des oignons frits sec, des croûtons… Il y a aussi le « cari n° 2 », que je n’ai jamais mangé…

  58. marie-lucie

    A propos des suggestions de Pascal Lagesse:

    5) Blinds. Oui, les stores à lames orientables, si c’est bien comme ça qu’on est censé dire en bon français …

    Le « store à lames orientables », c’est peut-être le terme technique complet, mais on dirait plutôt « store vénitien », et si on en a dans sa maison, on dira simplement « store » (si ça ne crée pas d’ambigüité avec un store ordinaire, qui est fait d’une seule pièce de tissu). Il y a aussi le vieux mot « jalousie », qui conviendrait aussi (mais je crois que les lames n’en sont pas orientables – ce doit être l’orientabilité (si je puis me permettre ce mot) l’invention attribuée aux Vénitiens).

    8) Plaque. “Plaque chauffante”, ça ne serait pas français aussi ?
    – Mais si. Ça se fait beaucoup maintenant.

    11) Lac. Je ne me souviens que du lac croche-patte (avec le pied qu’on envoie dans les jambes de l’autre ou les herbes qu’on attache entre elles) et j’ai entendu une fois un cousin parler d’un lac qu’il utiliserait dans les bois près de chez lui pour attraper des lièvres au piège, mais je ne suis pas certain de me rappeler cet autre lac-là, à moins de plonger très loin en arrière dans le temps de l’école, peut-être.

    – Il y avait un très vieux mot français « lac », dont « lacet » est le diminutif. Il s’agit d’un piège très simple, un simple noeud coulant que les paysans utilisaient pour attraper les lapins (illégalement). Ce « lacet » avait un synonyme moins ambigu, le « collet ». On les « posait » aux endroits propices.

    13) Faire venir (le tuyau). Il me semble que cet usage serait assez standard, non ? (Les Français, quelque chose à dire à ce sujet ?)

    – Je ne sais pas au juste, mais ça me paraît tout à fait ordinaire.

    21) La même là. Juste là, pas très loin. Oui, surtout à Rodrigues où, paraît-il, “la même là” peut être à près d’une heure de marche…

    – Est-ce « La même là », ou bien « Là même, là » (comme dans « ici même »), c’est à dire un renforcement du premier mot « là »?

    22) A main gauche / à main droite.

    Ça me paraît un peu ancien, mais pas inconnu. Peut-être l’ai-je entendu surtout au Canada.

    24) Arra pour “être enragé” ? Jamais entendu. Ah si, ça me revient peut-être. Ne serait-ce pas disons “le boug était à ras net”, pour dire qu’il était exaspéré au plus haut point ?

    – Je pense aussi que ça doit être « à ras » – c’est à dire « à bout » (de patience, etc) – on n’a plus de ressources ou d’énergie pour faire face à la situation calmement.

    26) Kante même ? Je suis sûr qu’il doit y avoir des membres de l’Académie française qui prononce ça de la sorte. Mais ils ne disent sans doute pas “kant même…” pour marquer leur désapprobation.

    – Le Petit Robert donne « quand même », mais j’ai entendu en Normandie « quante même », avec la prononciation du « t » final, comme dans « quant à (moi, vous, etc) » (mais c’est aussi un « t » qu’on entend dans « quand on dit », etc. Il faudrait pousser la recherche plus loin pour savoir si l’origine est bien « quand » ou « quant ».

    Mais vous avez raison, c’est quelque chose qu’on peut dire tout seul, sans finir la phrase, ce qui laisse entendre les mots désapprobateurs que l’on pourrait ajouter.

    28) Vert. “En bonne forme” ?

    – On peut parler d’un vieillard « encore vert », c’est à dire en bonne santé et actif physiquement comme un homme beaucoup plus jeune.

    30) PVC. Sans doute pourrait-on entendre “un PVC” au lieu d“un tuyau en PVC” en France aussi, mais il est vrai qu’à Maurice on dit très facilement “on va mettre un PVC jusqu’au pit”. “Tuyau” se dirait plus facilement pour un tuyau en acier ou une buse en béton.

    – Je ne m’y connais pas en tuyauterie, mais cet usage ne m’étonnerait pas du tout, si le matériau est pratiquement réservé à cet usage.

    38) Réchaud. Ça paraît bel et bien français :

    – Absolument. Mais un réchaud est toujours petit et portatif, pour camper par exemple, ou dans une petite pièce qui n’est pas une vraie cuisine.

    40) Vim. Ah, cela fait belle lurette qu’il n’y a plus de Vim.

    – Vous m’étonnez: ici au Canada je peux acheter du Vim n’importe quand au supermarché de mon quartier.

  59. marie-lucie

    (suite)

    53) Detsou. J’aurais eu tendance à dire plutôt “caneçon detsou” (slip d’homme), n’ayant jamais mis de “detsous” tout nus.

    – Est-ce que ce mot vient de « des dessous » (= des sous-vêtements) ou de « de dessous » (de « (vêtements) de dessous »?

    En français standard « un caleçon¨ (avec l pas n) suffit pour désigner le sous-vêtement masculin, qui ne se montre pas à l’extérieur.

    54) Claté pour épuisé, exténué, mort, “plote”. Oui, tout à fait. “On a joué à fond pendant une heure et demi ; je suis claté net.” C’est l’équivalent de l“explosé” français.

    – Ce mot doit venir de « éclaté ».

  60. Marie-Lucie :

    Il y a aussi le vieux mot “jalousie”, qui conviendrait aussi
    Pour moi les jalousies sont rigides. C’est ce qu’on appelle des « louvres » en anglais, c’est-à-dire des volets persiennés. Quant aux stores, ça peut aussi être ce qu’on appelle des « voiles » ici, lesquel(le)s voiles — j’ai un doute à propos du genre — sont souvent en écorce de raphia.

    Voile

    Il y avait un très vieux mot français “lac”, dont “lacet” est le diminutif. Il s’agit d’un piège très simple, un simple noeud coulant que les paysans utilisaient pour attraper les lapins (illégalement).
    C’est exactement ce que le fils de ma cousine (plutôt que mon cousin) avait en tête quand il a employé ce mot-là. Je ne l’ai trouvé avec cette acception-là dans aucun dictionnaire.

    ici au Canada je peux acheter du Vim n’importe quand au supermarché de mon quartier.
    Pas possible ! Et il s’agit d’une boîte cylindrique munie de gros trous circulaires en partie supérieure, ainsi que d’un petit couvercle en plastique translucide ? Je ne savais pas que Vim était une marque internationale.

    Est-ce que ce mot vient de “des dessous”
    Oui, bien sûr. Il s’agit d’un emprunt au créole, lequel a intercalé un -t à dessous, pour une raison que je ne connais pas (peut-être pour mieux avoir deux syllabes bien tranchées).

    Ce mot [claté] doit venir de “éclaté ».
    Bien entendu. C’est le mot créole pour dire éclater : « mo la roue inn claté », ma roue a éclaté.

  61. marie-lucie

    Est-ce que ce mot vient de “des dessous” —
    Oui, bien sûr. Il s’agit d’un emprunt au créole, lequel a intercalé un -t à dessous, pour une raison que je ne connais pas

    Je crois que le mot créole ne vient pas de « dessous » tout seul, mais de « des dessous », car il n’y a aucune explication linguistique qui autoriserait un [t] intercalaire. Dans la conversation normale, le groupe « des dessous » élide le « e » de « dessous »: « des d’sous ». Le « d » se trouvant alors devant un « s », assimile sa prononciation à celle du « s », on entend donc quelque chose de plus proche d’un [t] que d’un [d]. (Si le mot créole vient de « (caleçon) de dessous », l’explication est la même). C’est pour la même raison phonétique que le « b » des mots comme « absolu » et « observer » est presque identique au [p] de « grippe-sou ».

  62. des d’sous”. Le “d” se trouvant alors devant un “s”, assimile sa prononciation à celle du “s”, on entend donc quelque chose de plus proche d’un [t] que d’un [d].

    Mais oui, ça paraît lumineusement simple dit comme cela. Ça paraît d’autant plus plausible que le créole tend à agglutiner l’article au nom, y compris l’article indéfini : pain = dipin (du pain), thé = dité (du thé), beurre = dibère, etc.

  63. Je ne l’ai trouvé avec cette acception-là dans aucun dictionnaire.
    Sig, parce qu’il faut chercher à
    lacs B. − Vieilli, littér. Cordon disposé en nœud coulant pour capturer le gibier.

    Vim il y a bien longtemps que je n’en ai pas vu.

  64. Le B n’aurait pas dû se coller à « lacs » ! J’ai décidément des problèmes avec mes balises !

  65. Pascal Lagesse

    Hello,

    2) Bobok. “Mais non bobok, c’est pas comme ça qu’on fait !” Un “bobok” serait systématiquement un retardé mental ? Ou parfois simplement un “couillon” ? Une idée sur l’origine du mot ?

    Effectivement Bobok est aussi souvent un « couillon »

    3) Blender ? Jamais entendu pour ma part. Je connais le “mixer”, qui servait à écraser les purées de pipangaille, mais je ne connais pas le “blender”.

    Du mot anglais Blend – mélanger, fondre

    15) Test. Test dans le sens d’examen ? C’est pas français ça ?

    Le mot test est anglais à la base – J’ai oublié « fell un test  » pour échouer un examen

    16) Chéké. Se faire véhiculer ? Jamais entendu pour ma part. Se faire charrier à la rigueur, mais pour moi checker c’est uniquement vérifier. Par contre chacker…

    Chéké est une autre version de séqué. J’ai toujour entendu ça avec un ch

    20) Faire le courbe ? C’est quoi, c’est faire le contour, faire le tour du virage ? Jamais vraiment entendu je crois.

    Oui c’est faire le contour. J’avais un prof qui l’utilisait très souvent

    27) Gonage ? Jamais entendu ce mot-là pour ma part. Il s’agit de n’importe quel type de gadjac ? Un rapport avec “gonase” ?

    Comme pour chéké , gonage est une version de gonase

    28) Vert. “En bonne forme” ? Quel rapport avec le poisson “vert” ? (Un cateau ?) Ce que j’ai entendu de mon côté, c’est que le lendemain du coulage le béton était encore vert (autrement dit pas encore bien mûr, i.e. pas complètement durci).

    Utilisé souvent à la pêche au gros, on dit souvent  » Je ne peux pas gaffer le poisson, il est trop vert » – Il est encore trop en bonne forme

    29) Raide. “Son coq était encore raide quand le professeur l’a envoyé au tableau.” Mais je ne suis pas certain que les zizis français ne puissent pas être raides eux aussi. A vérifier (à l’œil).

    Si on l’utilse de façon  » Son coq est raide » alors oui c’est français. Moi je pensais plus à la version  » Quand je la voit je baise un raid »

    32) Desbin. Cette prononciation-là s’entendrait plutôt en créole, non ? En “français” les gens ne diraient-ils pas plutôt “dust bin”, ou tout au moins “dus bin” ?

    En effet dusbin est bien mieux que desbin

    44) Piquer pour “charger” ? Plutôt en créole seulement, non ? “4 hère bomatin missié Koutou pique madame Koutou lor lili, alala coq la santé coq la santé, coq la santé courouroucoucou.”

    J’ai souvent entendu utilisé en mauricien – « Il a piqué sa voisine  »

    46) Jacques mur pour une mauvaise odeur ? Jamais entendu pour ma part.

    Dans le bus souvent une  » odeur de jacques mur monte »

    Je reviens bientôt avec d’autres suggestions…

    Pascal

  66. marie-lucie

    lac ou lacs:

    J’ai déjà rencontré le mot lacs, qui est en général au pluriel comme dans les exemples du Littré, mais en très ancien français le suffixe -s s’employait non seulement pour le pluriel mais aussi pour le sujet (non l’objet ou le possessif) masculin singulier. Le mot sans indication de cas était donc lac (homonyme de l’autre lac « étendue d’eau ») , d’où le diminutif en -et, lacet qui évitait l’ambigüité. Le lacet ou collet était un piège très simple fait d’un seul cordon, et les lacs sans doute un dispositif plus compliqué à plusieurs cordons, que l’animal pouvait moins facilement éviter.

    L’emploi du -s pour le sujet masculin singulier en très ancien français vient du Latin -us et survit dans les noms d’homme qui se terminent encore en un s non prononcé, comme Charles, Jacques, James, Georges.

  67. Marie-Lucie, un lacs (prononcer la) est bien employé au singulier, comme dans : tomber dans le lacs. On retrouve la même graphie dans un « entrelacs » [entrela].

    Quant à lac [lak] et lacs il s’agit de deux mots d’origine différente :

    lac, étendue d’eau vient de lacus : réservoir, étang,
    alors que :
    lacs, lacet, vient de laqueus : lacet, noeud coulant, piège.

    8) Plaque
    22) A main gauche/droite
    38) Réchaud
    41) Radio-crochet
    45) Péter un câble, tout ça, c’est français.

    Le cas de « Test » est plus amusant, il vient de l’anglais qui l’aurait piqué à l’ancien français !

  68. Ah les signes cabalistiques ! Devant plaque, il fallait lire « 8 » et » ) » !!! Mais pourquoi celui de Pascal est sorti sans pourriard ???

  69. marie-lucie

    Zerbinette, « homonyme » n’a rien à voir avec l’origine de deux mots écrits de la même façon, seulement avec leur orthographe ou leur prononciation. Il est bien évident que les deux mots lac et lac(s) n’ont pas la même origine. Le deuxième va non seulement avec entrelacs (et entrelacer, entrelacement) mais avec lacer, enlacer, enlacement. L’anglais lace ‘dentelle’ (mot emprunté à l »ancien français) fait aussi partie de la même famille de mots (la fabrication de la dentelle aux fuseaux consiste à entrelacer des fils).

  70. Pascal Lagesse

    Encore des suggestions:

    1)Crazer une base – Pareil à casser une pose
    2)Un dumper – véhicule pour transporter des matériaux
    3)Une machine routière – Rouleau compresseur
    4)Je tache – Aussi veux dite  » je n’y arrive pas »
    5)Biscuit Cabine – Biscuit très dur en vente à l’unité
    6)Puit d’amour – Petit gâteau fourré à la crème
    7)Papier poum – Papier toilette
    8)poser les blocks
    9)un stop – Panneau de sens interdit
    10)crown land – Terre de l’état
    11)Maison CHA – Maison construite par l’état
    12)Crabe C’est ma faute – Crabe avec un très grosse pince et une très petite pince dont les mouvement ressemblent au  » c’est ma faute  » Catholique.
    13) corne – Poisson licorne
    14) parabole – Télévison par sattélite
    15) Sarlon – Revêtement en toile plastique pour les serres d’anthuriums
    16) cateless – Version mauricienne de la cotelette
    17)petard lassiette – Feu d’artifice qui tourne
    18) fizet – Raté, n’a pas réussi
    19) cordonier – variété de poisson
    20) calamindas – Barbe à Papa
    21) Tourneurs – Rabateurs (à la chasse )
    22) La tournée – La battue
    23) mouche charbon – Grosse mouche noire
    24) porte d’entourage – Porte grillagée
    25) le gate – Porte grillagée
    26) un derik – Une grue
    27) une baramine – Vennant de Barre à mine?
    28) Langet – Expréssion de colère
    29) Delco – Générateur électrique
    30) Grater le bateau – la peinture
    31) Antifouling – Peinture anti-algues
    32) primer – Apprêt
    33) primus – Cocotte-minute
    34) bonbon lapin – Bonbon chinois très connu
    35)Taxi train – Taxi agissant comme un autobus
    36) id – Papiers d’identitée
    37) roll plug
    38)Taxi marron – Taxi illégal
    39) peanuts –  » Ça a couté peanuts » Pas cher
    40) coqui bonheur – Petite coquille « porcelaine »
    41) touff (de bambou) –
    43)poule licou touni – Variété de poulet sans plumes au cou
    44) Champal – Savates de l’inde
    45) fouf – Expréssion voulant dire  » j’en ai assez  » ou bien parfois  » c’est extraordinaire  » Cela dépend du ton employé.

    A bientôt,

    Pascal

  71. Pascal Lagesse

    11) Lac. Je ne me souviens que du lac croche-patte (avec le pied qu’on envoie dans les jambes de l’autre ou les herbes qu’on attache entre elles) et j’ai entendu une fois un cousin parler d’un lac qu’il utiliserait dans les bois près de chez lui pour attraper des lièvres au piège, mais je ne suis pas certain de me rappeler cet autre lac-là, à moins de plonger très loin en arrière dans le temps de l’école, peut-être.

    Je pense que quand on traite une personne de lac  » C’est un mari de lac ce boug la » ça vient de laxiste.

  72. 19) cordonier – variété de poisson 😆 😆 😆

    Est-ce qu’en Mars aussi, le cordonnier est le plus mal chaussé ?

    Faites appel à Pascal, il va vous arranger ça en moins de deux ! :mrgreen:

  73. M. Lagesse, vous allez épuiser tout le monde ! surtout ceux qui piquent facilement (du nez). Quand de surcroît on est un peu juste question temps, les choses se corsent…

    Une remarque, en passant, en attendant de décortiquer votre nouvel arrivage : en 33), la cocotte-minute serait plutôt une « tempo » d’après moi, le primus étant un réchaud à pression fonctionnant au pétrole après allumage à l’alcool. (Ou, parfois, peut-être, une lampe à pétrole qu’il faut pomper ?)

    7), papier poum : nous avions laissé échapper un « papier drainage » dans la note sur le drainage :

    Drainage


    On aurait aussi pu dire « papier souye fesse ».

    35), taxi train : on ne parle plus de « taxi lipou » ?

  74. 46) Jacques mur pour une mauvaise odeur ? Jamais entendu pour ma part.
    Dans le bus souvent une « odeur de jacques mur monte”

    De l’importance des accents… Il en fallait un au mûr pour finalement saisir que l’on parlait du fruit, du jackfruit, qui avait bien mûri.

    J’ai oublié “fell un test” pour échouer un examen
    « Il a fell sa Senior » (fail) : voilà un verbe emprunté à l’anglais qui, à ma connaissance, ne se range ni dans le premier groupe, ni dans le deuxième, ni dans le troisième. Il semblerait qu’on ne le conjugue pas, à l’inverse de looker, checker, pluguer, coaltarer, etc. Mais il est vrai qu’il est d’un emploi assez limité.

    Chéké est une autre version de séqué. J’ai toujours entendu ça avec un ch
    Et prononcé « shéqué » ou « tchéqué » ? (Je n’ai jamais entendu que « séqué », tout le temps. Incroyable, existerait-il différents dialectes du mauricien ?)

    J’avais un prof qui l’utilisait très souvent [Faire le courbe]
    J’espère qu’il n’était pas un peu « croquet » (ou doit-on écrire « croqué » ?). Moi j’avais un prof qui disait « dioxyde de carbone trouble eau de chaux », et je suis sûr que nous sommes une trâlée à nous souvenir de cette phrase-là.

  75. Zerbinette : Est-ce qu’en Mars aussi, le cordonnier est le plus mal chaussé ?

    En mars je ne sais pas, mais en avril il ne se découvre pas d’un fil*.

    Siganus K. Sutor, cordonnier marron
     
     
    * un lacet en l’occurrence

  76. marie-lucie

    4)Je tache – Aussi veux dite ” je n’y arrive pas”

    – Voulez-vous dire « je tâche » (J’essaie, je fais des efforts)?

    41) touff (de bambou) –

    – Est-ce que c’est une « touffe »? (comme une touffe d’herbe, où les tiges poussent toutes ensemble?)

  77. 64) Cloche pour ampoule, ou cloque. Oui, surtout lorsque la cloque est encore pleine de liquide, non ?

    Oui, en belge aussi, on parle d’une cloche plutôt que d’une ampoule… (mon impression est qu’en français de France, on utilise plutôt ampoule quand la « cloche » résulte d’un frottement répété dû, par exemple, à des souliers neufs, une longue marche ou un travail manuel inhabituel, et plutôt cloque quand il s’agit d’une brûlure accidentelle… )

    Ceci, bien sûr, sans préjudice de l’expression être en cloque, qui signifie être enceinte (incontestablement, dans ce cas, la cloche est pleine de liquide…)

    Esprit d’escalier : j’ai lu récemment dans la traduction française (récente) d’un auteur anglais avoir le ballon pour être enceinte. Il m’a semblé que c’était une expression très désuète et plutôt populaire que le contexte ne justifiait pas (il s’agissait d’une jeune fille évoluant dans des milieux artistiques/universitaires branchés dans les années 50…). Le traducteur n’aurait-il pas cédé à la facilité littérale d’une image comparable en anglais , au risque d’une erreur de ton ? (je ne connais pas les expressions argotiques anglaises pour évoquer cette forme particulière de gonflement…)

  78. Marie-Lucie : Voulez-vous dire “je tâche” (J’essaie, je fais des efforts)?

    Pour ma part je l’aurais écrit sans accent. Je comprends « tacher » comme rester collé alors que les autres avancent (“I’m stuck » en anglais). « On va tacher dans le trafic » veut dire qu’on va rester bloqué dans une circulation dense. On dira aussi « ce poisson-là a taché dans le poêlon » pour signifier qu’il est resté collé. Ou « une roche a taché dans ma savate » pour dire qu’un caillou est resté coincé dans ma tong. Il me semble en outre qu’en argot français « une tache » est quelqu’un de pas très brillant. (A confirmer par plus savant que moi en la matière).

    Est-ce que c’est une “touffe”? (comme une touffe d’herbe, où les tiges poussent toutes ensemble?)

    Oui, c’est ce que j’aurais dit. Mais Pascal aurait aussi pu ajouter « une touffe » pour dire « beaucoup ».
    — Il reste combien d’allumettes ?
    — Une touffe.
     
     
    Aquinze : Oui, en belge aussi, on parle d’une cloche plutôt que d’une ampoule…

    Amusant. Nous sommes des Belges sans le savoir.

    Mais si en français hexagonal l’ampoule est plutôt pour les « blisters » eues en ayant marché longtemps avec des chaussures mal adaptées à son pied et la cloque est le résultat d’une brûlure, quid du coup de soleil ? Il rentre dans la deuxième catégorie ?

  79. marie-lucie

    Siganus, je ne connais aucun des emplois de tacher que vous mentionnez. S’il s’agit de mauricianismes, ce sont sans doute des contractions de attacher: en effet, le poisson mal cuit attache dans la poêle, par exemple.

    Aquinze, j’emploie ampoule et cloque comme vous le dites ci-dessus, mais je ne connais pas les autres emplois de cloches ni de ballon (et ce dernier ne me dit rien comme traduction possible de l’anglais).

  80. Marie-Lucie : S’il s’agit de mauricianismes, ce sont sans doute des contractions de attacher: en effet, le poisson mal cuit attache dans la poêle, par exemple.

    Je pense pour ma part que le verbe vient plutôt du verbe tacher lui-même. Je vois cela plutôt comme une tache qui a collé sur une surface et qu’on n’arrive pas à détacher, en dépit de ses efforts.
     
     
    Pascal, je ne vous ai pas encore dit merci pour toutes vos suggestions. Vous n’êtes pas le premier Mauricien à déposer une suggestion ou un commentaire ici, mais vous êtes le premier Mauricien en passe de devenir un contributeur régulier. Il faudrait que nous soyons plus nombreux. Pas seulement pour agrandir la liste des mots et expressions typiquement mauriciens, mais aussi pour trouver un consensus quant à leur(s) sens. Car au fur et à mesure je me rends compte que si l’un ou l’autre d’entre nous a déjà entendu telle ou telle expression, le sens qu’on y attache n’est pas toujours rigoureusement le même. Et comme il n’existe pas vraiment de dictionnaire auquel nous pourrions tous nous référer*, il est parfois difficile d’être sûr et certain de la définition. Plus que trouver de nouvelles expressions, tomber d’accord sur un sens est sans doute la partie la plus ardue. Et c’est là qu’un outil tel qu’un blog a toute son utilité : chacun peut y aller de son avis et personne n’est susceptible d’être “plus éclairé” qu’un autre, car nous nageons allègrement en plein empirisme. C’est le consensus qui décidera du sens à retenir. Je lance donc un appel à tous les Mauriciens qui ont quelque intérêt pour les mots, gros ou petits : vini zot o !
     
     
    * Ce qui n’est pas tout à fait vrai : à l’origine de ce blog il y a le livre de l’universitaire Didier de Robillard, Contribution à un inventaire des particularités lexicales du français de l’île Maurice, livre consultable en ligne (voir le lien à droite de cette page). Mais il y a aussi Le français à l’île Maurice. Dictionnaire des termes mauriciens (1969), de Nadia Desmarais, un livre que j’aimerais bien avoir un jour.

  81. marie-lucie

    m-l: le poisson mal cuit attache dans la poêle, par exemple.

    SK: Je pense pour ma part que le verbe vient plutôt du verbe tacher lui-même. Je vois cela plutôt comme une tache qui a collé sur une surface et qu’on n’arrive pas à détacher, en dépit de ses efforts.

    Un morceau de poisson, c’est une bien grosse tache! Peut-être dans ce cas précis (et encore!), mais les autres exemples du mauricien « tacher » ne me semblent pas aller très bien avec le mot ‘tache’: si on fait une tache de vin sur la nappe, la tache ne reste pas « attachée » à la nappe puisque le liquide est absorbé par le tissu. « Détacher » est un mot ambigu, puisqu’il peut s’agir de faire disparaître une tache (et en général ce n’est pas en frottant mais en lavant ou en appliquant un produit spécial), ou bien de défaire le ou les liens qui servent à « attacher » quelque chose.

  82. Vous avez peut-être raison, même si pour moi les taches sont davantage en surface que dans l’épaisseur du support et qu’on les enlève surtout en frottant. D’ailleurs Robillard semble abonder dans votre sens plutôt que dans le mien.
    http://www.bibliotheque.refer.org/html/maurice/lexique/tacher1.htm
    Mais même en français standard j’imagine qu’il doit exister un certain lien (de famille) entre « tacher » et « attacher ».

  83. > Pascal

    1) Crazer une base. Nou ti pé kraz enn baz. Emprunté directement au créole, variété « jeune ». Disons que ceux avec qui il m’arrive de parler en français n’emploient pas très fréquemment cette expression (euphémisme). Vous l’avez entendu souvent ces derniers temps ?

    2) Un dumper. Oui, bien vu. Je me demande s’il existe un Mauricien, un seul, sachant comment on appelle cet engin en bon français.

    3) Une machine routière. Oui, mais j’ai l’impression que c’est un peu désuet dorénavant, non ? Il me semble que les gens qui travaillent dans les travaux publics emploient tous le mot « rouleau », ou à la rigueur « bomag ».

    4) Je tache. Oui, oui. Voir la discussion ci-dessus avec Marie-Lucie.

    5) Biscuit Cabine. Oui, ou « cream crackers » pour ce qui est un peu plus moderne. L’expression « biscuit cabine » ne renvoie-t-elle d’ailleurs pas à la période de l’esclavage, les biscuits en question étant ce qui était donné aux esclaves ?

    6) Puits d’amour. En effet. Ils n’ont rien de tel en France ?

    7) Papier poum. Déjà évoqué ci-dessus.

    8) Poser les blocks. Oui, pour les « blocks », non pour « poser les blocks », puisque qu’on peut aussi poser des agglos en français.

    9) Un stop. Il me semble que c’est le mot employé en français de France aussi. Par contre au Québec ils sont allergiques au « stop ».

    10) Crown land. La Couronne ne possède plus grand-chose ici bas, mais l’expression « crown land » est restée dans une certaine mesure — territoire interdit.

  84. 6) Il est bien possible que la recette mauricienne des puits d’amour soit très différente de ces bouchées en pâte feuilletée remplies de crème pâtissière (avec parfois des framboises ou de la confiture de fruits rouges au fond) qu’on appelle ainsi en France (voir l’exemple du napolitain…)

    9) Non, en français de France un « stop » n’est pas un panneau de sens interdit, mais un panneau commandant l’arrêt (avec mise au point mort) à une intersection.

  85. Ah ben oui dites donc. Je n’avais même pas remarqué que Pascal avait donné « sens interdit » pour « stop ». Je pense qu’un « sens interdit » c’est un « no entry » en français normal (voir la liste). Le « stop », ça serait un « stop » — « arrêt » en québécois.

    Un puits d’amour n’est pas en pâte feuilletée pour autant que je me souvienne (les gâteaux ne me rendant guère gâteux). C’est circulaire, avec une croûte autour et l’intérieur ressemble un peu à une crème brûlée. (C’est ça Pascal ?)

  86. > Pascal (suite)

    11) Maison CHA. Certes, mais dans ce cas la liste de mauricianismes pourrait s’allonger à l’infini, chaque sigle devenant un particularisme en soi, de la Central Housing Corporation à l’Independent Commission Against Corruption en passant par le National Pension Fund. Mais il est vrai qu’une « maison CHA » est une chose en elle-même. On aurait dans ce cas pu ajouter dorénavant « un VRS » ou « un IRS ».

    12) Crabe c’est-ma-faute. Je pense que celui-là bat sa coulpe en français aussi. Quoique plus en français des Antilles qu’en français de France : http://fr.wikipedia.org/wiki/Crabe_violoniste

    13) Corne. Oui, encore que bien plus en créole qu’en français, où me semble-t-il on dira plus « poisson licorne ». Quoique…

    14) Parabole. Même quand c’est Canal + ou autre chose ? (Je suis un peu ignare en la matière.)

    15) Sarlon. Oui, comme « Poonac » aussi dans ce cas (nourriture pour volailles)

    16) Cateless – Version mauricienne de la cotelette. En effet, j’ai entendu ça pour la première fois il n’y a pas très longtemps. C’est de la côtelette garantie sans chat de gouttière ?

    17) Pétard lassiette – Feu d’artifice qui tourne. Sans doute, même si pour ma part je connais mieux le « pétard canon ».

    18) Fizette – Raté, n’a pas réussi. Ah oui, « ça a fait fizette », ce qu’on dira probablement « ça a fait long feu » en français standard.

    19) Cordonnier – variété de poisson. Hé, hé…

    20) Calamindas – Barbe à papa. Vous voulez parler de ce reject d’usine textile, rosâtre et envahissant ? (Très bonne suggestion au demeurant.)

  87. marie-lucie

    Lac. Je ne me souviens que du lac croche-patte (avec le pied qu’on envoie dans les jambes de l’autre)

    – En France on appelle ce geste « un croche-pied » mais il a peut-être d’autres noms régionaux.

    Biscuit Cabine – Biscuit très dur en vente à l’unité

    L’expression “biscuit cabine” ne renvoie-t-elle d’ailleurs pas à la période de l’esclavage, les biscuits en question étant ce qui était donné aux esclaves ?

    – Est-ce que ça pourrait être la même chose que le « biscuit de pilote » (anglais « pilot biscuit »), un biscuit non sucré, très dur (sans doute pour se conserver longtemps sans prendre l’humidité), que les pêcheurs emportent pour manger en bateau? Quand j’étais enfant j’avais appris ce mot en lisant Jules Verne, mais je ne savais pas ce que c’était, et j’ai été surprise d’en trouver au Canada (sur les côtes, pas à l’intérieur des terres). On les achète en boîte, pas à l’unité.

    Barbe à papa. Vous voulez parler de ce reject d’usine textile, rosâtre et envahissant ?

    – Textile?? La barbe à papa ressemble un peu à cet isolant en fibre de verre rose qu’on met dans les murs des maisons au Canada, mais elle est tout en sucre et elle se mange, surtout dans les foires et autres festivités.

  88. marie-lucie

    S: Mais même en français standard j’imagine qu’il doit exister un certain lien (de famille) entre “tacher” et “attacher”.

    – Je n’ai jamais eu conscience qu’il y en ait un. Pour vérifier, j’ai consulté le Trésor de la langue française informatisé (TLFI) qui donne de nombreux exemples de l’usage de chaque mot au cours des siècles, ainsi que l’étymologie. Comme je le pensais, ces mots viennent d’emprunts très ancien à une langue germanique, certainement le francique (= langue des Francs), mais bien qu’il y ait une ressemblance phonétique, il ne semble pas y avoir aucune ressemblance de sens. Selon le TLFI, « tache » et « tacher » se relient à un sens primitif de ‘marque(r)’, tandis que l’ancêtre d’ « attache(r) » (parent de l’anglais « stake ») a plutôt le sens de « pieu » ou « poteau », c’est-à-dire un support fixe auquel on peut attacher à l’aide d’un lien quelque chose de mobile (p.ex. un cheval).

  89. Marie-Lucie : Textile??

    C’est l’effet que ça me fait quand je vois cette matière filandreuse rose en train d’être filée dans l’espèce de récipient tournant. Pour peu qu’il y ait du vent et que ça tende à s’envoler, ça me fait penser à des déchets d’usine. Le manger est une autre histoire encore, tant la chose se colle aux lèvres, au nez, aux doigts…

    Le biscuit cabine peut ressembler à un cream cracker, mais en plus rustique encore. C’est ce que les marins devaient manger à une époque reculée. Ça se conserve assez bien, ce qui est une qualité quand on reste longtemps loin de son port d’attache.

  90. marie-lucie

    La barbe à papa textile: bon, nous parlons bien de la même chose, et je suis d’accord avec vous que comme nourriture, ça laisse à désirer. Mais je connais la barbe à papa depuis beaucoup plus longtemps que la matière isolante à quoi elle ressemble, c’est pouquoi c’est cette matière qui me fait penser à la barbe à papa, et non le contraire.

    Le biscuit cabine: c’est bien la même chose que le « biscuit de pilote ». Je me suis trompée sur le terme anglais, ou plutôt l’un des termes, puisqu’il y en a plusieurs, dont « pilot bread » (voyez les exemples de cet aliment sur Wikipedia en anglais). Il y en a des carrés et des ronds, depuis très longtemps apparemment.

    Le port d’attache est celui où l’on peut amarrer (plutôt qu’attacher, terme de terrien) finalement son bateau quand on rentre chez soi après avoir couru les mers.

  91. > Pascal (suite de la suite)

    21) Tourneurs – Rabatteurs (à la chasse )
    22) La tournée – La battue
    Je ne suis pas expert en vocabulaire de chasse. Il faudrait que quelqu’un qui s’y connaisse un peu éclaire ma lanterne pour savoir si ces deux termes ne sont pas utilisés en France aussi (ou en Belgique ou en Suisse).

    23) Mouche charbon – Grosse mouche noire.
    Oui, très bonne suggestion. Il me semble qu’il s’agit là d’un insecte qui pourrait s’appeler « frelon » en français standard (encore que je ne pense pas que les frelons aient en principe cette couleur uniforme d’un noir de jais).

    24) Porte d’entourage – Porte grillagée.
    Oui ! Voilà quelque chose qui me sort presque tous les jours de la bouche. Encore que ma porte d’entourage à moi ne soit pas grillagée. Je traduirais l’expression plutôt par « portail » (sous-entendu « du jardin », autrement dit de la cour.)

    25) le gate – Porte grillagée
    Oui, « gate » peut être un équivalent de « porte d’entourage ». Mais on parlera plutôt de gate pour l’accès à une enceinte industrielle par exemple, même si le gate en question n’est constitué que d’un tube qui se relève à l’aide d’un contrepoids. Ou du gate d’un chassé à la rigueur, c’est-à-dire l’endroit où il existe un portail dans la clôture.

    26) un derik – Une grue
    Possible, encore que pour ma part j’ai plus entendu parler de « crane ». Peut-être dans le port…

    27) une baramine – Venant de barre à mine?
    Oui, « barre à mine », qui doit être français si je ne m’abuse.

    28) Langet – Expression de colère
    Oui, dérivé du « langet to mama » créole, sans doute. (Encore qu’en créole réunionnais « langet » veuille dire « frapper, cogner, taper ».)

    29) Delco – Générateur électrique
    Oui, tout comme un frigidaire est un réfrigérateur.

    30) Gratter le bateau – la peinture
    Il faudrait demander à un marin français si ça ne se dit pas, en France, « gratter un bateau » (avant de le repeindre).

    31) Antifouling – Peinture anti-algues
    Ça, je mettrais ma main à couper qu’on l’utilise en français de France aussi.

    32) Primer [praïmeuh] – Apprêt
    C’est « apprêt » (ou « couche d’apprêt ») qu’on dit en « bon français » pour parler de la première couche de peinture, en général une peinture antirouille s’il s’agit d’acier ? A voir si « primer » n’est pas utilisé aussi…

  92. marie-lucie

    Insectes:

    En France le frelon est une espèce de grande guêpe qui fait une piqûre douloureuse (en anglais « hornet »). Celui qui ressemble à une grande mouche noire, qui mord pour enlever un minuscule morceau de chair, c’est le taon (prononcé « tan »), qui mord aussi les animaux (anglais « horsefly »).

  93. La « mouche charbon » ne serait finalement qu’une abeille (Xylocopa violacea, ou « abeille charpentière”) et pourrait être une espèce européenne arrivée à Maurice et à la Réunion.
    http://www.insectes-net.fr/xylocope/xylocop2.htm
    Elle creuse des galeries dans le bois pour nicher. J’ai toujours entendu que sa piqûre était très douloureuse mais je ne me souviens de personne qui se soit fait piquer devant moi. (Pas comme les « mouches jaunes », dont j’ai moi-même goûté au venin en plusieurs fois.)

  94. Pascal Lagesse

    J’ai toujours entendu que la mouche charbon donnais une fièvre de cheval. ( Pour rester dans le contexte animalier )

  95. Sa piqûre donnerait la fièvre à tout le monde, ou bien uniquement aux chacales aux yeux de pouliches et aux bourriques au rire chevalin ? J’imagine qu’une « simple » mouche jaune peut aussi donner de la fièvre à une personne un tant soit peu allergique.

  96. Je suis d’accord pour « Lac » C’est un Lac, il est nul…
    On dit même un « Lac Sirop » pour accentuer.

  97. Mouche Caca – Mouche Verte.
    Est-ce bien typiquement Mauricien ?
    Je pense que oui car Google Images n’en ramène aucune image alors que pour Mouche à Merde nous avons 4 270 images !

    Il y a aussi « Mouche Boeuf » mouche qui pique le bétail (bovin ou cervidés) mais aussi les humains dans les « chassés ».

  98. en me promenant dans les « suggestions » ,et en les laissant résonner avec d’autres « recherches » ,j’ai un peu exploré la toile,
    . Empr. à l’ar. lakk « laque », lui-même empr. au persan lāk, et celui-ci à l’hindoustani lākh, du skr. lākṣā « tache, marque; cent mille » puis nom donné à la cochenille-laque (Coccus lacca) en raison de son pullulement, enfin nom de la sécrétion résineuse de certains arbres d’Extrême-Orient provoquée par la piqûre de cet insecte (Lok. no 1295; FEW t. 19, p. 105; Klein Etymol., s.v. lac).
    http://www.cnrtl.fr/definition/laque
    wiki avec certaine perplexité sur des contradictions , et pensé que vous aviez peut- être des laquiers ? et une connaissance de première main des cochenilles ?

  99. « Lac sirop » : It kind of rings a bell, comme on dirait en English potiche. Je dois toutefois admettre qu’il s’agirait là de souvenirs remontant assez loin en amont. (L’autre jour, toutefois, j’ai entendu une expression que je ne connaissais pas : « sa ki enn brinzel anguiv sa ! » Je connais les bringelles anguives, j’en ai même fait pousser, mais je ne l’avais encore jamais entendu employé pour parler d’une personne, d’un lac en l’occurrence.)

    « Mouche caca » : Oui, je pense que nous avons bien affaire là à un mauricianisme dans le sens qu’il serait impossible à un non-Mauricien, ou à une personne n’ayant jamais été en contact avec des Mauriciens, de comprendre ce qui se cache vraiment derrière cette expression-là. Pour ce qui est de la coprophagie — ou tout au moins de la coprophilie — du diptère en question, je me demande à quel point cette réputation est fondée. Ou tout au moins à quel point cette grosse mouche-là est différente des autres mouches sur ce point précis. Quant à sa couleur, je dois avoir aussi souvent entendu « verte » que « bleue ». Il est vrai qu’elle a une très jolie couleur, très jolie et très visible, ce qui fait qu’on la remarque bien quand elle est…

    La « mouche bœuf », c’est bien cette grosse mouche brune, aux ailes non-translucides — presque un laille, mais en beaucoup plus rapide — , dont la piqûre est particulièrement douloureuse pour un insecte non-venimeux ? Je me souviens m’être fait piquer par quelque chose comme ça à travers mon « linge ». Sale bête va !

  100. Quotation = Devis.

    En Français: La quotation est le nom donné aux devis effectués par les compagnies de transport.

    En Mauricien le terme a remplacé le mot devis !

  101. Oui, il s’agit probablement d’un mauricianisme. Ce grand dictionnaire qu’est le Trésor de la langue française ne connaît cependant que cotation, avec un c-, mot surtout utilisé pour parler de la cotation en bourse. (Mais depuis que j’ai appris qu’efficient était bien français, je me méfie un peu des mots qui ressemblent à des anglicismes sans en être.) Pour sa part le Petit Robert (2006) a ceci à l’entrée cotation (toujours avec un c-, « quotation » ne figurant pas dans ce dictionnaire non plus) : « Commerce. Calcul, proposition de prix pour le transport de marchandises. Cotation du fret international. »

    En mauricien on a aussi le verbe « coter » — « coter pour un tender* » — ce qui serait plutôt « répondre à un appel d’offre » en français standard, ou aussi « soumettre une offre » me semble-t-il. (« Coter » est bien plus simple finalement.)
     
     
    * tender : un mauricianisme de plus ?

  102. Coter s’emploie aussi, en belge, au sens de « attribuer une note ».

    Mais cet usage, selon Joseph Hanse, ne serait pas un vrai belgicisme. Il cite une phrase trouvée dans Les Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir :

    Ma dissertation qu’il aurait cotée 16

    coter pour un tender : à « soumettre une offre », le langage administratif préfère l’épouvantable « soumissionner »…

  103. Soumissionner une offre ou soumissionner tout court ? Et je suppose que dans ce cas les tenderers sont des soumissionnaires (à ne pas confondre avec des sous-missionnaires).

    « Coter » pour « attribuer une note » : « noter » ne suffit pas ? Coter un dessin n’est pas lui attribuer une note ; c’est y inscrire des cotes (dimensions). « Coté » est un mot qui s’emploiera aussi dans un domaine qui peut faire perdre la raison aux Martiens : les courses de chevaux (« il était coté à Rs 1600 hier alors que certains bookmakers vendaient ses chances à Rs 3500”).

  104. Ma dissertation qu’il aurait cotée 16

    Je trouve moi aussi cet usage bizarre. Noter, c’est attribuer une note numérique, ce qui se fait surtout à l’école, mais coter, c’est plutôt estimer ou apprécier, en général. Si on fait un bon travail dans un milieu hiérarchisé, on peut être très bien coté par un supérieur qui fait un rapport élogieux ou qui nous recommande pour une promotion, même si on ne reçoit pas une note précise et chiffrable.

  105. Je trouve moi aussi cet usage bizarre.

    Marie-Lucie, c’est sans doute parce que nous ne sommes pas belges. L’étrangeté est toujours chez l’étranger.

    Mais en France (ou au Canada, ou en Belgique), emploie-t-on le mot « coté » pour parler d’un cheval de course ? Dira-t-on par exemple « Ourasi était coté à… ». Il me semble que c’est possible, mais je n’en mettrais pas ma main au feu.

    Pour ce qui est des plans, cotés ou pas, il me revient en tête la surprise — et l’amusement un peu condescendant — qui était la mienne au début de ma carrière professionnelle lorsqu’à Maurice j’entendais parler de « dessins » plutôt que de « plans », terme en usage en français standard. Lorsque par exemple on me parlait des « dessins de la maison », j’imaginais d’emblée un dessin d’enfant montrant une petite maison dans la prairie, avec un grand ciel bleu au-dessus et le soleil en haut à droite. L’image suscitée était bien loin de ressembler à un document technique. Mais on prend vite le pli et aujourd’hui je trouve que le mauricianisme consistant à utiliser le mot « dessin » à la place de « plan » est tout à fait justifié, puisque tous les dessins ne sont pas forcément des plans. On peut aussi avoir des sections (coupes), des élévations, des vues en 3D, etc. Et puis, ne serait-ce pas logique qu’un dessinateur — mot utilisé en France — fasse des dessins ?

  106. à propos de votre discussion sur « dessin/plan »
    je me souviens d’avoir pris conscience de l’entrée dans la langue standard de « plan » pour un oui et pour un nom, et parallèlement dans les magazines :
    « les bons plans » pour un week-end, un dîner ; il ne me semble pas que cette expression venait se substituer vraiment à une autre : évidemment, plan est lié à plane et de certaine façon « mise à plat » qui se disait aussi pour un oui et un nom! tandis qu’en art, il y avait le mouvement support/surface .
    ce ne sont pas les mêmes recouvrements que « dessin » : qui peut-être aussi « dessein » !
    tandis que dans une langue non moins dynamique, on parlait et parle toujours de projet, et là aussi très communément !
    très subjective sans doute la sensation bizarre que m’a donc fait cette soudaine extension de plan, comme d’un autre monde qui arrivait ! est-ce le vôtre ?

  107. Si, c’est possible, j’écoutais les pronostics de tiercé le dimanche matin et je l’entendais, mais le plus souvent « coté » est sous-entendu parce que l’on ne donne que les chiffres pour faire court et c’est plus souvent « il est à dix contre un » ou « Sardanapal à dix contre un ». Mais cela peut se faire. Pareil dans le langage de la bourse : il faut faire court, les sons en radio ou à la télé ne doivent pas durer plus de tant de secondes, donc on élimine ce qui va de soi.

  108. et voilà un titre du monde aujourd’hui
    « La viande de chien et de serpent a la cote en Côte d’Ivoire (« Fraternité Matin ») »
    (« NON », je n’en ai jamais mangé !)
    l’expression « avoir la cote » m’est par contre très familière : pour des personnes aussi mais la presse figure cela aujourd’hui par « up » et « down »

  109. Quant à sa couleur, je dois avoir aussi souvent entendu “verte” que “bleue”.
    Ces mouches très communes sont représentées par le genre Calliphora ou mouche bleue (L: 8 à 12 mm) et Lucilia ou mouche verte (L: 7 à 11 mm). Ressemblent-elles aux espèces que vous avez à Maurice ? La mouche bleue entre souvent dans les maisons, attirée par la nourriture; la verte se nourrit sur les fleurs, les cadavres et les excréments. Elles nous importunent un peu mais en fin de compte elles sont utiles.

  110. Excusez-moi, l’italique n’était destinée qu’au rappel de votre commentaire et aux noms de genre.

  111. et si 7 : les « bons plans »

    C’est très évidemment une traduction littérale de l’anglais. Si quelqu’un propose une activité (aller en promenade, voir un film, prendre un pot, etc) et qu’on est d’accord, on peut répondre: « Good plan! » aussi bien que « Good idea! »

  112. >marie lucie
    mais ce qui a changé, autant que je ne me trope pas dans mes souvenirs, c’est qu’ il n’y a pas si longtemps encore, avec l’insertion de mots anglais dans ler français, il y avait la plaisanterie de les « prononcer rustiquement à la française » pour leur donner une étrangeté ; alors que maintenant, il y aune introduction d’anglicismes avec une « traduction calque », justement comme dans le cas de bon plan enchevêtrée à une langue saupoudrée de termes anglo-américains (surtout dans les registres professionnels)

  113. Pour A15
    « Par comparaison, je doute qu’en français de France, on sache précisément que les “pandores” désignent, précisément, les gendarmes, et non les policiers. »

    Vraiment ?
    Par antonomase un gendarme est un pandore, qui ne se souvient du refrain, « Brigadier, vous avez raison » ?!

    « Deux gendarmes, un beau dimanche,
    Chevauchaient le long d’un sentier ;
    L’un portait la sardine blanche,
    L’autre le jaune baudrier… »

    Le type au baudrier c’est Pandore, et la sardine une pierre dans le jardin des suggestions de Sig.

  114. Arcadius, je crains de ne pas très bien comprendre l’allusion à la sardine. Pour ce qui est des policiers évoqués par Aquinze le 29 mai 2009 à 00:33 (ici pas de gendarmes ni de pandores, si ce n’est, possiblement, à l’ambassade de France), il en avait un peu été question ici : https://mauricianismes.wordpress.com/2009/05/30/gabelou/

    Françoise, les mouches vertes que nous avons à Maurice ressemblent à cette lucilie qu’on voit à partir de votre second lien. Il s’agit de mouches capables de rester immobiles dans l’air pendant assez longtemps, pour une raison qui échappe au commun des primates. Ceci semble confirmé par ce rapport, rédigé par des chercheurs mauriciens, dans lequel il est question de Lucilia sp. et Chrysomyia sp., appelées en l’occurrence « green and blue bottle flies » (page 3, juste au-dessus du tableau 1). Il existerait donc bien deux types de mouches : la verte et la bleue. Le genre Chrysomyia fait partie de la famille des Calliphoridés, laquelle fait l’objet de cette entrée sur Wikipédia. (Quant à la mouche bœuf, Breizh sera peut-être intéressé de savoir qu’il s’agit d’une mouche du genre Stomoxys (Stomoxys nigra, ou Stomoxys niger, et Stomoxys calcitrans) et qu’elle porte ce nom-là à la Réunion aussi. Par contre ces espèces-là ne semblent pas avoir ces ailes brunes et opaques que certaines mouches piqueuses avaient dans mes souvenirs.)

    Marie-Lucie : C’est [“les bons plans”] très évidemment une traduction littérale de l’anglais.
    Vous en êtes certaine ? C’est possible, mais ça ne me semble pas évident. Plan dans le sens de qqch qu’on planifie me semble assez français. « Tirer des plans sur la comète » (faire des projets peu réalistes, comme guidé par un pléonasmique charlatan astrologue) ne doit pas devoir grand-chose à l’anglais je pense. Et le « plan B », n’a-t-il pas une origine française ?

  115. Siganus, je ne dis pas que le mot « plan » n’est pas français, il l’est, mais c’est la collocation « bon + plan » qui me paraît traduite littéralement de l’anglais « good plan » qui veut souvent dire seulement « bonne idée ». Je ne suis pas sûre pour le « plan B », mais ça ne me paraît pas tellement français d’origine non plus.

    Je suis entièrement d’accord avec et si 7:

    maintenant, il y aune introduction d’anglicismes avec une “traduction calque”, justement comme dans le cas de bon plan enchevêtrée à une langue saupoudrée de termes anglo-américains (surtout dans les registres professionnels)

    Ces traductions calques ne sont pas seulement le fait de mots ou collocations, mais de constructions syntaxiques aussi. Moi qui vis depuis très longtemps dans le milieu anglophone, je n’aime pas lire des textes français qui ont l’air d’être traduits mot à mot de textes anglais. Le mot à mot d’un texte en bon anglais ne fait pas un texte en bon français (et le contraire non plus, mais on voit ça beaucoup moins).

  116. dan la thèse (de philosophie) que je termine,l’auteur cite de nombreux articles de politique dans lesquels « plan » succède, coordonné, à « programme » : » programme et plan ». Le même d’ailleurs parle de « planning » – ce qui m’amène à penser que je ne sais pas quand le mot planning est entré dans le français standard où l’on a (eu) « le planning familial ».
    « planning » n’est pas « agenda » …ni « feuille de route »!

  117. tout à l’heure en lisant des « informations » je trouve:
    « Ses parents, qui ont retrouvé le corps pendu au bout d’une corde, accrochée à son lit-mezzanine, s’étaient laissé entendre que leur fils « s’intéressait au jeu du foulard ».
    et de là ma surprise : non de ce jeu des adolescents , sur lequel j’ai lu de nombreux articles en général et en particulier ;mais de ce
    « laissé entendre » ,là ou j’aurais écrit « laissé dire »: sur quoi je vais un peu sur la toile et trouve aussitôt cette page
    http://www.potomitan.info/bibliographie/monchoachi/dire.php

  118. 1)Est-ce que bagasse est un Mauricianisme ?

    C’est dans le Petit Robert avec son sens Mauricien.
    Sauf dans l’expression: « je suis Bagasse nette » voulant dire je suis fini, exténué.

    2) A Caca j’ajouterai son utilisation comme intersection : « Caca ! Goal!  »

    3) il y à aussi Wagon prononcé Ouagon. pas sur que cela puisse etre accepté comme Mauricianisme…

  119. Qui c’est qui accepte que tel ou tel mot puisse être considéré comme un mauricianisme ou pas ? Quelles sont les autorités qui décident ? Arnaud Carpooran, l’auteur du premier dictionnaire unilingue créole ? Didier de Robillard, l’auteur de Contribution à un inventaire des particularités lexicales du français de l’île Maurice ? Dev Virahsawmy, le gardien du feu sacré kreolistik ? Le doyen de la faculté des Sciences Sociales et Humanités de l’Université de Maurice ? Le gouvernement par le biais du ministre de l’Éducation ? Ou bien ce que les uns et les autres entendent, relèvent et comparent ? Dans le cas de « wagon », je l’ai en maintes occasions entendu prononcer « ouagon », ce qui diffère de la prononciation standard. Pour moi c’est donc une particularité mauricienne, mais cela n’empêche pas à d’autres de penser différemment. C’est pour la même raison que dans la liste on trouve aussi le mot cerf, prononcé « cerffe ». Je ne suis pas certain qu’une personne parlant un français standard, ou une autre forme de français, comprenne d’emblée de quoi il s’agit si son interlocuteur évoque « les ouagons qu’on avait autrefois à Maurice ».

    De la même manière, je garderais « bagasse » parmi les mauricianismes car à notre hypothétique interlocuteur ne parlant que le français standard il faudrait probablement une petite mise au point pour qu’il comprenne de quoi il s’agit, même si le mot figure dans « son » dictionnaire, car il n’aura eu que peu de chance de le rencontrer auparavant. Si demain Alain Rey décide d’inclure les mots tabardène, gogote (utilisé par G. Dormann) ou rougaille dans son Petit Robert, ce n’est pas pour autant que ces mots cesseront d’être des mauricianismes. A moins que, pour le coup, un nombre « conséquent »* de non-Mauriciens se mettent à utiliser ces mots-là eux aussi…

    “je suis Bagasse nette” voulant dire je suis fini, exténué.
    Je ne l’ai jamais entendu pour ma part, mais Robillard l’a inclus dans son inventaire : « Il ne reste que la bagasse: il ne reste que ce qui n’a pas de valeur, que les déchets. Se dit aussi lorsque quelqu’un est très fatigué. » — http://www.bibliotheque.refer.org/html/maurice/lexique/bagasse.htm

    « Caca ! » comme interjection : en effet, c’est assez fréquent. « Caca ! » lorsque quelque chose se concrétise (marquer un but par exemple, ou atteindre une cible), mais aussi dans un sens négatif, comme équivalent de « baisé ! » (ou de « merde ! » en français standard), par exemple lorsque vous avez oublié de baisser le feu sous votre riz : « Caca ça déborde ! »
     
     
    * « conséquent » pour « important », « grand », en parlant d’un nombre ou d’un montant : je me demande si ce n’est pas un mauricianisme de plus celui-là (la cagne de vérifier maintenant)

  120. Wagon est prononcé ouagon en Belgique et dans le nord de la France. On considère que c’est un particularisme local. Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas aussi la prononciation québécoise. Quant au sens ancien de wagon non lié aux chemins de fer, il demeure encore dans le domaine du transport routier, de l’armée ou même de l’agriculture.

  121. Sous ces latitudes septentrionales ne dit-on d’ailleurs pas « oualon » pour « wallon » ?

    “je suis Bagasse nette” voulant dire je suis fini, exténué.

    […] Robillard l’a inclus dans son inventaire : “Il ne reste que la bagasse: il ne reste que ce qui n’a pas de valeur, que les déchets. Se dit aussi lorsque quelqu’un est très fatigué.”
    Il me revient que pour dire cela on emploie aussi l’expression caca poule (“fouf, je suis caca poule !”) où on retrouve une fois encore l’idée de déchet.

  122. C’est justement la prononciation des Belges wallons ou non et de leurs voisins les plus proches, mais pas celle du reste de la France. On trouve aussi cela pour la wassingue (serpillière), qui est prononcée vassingue dans l’Ouest et la ouassingue dans le Nord. Ou encore pour les noms de lieux. On prononce le w des villes comme en anglais ou néerlandais près de la Belgique, mais comme en allemand près de l’Allemagne. C’est simple, non ?

  123. « Qui c’est qui accepte que tel ou tel mot puisse être considéré comme un mauricianisme ou pas ?  »

    Hors du contexte de ce site personne et tout le monde à la fois.

    Mais sur ce site seul l’auteur de ce blog choisit ce que lui considère comme Mauricianisme.

    Les propositions et questions du bloggeur lambda sont soumises à la blogosphère et l’auteur tranche.

  124. Propriété : Etablissement sucrier. « Tu travailles sur la propriété toi ou au bureau de la ville ? ».

    Bureau de la ville: Siège social des sucreries se situant historiquement à Port Louis.

    Administrateur: Directeur Général d’une sucrerie. « Denis a été nommé Administrateur, bonhomme! » Autrefois tout puissant il régnait sur son « Factory Area ».

    Factory Area : Je ne suis pas assez sucrier pour définir ce que cela représente exactement. J’ai cru comprendre qu’il s’agit d’une zone aux alentours d’un établissement sucrier et je pense qu’il n’inclut pas uniquement les terres lui appartenant.

  125. « Administrateur » et « propriété », en effet. Dans le vocabulaire sucrier j’avais déjà « usiniers », auquel on pourrait probablement rajouter « sucriers » (nom), voire « barons sucriers ». « Bureau de la ville » est une expression couramment employée ? On ne dira pas plutôt « bureau de Port-Louis » par exemple ? Quant au « factory area », ça devrait être un peu l’équivalent d’un bassin versant en hydrologie, c’est-à-dire qu’il s’agit du territoire « drainant » les cannes vers une usine donnée, que celles-ci appartiennent aux usiniers eux-mêmes ou aux petits planteurs.

  126. Comme je viens de faire un petit tour sur « les livres « suggérés ,je remarque

    E. GROSSMAN — Identité, identités

    CORPUS
    A. MÉNIL – La créolisation, un nouveau paradigme pour penser l’identité ?
    P. LAURET – Identité nationale, communauté,appartenance: l’identité nationale à l’épreuve des étrangers
    dans Rue Descartes N° 66
    Changer l’identité ?

  127. « factory area »: dans le contexte sucrier, on pourrait peut-être dire « zone de ramassage » ou « zone de collecte »?

  128. « Mme Schwartz-Bart dit les contes de son enfance qu’elle rend siens en rêvant. Jacques : « Sur le plan littéraire, elle a sublimé la langue créole, ouvrant le conte à l’universel. » La créolité vue par elle ? « Le créole est une langue très ailée, elle a des ailes, elle se crée en devenir. Elle vient de gagner dignité et foisonnement qui suscitent de nouveaux talents. »
    Le monde 8 déc

  129. Je n’ai pas retrouvé dans la liste deux mots que je trouve très drôles:

    Zigiler
    et
    Zokriss

  130. Siganus K.

    Rabin, ce « zigiler »-là se prononce-t-il [zigile] (“ziguilé”) ou [zigilε:] (“ziguilèr”) ? Correspondrait-il au verbe français juguler ? Si c’est le cas, je dois dire que je ne l’ai jamais entendu en créole, pas même celui de Jocelyne Minerve ou de Dev Virahsawmy. Mais le dictionnaire de Lalit (voir lien à droite de la page) a ceci :

    zigil (v)
    var. zigile
    to wriggle, to squirm

    Il s’agit là d’une expression que, pour ma part, je n’ai jamais entendue. J’aurais dit « aret bouzé », « aret bouz-bouzé », « aret dansé », voire « aret zigoté » (quoique…), mais pas « aret zigilé ».

    Quant à jocrisse (zokris), il me semble que le terme existe avec à peu près le même sens en français standard. Selon cet excellent dictionnaire (consultable en ligne) qu’est le Trésor de la langue française :

    Jocrisse
    Péjoratif
    A. − Personnage du théâtre comique, caractérisé par la niaiserie et la crédulité.
    B. − Homme jugé niais parce que, se livrant à des tâches réputées féminines, il est présumé se laisser mener par sa femme.
    − P. ext. Personnage falot, ridicule par sa niaiserie, sa faiblesse.

    « Assez faire ton jocrisse ! », phrase que l’on pourrait entendre à Maurice, ne me semble pas s’écarter beaucoup de ce sens-là, ce qui l’exclurait en tant que particularité mauricienne.

    Ceci étant dit, la liste en question cherche à faire le relevé d’expressions typiquement mauriciennes utilisées lors de conversations tenues en français, pas en créole. Vous qui avez me semble-t-il fait des études en France, ne vous est-il pas arrivé d’utiliser des expressions qui vous semblaient françaises mais que vos interlocuteurs français ne comprenaient manifestement pas ? (La situation peut alors devenir cocasse, cocasse au sens français.) C’est de ce genre de termes qu’il s’agit ici. Ou, pour être plus général, il s’agit d’expressions utilisées par deux Mauriciens se parlant français tout en risquant de ne pas être compris — ou pas compris de la même manière — par un Français qui les écouterait parler.

    Il est un fait que lorsque nous parlons français un certain nombre de mots créoles peuvent se retrouver dans nos paroles, mais cela n’empêche pas la conversation d’être en français. (Ce n’est pas parce qu’on dit que « le hedging plombe les comptes d’Air Mauritius » qu’on parle anglais.) Je reconnais toutefois que la distinction entre les deux peut parfois devenir floue. Il en avait été question là : https://mauricianismes.wordpress.com/2009/05/03/mauricien-ou-morisyen/

    Je compte aussi un jour, si le nombre de Mauriciens fréquentant ce blog augmente suffisamment, faire un post en forme de question : « Qui parle français à Maurice, avec qui et dans quelles circonstances ? » J’ai le pressentiment que la réponse, pour peu qu’elle soit honnête de la part des intervenants, sortirait un peu des clichés qui peuvent avoir cours ici-bas.

  131. Oui je parle bien de « ziguiler ». Dans le Carpooran, on l’écrit « zigile » : « bouz-bouzé par exsitasion » Fr. se trémousser, s’agiter.
    J’ai plutôt cru jusqu’ici que ce mot vient de « jubiler »

    La définition de « Zokris » dans le Carpooran est « enn dimounn ki fou ouswa ki kouyon » fr.jocrisse

    Pour l’exercice je suis partant. J’ai aussi quelques anecdotes amusantes sur « l’accent » ou devrais-je dire « les accents » mauriciens vus par des amis français…

  132. Siganus K.

    Ah, vous me rappelez que je m’étais promis d’acheter le dictionnaire d’Arnaud Carpooran. (Dans les Rs 700, c’est ça ?) Je me rends compte qu’en l’absence d’un ouvrage de cette sorte — un dictionnaire monolingue — on pouvait rester dans l’ignorance de certaines expressions en créole. Le vocabulaire de la principale langue de Maurice semble connaître une distribution qui n’est pas tout à fait uniforme, dépendant probablement de l’âge des locuteurs et de leurs origines sociale, communautaire et géographique, ainsi que de leur sexe. Un ouvrage recensant l’intégralité du lexique était nécessaire.

    Une question, si vous avez le dictionnaire à portée de la main : dit-il « kisann-na » ou « kisann-la » ? (Pour par exemple « kisann-■a ti vinn get toi yer asoir ? ») J’ai mené un petit sondage à ce sujet car j’utilisais uniquement la première forme alors que j’entendais des gens le dire avec un l- aussi, et il semblerait que les deux se disent bien. Il pourrait y avoir une influence communautaire et/ou géographique à ce sujet.

    Pour ce qui est des accents, il est possible que nous ayons souffert du même genre de « handicap » : voir plus haut les premiers commentaires de cette page.

  133. Dans le dico kreol, on ne retrouve que la forme « kisann-la » Mais effectivement plein de monde utilise « kisann-na ». J’ai quand même l’impression que c’est la première forme qui est la plus utilisée .

    Pour le dico lui même, j’ai bien peur que les stocks soient épuisés. Je voulais en offrir un à un proche pour les fêtes de fin d’année. J’ai cherché dans toutes les librairies plus ou moins importantes. J’ai reçu la même réponse: « nepli ena ».

  134. Siganus K.

    Voilà qui est encourageant pour Arnaud Carpooran et son éditeur. Je trouve même étonnant, dans une certaine mesure, que ce type d’ouvrage se vende si bien car j’avais l’impression que ce n’était pas là le genre de livre que beaucoup de Mauriciens auraient eu envie d’acheter.

  135. Une deuxième édition est en préparation…

    Personnellement, je lis le dico comme un livre, en découvrant des mots et expressions que je ne connais pas parfois. Par ailleurs, la définition que le dico donne à certains mots ne correspond pas nécessairement à celle que l’on a soit même…

    Les définitions de nos gros mots et autres insultes imagées sont par contre assez justes.

  136. Siganus K.

    Rabin, voilà d’autres nouvelles encourageantes, y compris pour ceux qui ne l’ont pas encore acheté.

    Personnellement, je lis le dico comme un livre, en découvrant des mots et expressions que je ne connais pas parfois. Par ailleurs, la définition que le dico donne à certains mots ne correspond pas nécessairement à celle que l’on a soit même…
    Je comprends parfaitement ce que vous dites là, et je le partage. Je pense en outre que nous devrions être un certain nombre à réagir de la sorte. En l’absence de référence, il me paraît possible — et même probable — que des sens voisins mais différents se développent, à la fois dans le temps et dans l’espace. Par exemple, à propos des mots de ma petite liste, nous avons été quelques-uns à tomber d’accord que, pour certaines choses, les gens d’une école donnée n’employaient pas rigoureusement les mêmes expressions que ceux d’une autre école plus ou moins éloignée. Et que ce vocabulaire géographiquement spécifique, au sein d’une même école donc, était lui-même susceptible de varier au fil des générations d’élèves. A l’échelle du pays tout entier et pour toutes les classes d’âge, la variabilité est susceptible d’être nettement plus importante (surtout si on tient compte des spécificités rodriguaises).

    Pour une langue comme le français, les dictionnaires existent depuis très longtemps et ils constituent des registres étendus et fiables du sens des mots, dont ils permettent même de suivre l’évolution dans le temps. Ce n’est guère le cas pour le créole, les premiers dictionnaires anglé-kreol & Co. ne devant pas dater de plus de 35 ans (mettons de côté le livre de Charles Baissac sur le patois créole (1880) car, s’il donne quelques indications utiles, il n’est pas un dictionnaire en bonne et due forme). Ce qui fait que si mon créole diffère un tant soit peu de celui de Tartempion, il peut être très difficile de dire qui de Tartempion ou de moi-même parle le « meilleur créole ». Chacun ayant des chances de penser qu’il est celui qui a raison, parce qu’il aurait entendu et utilisé une forme ou un sens particuliers toute sa vie durant. Il me semble possible que le dictionnaire d’Arnaud Carpooran fasse grincer quelques dents, dans un premier temps tout au moins, et un certain nombre de personnes pourraient refuser de lui reconnaître tout pouvoir normatif.

  137. Siganus K.

    Pascal Lagesse // 26 octobre 2009 à 12:03 :
    2) Un dumper – véhicule pour transporter des matériaux

    J’ai découvert hier que pour parler d’un “dumper” les Français utilisaient le mot… dumper. (La prononciation française m’est inconnue.)

    Voir par exemple l’article de Wikipédia sur les tombereaux : « Le terme tombereau (dumper en anglais) est utilisé en québécois pour désigner un engin de chantier, ou de carrière, comportant une benne montée sur un châssis. Il est aussi utilisé en France, même si le terme dumper est plus courant. » Pour moi, un tombereau est un de ces énormes camions, aux roues plus hautes qu’un homme, comme ceux que j’ai vus escortés par la police sur l’autoroute cette semaine-ci, ou comme ceux qui travaillaient à l’édification du Midlands Dam. Les petits engins à direction arrière (une caractéristique que je trouve des plus comiques) qui se déplacent dans un nuage de fumée en faisant “pata-pata” ne peuvent répondre à l’appellation de “tombereau”, en dépit de ce qui est écrit dans le dictionnaire. Et, semble-t-il, les Français sont d’accord avec cela puisqu’ils ont eux aussi adopté le terme dumper. (Mais peut-être aussi pour parler des gros camions, que pour ma part je n’appellerais pas dumper).

  138. A. J. P. Crown

    Here’s a long article on Mauritius in the New York Times’s travel section. In picture 9 of 13, they use a peculiar phrase, « food trucks », to describe ice-cream vans.

  139. zerbinette

    Pour moi un « tombereau » c’est comme ça !

  140. A. J. P. Crown

    Either those men are gnomes or that is a very, very big cheval de trait. It doesn’t look to me like a Percheron, I wonder what it is.

  141. zerbinette

    Etant donné que le cheval de trait fait entre 1,60m et 1,80m au garrot et que la taille moyenne de nos arrière-grands-pères était de 1,65 m*, ce cheval me semble tout-à-fait normal.

    Mais je ne crois pas que ce soit un percheron, il a les jambes trop fines.

    Même rapport de taille ici :

    * dans le Berry au XVIIIe, ils étaient exemptés de service militaire car ils faisaient moins de 1,50m…..

    Dans le Limousin, les bêtes de trait étaient des bovins.

  142. zerbinette

    PS : c’est curieux, lorsque l’on tape taille moyenne sur google, on tombe tout de suite sur…. le penis !!!

  143. Siganus K.

    they use a peculiar phrase, « food trucks », to describe ice-cream vans

    Maybe it’s because they are Americans for whom “ice-cream” and “food” are words that have the same meaning.

    The New York Times article doesn’t start very well: under the first picture it is written “Île aux Cerfs is an island off Grand Baie that has a chic resort but a beach open to all.” Well, if one just has a look at the map he will notice they are a quarter of the island away from each other. It also seems to be hard for that kind of article to stay away from clichés, be it published in Le Monde, Le Figaro or the New York Times. “He [the taxi driver] explained that roughly half the population is Hindu, but the Christian and Muslim minorities are very much tolerated, as is the odd Buddhist.” Tolerated ? Well, I may be wrong, or maybe I don’t look enough like a visitor to which that kind of statement could be made, but I have never heard anyone say that kind of thing. Maybe the taxi driver belonged to a famous association of taxi drivers, who knows. However, it looks as if the journalist found something juicy to put in his article.
     
     
    Zerbinette, n’était-ce pas un tombereau tiré par un ou plusieurs chevaux qui a écrasé Pierre Curie, causant sa mort prématurée ?

  144. marie-lucie

    Je me rappelle fort bien le tombereau aux ordures (identique à celui trouvé par Zerbinette) qui passait régulièrement dans notre rue pour y prendre les ordures ménagères, en laissant souvent derrière lui le crottin du cheval qui le tirait, crottin que les habitants s’empressaient de récolter comme engrais pour leurs jardins. C’était à une époque maintenant révolue (les années 50), où relativement peu de gens avaient des autos, et la circulation était très calme: il passait surtout des bicyclettes.

    Quant au cheval, en effet, ce n’est pas un percheron (j’ai grandi dans la région où on les élève), il ne semble pas assez costaud.

  145. zerbinette

    Siganus, pour Pierre Curie, je ne sais pas. Dans mon souvenir (lu autrefois dans la vie de Marie Curie par sa fille Eve Curie), je croyais que c’était un omnibus, d’après sa femme, c’était un « camion ».

    Sinon, j’ai trouvé ceci :

    Jeudi 19 Deux heures et demie, rue Dauphine. Il pleut. Un passant traverse en courant, évite un fiacre, et butte contre l’attelage d’un lourd camion ; le cheval se cabre, l’homme glisse et tombe, une roue lui écrase la tête. Pierre Curie est mort, il avait 46 ans.

    Reste à savoir ce qu’on appelait un camion à l’époque de la mort de Pierre Curie (1906).

  146. Siganus K.

    Zerbinette, nous avons des souvenirs provenant de la même source, autrement dit de la biographie de Marie Curie par sa fille Ève.

    Page 339 :
    « Coupant sa route, un lourd camion, attelé de deux chevaux, débouche du pont et s’engage au trot dans la rue Dauphine.
    « Pierre veut traverser la chaussée et gagner l’autre trottoir. Avec la soudaineté de gestes des distraits, il quitte l’abri du fiacre, dont la boîte carré obstrue son horizon, et fait quelques pas vers la gauche. Mais il se heurte à une bête fumante : l’un des chevaux du camion qui croise le fiacre à la même seconde. L’espace qui sépare les deux voitures se rétrécit vertigineusement. Surpris, Pierre, d’un mouvement maladroit, tente de s’accrocher au poitrail de l’animal qui se cabre. Les semelles du savant glissent sur le sol mouillé. Un cri s’élève, fait de vingt cris d’horreur. Pierre est tombé sous les sabots des percherons. Des passants hurlent : “Arrêtez, arrêtez !” Le conducteur retient les rênes. En vain : l’attelage continue sa marche.
    « Pierre est à terre, vivant, indemne. Il n’a pas crié, il n’a presque pas bougé. Son corps passe, sans même être effleuré, entre les pieds des chevaux, puis entre les deux roues avant du camion. Un miracle est possible. Mais l’énorme masse , entraînée par son poids de six tonnes, franchit plusieurs mètres encore. La roue roue arrière gauche heurte un faible obstacle qu’elle broie au passage. Un front, une tête humaine. La boîte crânienne éclate, une matière rouge et visqueuse gicle de toutes part, dans la boue : le cerveau de Pierre Curie. »
    (Ève Curie, Madame Curie, 1938.)

    Le “camion” en question devait être une sorte de fourgon fermé tiré par des chevaux. Bref, pas un tombereau ouvert.

    Quoique…

    Le TLF propose la définition (vieillie) suivante :
    Camion¹
    A.− Vx. Voiture basse à bras ou à chevaux utilisée pour le transport de charges lourdes notamment à l’intérieur des villes :
    1. … en même temps un omnibus passa, en même temps un gros camion tiré par trois chevaux et chargé de ferraille; les vitres se mirent à trembler. (Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, p. 108.)
    […]
    Étymol. et Hist. 1. 1352 chamion, camion « espèce de charrette » (Gloss. lat. fr., B.N. 1. 4120 ds Gdf. Compl.); 1564 camion « petit véhicule sans roue dans lequel les vinaigriers de Paris traînent leur lie » (J. Thierry, Dict. fr.-lat., Paris); 1680 « charrette pour marchandises » (Rich.); 2. 1751 « voiture montée sur 4 roues, pour fardeaux pesants » (Encyclop. t. 2).

    Il est donc possible qu’il s’agisse d’un véhicule ouvert, c’est-à-dire d’un engin se rapprochant de ce qu’on peut voir sur votre photo.

  147. zerbinette

    Merci Sig pour l’extrait, je n’ai pas réussi à retrouver mon propre exemplaire, on me l’a peut-être « emprunté » ! Ce passage m’avait beaucoup impressionnée mais je ne sais pas pourquoi m’était restée l’idée de ‘ »l’omnibus ». Peut-être une superposition de souvenirs plus récents comme le tramway à cheval vu récemment à Bruxelles ! 😉

    Vraiment, je n’arrive pas à imaginer un tombereau ouvert dans les rues de Paris à cette époque, surtout de six tonnes ! Pour moi, « camion » évoque un véhicule fermé. Mais on trouvait pourtant toutes sortes de véhicules comme en témoignent ces photos.

  148. A. J. P. Crown

    Zerbinette’s tombereau has three wheels, the central one to steer.

  149. Hello Sig,

    je viens de decouvrir votre blog, et j’aimerai vous feliciter pour ce petit bijou. J’aimerai aussi partager une photo avec vous pour l’inclure dans votre blog, si vous le voulez bien… a tres bientot

    Hans

  150. Merci pour vos encouragements, Hans. (S’il pouvait juste y avoir un peu plus de participants mauriciens…)

    J’afficherais volontiers votre photo. Il suffit de l’envoyer à “siganus point k à gmail point com”.

  151. Hello, hier soir je parlais de la chanson « ki passer la, marsan diler » à ma femme, juste après avoir lu ton billet. Je lui ai chanté la chanson, du moins du peu dont je me rappelle. Je suis arrivé au mot « potiss » dans « angler potiss ». Je m’interrogeais sur l’origine et je penchais pour « pastiche »… une suggestion?
    A+
    Sachin

  152. Je me demande s’il ne s’agit pas plutôt de ‘postiche’, le sens étant ici de ‘faux anglais’ -faire semblant de parler l’anglais alors que ce qu’on dit, c’est du charabia.
    Il y a, en créole, par exemple, l’expression ‘arrête cause to anglais potiche’.

    Salam

  153. Siganus K.

    Pour ma part je pensais à une rime entre “English” et “potiche”. En ce qui me concerne j’ai toujours entendu “English potiche” et jamais “anglais potiche”, que la conversation ait lieu en créole ou en français, et je me disais que c’était là une façon de se moquer des maîtres anglais, ou de ceux qui s’efforcent de leur ressembler. “Boug-la koz so inglis potis ar moi…”

    Le Diksyoner de LPT dit ceci : angle potis = poorly spoken english.

  154. Siganus K.

    Bibi : En ce qui me concerne j’ai toujours entendu “English potiche” et jamais “anglais potiche”

    Finalement, après plus mûre réflexion, ceci est sans doute faux. Il me semble que j’ai aussi entendu “anglais potiche”, mais moins que “inglish potiche” je pense (quand il s’agit de la langue, l’inverse étant vrai quand il s’agit des gens).

  155. Dans un chapelet de gentillesses adressées à l’express et à Jean Claude de l’Estrac, le bon docteur Ramgoolam a récemment sorti un mot très rarement utilisé! « Pilinger » Jusqu’ici j’avais entendu ce mot que de la bouche de ma mère. L’origine de ce mot m’a toujours intrigué.
    Serait-ce le résultat d’un route sinueuse si a fait que « se plaindre » devienne « plaigner » qui à son tour est devenu « pilinger » ?

  156. Siganus K.

    Ha, ha ! Voilà qui est amusant : je l’ai lu ce matin dans le journal et j’ai flashé là-dessus moi aussi. « Na pa vinn pilinger kan zot pou asize dan prizon. » Comme c’est un mot que je n’avais jamais entendu, sur le coup j’ai cru à une erreur typographique — d’autant plus que votre Grafi Larmoni n’est pas parfaite. 😉

    J’avoue ne pas bien saisir comment on prononce ce mot écrit ici avec une terminaison en –ger. Any clue?

    Sinon, vous faites le mari dans ce pays-là ? 😆

  157. J’ai entendu deux prononciations…
    ma mère le prononce « pilainguer »
    ce matin au boulot, ceux qui connaissaient le mot disaient plutôt « piliinguer »

    Pour ce qui est de fer mari, la tempête approche parait-il…mais on est à Maurice, les cyclones, ca nous connait!

  158. Siganus K. Sutor

    Et ils sont nombreux, à L’Express, à connaître le mot ? Le fait qu’ils le prononcent “à l’anglaise” suggère une influence de l’écrit par rapport à une transmission purement orale.

    Quant au cyclone, on en est à quel warning ? « “Mo donn zot enn warning”, a-t-il averti » — un avertissement (de cyclone) de grande classe dans la bouche d’un chef de gouvernement.

    Incidemment, vous avez vu que d’anciens directeurs de la météo se lancent en politique ? D’autres warnings en perspective peut-être…

  159. J’en ai entendu 3. Tous ayant 50+ ans. Les plus jeunes ne savaient pas ce que le mot voulait dire. Les camarades de mon âge au bureau n’avaient, pour leur part, jamais entendu parlé de ce mot.

    Warning classe 5! Vous connaissez bien l’expression électorale « vot bloc donne choc » dans le cas de notre ami de la météo, ce sera « vote Sok donne choc! »

  160. Siganus K.

    Opération “Sok & Awe”, pour plagier le Pentagone.

    Bon, de n’avoir jamais entendu l’expression pilinger doit signifier que, à la différence de la ménagère “typique”, j’ai moins de cinquante ans…

  161. zerbinette

    à la différence de la ménagère “typique”, j’ai moins de cinquante ans…

    Non, Sig, pas de différence, la ménagère typique a bien, moins de cinquante ans… et après elle devient atypique ? ou bien elle n’est plus ménagère ?

    Curieux comme le masculin de ce nom est tombé en désuétude…..

    Littré : S. m. et f. Ménager, ménagère, celui, celle qui entend le ménage
    Tilf : II. −Subst. fém.

  162. Siganus K.

    Vous avez raison Zerbinette : l’expression consacrée est “la ménagère de moins de 50 ans”, laquelle n’est pour sa part pas tombée en désuétude, comme en témoigne cet article de l’Ipsos : La ménagère de moins de 50 ans n’a pas disparu.

    Ménager, ménagère, celui, celle qui entend le ménage

    L’entendre est une chose, le faire en est une autre. “Chérie, tu fais moins de bruit avec l’aspirateur s’il te plaît ? On n’entend même plus le match de football !”

  163. zerbinette

    La ménagère de moins de 50 ans n’a pas disparu.
    Pas sûr SiganusK ! Cet article date de 2003, et depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du marketing….

    En 2006, non seulement la ménagère de moins de 50 ans a rendu son tablier… mais La ménagère de moins de 50 ans est morte !

    On peut toujours se demander Qui a tué la ménagère de moins de 50 ans ? mais peu importe, car en 2010 Fini la ménagère de moins de 50 ans, 2010: le pari sur les seniors

  164. zerbinette

    Votre commentaire est en attente de modération

    Ah ! On n’aime pas les « seniors » chez les Martiens ? 😆

  165. Pierre CHASTEAU de BALYON

    feuille de caripoulé (curry poulet?)

  166. Siganus K.

    Caripoulé : cela ne relève pas du « cari poule » ou du poulet, et la plante n’a pas été nommée en l’honneur du sénateur réunionnais Jean-Paul Virapoullé. Il s’agit de la déformation du nom tamoul de la plante, à savoir karivepillai, ce qui se traduit par “curry leaf”, feuille* à (ou “de”) cari. A la Réunion elle porte le nom voisin de caloupilé. Son appellation scientifique est Murraya koenigii, ce qui lui donne un petit parfum mauricien, n’est-ce pas ?
     
     
    * En tamoul ilai = feuille, ce qui se retrouve dans paccilai (de paccu ou patch, vert, et ilai, feuille), mot dont est issu le patchouli. Le caripoulé et le patchouli sont donc parents. Amusant, non ?

  167. Pierre CHASTEAU de BALYON

    1/… »cange » …depuis que j’ai la diarrhéele docteur me fait manger du riz en cange… ???

    2/ … « sensitive » … cette pièce là est émotive comme une sensitive… ???

  168. Siganus K.

    > Pierre

    Le mot “cange” figure déjà dans la liste de mauricianismes, tout comme le mot “cangé” :
    Cange — Amidon. Du tamoul cangee.
    Cangé — Amidonné.
    (Accessoirement, vous en connaissez, vous, des médecins qui font manger du “riz cange” à leurs patients ?)

    Sensitive : S’agirait-il de ce qu’on appelle aussi “balsamine” ? (Il en avait été question là : https://mauricianismes.wordpress.com/2010/02/27/balsamine/.) Pour ma part, à Maurice, je n’ai entendu que le nom balsamine.

  169. Pierre CHASTEAU de BALYON

    Sensitive… Non, il ne s’agit pas des balsamines, mais de cette plante qui pousse dans les endroits plutôt secs et dont les feuilles ressemtlent aux feuilles de flamboyants et se replient dès qu’on les touche… tu vois sûrement de quoi je parle…

  170. Pierre CHASTEAU de BALYON

    Concernant le riz en cange à manger en cas de « courantes », je viens de redécouvrir ce « traitement » en entendant une de nos cousines vivant aux USA me décrir les conseils diététiques du médécin qu’elle a consulté!…

  171. Siganus K.

    Je ne suis pas certain de bien visualiser ces sensitives-là. Mais elles doivent sûrement exister si d’autres les ont vues.

    Les docteurs Américains prescrivent du riz en cange aux gens souffrant de diarrhées ? O tempora…

    Quant au mot cange lui-même, je vois qu’il figure dans le dictionnaire : « Légère embarcation à voiles, utilisée autrefois sur le Nil pour le transport des voyageurs (Gruss 1952). … la cange qui avait amené les deux voyageurs, et qui pendant leur séjour devait leur servir de logement, était amarrée de l’autre côté du Nil, devant le village de Louqsor, ses avirons parés… – T. Gautier, Le Roman de la momie, 1858, p. 152. » (TLF)

    Mais Jean-Claude Antoine, de l’hebdomadaire Week-End, a manifestement une autre définition à proposer, définition qui est aussi un remède susceptible de plaire aux toubibs des États-Unis :

    – Les hommes étaient saouls du soir au matin et faisaient tout le temps leur insignifiants*, tu te rappelles? C’était terrible. Comment on faisait, hein?

    – Je ne sais pas, je te dis. Sans compter qu’après ça leur estomac était détraqué et ils avaient besoin de manger du riz bien cange avec un bouillon de brèdes et de boire de la tisane pour se refaire.

    (Week-End du dimanche 3 janvier 2010.)

    Ce cange-là n’est d’ailleurs pas sans me faire songer à une chose appelée « Patna rice », qui ressemble à ce qui, sur Wikipedia, est appelé “congee” — « The word congee is possibly derived from the Dravidian language Tamil word கஞ்சி kanji. » Kanji qui est donc à l’origine de notre cange.
     
     
     
    * insignifiant dont il avait été question ici : https://mauricianismes.wordpress.com/2009/06/06/insignifiant/

  172. ça y est j’ai trouvé cette fameuse « sensitive » sur Wikipedia… Mimosa pudica de son nom… et pour cause… ceci explique cela…

  173. Il me revient un vieux souvenir d’enfance que je n’ai pas trouvé dans la liste, et qui remonte à l’époque où je perdais mes dents de lait… les fameuses « laporte quartier… », ces trous béants que laissaient ces dents que je confiais avec beaucoup d’espoir aux rats en échanges de quelques sous…

  174. Oui, oui, “laporte quartier”, ce qui faisait rire les petits camarades de classe ou les vieilles tantines…

  175. marie-lucie

    Pierre: ces dents que je confiais avec beaucoup d’espoir aux rats

    Aux rats??? Quelle horreur!

    En France, c’est la souris. En anglais, c’est the tooth fairy, « la fée aux dents ». En tous cas, des créatures minuscules et sans danger.

  176. Siganus K.

    Ah, voilà une colle Marie-Lucie. Je ne sais plus si on parlait de rat ou de souris. Je pense que c’était le rat. Certes, les rats sont aussi ces “grosses” bêtes dégoûtantes qu’on ne veut pas avoir près de soi (Rattus rattus), mais il y a aussi ces petites créatures assez inoffensives aux long museau pointu qu’à Maurice on appelle “rat musqué” et qui sont des musaraignes (Suncus murinus).

  177. marie-lucie

    Siganus,

    Merci pour ces précisions. Le « rat musqué » canadien est tout à fait différent que votre musaraigne (il est beaucoup plus gros, comme un gros chat, et il vit dans l’eau).

    Je me suis toujours demandé pourquoi les enfants étaient censés donner leurs dents de lait à « la souris » (en échange d’un petit cadeau), puisqu’on fait son possible pour ne pas avoir de souris dans les maisons ou les granges. Ce genre d’habitudes a souvent une origine plus ou moins mythologique basée sur des faits naturels.

    Il m’est venu à l’esprit que peut-être cet animal n’avait pas autant de dents que les autres? En consultant les articles de Wikipédia sur la souris et la musaraigne tant en français qu’en anglais, j’ai découvert que la musaraigne a bien les trois sortes de dents des mammifères en général, mais que la souris n’a pas de dents entre les incisives et les molaires (c’est à dire qu’elle n’a pas de canines – comme les chevaux, par exemple). Ce fait doit être à l’origine de la coutume de lui laisser les petites dents des enfants, dont elle doit avoir besoin pour meubler sa propre bouche!

    Il y a beaucoup de légendes associées à la souris, qui avant l’âge de l’agriculture (qui implique la conservation des grains) étaient considérée en général comme un animal bienfaiteur. Par exemple, dans certaines légendes indiennes d’Amérique, la « petite grand-mère souris » vient au secours du héros quand il est dans une situation difficile, par exemple quand il est prisonnier dans une maison où la petite souris peut entrer et sortir sans qu’on la remarque – elle en connaît donc tous les secrets. Il y a aussi des légendes de l’Ancien Monde où une souris ou un rat (seuls ou en grand nombre) sauvent une armée en rongeant les cordes et courroies des tentes et de l’armement de l’armée ennemie.

  178. Siganus K.

    Un rat-garou ? (Ce qui ne serait phonétiquement pas très éloigné d’un rougarou.)

  179. >Marie-lucie
    Pour les hispanophones la petite souris est le « ratón Pérez », et c’est curieux qu’il soit appelé par son nom et non par son prénom. L’histoire des dents et les enfants* est inconnue si bien je viens de lire quelques-unes pittoresques. Pourtant dans le cas précis de cette souris, l’histoire est connue : Un curé espagnol a écrit un conte à la fin du s. XIX sur ce « ratón ». La maison de cette « accapareuse »** a été même signalée et, il y a peu d’années la mairie de Madrid a mis une plaque dans la maison présumée :
    http://yaestaellistoquetodolosabe.lacoctelera.net/post/2006/08/09/el-origen-del-ratoncito-perez

    *Jadis, au moins il y a 48 ans que j’étais petit, seulement l’argent ou le cadeau était en échange de la première dent ; pourtant, aujourd’hui nos enfants nous demandent un cadeau presque quand ils emploient un dentier.
    ** À ce sujet il y a une blague infantile : Quel est l’animal qui a plus de dents ? La réponse est évidente.

  180. marie-lucie

    Jesús, chez moi aussi le cadeau était simplement une pièce de monnaie.

    nos enfants nous demandent un cadeau presque quand ils emploient un dentier

    Un dentier? (= un « appareil » de fausses dents pour ceux qui n’ont plus de dents). Voulez-vous dire une brosse à dents (un cepillo de dientes)?

  181. >Marie-lucie
    Pardon. J’ai écrit trop vite donc trop mal (j’ai battu mon record). Je voulais dire que nos enfants nous « demanderont » ces cadeaux même lorsqu’ils aient besoin de porter des dentiers. Il s’agissait d’une exagération par ironie.

  182. marie-lucie

    Je comprends maintenant! mais je n’avais pas compris votre première phrase. Mais il faut employer le futur, pas le subjonctif comme en espagnol:

    Ils nous demanderont des cadeaux même lorsqu’ils auront besoin de porter un dentier.

  183. Siganus, Marie Lucie et Jesus… c’est bien sympa d’épiloguer sur les rats ou les souris… mais… La porte quartier… qué sa quo? (d’où ça pourrait venir?)

  184. marie-lucie

    Pierre: la porte du quartier ?

    C’est-à-dire peut-être l’espace laissé par les dents tombées, un espace ouvert, comme la porte du quartier, puisqu’il n’y a pas – ou plus – de porte au quartier ? (« quartier » sans doute au sens militaire, encore entouré de murs, mais d’où l’on a enlevé la porte, en laissant seulement un espace libre)?

    « qué sa quo »: vous voulez dire « qu’es aco? » (avec le s de liaison prononcé z comme en français).

  185. Siganus K. Sutor

    Peut-être une porte de quartier (on ne sait de quel quartier il pouvait bien s’agir exactement) était-elle une porte sans battant, ne consistant qu’en une ouverture dans un mur.

    Il ne faut cependant pas oublier que le mot “quartier” a une acception particulière à Maurice, un quartier étant autrefois, au temps des Français, une des régions de l’île : le quartier de Flacq, le quartier des Plaines Wilhems, le quartier de Moka, le quartier de Pamplemousses (ce dernier étant même devenu, par jeu de mots, le titre d’un roman d’Alain Gordon-Gentil). Il n’y avait bien entendu pas de mur autour de ces quartiers-là, donc pas de porte.

    Pour quésaco, on peut voir ici : http://www.cnrtl.fr/definition/quesaco

  186. Je pense que « porte de quartier » fait référence aux énormes portes qui s’ouvraient de place en place dans les enceintes des villes fortifiées, comme Paris par exemple où il n’en reste plus que les noms (Porte de Saint-Cloud, Porte de La Chapelle, Porte des Lilas, etc…). Ouvertes, ces portes, suffisamment hautes et larges pour laisser passer des attelages, faisaient comme un trou béant dans les remparts.
    On parle encore de Portes de Quartier dans certaines villes du Maghreb .

  187. marie-lucie

    Leveto, merci pour cette explication de « porte de quartier ».

    Siganus: la définition que vous donnez de « quésaco » ne mentionne pas que ce n’est pas un « mot » français mais une question en Occitan (adoptée par certains en français sans toujours savoir d’où elle vient).

    « Aco » (ou « aquo ») veut dire « ça », et la structure de la phrase est la même qu’en espagnol « Que es eso? », c’est à dire comme en français archaïque « Qu’est-ce? » (que l’on trouve par exemple dans Molière).

  188. Leveto : Je pense que “porte de quartier” fait référence aux énormes portes qui s’ouvraient de place en place dans les enceintes des villes fortifiées

    Sans doute, Leveto, mais il n’y a jamais eu de ville fortifiée à Maurice. Cela suggère que l’expression aurait été importée d’ailleurs, ailleurs où elle peut-être tombée dans l’oubli aujourd’hui.
     
     
    Marie-Lucie, Pierre ne savait peut-être pas qu’il parlait occitan. Moi non plus.

  189. ► Porte de quartier : Oui, sans doute s’agit-il d’une expression toute faite importée à Maurice.
    ► »Qu’es aco ? » est bien du provençal et s’utilise encore très couramment dans la vie de tous les jours.
    On l’entend aussi renforcé, avec une forte nuance d’agacement, sous la forme:  » qu’es aquèou afaïre? » que l’on peut traduire par  » qu’est-ce que cette affaire ? » c’est-à-dire, en français ordinaire : « c’est quoi encore ce truc ? ».

  190. Siganus K.

    sans doute s’agit-il d’une expression toute faite importée à Maurice

    Peut-être, mais la chose qui me chiffonne un peu dans cette hypothèse c’est que l’expression est dite à la créole, c’est-à-dire sans la préposition du. En outre l’article la est souvent compris comme faisant partie intégrante du nom porte, comme en créole. Il est toutefois possible que l’expression soit repassée en français mauricien après un transit par le créole.

    “qu’es aquèou afaïre?” que l’on peut traduire par “qu’est-ce que cette affaire ?” c’est-à-dire, en français ordinaire : “c’est quoi encore ce truc ?”.

    Voilà qui est amusant, car en français de Maurice et — surtout — en créole “quelque chose”, “un truc”, “une chose”, c’est très souvent “une affaire” (“enn zafer” en créole). “Ayo ! y a une affaire dans mon œil !!” veut dire qu’on a une chose dans l’œil.

  191. qui va vider le « valti » de tata ? le Baïdoum

  192. cette « pièce » la m’a roulé un « tongue ça » blié misère !

  193. Siganus K.

    Alalila, vous dites “valti”, avec le même son initial que dans “valser” ou dans “Vatel” ? Voilà qui est étrange, car pour ma part j’ai toujours entendu “balti”. (Dans la liste de mauricianismes il existe l’entrée suivante : “Balti # Sur les chantiers de construction, récipient (sorte de seau) servant à transporter du béton, du mortier, des clous… Viendrait de l’hindi balti, seau. A rapprocher du « balti curry » — voir caraille.” L’entrée en question a été développée dans ce billet-ci.) Cette prononciation initiale différente est d’autant plus surprenante que cela rejoint la convergence [v]/[b] que l’on connaît en espagnol, langue ayant fait des [b] à partir des [v]. (On parle de La Habana pour La Havane, sans controverse on dit “Balladolid” et vaca, la vache, se prononce “baca”, de même que Vicente se dit “bissennté”.) Ici nous aurions l’effet inverse : un b- devenu v-, si tant est que le mot ne se prononçait pas avec un [v] à l’origine. Mais j’ai effectivement entendu il n’y a pas très longtemps qu’autrefois les baïdoums passaient vidanger les seaux remplis de m… que les gens mettaient à leur attention — s’il est possible de parler ainsi à ce sujet — dans un coin de leur cour, coin communiquant avec la rue par une petite porte que l’on ouvrait pour dévider le v/balti en question. Pour ma part je n’ai rien connu de la sorte. Je suis né au vingtième siècle !

    Quant à “tongue” ou “tongue ça”, je ne l’ai jamais entendu. Sans doute n’ai-je pas assez pratiqué dans le temps. 😆

    Bien vu pour “blié misère”, expression pouvant se rapprocher un peu de la “jouissance de canard Manille”.

  194. >Siganus K.
    Pas claire l’étymologie de « La Habana » mais la plupart des hypothèses ont un « b ». C’est vrai que le « b » et le « v » ont maintenant la même prononciation ; ainsi, par exemple, nous avons le mot « baca » (emprunté au français « bâche » et celui-ci du gaulois «bascanda ») pour la galerie des voitures.

  195. Lui arrive-t-il d’être en peau de vache, cette bâche*-là ?

    * généralement appelée “prélart” en mauricien

  196. Cher Siganus, je ne sais pas si c’est le retour de mon numéro 2 de Maurice qui me donne des envies de remanger un bon… Kat kat de manioc… Est ce une dénomination et une recette typiquement mauricienne?

  197. Depuis son retout le tiboug est down nette et… même son pour moi!?!?

  198. marie-lucie

    une affaire = un truc, une chose

    C’est la même chose en français canadien (qui, comme le français mauricien, conserve des mots et tournures archaïques, et provient surtout du français de l’ouest, particulièrement de la côte atlantique).

  199. marie-lucie

    b et v:

    En espagnol, le v de l’ancêtre latin, conservé encore au seizième siècle, s’est confondu avec le b surtout en début de mot, avec un son intermédiaire entre voyelles. Par contre, en français le b et le p latins sont devenus v au milieu des mots, par exemple « fève » du latin « faba » , « louve » du latin « lupa », « chèvre » du latin « capra » (le e final compte comme voyelle, car il était toujours prononcé en ancien français). Ce type de variation est relativement fréquent dans l’histoire des langues.

  200. Pierre, le katkat doit être un mot typiquement mauricien. MM. Baker & Hookoomsing disent que le mot vient de Madagascar, du betsileo katekaté, ‘manioc vert coupé en morceau. Ce manioc est préparé avec des haricots et des pistaches. Très estimé.’ (La citation serait tirée de l’Essai de dictionnaire Betsileo, d’Henri Dubois, 1917.)

    Mais B & H parlent d’un “plat de morceaux de manioc, de fruit à pain” alors que pour d’autres il s’agirait d’une soupe (?). (Voir ici et la recette qu’en donne Guy Félix, lequel fournit au passage son explication quant à l’origine du mot.)

    Ils parlent aussi du jeu de katkat (quatre-quatre ?), “jeu de hasard dans lequel on pari [sic] sur un coup de deux dés”, mot auquel ils prêtent une origine possiblement bantoue, “cf Sena khakhata ‘dice’ (Livingstone)”, ou dravidienne “cf Tamil kasuk-kattu, ‘gamble with money’ (Knight, Spaulding & Hutchings)”. Il arrivait à mon père, qui était plutôt joueur, d’aller dans le quartier chinois de Port-Louis jouer au katkat. Selon ce qu’il m’en avait dit, ce jeu ne se jouait pas du tout avec des dés, mais avec des jetons et un “board” sur lequel se trouvait quatre cases numérotées 1 à 4. Le tenancier prenait dans la main une grosse poignée de jetons avant que les joueurs ne misent sur un des quatre chiffres. Il posait alors le tas de jetons sur une table avant d’enlever quatre jetons par quatre jetons. A la fin il restait 1, 2, 3 ou 4 jetons, ce qui déterminait le numéro de la case gagnante.
     
     
    “Down net” (éventuellement “mauvais down”) : voilà effectivement une bonne suggestion ! Vous le traduiriez comment ? “Déprimé”, “abattu”, “ayant le blues” ?

    Bonne suggestion aussi pour “même son”, c’est-à-dire “ditto”, “idem”, moysi parey. J’avais “son” comme interjection pour dire “dans le mille”, mais je ne pense pas avoir “même son”.
     
     
     
    Marie-Lucie : C’est la même chose en français canadien [affaire]

    Voilà qui est bon à savoir. Je suppose que l’on ne trouve pas un tel usage en France ? (Cela pourrait pourtant être le cas, à voir ce que dit Leveto plus haut.)

    On peut par ailleurs noter qu’à Maurice le mot affaire n’a pas été connoté par le sens que peut avoir le mot affair en anglais.

  201. marie-lucie

    Siganus, je ne vis plus en France depuis longtemps, et j’y passe trop peu de temps pour être au courant des dernières nouveautés linguistiques, si c’est de cela qu’il s’agissait, ou bien de maines variétés régionales. Je sais qu’il y a pas mal de mots et de traits en commun entre les dialectes (maintenant ruraux) de la France de l’Ouest et les variétés de français parlés outre-mer par des populations originaires de ces régions de France (et aussi dans divers créoles).

    Leveto citait une expression occitane (peut-être même seulement provençale), il ne disait pas qu’elle était aussi dans le français local (bien qu’elle puisse venir d’un français plus ancien).

  202. Merci pour le bog que je viens de découvrir et que je trouve bien intéressant.
    J’ai toujours cru que « couillon » était une insulte unique aux mauriciens ce qui n’est apparemment pas le cas. Google me donne 304,000 résultats. On s’en sert couramment en français?
    Cacahouètes d’ou vient ce mot – j’ai pris un bon temps pour comprendre qu’il sagissait des pistaches.

  203. > Jean
    Vraiment, la cacahouète et la pistache sont deux produits très différents chez nous. Quant à l’origine américaine du mot :
    http://www.cnrtl.fr/definition/cacahouete

  204. > Jean

    L’impression que j’ai est que le mot “couillon” est surtout utilisé dans le Sud de la France.

    Pour ce qui est des cacahuètes — mot emprunté au nahuatl (“cacao de terre”) —, appelées pistaches à Maurice, on peut voir ce billet : https://mauricianismes.wordpress.com/2010/02/20/pistache/

    On a aussi le “beurre pistache”.

  205. le mot “couillon” est surtout utilisé dans le Sud de la France.
    Je confirme. Et ça ne date pas d’aujourd’hui comme on peut le voir ici (cf. la dernière phrase de la scène, tout à fait à la fin de l’extrait).
    Couillon peut être employé aussi bien comme injure — mais plutôt gentillette — que comme terme d’affection. Mon grand-père comme mon père appelaient leurs fils « grand couillon » en les prenant dans leurs bras pour les consoler ou simplement leur dire leur amour. « Allez, grand couillon, viens embrasser ton père! ».

  206. Merci pour les infos.
    Il y a aussi les pistaches boui(s) et dans le temps je me souviens que les marchands itinérants a Maurice emballaient dans des cornets (?) de feuilles en papier du journal. Un délice bien populaire.
    Ceci avant l’arrivée des sacs en plastique.
    On peut les acheter, les pistaches boui(s) ici en Australie au supermarché mais c’est trop salé et pas du tout même gout dont je m’en souviens.

  207. marie-lucie

    le mot “couillon” est surtout utilisé dans le Sud de la France.

    Pourquoi ce « surtout »? Je ne sais pas s’il est en retrait dans le Nord, mais quand j’étais jeune c’était un mot que j’entendais souvent (étant dans un lycée à majorité de garçons). Mon prof de latin de sixième, qui avait un vocabulaire assez cru, l’employait pratiquement à chaque classe.

    Il se peut que l’usage affectueux que décrit Leveto soit particulièrement méridional. Comme mon grand-père (qui était du Tarn) n’avait que des petites-filles, il n’a jamais eu l’occasion de s’adresser à nous de cette façon.

  208. marie-lucie

    des cornets (?) de feuilles en papier du journal

    Jean, oui, « cornet », c’est bien le mot qui convient: des cornets en papier de journal. Autrefois il y avait beaucoup de choses qui se vendaient ainsi, par exemple les frites. Même maintenant, on achète souvent par exemple les dragées en cornets (de carton plus élégant que le papier de journal). (Les dragées sont des amandes enrobées de sucre glacé, en général blanches ou roses, traditionnellement associées aux repas pour les fêtes religieuses: baptêmes, mariages, etc).

  209. Siganus K.

    Marie-Lucie : Comme mon grand-père (qui était du Tarn) n’avait que des petites-filles, il n’a jamais eu l’occasion de s’adresser à nous de cette façon.

    Ah, voilà peut-être le mauricianisme : il arrive, peut-être pas si souvent que cela mais assez fréquemment quand même, d’entendre “une couillonne” à propos d’une fille jugée un peu bête ou étourdie. Et il n’y aurait là aucune arrière-pensée pour quelque organe que ce soit. On entendra par exemple : “Mais non, couillonne, tu as mis les piles à l’envers !” Ce n’est pas forcément très méchant, même si ça peut le devenir, dépendant du ton. Arrive-t-il qu’on entende l’expression “couillonne” en France ?

  210. Siganus:
    je me souviens vaguement d’un sketch de Laurent Gerra imitant Pierre Bellemarre qui s’adresse à Maryse en l’appelant « couillonne ».
    Plus sérieusement, oui, « couillonne » se dit en France, même si c’est plus rare que le masculin. Il me semble qu’il s’agit le plus souvent d’un euphémisme pour ne pas dire « conne ».
    Toujours à propos de « couillon », me revient encore en mémoire les paroles irrévérencieuses mises par les troufions sur la sonnerie de clairon dite « aux Champs » (jouée lors du passage en revue des troupes):
    V’la l’général qui passe, tout tordu, mal foutu, l’pantalon tout décousu.
    V’là le général qui passe, nom de nom, quel couillon, ‘sait même pas signer son nom!

    ce qui semble attester que le mot n’est pas réservé aux méridionaux.

  211. marie-lucie

    Leveto, personne n’a dit que le mot était « réservé aux méridionaux », seulement qu’il s’employait « surtout » dans le Midi, ce dont je doute.

    Cela dit, ni le masculin ni le féminin ne sont des mots que j’emploierais moi-même., car pour moi ils sont extrêmement grossiers. Je conseillerais aux étrangers de les apprendre pour les comprendre mais pas de les ajouter à leur vocabulaire actif.

  212. Marie Lucie, je comprends très bien que ces mots vous paraissent extrêmement grossiers, néanmoins, dans ma province en tout cas, ils sont d’un emploi relativement courant mais réservés au langage familier ou de la rue. Et, s’ils sont employés injurieusement, c’est quand même avec un sens nettement adouci par rapport à d’autres injures plus universelles comme « con » ou « connard » par exemple, qui, pour le coup, me font presque honte rien que de les avoir écrits… Autant un chauffard pourrait descendre de voiture pour jouer des poings en s’entendant traiter de « connard », autant le traiter de « couillon » ne l’inciterait qu’à vous traiter en retour de « fifre » ou de « jobastre »!
    Que ce mot n’ait pas cette nuance euphémique ailleurs en France est très possible: il y a en Provence une tradition du parler fort et imagé (et souvent vulgaire) qui ne semble pas près de s’éteindre!

  213. Je vous prie de m’excuser si j’ai offensé toute personne par mon enquête. Certes c’est un mot dont je m’en sers bien rarement, réservé là ou une personne par ses actes idiot et incompréhensif me fâche et émis par la colère du moment.
    C’est beaucoup plus fort que con et parfois bien mérité.

    leveto – je ne soutiens cette honte car n’est ce pas Brassens qui nous avis que « quand on est con on reste con » dans sa chanson?

    Priez aussi d’excuser mes fautes qui s’affichent par mon manque d’emploie de la langue.

  214. marie-lucie

    Jean, je crois que c’est à moi que ce discours s’adresse: je ne suis pas « offensée » – on peut discuter du sens et de l’emploi d’un mot sans employer soi-même le mot – quel qu’il soit – dans notre usage personnel. Mon commentaire était pour les éventuels visiteurs étrangers.

    Leveto, il y a longtemps que je ne vis pas en France (j’y vais de temps en temps), et d’après ce que je lis dans la presse, j’ai l’impression que les mots grossiers ont perdu de leur force depuis ma jeunesse, puisqu’il semble qu’on les emploie de plus en plus dans le langage courant.

  215. Content de le savoir, Marie-Lucie bien que je le diriger en général, juste en cas, à ceux qui le sont ou pourraient l’être.

    BTW, je me demande si pour les femmes avec des mots comme cela si c’est uniquement un choix de ne pas les utiliser ou si au premier abord ils ne viennent nullement a l’esprit. Les femmes sont-elles plus raffinées et sages que les hommes?

    L’emploi accru des mots grossiers, des jurons, je pense fait partie de l’évolution des mœurs moderne. Les sujets tabous qui auparavant s’associaient a la honte, au silence et à la cache (comme le divorce ou des préférences sexuelles. par exemple) sont maintenant librement discutés et sans s’en soucier. Certains, j’en suis sur, n’arrivent plus a faire la différence entre le familier et le poli.

  216. Huile Lourde.
    ——————
    L’Express du 5 octobre 2010: L’essence passe à Rs 44.70/litre, les prix du diesel et de l’huile lourde inchangés.

    Wikipedia : Au début de 1897 Rudolf Diesel construit un prototype fonctionnel, qui deviendra le « moteur Diesel ». Son brevet est déposé sous le nom de « moteur à huile lourde », car c’est avec ce produit, alors très bon marché par rapport à l’essence, qu’il fonctionne. Les huiles lourdes sont des résidus de la distillation du pétrole brut après extraction des produits utilisés à l’époque : un tout petit peu d’essence, beaucoup de pétrole lampant et de produits de graissage (huiles et graisses).

  217. Siganus Sutor

    > Breizh

    Vous proposez l’expression “huile lourde” comme mauricianisme ? Il me semble pourtant qu’il s’agit là d’un terme assez répandu dans le monde, au-delà de nos rivages. On le retrouve dans ce document suisse donnant la définition de plusieurs produits pétroliers : http://www.sappro.ch/docs/divers/petrole_matiere_premiere.pdf
    On le retrouve dans un article du magazine français L’Expansion : http://www.lexpansion.com/economie/que-reste-t-il-du-pouvoir-de-l-opep_238848.html
    Google.fr n’est par ailleurs pas avare de citations quand on rentre les mots “huile lourde” dans le moteur de recherche. Pour ma part je n’ai pas l’impression qu’il s’agisse d’une expression particulièrement mauricienne. Il est toutefois vrai que les noms donnés aux produits dérivées du pétrole connaissent une grande variation d’un pays à l’autre (fioul, mazout, huile, diesel, gazole, etc.), que ce soit en français ou en anglais — et probablement dans d’autres langues à diffusion internationale.

  218. marie-lucie

    les noms donnés aux produits dérivées du pétrole connaissent une grande variation d’un pays à l’autre (fioul, mazout, huile, diesel, gazole, etc.)

    Siganus, je ne m’y connais pas tellement en produits pétroliers, mais ces mots ne sont pas tous synonymes, non?

  219. Siganus K.

    Non, pas tout à fait. Diesel et gazole (mot utilisé en France) le sont. Mazout et fioul (et huile dans une certaine acception) devraient l’être aussi, bien qu’il puisse peut-être y avoir quelques différences subtiles entre les deux. Est-ce que le petrol anglais et le gas (gasoline ?) américain sont exactement la même chose ? Comment différencie-t-on l’essence du diésel aux États-Unis et au Canada ? Y a-t-il des différences entre kerosene et paraffin ? Pour y répondre il faudrait sans doute une personne ayant des connaissances étendues en pétrochimie…

  220. >Siganus K.
    Il s’agit, simplifiant, des différentes fractions (un bon mélange d’hydrocarbures) obtenues de la distillation du pétrole selon leurs points d’ébullition.
    D’ailleurs, on peut avoir quelques différences (ou nuances) malgré la dénomination pareille selon les pays ; ainsi, par exemple, l’indice d’octane pour les essences, ou l’indice de cétane pour les diesel peuvent-ils changer, même avec le temps, la législation, etc. J’ai connu, chez nous, l’essence de 90, 92, 96 et 98 octanes.

  221. Je suis loin d’être une spécialiste en pétrochimie…. mais les mots utilisés dans la vie courante par ici sont : diesel pour qualifier certains moteurs, gazole pour le carburant utilisé pour ces moteurs diesel, fioul pour le carburant utilisé pour le chauffage (identique au gazole mais détaxé, donc de couleur différente (rose) pour éviter les fraudes).

  222. marie-lucie

    Zerbinette, est-ce que mazout est démodé? C’est un mot russe, tandis que fioul = l’anglais « fuel » qui désigne n’importe quel combustible (bois, charbon, etc).

    Le carburant des voitures à moteur diesel dégage une odeur spéciale pas très agréable. Je suis étonnée de découvrir qu’on utilise le même carburant pour le chauffage des maisons (à moins que le produit utilisé en Europe soit plus raffiné que celui qui a cours en Amérique).

  223. Marie-Lucie, je ne sais pas si mazout est « démodé » mais on ne l’entend quasiment pas. Fioul ne désigne pas n’importe quel combustible mais uniquement celui dérivé du pétrole utilisé pour le chauffage (apparemment une particularité française). Quant au gazole utilisé pour les voitures à moteur diesel, il a la même odeur que l’essence et a le gros avantage (en France) de coûter moins cher et en plus ce genre de moteurs consomme beaucoup moins de carburant ce qui explique leur « explosion » en France !

  224. Chez nous le « fuel » ou « fueloil »([fou’el],[fou-e’loil] ) était jadis le combustible utilisé pour le chauffage et aujourd’hui on utilise le « gasoil » ; à ces mots ont l’ajoute « de calefacción » pour faire la distinction entre autres types utilisés dans certains moteurs . D’ailleurs, le « gasoil » est qualifié d’A, B et C selon leurs usages mais il s’agit du même produit (donc la même raffinage) ayant seulement les différences remarquées par Zerbinette ; pourtant, l’odeur du gasoil et de l’essence ne sont pas pareilles.

  225. Pardon.
    « Le » raffinage. J’en ai besoin aussi pour épurer mes textes.

  226. Zerb
    je ne sais pas si mazout est « démodé » mais on ne l’entend quasiment pas.

    Ce n’est pas mon impression. Je chauffe ma maison en Bretagne au « mazout », et pas au « fioul ». Et derrière ma maison, il y a une cuve à mazout, pas une cuve à fioul. (Pour autant, je vous concède que je fais annuellement le plein de « fioul », pas de « mazout »…)

    Idem en Belgique – là, j’ai un chauffage au gaz, mais j’ai dû virer (ça n’a pas été une mince affaire) une ancienne « cuve à mazout » qui occupait inutilement un espace important dans la cave…

  227. “Mazout” ne serait-il pas le terme qu’on utilise le plus fréquemment en France pour parler de la pollution aux hydrocarbures noirâtres sur le littoral atlantique ?

    Pour moi aussi le diesel et l’essence ne sentent pas pareil. (Entre parenthèses, on ne dit jamais “diesel” en France pour parler du carburant lui-même ?)

  228. marie-lucie

    Peut-être les différents pays ont-ils des normes différentes pour les différents produits dérivés du pétrole, même s’ils emploient le même mot.

    Zerbinette, je sais bien que « fioul » en français ne veut pas dire le bois de chauffage comme en anglais (entre autres genres de combustible). Je me demande seulement pourquoi on a jugé utile d’emprunter ce mot en remplacement de « mazout » pour désigner le produit qu’on brûle pour chauffer les maisons, produit qui est sans doute plus raffiné que le « mazout » que l’on transporte dans les bateaux construits à cet effet. Est-ce que « mazout » a remplacé « pétrole brut » (ce qu’on appelle en anglais « crude ») ?

    Il est typique d’un mot emprunté à une langue étrangère qu’il soit emprunté avec un sens restreint, par exemple en anglais « cake » veut dire n’importe quel genre de gâteau, mais en français on l’emploie seulement pour le gâteau aux fruits mélangés à la pâte, typiquement anglais.

  229. >Marie-lucie
    Étant le berceau de la Pétrochimie et le raffinage du pétrole les États-Unis, comme vous savez, la plupart des mots usités ont une origine anglo-américaine, au moins en Espagne, si bien certains d’eux ont derrière le latin et/ou le grec. Il s’agit de science et technologie relativement nouvelles qui ont crée un argot propre.
    Ainsi, par exemple, quant à produits, nous avons : « crudo » « gasolina », « gasoil », « fueloil », « queroseno », « coque », etc. D’ailleurs, comme concepts et processus : « craqueo », « reformado », « severidad », etc.

  230. Aquinze et Sig, en Bretagne c’est normal qu’on parle plus de mazout que dans la France profonde et perdue du Centre où les marées noires ne sont jamais parvenues…. On parle d’oiseaux mazoutés et pas « fioulés » ! Mais lorsque ma cuve est vide, je la fais remplir de fioul (et c’est bien ce qui est marqué sur la facture) ou de « superfioul » (qui encrasse moins ou qui est meilleur en cas de grand froid ?) si je ne veux pas me geler les….. miches.

    Marie-Lucie, c’est trop me demander que de m’interroger sur l’utilité du mot fioul ! Avoir un mot spécifique pour le carburant qui ne sert qu’au chauffage sans-doute ? (sauf chez les Bretons) Pour le distinguer du « mazout » qui se répand sur les plages comme l’écrit Sig et qui est comme vous le suggérez sûrement équivalent au pétrole brut.

    Jesús et alii, vous avez sûrement raison pour l’odeur différente entre essence et gazole. J’utilise du gazole (et définitivement pas du diesel) pour faire rouler ma voiture et de l’essence pour nourrir mon mouton vert mais je n’ai jamais fait attention à une différence significative d’odeur ! J’ai aussi du pétrole « déraromatisé » dans une bouteille pour remplir ma vieille « lampe à pétrole » et ma « lampe-tempête ». Il faudra que je fasse un test d’odeurs à l’aveugle un de ces jours !

    Quant à mon avion, il vole au kérosène sans doute l’équivalent du « queroseno » de celui de Jesús……

  231. >Zerbinette
    Quant au nettoyage de vos brosses, c’est très probable que vous utilisez « white-spirit » (avec ce nom ou un autre), un mélange d’hydrocarbures « cousin » de l’essence, quoique il se peut que vous ayez encore de l’essence de térébenthine, une « fille » du pin.

  232. marie-lucie

    Zerbinette, excusez-moi si j’ai créé un malentendu, mais j’ai écrit « je me demande », pas « je vous demande ».

    Je me demande donc pourquoi, comme nombre de nos compatriotes, apparemment, vous vous chauffez au « fioul » ou au « gazole » tandis qu’Aquinze se chauffe au « mazout » (comme mon père d’ailleurs), quand ces mots désignent sans doute le même produit.

    Quant à l’odeur des différents carburants pour les voitures, il se peut que le carburant des voitures diésel vendues dans certains pays ait subi une manipulation supplémentaire pour en supprimer ou en atténuer l’odeur. Ici au Canada, la plupart des voitures marchent à l’essence ordinaire, mais en montant dans certaines voitures allemandes à moteur diésel on remarque tout de suite l’odeur du carburant (qui est moins cher que l’essence, en effet, mais dont l’odeur peut incommoder).

  233. marie-lucie

    (je veux dire le carburant vendu dans certains pays pour les voitures à moteur diésel)

  234. >Marie-lucie
    En ce qui concerne le mot « mazout » dont je suis frappé (par mon ignorance de la langue) le TLFi dit que fuel(-oil) (sic) est un synonyme, si bien la définition est bizarre par imprécise. Je ne sais pas encore quel est le produit dont tous vous parlez selon vos régions et/ ou pays.
    Quant à l’odeur, il ne s’agit pas d’une manipulation supplémentaire ; il s’agit d’une fraction différente. Cela n’est pas le cas des goûts et des couleurs (LOL).
    Par rapport à la différence des prix de l’essence et le gazole, les impôts ont beaucoup à dire ; chez nous, cette différence a diminuée considérablement. D’ailleurs, je peux vous raconter que, il y quelques ans, je suis allé parfois au Portugal (7 km de ma maison) pour acheter du gazole et maintenant sont les Portugais les « acheteurs » chez nous, et aussi de l’essence.

    >Zerbinette
    Comme blague, si vous me permettez, et d’accord à la signification des mots, c’est drôle penser à l’odeur d’un pétrole désaromatisé.

  235. marie-lucie

    un pétrole désaromatisé

    Je ne dirais jamais que le pétrole a un « arôme », sauf peut-être pour faire une plaisanterie. Le « pétrole lampant », pour les lampes à pétrole, justement, a une odeur moins forte que celle du pétrole ordinaire, parce qu’il est sans doute plus raffiné (il dégage moins de gaz désagréables), et on y ajoute souvent un parfum (par exemple de lavande), aussi bien qu’un colorant pour faire plus joli dans le réservoir en verre de la lampe.

  236. Une petite tentative pour mettre les choses au clair:
    La nomenclature internationale pour les dérivés du pétrole est basée sur la température de raffinage ( température d’ébullition des produits) et sur la densité ( dépendant de la longueur de la chaîne moléculaire des hydrocarbures) du produit fini.
    ►Le Pétrole : inutilisable non traité, il doit être raffiné.
    ►Le Gaz de pétrole liquéfié (GPL) est la partie la plus légère, gazeuse à température ambiante.
    ►L’ Essence est une partie légère, obtenue à basse température (35° à 180° C) et désulfurée.
    ►Le Kérosène ou pétrole lampant , plus lourd que l’essence, est obtenu de 150 ° à 250°C. Comme son nom l’indique il était surtout utilisé pour l’éclairage; aujourd’hui utilisé comme carburant dans l’aviation notamment.
    ►Le Diesel , appelé Gazole en France, obtenu de 250à 360°C ; contient plus de soufre que l’essence, d’où l’odeur. « Gazole » vient de Gas-oil , « huile de gaz », car utilisé au début comme matière première pour la production de gaz.
    ►Le Mazout (ou Huile de chauffage Extra-Légère ), de densité moyenne, distillé aux mêmes températures que le diesel. Coloré en rouge pour le différencier du diesel. Mazout est issu d’un mot russe.
    Les anglais appellent gasoil l’ensemble mazout + diesel; tandis que les Français appellent fioul le mazout. Ce mot fioul est un reste de la traduction de fuel-oil , « huile combustible », utilisé au début de l’histoire du raffinage et qui n’est guère plus employé qu’en français…
    ►L’ Huile de chauffage lourde , appelée Fioul lourd en France, est utilisée notamment dans les cimenteries. Obtenue à des températures supérieures à 350 °C.
    ►Enfin, le Bitume est le résidu visqueux de la distillation.

  237. Leveto, merci pour toutes ces précisions. C’est sans doute mon passé fiscal qui m’incite à employer les mots préconisés par l’administration 😉

    Jesús, en France aussi la différence de prix entre gazole et essence s’est beaucoup réduite, elle avait été instituée au départ pour privilégier les professionnels qui utilisaient les moteurs diésel alors que les particuliers utilisaient des moteurs à essence. Aujourd’hui ils sont privilégiés par le biais de la TVA, puisque le gazole est le seul carburant sur lequel la TVA est récupérable. Mais le gazole revient toujours moins cher puisque les véhicules diésel consomment beaucoup moins de carburant que les autres. Je n’ai pas parlé du white spirit car je ne l’utilise pas comme carburant, sauf peut-être dans les voitures Playmobil ? 😉

    Marie-Lucie, si on hésite entre mazout et fioul, en revanche personne ne dit qu’il se chauffe au gazole ! Je suis bien d’accord avec vous et avec Jesús pour trouver curieuse cette appellation de pétrole désaromatisé mais c’est ce qui est écrit sur la bouteille ! En fait il n’est pas tout à fait inodore mais il est incolore.

    A propos d’arôme, en cherchant, j’ai vu que le TLFi parlait d’arôme pour le benzène* : Hydrocarbure liquide, volatil, de la série aromatique, obtenu par distillation des goudrons de houille.

    * au fait, les Allemands eux, appellent l’essence carburant, « Benzin »

  238. >Marie-lucie
    Le mot « aromatique » est usité pour nommer les composés qui sont cycliques et non saturés, et ainsi ont fait la distinction entre c. aromatiques et aliphatiques. Le benzène est le plus connu. Ce nom est vraiment relié à l’arôme parce que plusieurs d’eux ont une odeur même agréable.
    Suivant avec les odeurs, les gaz comme le propane, le butane, etc. sont inodores. Pourtant, comme vous savez, ont une odeur caractéristique dûe à l’adition de certains produits pour nous aider à sa détection par sécurité.
    Comme curiosité, et pour avoir eu une utilisation pareille, on parle aussi de « aceite lampante » (huile lampante) pour nommer l’huile d’olive vierge avec, au moins, 2º d’acidité ; cette huile ne peut être vendue pour la consommation humaine ; on a besoin de raffinage.
    >Leveto
    Oui, c’est assez clair votre com. Pourtant, sauf si le français «oblige », je préfère ajouter l’adjectif « liquéfié » à « gaz » donc GLP. Il s’agit surtout du propane et butane, les gaz que nous achetons liquéfiés dans les bouteilles.
    Quant au mazout, selon j’ai compris par votre texte, s’il a le même point d’ébullition que le diesel, il s’agit du même produit (bon, mélange, bien sûr) ou une fraction de lui.
    De toute façon, la liste donnée est seulement le résultat de la dite distillation atmosphérique (« topping ») ; par exemple, l’essence obtenue par ce processus n’est pas suffisant ni a les spécifications requises pour nos voitures donc il faut la produire aussi à partir d’autres fractions plus lourdes comme, par exemple, le naphta lourd avec le reformage.

  239. >Zerbinette
    Oui, j’avais pensé à l’inscription dans votre bouteille. À ce sujet, avez-vous vu le prix de l’essence qui est vendue pour les briquets type Zippo ? Sa purification doit être presque sacrée.
    Pour les types de diesel, chez nous notre gendarmerie parfois fait un prélèvement des réservoirs des voitures pour éviter la fraude ; je connais certains qui utilisent le gazole agricole dans sa voiture.

  240. leveto
    « le pétrole : : inutilisable non traité, il doit être raffiné. »
    Un vieux, très vieux souvenir, un camion Berliet énorme, sur un puits du Sahara, il a fait le plein de brut (extra léger), et il est reparti !
    Le puits était près de Hassi Messaoud, mon père filmait la scène.

  241. >Arcadius
    Et l’huile moteur peut tirer quelqu’un d’embarras s’il a une voiture diesel.
    P.S.
    Depuis quelques années, je fais, comme démonstration, un peu de biodiesel avec de la potasse, du méthanol et d’huile de tournesol ; très facile à faire mais je ne l’ai pas mis dans ma voiture (LOL).

  242. Vous souvenez-vous des gazogènes de la 2nde Guerre mondiale, lesquels fonctionnaient avec à peu près n’importe quoi il me semble ? Vous avez fini de frire vos gâteaux piment ? Allez, le restant de l’huile de la caraille dans la bagnole. Vous avez coupé quelques branches de votre badamier ? Le bois dans la bagnole. Peut-être y reviendra-t-on bientôt, quand les sables bitumineux du Venezuela seront épuisés.

    Arcadius, que faisiez-vous donc dans le Sahara avec votre père ? (Je vois dans mon Atlas qu’Hassi Messaoud est en bordure du Grand Erg Oriental. Certainement pas une place où emmener un enfant ! :-))

    Leveto, il me semble avoir vu des moteurs hors-bord fonctionnant au kérosène. En revanche quand ils tournaient en “veilleuse” (mauricianisme ?), c’est-à-dire au ralenti, ils devaient brûler de l’essence sous peine de s’éteindre. (Je crois.)

  243. Jesús
    Sans oublier l’huile de ricin, je l’utilisais dans les courses de côte, souverain !

  244. Oui, Siganus, le kérosène n’est pas utilisé que dans l’aviation, bien sûr!
    Mais sa « légèreté  » comparée à l’essence et son point de fusion plus bas en font le carburant de choix pour les avions.
    On l’utilise aussi en additif pour les voitures: c’est le célèbre Wynn’s pour injecteurs.

    Arcadius, du pétrole pour un moteur de poids lourd ? Dans quel état devait être ledit moteur en fin de parcours !
    Votre histoire m’ a aussitôt fait penser au Salaire de la peur , allez savoir pourquoi…

  245. Berliet avait mis au point ce moteur pour le trafic entre les puits.

  246. Le « salaire de la peur », j’ai bien aimé le personnage du vieux , le faux dur qui se dégonfle peu à peu, Montant paraissait un peu tendre.

  247. >Arcadius
    L’huile de ricin, mélangé avec méthanol et nitrométhane, est utilisé dans les moteurs d’automodélisme et aéromodélisme.

    >Leveto
    Une petite précision : Le kérosène est une fraction plus lourde que l’essence si nous parlons des points d’ébullition.

  248. ►Oui, Jesús, erreur d’inattention de ma part. Le kérosène est plus lourd que l’essence. Ce qui en fait tout l’intérêt est sa température de congélation plus basse.
    ►Arcadius : le personnage joué par Charles Vanel dans le Salaire de la peur est en effet le plus réaliste — parce que le plus complexe, bourré de contradictions — tandis que le héros, joué par Montand, est , comme tous les super-héros, fait d’un seul bloc, sans surprise et peu réaliste.

  249. marie-lucie

    leveto, merci de toutes ces précisions.

    En Amérique le « kerosene » n’est pas la même chose que le pétrole lampant (lamp oil). J’avais acheté une bouteille de « kerosene » pour en mettre dans les lampes à pétrole que je garde en prévision des pannes d’électricité, et ce liquide, trop lourd, dégageait une fumée fort désagréable. Je ne sais quoi faire avec ce qui me reste: je pourrais m’en servir si j’achetais un réchaud de camping ou un appareil de chauffage d’appoint qui utilise ce combustible, mais cet appareil est censé être utilisé dans un espace suffisamment aéré, il n’est donc pas très utile pour chauffer une maison en cas de panne l’hiver. Mais le « pétrole lampant » n’a pas ces inconvénients.

  250. @ Jesús, Zerb

    Aujourd’hui ils sont privilégiés par le biais de la TVA, puisque le gazole est le seul carburant sur lequel la TVA est récupérable.

    Ce n’est pas le seul avantage !

    Pour les types de diesel, chez nous notre gendarmerie parfois fait un prélèvement des réservoirs des voitures pour éviter la fraude ; je connais certains qui utilisent le gazole agricole dans sa voiture.

    En France (et aussi en Espagne, je crois), les pêcheurs et les agriculteurs ne payent pas d’accises (ou payent des accises réduites) sur le gazole utilisé pour les bateaux et les tracteurs. D’où une forte tentation de l’utiliser aussi pour leurs voitures 😉 D’où aussi la différence de couleur, afin que les pandores puissent immédiatement constater le détournement sans avoir à se livrer à une analyse pétrochimique préalable …

  251. Oui, Aquinze, ce « gazole » est identique au fioul, c’est ce dont je parlais dans mon premier message du 10 octobre.

    Une directive Européenne portant sur la réduction des émissions polluantes prévoit de remplacer le fioul domestique par un nouveau carburant baptisé gazole non routier (GNR) devant être utilisé dès 2011 pour les engins de travaux publics et en 2012 pour les agricoles, les bateaux, je ne sais pas.

  252. NB : Hypocrisie ? la Commission européenne ferait bien de se pencher aussi sur l’utilisation polluante du fioul dans les chaudières…..

  253. @Zerb

    Je ne sais pas si le « gazole » utilisé par les véhicules utilitaires et les voitures « diesel » est identique au « fioul » de chauffage (autrement dit, je ne sais pas si on peut utiliser du gazole détaxé pour chauffer une maison et si ça se fait), mais je sais qu’il est de pratique assez courante chez les agriculteurs/pêcheurs d’utiliser du gazole détaxé à usage strictement professionnel comme carburant pour des véhicules personnels. Et apparemment, selon Jesús, les gendarmes contrôlent les réservoirs des voitures plutôt que les réservoirs des chaudières…

  254. >Aquinze
    En Picaresquiland, aussi appelé Espagne, il y a un tas d’années l’État a dû faire la teinture du blé qui achetait pour garantir un bon prix ; les agriculteurs malins rachetaient ce céréale pour le vendre à l’État de nouveau et gagner la différence sans besoin de faucille.
    Quant au gazole détaxé, il peut être utilisé pour chauffer une maison, bien sûr.

  255. marie-lucie

    Jesús, la « teinture » du blé? On peut donc « teindre » le blé pour qu’il ait une couleur différente?

  256. Oui, on peut « teindre » le blé : quand il est bleu, c’est pour les souris. Et elles en tombent raides !

  257. marie-lucie

    Peut-être, mais dans ce cas il ne serait plus revendable au gouvernement!

  258. leveto
    Oui ! Vanel, j’avais oublié le nom de ce grand comédien (et écrit MontanT).
    Vous souvenez-vous de Vanel dans l’aîné des Ferchaux ?
    http://www.indavideo.hu/video/EN_DUO_-__LAINE_DES_FERCHAUX_-_1963_-_JEAN-PAUL_BELMONDO_ET_CHARLES_VANEL/

    Sig, une suggestion, parlez ciné !

  259. Sig, une suggestion, parlez ciné !

    C’est vrai, ça. On n’a jamais tourné de films à Maurice ? Les paysages paradisiaques de l’île ont tout de même bien dû inspiré certains réalisateurs…

  260. Maurice, ça tourne !

    Bollywood : « Imran et Deepika tourne ‘Break Ke Baad’ à l’ïle Maurice. ‘Break Ke Baad’ est révu pour fin 2010. »

    « Help, c’est le titre du dernier film de Bobby Deol. Un film d’horreur tourné en partie à l’Ile Maurice en 2009.  »

    Le meilleur pour la fin : « Vikash Dhorasoo, ancien footballeur mauricien qui a évolué au sein de l’équipe de France, sera à Maurice pour tourner son film Substitute, réalisé avec Fred Poulet, cinéaste de Dijon. »

  261. Le plus ancien film tourné à Maurice dont j’ai entendu parlé est: « The forgotten island of Santosha » en 1974.

  262. >Marie-lucie
    Je profite l’entracte du cinéma pour vous écrire un dernier com par rapport à la couleur du blé. Hier soir j’ai téléphoné à l’ami qui m’avait parlé in illo tempore de la fraude et il m’a dit que la couleur était rougeâtre mais il ne sait rien du produit utilisé. Le contrôle par l’État a commencé en 1937 mais il a changé avec le temps, ayant fini à cause de l’entrée dans l’UE.
    Comme blague, et pas du tout prémonitoire :

    «[Le Petit Prince] – Alors tu n’y gagnes rien !
    – J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. »

    (Le Petit Prince, chapitre 21)
    Était le renard le vendeur du colorant ?

  263. Sig, une suggestion, parlez ciné !

    Je crains de ne pas être à même de le faire, ayant toujours de loin préféré la lecture au cinéma. (Mais j’ai vu Les Dents de la mer.)

    Côté martien, je me souviens d’un film tourné à Maurice qui avait fait un tabac : Kuch Kuch Hota Hai. Il y avait par ailleurs un navet dans lequel apparaissait l’acteur français Gérard Depardieu. Barlen Pyamootoo a aussi tourné un film tiré de son roman Bénarès — le premier long métrage d’un réalisateur mauricien —, mais j’avoue ne pas bien savoir ce qui est arrivé après le tournage.

  264. Watouks–>fataks

  265. Siganus K. Sutor

    Wayne, il me semble avoir déjà entendu ce mot “watouk” (ouatouc), mais je n’arrive pas à me souvenir si c’était le ti nom gâté d’une personne ou le nom d’un lieu. Ce watouk-là serait les fataks que sont les grandes herbes poussant au bord de certains chemins ou champs (Panicum maximum) ou bien les fataks dont on fait des balais ?

  266. Les Watouks sont des plantes invasives sauvages avec des petits fruits rouges. Lorsqu’on appui sur le bulbe il y a une chair blanchâtre comestible. Les enfants aiment beaucoup manger les Watouks.
    Je n’ai pas trouvé de photo sur le Web mais la plante est très similaire à la Clidemia hirta.
    Les Fatak sont d’autres plantes avec lesquelles on fabrique les fameux balais Fatak. Le terme est plus généralement utilisé pour faire référence à des buissons…

  267. J’ai trouvé une image sur http://svt.ac-reunion.fr/index.php?option=com_wrapper&view=wrapper&Itemid=196.
    Cliquer sur Voatouque au bas à gauche…

  268. Meilleure photo du Watouk (Tristemma mauritianum):

  269. Ah oui, Breizh, j’ai déjà vu ces plantes-là. Ça serait ça les “watouks” ? Il s’agirait donc de Tristemma mauritianum, qu’on trouverait dans les Mascareignes, à Madagascar et en Afrique tropicale, espèce qui aurait été introduite en Australie, dans le nord-est du Queensland, par des Mauriciens à la fin du XIXe siècle. (Pour une fois que l’invasion a lieu dans ce sens-là.) Mais je ne vois pas que la plante ressemble aux fataks (fataques).

    Au sujet de ces fameux fataques, il convient d’être prudent : il existe plusieurs plantes portant ce nom. Tout d’abord, le grand fataque est une grande herbe (graminée), pouvant faire plus de 2 mètres de haut, poussant au bord des champs, des chemins et sur les terrains vagues — d’où sans doute l’expression “baiser dans les fataques/bez dan fatak” pour signifier faire une sortie de route ou une chute. Elle porte le nom de Panicum maximum et fleurit avec une petite houppette. Et puis il y aurait le petit fataque, voisin, de taille plus réduite. Ces deux espèces ne sont pas celle dont on fait des balais (dits “baliés fatak”). La plante des balais a des feuilles beaucoup plus larges, des tiges beaucoup plus ligneuses (dures) et ses fleurs, virant au brun, forment des plumeaux bien plus fournis. Malheureusement, jusqu’à l’heure je n’ai pas réussi à trouver son nom scientifique, malgré bien des recherches. Le fait qu’on donne le nom de fatak à des plantes différentes peut engendrer une certaine confusion. Ainsi, sur son site intitulé “Les arbres de mon pays”, Sténio Félix, “retraité de phytopathologie”, donne le nom du “balié fatak” comme étant Panicum maximum, ce qui est une erreur.

  270. 2 suggestions, une que j’ai revue, une que j’ai failli utiliser dans un commentaire.

    La première est l’utilisation de « pareil comme » pour « comme » ou « ressembler à »: « j’ai fait pareil comme toi » ou « il est pareil comme son papa ».

    La deuxième est le mot « pointeur » pour « copain » ou « fiancé », probablement parce qu’il se pointait chez sa belle. Ça doit être un de ces vieux mots qu’on utilise plus? J’avais appris lors de notre déménagement à Quatre-Bornes le mot « bougresse » et m’étais fait fusiller du regard par mon père quand j’ai utilisé ce mot à propos de la « copine » d’un ami. C’était peut-être plus viril que d’utiliser « pièce ».

  271. Un de mes amis vient de me dire qu’il avait une photo de moi où j’avais un long pantalon. A priori y aurait pas besoin de préciser « long » mais ça doit être une traduction du créole long kannson (ou kalson). En créole il faut effectivement le différencier du kannson dettsou (slip ou parfois mayo). Je pensais qu’à l’origine que c’était parce que ça coûtait 2 sous; j’ai compris plus tard avec le mot « sous-vêtement » que ça venait de « caleçon de dessous ». Faut dire que l’ami a quitté Maurice y a un peu de temps aussi; est-ce que cette forme s’utilise toujours à Maurice ou dit-on simplement « mets un pantalon »?

  272. Siganus Sutor

    Oui, Zippo, un “long pantalon”, qui fait un peu plus habillé qu’un simple short porté les week-ends…

    “Pareil comme”, oui, en effet. Mais ne serait-ce pas plutôt du “mauvais français” ? Quant au pointeur, non, je ne connais pas. (Mais “le boug a pointé à six heures du matin”, oui, je l’ai déjà entendu.)

  273. Difficile de trouver pointeur dans des recherches sur Google, mais ça semble être encore utilisé à Bamako. On le retrouve (un peu « violent ») dans ce fait divers. J’ai trouvé aussi ce bouquin de 2008.
    Connaissez-vous le terme pointerr en créole alors ? Non ? Je dois être bien vieux alors. Bapre ! 🙂

  274. Pour ce qui est de « pareil comme »…il s’agit là d’une tournure qui s’utilise beaucoup au Québec, au grand désespoir des professeurs de français: les deux phrases que donne Gro Zippo n’ont rien d’exotique à mes yeux.

  275. marie-lucie

    pantalon et caleçon

    Quand j’étais très jeune, jusqu’à l’âge de 14 ou 15 ans les garçons français portaient toute l’année une culotte courte, c’est à dire quelque chose comme un « bermuda short », un pantalon qui s’arrêtait au dessus du genou ou à mi-cuisse (c’était pratique pour les enfants en pleine croissance). Mais ce n’était pas un « short », qui était un vêtement d’été ou de sport, la culotte courte était en général en tissu épais et chaud, quelquefois du même tissu qu’une veste assortie. Les garçons ne mettaient un pantalon long (s’ils en avaient un) que dans les grandes occasions ou s’il neigeait (un « long pantalon » aurait été un pantalon normal mais particulièrement long, pas un type de vêtement). Les filles de tous âges portaient des robes ou des jupes, et on ne leur permettait de porter une culotte longue (c’est à dire un pantalon serré à la cheville, en tissu chaud) que lorsqu’il neigeait.

    Quand au caleçon, ce mot s’appliquait à un sous-vêtement masculin court, une sorte de short mais pas aussi bien fermé (mon père disait plutôt un calcif, mot plus familier ou peut-être d’argot). Aucun homme ne se serait montré en public en caleçon, à moins que ce ne soit un caleçon de bain pour la plage. À ma connaissance, seuls les hommes de l’âge de mes grands-pères portaient l’hiver des caleçons longs sous le pantalon, mais ce sous-vêtement était peut-être plus répandu dans les régions de montagne où il faisait beaucoup plus froid l’hiver.

  276. En vous relisant Marie-Lucie, je me pose la question si je ne me trompe pas en affirmant qu’il n’était pas nécessaire de préciser « long » avec pantalon. Il me semble que « pantalon » vient de la « culotte » du personnage Pantaleone de la Comedia dell’arte et cela n’implique pas forcément qu’il soit long. Mais d’après le dico, le pantalon est « une culotte longue jusqu’aux pieds », et me conforte dans l’idée que « pantalon long » reste un pléonasme.

    Pour le caleçon, le terme « kannson dettsou » (caleçon de dessous) me semble avoir apparu en même temps que les « slips » (sur Mars). Il existait un autre mot qui était « lamoress », une autre forme de sous-vêtement plus ou moins drapé, un peu comme ce que portent les sumos [un sumo, des soumis ?]). J’ai déduit que ce mot pourrait venir de « mauresque » mais je n’ai pas trouvé de référence pour étayer cela. Un autre mot pour slip que j’ai aussi connu est « mayo » qu’on peut confondre avec « slip de bain » (on précise « mayott bin »). Là aussi ce mot me semble venir de « maillot » qui est un vêtement de poitrine, à moins que ça ne fasse référence à cet habit d’une pièce, le maillot de bain, que portaient les hommes à la plage à une période plus chaste.

    Le mot « calcif » me fait penser qu’il existe le mot argotique « futal » pour « pantalon », et que certains utilisent aussi le terme « calfut » (un hybride entre « caleçon » et « futal »?).

  277. marie-lucie

    pantalons et culottes
    Au XVIIIème siècle, seuls les hommes du bas peuple portaient un vêtement genre pantalon, qui descendait droit jusqu’aux chevilles comme maintenant., le terme ayant remplacé les braies, mot d’origine gauloise pour une sorte de pantalon grossier. Pendant la révolution, on appela ces hommes les « sans-culottes », leur pantalon montrant qu’ils faisaient les gros travaux et n’avaient pas les moyens de se payer des culottes, ce que portaient presque tous les hommes. La révolution ayant commencé par la révolte des plus pauvres, le terme « sans-culotte » devint un titre de fierté et un symbole du républicanisme.

    La culotte de cette époque n’allait qu’aux genoux et était beaucoup plus ajustée que le pantaloin, elle était en particulier serrée à son extrémité inférieure (celle de Pantaleone était justement plus longue que d’ordinaire, ce qui contribuait à le rendre ridicule). C’était la continuation du haut de chausses des deux siècles précédents, les bas de chausses couvrant les jambes, c’est pourquoi on appelle encore les vêtements couvrant les jambes de la cuisse ou du genou jusqu’au bout du pied « bas » ou « chaussettes ». Beaucoup de gravures d’avant la révolution montrent des paysans, marins ou autres travailleurs portant la culotte, mais souvent sans bas. A l’époque actuelle, il y a encore des culottes masculines, en particulier la culotte de cheval portée par les cavaliers (y compris maintenant les cavalières), large au niveau des cuisses et ajustée par dea lacets du genou à mi-mollet pour pouvoir entrer dans des bottes. Les gendarmes français portent aussi ce genre de culottes, également avec des bottes.

    Contrairement à l’époque actuelle, pendant des siècles ce sont les hommes qui ont montré leurs jambes, tandis que les femmes dissimulaient entièrement les leurs sous leurs jupes. La mode du pantalon « long » date du dix-neuvième siècle, avec la fin de la royaté, de l’importance politique de la noblesse (qui porta la culotte plus longtemps), et avec la montée de la bourgeoisie, qui gaignait sa vie en travaillant.

    Je ne connais pas le futal, mais je connais le falzar.

    Je n’ai aucune idée pour « lamoress », mais pour le « mayo », ce mot vient certainement du maillot. A son tour, ce mot dérive du mot « maille » et le maillot est à l’origine un vêtement tricoté, ce qui lui donne son élasticité qui lui permet d’épouser au plus juste les formes du corps. Ce mot convient donc pour désigner certains sous-vêtements mais auss les vêtements moulants, à la fois couvrants et révélateurs, longtemps portés par les danseurs, acrobates, lutteurs ou « hercules de foire » (en général haltérophiles).

    Le vêtement de poitrine dont vous parlez s’appelle plus exactement maillot de corps (ou tricot de corps). A la plage, j;ai toujours vu l’un de mes grands-pères, bon nageur, portant le même maillot de bain qui ressemblait à un short court en tricot qui faisait une seule pièce avec de longues bretelles. Il était bien le seul à porter ce genre de maillot, je n’ai vu d’autres maillots du même type que sur de vieilles photos. Mais en France maillot de bain est un terme générique qui s’applique aussi bien au slip qu’au bikini ou au maillot une-pièce pour femme. Le mouveau vêtement, couvrant le corps de la tête aux pieds sans être du tout moulant, destiné aux baigneuses musulmanes, s’appelle sûrement aussi un maillot.

  278. Marie-Lucie, merci bien pour toutes ces précisions. Ainsi à l’origine la culotte est surtout un vêtement masculin, les femmes portant des robes ou des jupes exclusivement (même pour monter à cheval). Cela semble donner tout son sens à l’expression « porter la culotte » dans un ménage.

    Pour lamoress, tout est ici, Siganus a tout prévu. Dans le lien no. 2, « le français de la Réunion », on trouve la définition de la mauresque ou mauresse, une « sorte de caleçon d’étoffe légère servant surtout de vêtement d’intérieur ». Je n’ai pas trouvé ce mot dans « Le français de l’île Maurice ».

    Le terme créole semble bien exister comme dans cette description très imagée de la proximité dans TRILOZI ZILIET de Dev Virahsawmy: Nou kouma dé dan enn, kouma simiz ek kalson, kouma lamores ek tonken.

  279. marie-lucie

    Oui, exactement, si normalement les hommes portaient une culotte et les femmes une jupe, au figuré une femme qui dominait son mari « portait la culotte » dans le ménage.

    Pour les femmes qui voulaient monter à cheval sans risquer l’indécence, on inventa une selle spéciale qui permettait à la cavalière d’être accrochée au cheval, les deux jambes – et la jupe – du même côté, « en amazone ».

    J’ai oublié de dire qu’à l’époque des crinolines (milieu du XIXe siècle) les femmes portaient sous leur jupe, non seulement des jupons (sous-jupes), mais aussi un pantalon très léger: comme la crinoline, une sorte de jupon rigide porté sous la jupe pour la maintenir très large, n’était pas stable et risquait de se relever inopinément, le pantalon était là pour cacher les jambes. Les petites filles, dont les robes étaient plus courtes (et qui grandissaient aussi), portaient aussi ces pantalons.

    La mauresque: Les femmes d’Afrique du Nord (« Mauresques »), du Levant, de Turquie et autres pays musulmans ne portaient pas des jupes mais des pantalons bouffants (larges et serrés en bas), fabriqués en étoffes légères étant donné le climat chaud (certaines femmes d’Asie centrale portent encore ce vêtement, sous une robe plus courte). Certaines femmes des pays occidentaux adoptèrent ce genre de pantalon comme vêtement d’intérieur, beaucoup plus pratique que les jupes immenses de l’époque. Amelia Bloomer devint célèbre en se montrant en public ainsi vêtue, pour inciter les autres femmes à adopter ce genre de costume, mais elle fut tellement ridiculisée qu’elle dut renoncer à sa tentative de libération de l’habillement féminin.

    kouma simiz ek kalson, kouma lamores ek tonken.
    Je devine comme chemise et caleçon, et est-ce que tonken veut dire « tonkin »? Je crois que le tonkin est une sorte de tissu, est-ce que lamores et tonken désignent à la fois des étoffes et les vêtements faits avec ces étoffes?

  280. Ha, ha, le tonken est défini dans la collection de mauricianismes ici. Siganus donne la définition: Tonkin — Le postérieur, le poum. « Il a foutu un coup de pied dans son tonkin. ».
    Moi j’avais retenu que c’était plus profond, oups :-).

  281. Pantalon à la mauresque:
    ce type de pantalon est, comme son nom ( et Marie-Lucie) l’indique, originaire d’Afrique du Nord. Ce sont les Européens, particulièrement les Français, qui en ont importé le modèle et l’appellation en, disons, Occident.
    B.F.Leguevel de la Combe s’en habillait lors de son voyage aux Comores et à Madagascar de 1823 à 1830
    Plus tard, les Anglais établis en Inde y découvrirent le pyjama , sorte de « pantalon à la mauresque», mais n’utilisèrent pas cette appellation de mauresque réservée semble-t-il à la langue française. Que le pantalon dont il s’agit soit arrivé par les Indiens est probablement vrai, mais son nom est sans aucun doute français et n’a fait que transiter par l’Inde, dont de nombreux comptoirs étaient français. Les Indiens, comme les Anglais, auraient plutôt transmis leur « pyjama ».

  282. Merci pour ces précisions. J’étais dans le faux en pensant que c’était une sorte de sous-vêtement drapé comme on le voit au début de cette scène de lapidation dans la vie de Brian. Ce à quoi je pensais ne correspond pas vraiment à un pagne qui, lui, n’est pas drapé.

    Sur Mars, un pagne (si c’est la même orthographe) désigne plutôt une écharpe légère féminine comme on peut en voir un jaune porté par la fille de droite.

  283. marie-lucie

    GZ: J’avais moi aussi pensé au mot pagne, mais je n’en étais pas certaine. Selon the TLFI (Trésor de la langue française informatisé), le pagne est un vêtement qui part de la taille ou des hanches et s’arrête quelque part avant les pieds (je paraphrase). La définition laisse penser qu’il s’agit toujours d’une sorte de jupe, souvent en paille, en raphia ou autres fibres, mais dans la phrase donnée en exemple il s’agit du morceau d’étoffe porté par le vieux condamné dans La vie de Brian. Je crois que c’est peut-être cette sorte de pagne qui correspond au mot lamoress.. Dans ces conditions, l’écharpe jaune de la photo pourrait à la rigueur être utilisée comme pagne, si elle n’était pas si légère et si transparente.

    p.s. J’essaierai de ne plus faire de spéculations sur le sens des mots inconnus.

  284. Mon « ha, ha » n’était pas à propos de votre « spéculation », mais plus un vieux réflexe pavlovien à l’évocation du mot « tonkin »; ça doit être mon côté gamin.
    En cours de géographie, ça nous faisait toujours rire quand on parlait du lac Titicaca et de la baie de Tonkin. Les Français ont eu aussi leurs jeux de mots autour du sujet avec ce reportage humoristique de l’émission « Le petit rapporteur » (bon ça date, mais ça a eu fait rire).

    D’où vient ce mot ? Serait-ce une déformation de « ton cul, hein » ? Je ne le sais pas.

  285. marie-lucie

    Le lac Titicaca, à peu pr’s dans le même coin que le lac Popo, fait toujours rire.

    « tonkin » : sans doute une déformation volontaire de « ton cul » comme vous le suggérez, peut-être adoptée au moment de la guerre du Tonkin qui a attiré l’attention sur ce pays jusqu’alors peu connu.

    Il y a une différence entre les déformations volontaires (pour éviter de prononcer un mot tabou) et les simplifications phonétiques d’expressions très employées (comme « kekseksa »). Par exemple, le vieux juron « Diantre! » au lieu de « Diable! » est un exemple de déformation volontaire: on commence le mot tabou mais on en détourne la portée scandaleuse en le terminant de façon inoffensive.

  286. trocdeslivres

    Je viens de découvrir votre blog qui est super! J’ai appris plein d’expressions, ça améliore mon créole.
    Je voulais suggérer un « mauricianisme » que je n’ai pas trouvé dans la liste: c’est le mot « logement » pour un contenant.
    Keep it up!

  287. Merci. Quand vous parlez de logement, ça peut être disons une bouteille de 5 litres (un “logement” de 5 litres) ou une boîte de glace de 2 litres (un “logement” de 2 litres) ? Si c’est à cela que vous pensez, la chose avait été abordée ici en mars de cette année :

    Sinon une suggestion, des discussions très animées avec ma tendre moitié ont porté sur le fait de savoir si la formule « logement » comme dans « disponible en logement de 1, 2, 3 litres » est un mauricianisme ou pas.

    Et nous en étions restés là :

    En ce qui concerne “logement” (pour “conditionnement” ?), je ne sais trop. Il faudrait le demander à quelques Français qui se hasarderaient jusqu’ici.

    Donc selon vous une telle utilisation du mot logement est particulière à Maurice ?

  288. marie-lucie

    Je ne connais pas du tout ce sens du mot logement, mais il existe peut-être avec un sens technique dans un domaine qui ne m’est pas familier.

  289. trocdeslivres

    Qui se ressemble s’assemble…Je vois que ce n’est pas pour rien que je suis l’autre moitié 😉
    Je n’avais jamais entendu le mot « logement » utilisé dans ce sens avant de venir à Maurice, et j’ai été surprise la première fois que je l’ai entendu dans le contexte mauricien. Je pense en effet que c’est un « mauricianisme », car notre ami Robert ne donne pas d’autre définition que « action de se loger ». Remarquez on peut « loger » des cornichons ou de la confiture dans des pots… Mais en France on ne le dit pas.

  290. Siganus Sutor

    Bon, à la lumière de ce qui précède il semble qu’il faille ajouter le mot “logement” à la liste de mauricianismes. Mais quelle définition donneriez-vous pour ce mot-là ? “Container”, “packaging”, “receptacle” en anglais ? Et en français ?

  291. conditionnement ?

  292. Siganus Sutor

    Zippo, votre proposition semble bien convenir. Ce que dit le Petit Robert du mot conditionnement :

    3. Présentation de certains articles pour la vente. => emballage, embouteillage, empaquetage. Conditionnement d’un médicament. Un beau conditionnement. => packaging.

    Par ailleurs, une recherche sur internet permet de vérifier que le mot est bien utilisé de façon courante de cette façon-là :

    En 1994, la croissance du chiffre d’affaires de l’entreprise est spectaculaire : suite à la dévaluation du Fcfa, le prix des denrées double. Devant cette situation, la Satrec fixe le prix du Vitalait en conditionnement de 22,5 g à 50 Fcfa le sachet, moins du double du prix d’avant la dévaluation, mais chiffre « rond » donc prix plus « facile ».

    perso je prends la marque virbac, j’achète en conditionnement de 7,5 kg pour mon chat et je n’ai aucun souci.

    Perfeckt Innovatif 0,5% est désormais proposé en conditionnement de 10 kg (et non plus 15 kg) pour plus de praticité dans les manipulations.

    AOC Château de Ripaille à partir de 5,11 €, en conditionnement de 37,5cl

    Panettone en conditionnement de 100 g et de 750 g vendu par l’intermédiaire d' »Altromercato », organisation équitable italienne et sous la marque Artisans du Monde.

    Glaces traditionnelles
    Tous nos parfums sont disponibles en conditionnement de 1 litre, 2,5l et 5 litres pour les restaurateurs et autres professionnels de la gastronomie.

    Tubes en conditionnement de 250 ml

    Mais dites moi, n’avez-vous jamais remarqué le mot “logement” utilisé dans cette acception en France ?

  293. Oups, je pensais que la proposition ne convenait pas, vu que vous l’aviez déjà proposée et (peut-être) pas retenue (j’avais pas relu avant de répondre rapidement). J’avais aussi pensé à dose ou dosage, mais je penserais que c’est pour les petites contenances, même si le Larousse ne précise pas l’ordre de grandeur pour la quantité déterminée d’une substance. Je ne pense pas avoir entendu « logement » dans ce sens-là, mais en tant que Martien, mon jugement peut être biaisé. Mon épouse a fait une grimace quand je lui ai posé la question; elle m’a proposé « cubie » 🙂 (avec le changement d’heure, il est vrai que c’était encore l’heure de l’apéro), mais comme elle dit, ça dépend pour ce que c’est. A ma question « si tu voulais savoir quels sont les différents modèles? », elle répond « on demanderait en quoi ça existe sans préciser le mot comme en 250 ml , en 500 ml, …, ou en 1 kg, 5 kg ? ».

    Je ne pense pas à un exemple précis, mais le mot « présentation » me vient à l’esprit, mais ce n’est pas corroboré par le dico. Est-ce un mauricianisme qui me revient ?

  294. trocdeslivres

    Conditionnement n’est, à mon humble avis, pas la définition exacte de « logement » au sens mauricien. Mais s’il faut trouver un mot, c’est ce qui s’en rapproche le plus. J’aurais tendance à répondre la même chose que la femme de Gro Zippo: ça dépend ce qu’il y a dedans. Il n’y a pas, à ma connaissance de terme générique, on parle plutôt du contenant spécifique; « une bouteille d’1 litre », « un paquet de 500g », « une boîte de 3kg », etc…
    pas facile ça!!

  295. marie-lucie

    Je suis d’accord avec trocdeslivres: sans être parfait, « conditionnement » semble être le terme qui se rapproche le plus du « logement » mauricien sans lui correspondre exactement. En anglais, je crois que ce serait « packaging ».

    Ce de quoi parle Mme Gro Zippo, ce ne sont pas des conditionnements (boîte, paquet, tube, bouteille, etc) mais des formats (250 ml, 5 kg, etc). « Présentation » semble recouvrir les deux termes français (p.ex. « en tube de 85 ml », « en sac de 10 kg »), mais en général, pas au sens concret de l’objet dans lequel se trouve le produit vendu.

  296. Siganus Sutor

    En effet, Trocdeslivres et Marie-Lucie, on sent que ni “conditionnement” ni “packaging” ne correspondent exactement à la notion de “logement”. Le logement est vraiment le récipient, ce qui physiquement contient ce dont il est question. Le conditionnement correspondrait à une notion plus large. Il pourrait s’agir de la nature de l’emballage (plastique, carton, goni ou que sais-je encore), de ce qui serait imprimé dessus, de l’arrangement des différentes unités (i.e. des différents logements ou sous-logements) les unes par rapport aux autres, et ainsi de suite. Bref tout ce qui a trait à l’art d’emballer des produits — et d’embobiner des clients —, c’est-à-dire l’art du marketing.

  297. Si ce n’est pas le volume ou le format qui est exprimé par « logement » mais plutôt l’emballage (ou l’empaquetage), alors conteneur pourrait peut-être convenir comme pour cette mayonnaise? Le même site propose un répertoire des fabricants et fournisseurs de conteneurs mayonnaise en haut de sa page. Il faut peut-être faire attention au fait que les informations dans les annonces ont été traduites par des outils, mais peut-être pas la page elle-même.

    Mais sur un autre site apparemment français, ce même conteneur est aussi proposé pour l’emaballage du miel.

  298. marie-lucie

    L’emballage du miel? On ne peut pas « emballer » le miel, il faut qu’il soit contenu dans un récipient quelconque. On peut emballer des pots de miel, mais pas le miel lui-même.

  299. Marie-Lucie, j’ai eu un peu la même réaction en voyant ce titre, mais j’ai pris le mot au sens large (emballage des pots de miel). Mais en y regardant de plus près, le-dictionnaire.com donne comme une des acceptions pour emballage: « ce qui sert à emballer, à envelopper (papier, caisse, flacon) ».

    Le flacon semble faire partie des emballages d’après ce dico mais je préfère vérifier dans un dictionnaire plus officiel et je trouve pour emballage: conditionnement, empaquetage. La liste de la deuxième définition se termine malheureusement par un « etc » qui n’exclut pas un flacon a priori. La définition d’emballer n’exclut pas non plus le fait que le miel puisse être emballé. Qu’en pensez-vous ?

    Du coup, je me dis que l’auteur a probablement raison dans le sens où on pourrait emballer le miel dans un flacon ou un pot. Ça me fait penser que « emballer » semble venir de « mettre dans une balle » (comme pour le coton), mais pourrait aussi vouloir dire « mettre dans une enveloppe/contenant » comme pour « la balle de riz » dont on a déjà discuté quelque part sur ce site.

  300. « Mais sur un autre site apparemment français, ce même conteneur est aussi proposé pour l’emaballage du miel»(Gro Zippo | 1 novembre 2011 à 23:14 )
    À en croire ce que je lis, ce texte n’est que la mauvaise traduction d’un texte américain. Le mot « emballage » y traduit probablement packaging , sans ce soucier de ce que qu’on emballe.

  301. Non, le flacon ne fait pas partie des emballages, revoyez le sens de balle ici :
    http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?160;s=3977410950;b=6;r=1;nat=;i=9;;
    Il ne faut pas confondre l’emballage et les verbes emballer et déballer
    ( vous déballez le flacon ou vous le videz ?! ) avec le conditionnement.
    Sans oublier que cette balle est aussi l’enveloppe de certaines céréales, blé, maïs etc. Balle dont on fore matelas et oreillers.

  302. Marie-Lucie, au Canada, on emballe le miel si j’en crois ce règlement en français du Ministère de la Justice canadien, règlement concernant le classement, l’emballage et le marquage du miel.
    Il est précisé que le « miel liquide » désigne du miel extrait et traité de façon à devenir entièrement liquide et emballé dans un contenant portant la mention « liquide ».

    Soit, Arcadius, je vous concède qu’on vide un flacon (le contenant), mais peut-on emballer un liquide (le contenu, comme le miel ou un parfum) ? Si je consulte le dictionnaire de l’Académie à « emballage », je note que l’emballage peut être de carton, de matière plastique ou de verre. Ce dernier me laisse encore penser que le flacon, le pot ou la bouteille n’est pas exclus.

    Je n’ai pas vérifié si les sites proposent un texte traduit automatiquement par un outil, mais cette page semble proposer des fournisseurs d’emballages en verre ou de flacons pour emballage.

    Cet article sur le recyclage aussi semble considérer les bouteilles, les bocaux, les pots et les flacons comme du verre d’emballage.

    À moins que ce ne soit que du jargon industriel ?

  303. marie-lucie

    Si je déballais un flacon, ça voudrait dire que je le sors de son emballage (en carton, en paille, en polystyrène, etc), pas que je le vide de son contenu (boisson, parfum, etc). On commence par (r)emplir le flacon, la bouteille, le pot, l’amphore, etc, de la substance non solide à transporter, ensuite on emballe le récipient pour le protéger des chocs pendant le transport (comme tout autre objet solide mais fragile).

    Balle dont on fore matelas et oreillers.

    Pour moi, forer c’est percer un trou à l’aide d’un outil ou d’une machine, p.ex. forer un puits. Je dirais fourrer matelas et oreillers.

  304. marie-lucie

    tout autre objet solide mais fragile

    « Solide » peut être ambigu: je veux dire un objet indéformable et qui se casse facilement: un solide, pas un objet qui résiste aux chocs.

  305. Récemment entendu un vieux mot connu « Tu crois que c’est un poreau ça? », lequel « poreau » est une verrue. Le mot semble être une déformation de poireau.

    Un gâteau (devenu un peu rare) dont raffole ma fille est le « gato zinzli ». A « gingeli », vous n’associez que les bananes; il me semble que le mot « sésame » est rarement utilisé même en français au pays. Sans voluoir en faire un mauricianisme, y aurait-il une relation entre les deux utilisations du terme (l’une pour les bananes et l’autre pour les grains de sésame) ?

  306. En effet, Zippo, poro est le mot employé en créole pour parler d’une verrue. Ce n’est pas tellement que le mot soit une déformation de poireau : c’est la prononciation “pwaro” qui est une déformation de la prononciation originelle “poro”. Si je ne m’abuse, dans Le Meurtre de Roger Ackroyd (Agatha Christie), il est clairement dit que le nom d’Hercule Poirot, un détective belge, est prononcé “poro”. Le poro créole est sans aucun doute un héritage de l’ancienne prononciation en français.

    Il n’y a pas de bananes gingeli dans le gâteau gingeli ? J’ai un peu de mal à resituer à quoi peut bien ressembler cette pâtisserie-là. (A ce sujet, je ne suis pas arrivé à trouver d’où pouvait venir le mot gingeli. Du nom d’une personne peut-être ?)

  307. 2 recettes données dans des journaux martiens: l’une utlise le mot « sésame » et l’autre le mot gingeli pour désigner les graines. Une des recettes utilise les patates (douces).
    Ce mot viendrait d’Inde (en ce qui concerne le sésame) où l’huile de sésame est appelée « gingelly oil ». Il semblerait que le mot « gingelly » soit le mot hindi pour « sésame ».

  308. Sig, je suis bluffé, vous aviez trouvé juste: ce dictionnaire indique que la banane gingeli est la plus petite espèce de banane et possède de minuscules graines qui rappellent celles du « gingeli ». Voilà donc le lien.

  309. Gingeli :
    il s’agit au départ d’un mot arabe vulgaire jiljilan , lui-même issu de l’arabe classique gulgulan désignant la graine de sésame. Ce mot est vite passé à l’espagnol et au portugais dans lequel il est toujours vivant sous la forme gergelim. Les Portugais l’ont fait voyager au Brésil bien sûr mais aussi jusqu’en Inde et, de là …
    Les Brésiliens disent aussi gingerlin, gerzelim, zirzelim et c’est ma connaissance de cette langue qui m’a permis de remonter aux sources.

  310. Merci Leveto pour ces précisions additionnelles. Ainsi Ali Baba aurait dû dire « Jiljilan, ouvre-toi! ».

  311. Mais c’est bien ce qu’il dit, Gro Zippo !:
    افْتَحْ يا سِمْسِم!
    enfin, je crois 🙂
    Pour compléter l’étymologie de gingeli on peut se référer au mot zinzolin , teinture violette rougeâtre obtenue à partir de la graine de sésame.
    Le TLFI nous confirme que :
    « Empr. à l’ital. giuggiolena « sésame » (att. dep. le xvie s., Baldini ds Batt.; également à l’orig. du fr. jugioline « sésame », att. du xvie au xviiie s., v. FEW t. 19, p. 59b), parce qu’à partir de la graine de cette plante on obtient une teinture violette, lui-même empr. à l’ar. ǧulǧulān « sésame »; la nasalisation de la forme 2 est mal expliquée (FEW t. 19, p. 60a)»
    En poussant la curiosité à son comble on voit que la jugioline est présente dans le Thrésor de la langue françoyse de Jean Nicot en 1606, comme dans le Godefroy , qui nous donne aussi la variante gingeoline

  312. Eh! Vous avez vu ça, Sig ? Pas une seule erreur de balise!

  313. En espagnol, le mot est “ajonjolí », tiré de ce « gulgulan » aussi bien écrit par Leveto : http://buscon.rae.es/draeI/SrvltGUIBusUsual?TIPO_HTML=2&LEMA=ajonjol%ED
    Je viens de lire que le nom africain est « benne », un mot exporté à l’Amérique par les esclaves.

  314. Siganus Sutor

    Vous avez vu ça, Sig ? Pas une seule erreur de balise!

    Oui, et je n’en crois pas me yeux. Il est où, le truc ?

    En tous cas bravo pour l’arabe jiljilan et pour le portugais et l’espagnol gergelim, mots servant à parler de la graine de sésame. En un tournemain vous et Zippo avez soulagé de longues années de questionnement méta-pata-physique.

    Sauriez-vous si au Brésil aussi gingerlin, gerzelim ou zirzelim sont parfois utilisés à propos des bananes ?

    En tous cas, à parler avec des collègues aujourd’hui, j’ai eu la confirmation que pour certains Mauriciens des gingelis pouvaient être des grains de sésame.

  315. Non, Siganus, à ma connaissance on n’associe pas au Brésil le nom gingerlin avec celui de la banane.
    La plus petite des bananes qu’on trouve au Brésil est la banana-ouro ( d’or, en raison de sa couleur) que les Brésiliens appellent plutôt banana mosquito ( banane moustique) ou dedo-de-moça ( doigt de jeune fille, le sous-entendu graveleux n’étant pas loin quand on sait qu’en langage de la rue une moça est une pucelle).
    Mais je ne sais pas tout sur le vocabulaire populaire brésilien . En tout cas une rapide recherche dans les deux dictionnaires print ( comme ils disent à LSP) dont je dispose et dans quelques autres ouvrages ne m’a pas permis d’en savoir plus.

  316. Suggestion:
    une copine de l’école primaire m’a contacté il y a quelques jours. Je me rappelle d’une de ses phrases en classe pour demander à l’institutrice de ne pas convoquer les parents d’une copine. Cela m’avait fait réfléchir…
    « Miss, ne le dites pas à son père. Il la battra à coups de sangle. »

    Je crois qu’on tient un mauricianisme là non?

  317. Siganus Sutor

    Pépé, tu vois le mauricianisme dans le fait de battre sa fille parce que son institutrice a convoqué les parents ou dans l’usage du mot sangle ? 😦 Quoi qu’il en soit, les dictionnaires français ne mentionnent pas spécifiquement le mot ceinture, ou ceinturon, dans la définition de sangle, laquelle est davantage une bande de cuir ou de tissu, parfois élastique, utilisée à d’autres fins (seller un cheval, maintenir des choses ensemble, soutenir le matelas d’un lit, etc.). Donc je pense qu’on pourrait ajouter le mot sangle dans la liste de mauricianismes. En revanche on trouve bien le mot sangler dans le sens de “frapper à coups de sangle, de fouet”, le Petit Robert accolant toutefois la mention “vieux” à cette acception-là. Il me semble qu’à Maurice on utilise aussi le verbe “sangler” pour dire “soutenir”, “maintenir”, “conforter”, “brace” en anglais, “fixer”. Par exemple : “la charpente ne devrait pas bouger, même pendant un cyclone ; elle est sanglée par toutes ces pièces en acier-là”.

    On peut toutefois faire un petit sondage auprès des francophones d’Europe et d’ailleurs : avez-vous déjà entendu employer le mot sangle pour parler de la ceinture qui, quotidiennement, sert à tenir votre pantalon ?

  318. Siganus Sutor

    Jesús : En espagnol, le mot est “ajonjolí », tiré de ce « gulgulan »

    Nulle trace, en espagnol, du gergelim mentionné par Leveto ?

     

    Leveto : à ma connaissance on n’associe pas au Brésil le nom gingerlin avec celui de la banane

    Je m’explique toujours mal comment, à Maurice, on a utilisé le mot gingeli pour parler de cette variété de bananes petites et savoureuses, à peau fine. Si on peut y trouver des graines, celles-ci sont microscopiques et ne font en aucun cas penser aux grains de sésame.

    A la Réunion, le mot figue est aussi utilisé pour parler des bananes, surtout pour celles qui sont petites et “goûtées” comme notre gingeli. L’inflorescence y est appelée “baba figue”, fleur avec laquelle les Bourbonnais font un “cari baba figue”.

  319. Dans les bananes « normales », je me rappelle qu’il y a de petites graines noires, qui ne ressemblent pas aux graines (blanches) de sésame. Pour la banane gingeli, ça ne doit pas être différent.
    Je me suis souvent demandé à quoi servaient les graines, puisque jusque-là, je voyais les bananiers pousser par rejetons. Une fois le régime bien formé et récupéré, on coupe le tronc, et des petits bananiers repartent au pied. Mais cela a-t-il toujours été le cas ?
    Il semblerait qu’il y ait 2 types de bananes sur le plan botanique. Connaîtrions-nous que la variété triploïdes dans nos jardins aujourd’hui ?
    En passant, j’ai eu la surprise de découvrir de petites graines noires dans les ananas importés d’Afrique, ce que je n’ai jamais vu dans les ananas martiens, réunionnais ou thaïlandais (plus gros). Probablement une intervention commerciale aussi ?

  320. @ Gro Zippo
    Gâteau gigeli
    http://ile-maurice.tripod.com/gateaugingli.htm
    http://ile-maurice.tripod.com/redbean.htm
    Ce sont les graines de sésame

    Note: le mot « pagne » est le mot Kréol pour le « sari » si je ne me trompe pas.
    « orni » est le mot pour la voile de tête autour du cou ou l’épaule ou pour se couvrir les cheveux

  321. Siganus Sutor

    Zippo, il est possible qu’autrefois une variété de banane avait des graines faisant songer aux grains de sésames, et qu’on l’a en conséquence appelée “banane gingeli”. Et peut-être que par la suite ce nom a dérivé et n’a plus été utilisé que pour nommer les bonnes petites bananes sucrées connues aujourd’hui sous le nom de gingeli. On peut noter qu’il existe une variété appelée “banane graine” (Musa balbisiama, groupe BB diploïdes disent Guého et Rouillard) qui aurait été la première introduite à Maurice, par les Hollandais au début du XVIIe siècle. Céré aurait par ailleurs signalé la présence de “bananes chauves-souris, sauvages, graines de Manille, dont le fruit a des pépins” (1779).
     

    Beaver, oui, les gâteaux gingelis ont des grains de sésame collés à l’extérieur, comme des pierres précieuses incrustées sur un bijou. Le gâteau gingeli chinois est plus petit que sont homologue indien, et il est traditionnellement offert pour la fête du Printemps.

    En effet, on entend parfois “pagne” pour “sari”, me semble-t-il lorsqu’il s’agit d’un sari de tous les jours plutôt que du riche sari mis pour les occasions spéciales.

    Oui, le orni, surtout porté par les femmes de confession islamique, du hindi orhni — et qui n’a rien à voir avec les véhicules volants utilisés sur la planète Dune.

  322. Merci The beaver, j’avais oublié le mot orni; je me souviens qu’il fallait le prononcer comme la conjonction « et » en hindi.
    Pourtant, je me rappelle avoir entendu utiliser « pagne » pour désigner ce foulard utilisé par des filles musulmanes à Maurice, comme le précise Siganus. Il me semble que celles-ci portent rarement des saris, préférant à ceux-ci des vêtements qu’on nomme churidar (j’ai aussi entendu le terme badjiou?!?). Aurais-je encore fait une confusion ?

    Effectivement Siganus, c’est un cheminement plausible dans l’explication de cette appellation.

  323. Cobbler,

    Connaitriez-vous l’expression ‘dooki ganga’ désignant un subalterne, un factotum, un homme/femme a tout faire? Je n’ai pu retracer l’étymologie exacte de cette expression.

  324. Et le mot « Matelot » ? Ne peut-il pas rejoindre la liste de mauricianismes ?

  325. Siganus Sutor

    Jasmin, le mot “matelot” est effectivement assez souvent employé comme interjection à Maurice. Par exemple dans “Donn li enn coudmin do matlo !” Mais il ne me semble pas l’avoir vraiment entendu dans une conversation — ou une harangue — en français. Il me paraît cantonné au créole. Enfin, peut-être ne me souviens-je pas de fois où quelqu’un aurait par exemple dit “Matelot, tu dis que tu ne l’as pas remarqué, mais le boug était saoul net.” Pa koné…

    Le fait est que ce blog est indirectement né de la fréquentation d’un blog français sur lequel il était question de langue et de langage, et qu’à se pencher sur ces questions-là, il était amusant de constater les divergences existant entre le français qu’on peut entendre à Maurice et celui qu’on parle en France (le français dit “standard”). Il n’avait pas pour vocation première de recenser tout qui se dit à Maurice, à l’oral ou par écrit, mais force est de constater que l’intention première a fini par évoluer quelque peu. Alors, oui, peut-être devrais-je inclure l’expression “matelot” — par ailleurs une marque de cigarettes qui ne doit plus exister ici-bas.

  326. The beaver

    C’est peut-être hors sujet mais j’ai entendu le mot « galimatias » sortir de la bouche d’une politique française durant le WE dernier. On a ce mot dans notre vocabulaire Martien aussi n’est-ce pas?

  327. La marque de cigarettes Matelot servait de monnaie à « Petit Verger » à Pointe-aux-Sables.
    http://www.5plusltd.com/archive/2003/mai/25_05_2003/prison.htm

  328. Beaver, le mot galimatias — prononcé [galimatja] — existe en français, où il signifie “discours embrouillé, confus”. Il a donc trait à l’expression, à la parole. À Maurice, en créole, enn galimatia c’est, d’une façon plus générale, quelque chose d’embrouillé, d’en désordre, de négligé — enn kari brouyé —, sans qu’il s’agisse spécifiquement de ce que dit une personne. Ce qu’en disent les dictionnaires :

    Baker & Hookoomsing :
    galymatia E Mess, disorder.

    Carpooran :
    galimatia [galimatja] n. Enn dezord ki an-mem-tan malprop. Ki galimatia to’nn fer ek sa lapintir-la ?

    Il existe donc une certaine différence de sens entre le galimatias français et le galimatia créole.

     

    Arcadius, j’avais un oncle du côté paternel qui fumait force Matelots. Je ne sache cependant pas qu’il ait fait de la prison.

  329. >Siganus Sutor
    En espagnol le mot “galimatías », tiré aussi du français (et, à la fin, du grec), a aussi ces deux sens.

  330. Siganus Sutor

    Jesús, le dictionnaire Reverso ne donne que galimatias comme équivalent de galimatías. (Ce n’est toutefois pas précisé si galimatias est en français ou en martien. (Il y a même le petit tricolore à côté ; et dans la version français-anglais galimatias ne donne que gibberish.))

    Pour ce qui est l’origine du mot, le Petit Robert ne parle pas de grec mais de latin, et même de bas-latin : “peut-être du bas latin ballimathia, chanson obscène.” Mais à cette origine possible le Dictionnaire historique de la langue française ajoute une éventualité grecque (“grec Kata Matthaion, «selon (saint) Matthieu», par allusion à des psalmodies plus ou moins parodiques (du genre de celles des Goliards)”), une éventualité provençale (“Galimatié, nom d’un pays imaginaire (par altération de Arimathie)”) et une éventualité estudiantine (“jargon des étudiants, le latin gallus, coq, désignant au moyen âge les étudiants qui participaient aux discussions réglementaires, avec la terminaison grecque –mathia, science, d’où ºgallimathia”). Le DHLF ajoute ceci : “Pour P. Guiraud, le mot a été de toute façon influencé par galer*, s’amuser, se moquer (→ galant).”

     

    * galer dont il avait été question ici

  331. >Siganus Sutor
    Voici ce que notre Académie a écrit :
    http://buscon.rae.es/draeI/SrvltGUIBusUsual?TIPO_HTML=2&LEMA=galimat%EDas

  332. Jesús, sur le site de l’Académie royale espagnole on peut lire ceci : “del gr. κατὰ Ματθαῖον, según Mateo, por la manera en que este evangelista describe la genealogía que figura al comienzo de su Evangelio”. Je ne connais pas le castillan, mais je crois deviner que cela doit vouloir dire quelque chose comme “du grec Kata Matthaion, 2nd Matthieu, pour la manière selon laquelle l’évangéliste décrit la généalogie figurant au début de l’Évangile”. L’hypothèse grecque serait donc celle qui est favorisée pour expliquer l’origine du mot galimatias.

    Comme vous l’aviez dit auparavant, à côté du sens correspondant à la définition française (le discours confus) on trouverait une deuxième acception, laquelle répondrait à la définition suivante : “ Confusión, desorden, lío.” Ce qui devrait signifier “confusion, désordre, bazar*, bordel*”. Dans ce cas on se rapproche bien du sens qu’a pris le mot à Maurice.

     

    * merci Reverso

  333. >Siganus Sutor
    Votre traduction est excellente! Peut-être vous finirez comme académicien de la Royale, fauteuil acádemique « S ». : -) Certes, maintenant les lettres f, b et r sont vacants.
    P.S. : Quelques-uns doutent de cette étymologie mais je crois que nos académiciens auront recherché bien pour s’assurer.

  334. Siganus Sutor

    L’Académie espagnole élit ses membres en fonction de la lettre par laquelle commence leur nom ? Voilà une coutume amusante. S’il prenait l’envie au Señor S… de rester vivant pendant encore 50 ans, je devrais attendre un demi-siècle avant de pouvoir poser ma candidature ? Hmmm… voilà qui serait fâcheux. Et si on ne trouve personne pour occuper le fauteuil K-, par exemple, on prend un Russe quelque part et on le nomme membre ?

    Pour ce qui est de l’étymologie de galimatias, le mot étant français à l’origine, sans doute faudrait-il demander aux Français ce qu’ils en pensent — à leur Académie en l’occurrence, au 7e fauteuil.

  335. >Siganus Sutor
    Non, cela était une blague. Il y a un académicien pour chaque lettre : majuscules et minuscules.
    Quant à la recherche de nos académiciens, j’imagine qu’ils ont demandé aux Français.

  336. Je lisais une de ces histoires propagées sur FB par un ami mauricien où il était question d’élèves qui n’avaient jamais « failli ». Je me suis dit que le texte avait dû être écrit par un Martien; non, l’auteur était québécois(?). Il me semble que sur Mars, on utilise aussi l’ancienne forme « faillir » pour « échouer », non ? (on peut noter l’utilisation de « possiblement »; cela dit, ce texte a possiblement été traduit de manière automatique).

  337. Siganus Sutor

    Zippo, ces élèves qui n’ont jamais failli me font penser à une chanson de Brassens dans laquelle le moustachu dit ceci :

    Et si les chrétiens du pays,
    Sans vergogne,
    Jugent que cet homme a failli,
    Homme a failli,
    Ça laisse à penser que, pour eux,
    Sans vergogne,
    L’Évangile, c’est de l’hébreu,
    C’est de l’hébreu.

    L’homme en question, c’est le père du jeune Georges. (Ma femme ne supporte pas cette chanson. Même quand c’est moi qui la chante, bien que je ne porte pas de moustache et que ça fait bien longtemps que je ne fume plus la pipe.)

    Le verbe faillir signifiant “faire une faute”, “avoir une défaillance”, “tomber dans l’erreur” existe bien dans un dictionnaire d’aujourd’hui comme le Petit Robert (2006), mais il est donné comme “vieilli”.

    Ce que pour ma part je donnerais pour un mauricianisme, c’est le verbe “fel” (rimant avec “tour Eiffel”), qui provient sans doute du verbe anglais “to fail”, échouer. Comme par exemple “il a fel son examen de comptable”. Je n’ai pas vraiment souvenir d’avoir entendu des gens dire “il a failli” dans ce contexte-là. “Échouer”, d’ailleurs (e.g. “il a échoué sa HSC”) ne me semble pas être un français tout à fait standard non plus.

    Sinon, il me semble avoir lu la graphie “faillie” dans un livre de Carl De Souza, mot que j’aurais moi écrit “fay”, ou à la rigueur “faye”. Par exemple “le boug’ était trop fay pour lever une grosse roche comme ça”, pour dire que le type était trop faible, trop chétif, pour soulever ladite pierre. Ça m’avait surpris de le lire écrit comme ça, mais peut-être après tout fay — ou fay-fay — a-t-il quelque chose à voir avec le verbe “faillir”.

  338. lorraine D lagesse

    Je suggére un petit livret — par chapitres et anecdotes, et théme sur toutes ces perles (poissons ou pas) qu on peut lire sur ce site..
    Parfois on arrive a ne pas lire quelque chose car nous ne l avons pas sous les yeux…car ils sont tous parsemés…dans ce site qu est Martian spoken here..
    Qu en pensez vous???
    Pourquoi a Maurice répete t on par 2 fois les mots…quand par example on dit «  »coupe légumes la en tit tit boute, mo saute sauté, sirop la éne pé doux doux, chemin la est pé loin loin , li bien zoli zoli «  »etc etc etc …
    Cordialement Lorraine
    .

  339. Not a suggestion per se, just a link to a Hungarian piece on morisyen: http://www.nyest.hu/hirek/mauritiusi-lebutitott-francia.

  340. Siganus Sutor

    Hello Bulbul, thanks for the link. I cannot make much out of it which isn’t in Creole — not even the title, « Mauritiusi: lebutított francia? » —, but it is fun to see that in faraway Hungary people seem to talk about us and our alien language.

    In July this year on this blog we mentioned the links that exist between Hungary and Mauritius, even if these two countries wouldn’t straightaway be associated with one another in most people’s mind. It was here (and further down):

    Graines


    Where it was said that a Hungarian civil works company, Transinvest, dealing mostly with road building, came to Mauritius sometime around the 1980s — and stayed. There are now a few Mauricianized Hungarians as well as Mauritians of Hungarian descent.

    A Hungarian/Mauritian Creole dictionary can also be read online, here:

    Cliquer pour accéder à Mauritiusi%20Kreol%20-%20Magyar%20szoszedet.pdf

  341. Gro Zippo

    En suivant le générique de ce film uruguayen, j’ai lu le nom de la jefa modista. Je me suis demandé où il y avait eu des chapeaux dans le film pour avoir besoin d’une « chapelière ».
    Je me suis alors rappelé que « modiste » voulait dire « couturière » à Maurice.
    D’après les 8ème et 9ème éditions de l’Académie, la modiste était une faiseuse de mode; dans la dernière édition apparaît le sens de confectionneuse de chapeau. Le TLFi précise le sens de créateur (un modiste!) ou de créatrice de vêtements au 19è siècle.

  342. Siganus Sutor

    “Modiste” pour “couturière” à Maurice ? Cela ne m’avait pas frappé. Sans doute ne suis-je pas suffisamment immergé dans la mode de mon temps. Je vais poser quelques questions autour de moi.

    (En cherchant à supprimer quelques retours à la ligne superfétatoires dans le commentaire précédent, je crains d’avoir égaré le 2e lien, probablement lié au TLFi. Mille excuses.)

  343. Gro Zippo

    Pani problem, je donnais ce lien pour montrer la forme masculine; à Maurice, on parle surtout de tailleur, même s’il fait des vêtements féminins (quoique rarement à mon époque), non ?. Je demanderai à ma cousine modiste si on l’appelle toujours ainsi (comme mentionné dans ce « Découvrir l’île Maurice » au paragraphe « Français régional »). Il est possible effectivement qu’aujourd’hui on ne dise plus modiste comme on disait à l’époque (article à propos de Gérard Louise).

  344. Siganus Sutor

    « Session expirée » : décidément, pas de chance avec ce cher Trésor…

  345. Mari lak sa, sori ! Mon trésor mon désert sann la !
    Bon c’était juste pour monter ce masculin (à l’entrée « modiste) étrange pour moi:

    MODISTE1, subst.
    A. Subst. masc. ou fém., vx
    1. Celui, celle qui crée des vêtements féminins. Synon. usuel styliste. Pour être un modiste, et rien qu’un modiste qui habille de robes d’une coupe et d’une nuance distinguées un vulgaire modèle (…), M. de Jonghe en est un (HUYSMANS, Art mod., 1883, p.63).
    2. Celui, celle qui confectionne des vêtements féminins. Les modistes s’occupent principalement de tout ce qui concerne les ornements superficiels de l’habillement des femmes. Elles ne travaillent que des étoffes légères (BESCH. 1845):

  346. Siganus Sutor

    Une dame “d’un certain âge”, qui dans sa jeunesse a fait de la couture avec une de ses tantes, me confirme aujourd’hui qu’on utilisait bien l’expression “modiste” pour parler de ces personnes qui cousaient toutes sortes de choses pour les particuliers. Y compris, dit-elle, les sous-vêtements !

  347. Allez, puisque toutes mes vieilleries me reviennent, est-ce que le mot tampane vous parle (oui, aussi utilisé en « français » au pays)?

  348. Siganus Sutor

    Oui, “tempane” = “pellicules” (dans les cheveux).

  349. Tampane ? Avec un -a- après le -t- ?
    Pour moi qui me suis intéressé aux moulins, ce mot désigne la grande roue dentée qui
    fait tourner la meule.

    Quant à tempane, avec un -e- après le -t- , je ne vois pas. Des pellicules dans les cheveux ? Ce serait alors un véritable mauricianisme!
    Trouvé ça sur le web où, tout à la fin, on parle de tampane et de tempane… Orthographe incertaine, donc.

  350. Je ne saurais dire pour l’orthographe, encore moins pour l’origine de ce mot. En cherchant sur le web, j’ai trouvé la définition française que vous donnez. Chez les Réunionnais, il semble que le mot existe et désigne une mycose; celle-ci est nommée « lot(t)a » aux Antilles et « lotto » au Zaïre. Elle ne présente néanmoins pas de desquamation comme pour les pellicules. Quel lien alors entre les tampanes (n.m.?) mauriciens et réunionnais ? Le mot « tempanes » serait-il en relation avec la tempe d’où sembleraient provenir les pellicules ?

  351. Siganus Sutor

    Il s’agirait d’un mot d’origine malgache. D’après Baker & Hookoomsing, qui se réfèrent au dictionnaire du missionnaire britannique James Richardson (1885), dans lequel figurerait ce qui suit : “tampano = hodi-potsy, white spots on the skin”. Baker et Hookoomsing parlent ensuite de “tampane lapo”, ‘taches de peau sèche, de peau morte’, dont je n’ai pour ma part jamais entendu parler.

  352. Merci, on le retrouve effectivement dans le dictionnaire mentionné (page 611) ou sous la forme tapano.
    tampan lapo, jamais entendu non plus, probablement utilisé pour
    désigner le psoriasis (en plaques)?

  353. Porcius Afrasiaticus

    Siganus,

    Connaitriez-vous l’origine du mot « cambarres » pour désigner des racines, comestibles ou pas, ou en créole, surtout dans les régions rurales, les pieds d’une personne ( Alla to cambar(res) malang la!)? Je me souviens d’avoir lu un article dans le Cerneen datant de la fin du 19e, dans lequel figurait ce mot.

  354. Siganus Sutor

    « Cambare » est d’origine malgache, le mot se rapportant à un type de tubercule donné. À Maurice, dans certains coins retirés de l’Est, on cultive d’ailleurs un cambare dont le nom rappelle l’origine malgache du mot, le « cambare Betty », qui est voisin du « cambare douri ». Les Mauriciens ont fini par utiliser le mot « cambare » en tant que terme générique pour parler de tous les tubercules — y compris, parfois, celui qu’on a dans son slip.

  355. Gro Zippo

    C’était la première fois que je voyais un scolopendre ici hier; j’ai pensé « Oh! un cent-pieds! ».
    Il me semblait que ce mot venait de l’anglais; je fais alors une recherche sur Google et trouve
    ce mot utilisé dans plusieurs pays, dont certains ne me semblent pas avoir été des colonies britanniques comme Tahiti. Google propose même la page du scolopendre sur Wiki sans que le mot « cent-pieds » n’y apparaisse !
    En fait, c’est l’inverse; le mot anglais centipede vient du français centipède.
    Le mot est dorénavant inusité ici mais me semble encore utilisé sur Mars; serait-ce un mauricianisme ?

  356. Siganus Sutor

    Le “vrai” nom du cent-pieds c’est “scolopendre” ? Cela semble être le cas, bien que le Petit Robert affirme que ledit serpent fabuleux (étymologie du mot) est “couramment appelé mille-pattes”. Il faudrait peut-être écrire à Alain Rey à ce sujet.

    Quant au mot “cent-pieds” lui-même, jamais n’ai-je pensé qu’il puisse constituer un mauricianisme. (Peut-être un “rodriguisme” à la rigueur…) Ça paraît tellement normal de le nommer ainsi en français que je ne comprends pas pourquoi cette appellation ne figure pas dans le dictionnaire cité ci-dessus !

  357. Gro Zippo

    Oui, ça semble être le cas, la réponse que j’ai eue de quelques personnes (qui, certes, ne constitue pas un échantillon digne d’une loi normale) est « mille-pattes », alors que nous, nous penserions pour ce mot (générique)à une iule. Les scolopendres, comme les iules, appartiennent à la branche des myriapodes, d’où probablement leur appellation commune de « mille-pattes ». J’imagine qu’Alain Rey doit être au courant.
    Le mot n’y est peut-être pas, probablement parce qu’il n’est pas (plus?) dans celui de l’Académie. D’après le site etymonline, « centipède » serait du vieux français datant de 1640.

  358. Nous avons aussi « ciempiés », « milpiés » y « escolopendras ».

  359. Ln. Porcius Asiaticus

    Siganus,

    L’expression créole « met sit » désignant un microsystème informel d’épargne collectif ne viendrait-elle pas du mot hindi « chit » désignant dans le Sous-continent une sorte de chèque ou de billet a ordre?

  360. Super site que je découvre depuis mon « déracinement » en France, je suggère de compléter la définition de Planton: messager de l’entreprise « et homme à tout faire du Manager de l’entreprise, du service du traditionel thé aux course de Madame; poste généralement transmis de père en fils avec fierté malgré des conditions et des horaires de travail des plus déplorables »
    Zako

  361. « Courses »..eskizé missié

  362. Je retrouve ce lien à propos de centipèdes, millipèdes et autres myriapodes que j’avais mis dans un coin.

    P.S. « centipède » se trouve dans le Littré, édition 1872- 77 avec une précision remarquable sur le nombre de pattes.

  363. Siganus Sutor

    En effet, Zako, le planton, l’homme à tout faire dans un bureau, celui qui fait toutes les petites courses, toutes les démarches ennuyeuses, celui qui porte ceci ou cela ici ou là. Une personne indispensable que l’on appelle aussi pion, du portugais d’Inde peon.

    Le pion et le planton sont équivalents : tous deux sont issus de l’armée et tous deux sont des sans-grades. Le Petit Robert indique que, pour les Français donc, un planton est un “soldat de service se tenant à la disposition d’un officier supérieur pour porter des ordres”. Voilà sans doute d’où vient notre planton civil susceptible d’arpenter les rues de Port-Louis en pleine canicule de février.

  364. l’expression « Foutre cap » – Mordre.  » Le chien arrive derrière moi et il fou cap, dans mon molet. »

  365. Toune – Sexe féminin

  366. Claté – Epuisé.  » Après le travail, je suis rentré à la maison claté ! »

  367. Siganus Sutor

    > Pascal

    Foutre cap ► voir ici : https://mauricianismes.wordpress.com/2010/04/30/caper/

    Toune, oui, en effet, souvent d’ailleurs sous la forme hypocoristique “toutoune”.

    Claté (éclaté), oui bien sûr. Je pensais l’avoir déjà mentionné, mais je ne vois pas où.

  368. Jocelyne Grognard

    Bilinbi ! C’est un fruit vert plus petit que la roussaille .
    Photo svp et d’où ça vient ?

  369. Siganus Sutor

    Jocelyne, le nom viendrait du malayalam, langue dravidienne du Kérala. Pour les photos voir ici : https://mauricianismes.wordpress.com/2009/11/03/bilimbi/

  370. philatepat

    Hi, just came across your website – great work.
    Is ‘tchombo’ a typical mauritian word?

  371. Thanks.

    Baker & Hookoomsing suggest that “tchiombo” (attested as “tiombo” in 1839) actually comes from French. They suggest it might be an alteration of “tiens bon”. This origin is mentioned in Carpooran’s Diksioner as well. Therefore I suppose that, yes, we could say that tchombo is a typical Mauritian word indeed. Just like “tchom tight”, on which these authors don’t say much when it comes to the origin of the expression.

  372. L’ARGAMASSE
    « Argamasa » est un mot espagnol (et non portugais, sauf erreur de ma part. Je l’ai entendu utiliser lors de la visite d’une église en Espagne où la version française du commentaire audio était « … l’argamasse était encore dans la brouette… ») voulant simplement dire « mortier »… La définition que vous en donnez reprend les explications de Guy Rouillard, chercheur distingué, avec laquelle je ne suis pas d’accord quant à son usage à Maurice.
    En effet, l’argamasse désigne à Maurice le revêtement en fer-blanc (En tôle galvanisée chez les riches…) du toit plat de la varangue situé entre les deux pignons de façade, et je ne vois vraiment pas ce que du mortier viendrait faire dans une maison en bois ! J’ai une autre théorie…
    Demandant un jour à mon grand ami Gérard Ethève si « l’argamasse » lui disait quelque chose, il me répondit : Oui, dans mon enfance il existait sur les sucreries des aires cimentées (ou maçonnées au mortier ?) à même le sol où l’on mettait le grain à sécher au soleil. Quelques jours plus tard, survolant St Denis avec lui en Jodel, je fus surpris de voir de très nombreuses maisons coloniales avec des épis de maïs séchant sur « l’argamasse » ! Je lui dis en rigolant : Ils se servent de leur toit comme argamasse ! Il me répondit : En quelque sorte mais on n’appelle pas ça comme ça ici.
    Ma théorie est celle-ci : Un mauricien visitant un ami réunionnais fut surpris de voir tant de maïs au dessus de la varangue et lui demanda des explications. La réponse d’un air farceur fut « ça c’est mon l’argamasse ! » Pour ce mauricien, les réunionnais parlent mieux le français que les mauriciens, de retour au pays il fut fier d’exposer son savoir…
    Jusqu’à preuve du contraire…

  373. Gueule pavée
    Selon Wikipedia, la « gueule pavée » ne serait rien d’autre que la dorade royale ayant pour nom latin « Sparus aurata ». Si l’on cherche « Rhabdosargus sarba » que vous donnez comme nom latin à ce poisson, toujours sur Wikipedia, j’ai une photo qui à mon sens n’a rien à voir avec la gueule pavée que nous connaissons alors que la photo du Sparus aurata y ressemble beaucoup ! Je ne suis pas un spécialiste. A vérifier.

  374. Siganus Sutor

    Alain, plusieurs auteurs donnent une origine portugaise au mot argamasse, qui selon Baker & Hookoomsing provient du portugais « argamassa, mortar, building cement – Taylor* 1970. » Mais vu la proximité de l’espagnol et du portugais il est possible que ce mot, ou un mot très voisin, soit utilisé en espagnol aussi.

    Robert Chaudenson, créoliste de renom, évoquerait des « terrasses… couvertes d’un mastic très dur » (attestation de 1812, citée dans son livre Le Lexique du parler créole de la Réunion, 1974) et il parle à ce sujet de “français de l’océan Indien”, le mot se retrouvant effectivement dans plusieurs îles.

    Vous mentionnez Guy Rouillard. Ce qu’il écrit dans Histoire des domaines sucriers de l’île Maurice (1964-1979), page 161 :

    “19 – La Gaieté
    La sucrerie fut probablement construite par Pierre Renaud. En 1831 cinq-cents arpents étaient cultivés en cannes et le moulin à vapeur de 6 chevaux était abrité dans un bâtiment couvert en chaume et en ‘argamasse’.”

    Mais — et ce “mais” pourrait apporter de l’eau à votre moulin —, ma grand-mère criait paraît-il sur ses turbulents enfants en leur enjoignant de “ne pas monter sur la gamasse”. Par ce mot elle entendait la toiture de la varangue, qui était effectivement en tôle. Il semblerait que ce mot de gamasse, une d╬formation d’argamasse, soit utilisé pour parler d’une toiture annexe, une toiture ne faisant pas partie de la toiture principale. Par exemple ce que des Français appelleraient une “toiture en appentis”. Cela pourrait être la toiture en tôle rouge, en contrebas du toit principal en bardeaux, cachée par un haut bandeau, toit de varangue qu’on voit sur cette photo, un type de toiture de varangue assez courant autrefois dans certaines maisons mauriciennes.

     

    * Il s’agit de James Taylor, A Portuguese – English Dictionary, London, 1970 (1958).

  375. J’ai la chance de posséder un exemplaire de la deuxième édition du Novo dicionário Aurélio da língua portuguesa dans laquelle je lis:

    Argamassa [ de um el.obscuro + massa] S.f. Mistura de um aglutinante com areia e água….

    etc.
    ( traduction : (d’un élément obscur + masse) Substantif féminin. Mélange liant fait d’eau et de sable) *
    On trouve aussi un argamassador ( ouvrier spécialisé ) et le verbe argamassar.
    L’étymologie semble être inconnue. En admettant que massa veuille bien dire « masse », il reste un arga sans explication convaincante.
    Si je ne me retenais pas, je verrais bien une origine arabe comme armazém ( magasin, de l’arabe مخزن, āl-maḫzan) ou arroz ( riz, de l’arabe āl-aruz الأرز ).
    Il nous manque un arabophone…

    *L’article est plus long et plus technique. Si vous insistez je peux essayer de vous le traduire, mais il faudra me laisser du temps : je ne connais rien à ces termes techniques et aurais du mal à les traduire!

  376. Cher SS, (C’est plus court que Siganus Sutor…)
    Vous semblez très pointu en langues ! Moi, je ne suis qu’un « jack of all trade, master of none » et ne tiens pas à ce que vous me traduisiez le long article en arabe ! Je reste toutefois intéressé par tout résultat de vos recherches à ce sujet (ainsi qu’à d’autres !) mais l’argamasse ne m’empêche pas de dormir…
    As an after thought : La première fois que j’ai rencontré « la gamasse » c’était dans un article de Guy Rouillard (Sté d’Histoire, je crois) pour expliquer l’origine de « largamasse » Quand vous me dites que votre grand’mère disait aux enfants de ne pas jouer sur « la gamasse » je pense que c’est soit sous l’influence de Guy Rouillard mais plus probablement une question d’accent car à Maurice où le « r » est bien souvent avalé, bien fort celui qui peut faire la différence entre « la gamasse » et « l’argamasse »…
    Pour moi, l’argamasse c’est mauricien, la gamasse c’est Rouillard…
    Je vais me coucher.
    Très cordialement.
    Alain

  377. un fitalus, phitalus? c’est un scarabée?

  378. Je ne crois pas que cet insecte au dos rond, nuisible si je ne m’abuse, soit un scarabée. Il lui manque des cornes. Mais Phytalus est aussi un personnage de la mythologie grecque.

    ______

    Ah, McMillan (Mauritius Illustrated, 1914) dit que Phytalus smithii, un ravageur de la canne, est arrivé à Maurice en 1911.

  379. Siganus Sutor

    Rouillard et Guého nomment le phytalus Phyllophaga smithi. Le genre Phyllophaga est distinct du genre Scarabaeus, qui est celui des vrais scarabées, mais il fait partie de la famille des Scarabaeidae au même titre que les scarabées. Ce sont donc des “cousins”, tout comme les hannetons, les charançons, les rhinocéros et d’autres coléoptères.

    Il semblerait que l’appellation “phytalus” n’ait plus cours parmi les entomologistes. Dans ce cas ce mot, toujours utilisé chez nous, pourrait bien constituer un mauricianisme.

    ______

    Cet intéressant article parle des mesures prises pour empêcher le phytalus d’atteindre la Réunion et cite un chiffre avancé par Moutia et Mamet dans leur étude sur la bébête : plus de 4 milliards de larves et d’insectes adultes ramassés et détruits entre 1911 et 1938.

  380. Bouncer: videur (boite de nuit).
    Fesse (autre sens): fille. « Tu as vu cette fesse la passer? »
    Case (prononcer à l’anglaise): un cas particulier, un phénomène. « c’est un case ce boug la! »
    Pit (Pit-latrines)…
    Plein tank: à fond (ex: promo Total: http://www.yashvinblogs.com/total-tap-plein-2012/). « J’ai pas pu me lever ce matin. Hier soir on a baisé la marre plein tank! ». « – Tu viens ce soir? – Plein tank ! »

  381. – Bébem: (enfantin) se baigner (prendre son bain, ou un bain de mer).
    – Popom (enfantin) : se promener
    – casser la canette: dompter, apprendre les bonnes manières ?
    – ma-soeur / mon-père: nonne / prètre

  382. Siganus Sutor

    Oui, “bouncer” devrait faire l’affaire en effet : qui a déjà entendu parler d’un “videur” à l’entrée d’une boîte de nuit mauricienne ?

    On dit toujours “une fesse” pour parler d’une fille ? Non !?

    “Case” est dans la liste.

    “Plein tank” ? Ça fait un peu trop “jargon de jeunes”, non ? N’y aurait-il pas là un effet de mode ? Dans dix ans on ne l’entendra peut-être plus du tout.

    “Bébem” ? Ha, C’est du français de Maurice ça ? Mais sans doute les bébés français n’entendent-ils jamais cela, les veinards ! 🙂

    Quand j’entends “casser sa canette”, je pense à une seule et unique personne…

  383. Si si, je confirme, « Plein tank » est dans le langage courant!
    Idem pour « fesse » dans le sens « fille ».

    Autres choses:
    – Galimatia: un foutoir, un gros désordre « La politique à Maurice est un Galimatia.. » / une chose informe « Arrête de faire un galimatia dans ton assiette! » synonyme « macatia »
    – Case: autre sens: procès en justice.

  384. Siganus Sutor

    C’est noté. Je vais voir si je finis par inclure “plein tank” (qui me semble utilisé plutôt en créole qu’en français “local”). “Fesse” me semble un tantinet vulgaire, dérogatoire, ou Dieu sait quoi encore, ce qui fait que je ne l’entends pas très souvent, ne fréquentant que des gens bien élevés, mais après tout pourquoi ne pas inclure les fesses aussi…

    Galimatias est un mot français, mais il se rapporte essentiellement à ce que dit une personne : http://www.cnrtl.fr/definition/galimatias. De ce fait on peut difficilement faire un galimatias avec la nourriture que l’on a dans son assiette. Et un case pourrait effectivement figurer en tant qu’affaire judiciaire : “il y a un case contre Pravind Jugnauth dans l’affaire Medpoint”.

  385. Siganus Sutor

    Quelques cases relevés dans la presse martienne :

    “Quant à l’éjection de Naredeosing Keenoo, M. Dhookun est catégorique : « Il n’aurait pas dû se présenter aux élections s’il savait qu’il avait un case contre lui ».”
    (Le Mauricien, 1er février 2014 – http://www.lemauricien.com/article/election-partielle-six-candidats-l-avancement-petite-riviere)

    “Ça fait peur avec tout ce qui se passe dans ce ‘case’. Peut-on faire confiance à la force policière?”
    (L’Express, commentaire d’article, 11 mars 2014 – http://www.lexpress.mu/article/arret-du-proces-contre-joy-beeharry-appel-envisage-contre-le-jugement)

    “Il faut arreter une personne que s’il y a un case solide contre lui et qui doit être initié que par le DPP.”
    (L’Express, commentaire d’article, 13 décembre 2013 – http://www.lexpress.mu/article/affaire-harte-rutnah-pourra-se-rendre-en-angleterre)

    “« Je logerai une action en Cour suprême parce que mes droits constitutionnels sont bafoués. D’un côté on m’accuse de conflit d’intérêts et de l’autre, on m’empêche d’utiliser des preuves pour assurer ma défense. J’ai dit à Navin Ramgoolam que j’ai confiance en la justice, dans les tribunaux, les juges et les magistrats, et c’est là que je situerai ma lutte. Je souhaite que ce “case” soit entendu. Je verrai ce que la Cour dira sur mes droits constitutionnels », a déclaré le leader du MSM.”
    (Le Mauricien, 27 septembre 2011 – http://www.lemauricien.com/article/medpoint-pravind-jugnauth-compte-saisir-la-cour-supr%C3%AAme-semaine)

  386. A propos de « galimatias » »

    « Sommes-nous contraints à être focalisés sur leurs gesticulations sans fin, tout ce galimatias déplorable et stérile qui nous détourne des vrais enjeux de société »
    http://www.lemauricien.com/blog/la-violence-du-travail

  387. Siganus Sutor

    Dans ce cas le mot galimatias pourrait correspondre dans une certaine mesure à la définition standard donnée par le Trésor de la langue française : “Discours confus qui semble dire quelque chose mais ne signifie rien. Synonyme embrouillamini.” Mais peut-être le journaliste avait-il autre chose en tête…

  388. Foncer: verbe: enfoncer..
    « Fonce ça un coup dans ton sac. »

  389. Tirer la corde de quelqu’un : taquiner.

  390. Siganus Sutor

    Et défoncer, ça serait enlever la chose du sac ? 🙂

    Oui, oui, en effet, on entend souvent parler de gens qui foncent ceci ou cela, ici ou là, ou qui demandent à d’autres de le faire — l’aphérèse du en-, sans doute.

     

    Les Anglais, pour leur part, tirent autre chose : la jambe d’une autre personne. Mais je dirais même plus : “hisser la corde de quelqu’un”. La marine n’est jamais très loin.

  391. Suggestion : Amarrer son langouti : prendre son courage, se faire une raison.
    exemple : ça va être difficile… amarre ton langouti !

  392. Siganus Sutor

    Jojo, en effet, “amarre langouti” (le pagne des hommes) pour se préparer à l’épreuve, prendre son courage — à deux mains. Didier de Robillard mentionne cette expression dans son Inventaire du français mauricien. On la retrouve sous la plume d’un M. Antelme qui en 1892, par la bouche d’un “vieux noir des temps margoze”, parlait du fameux cyclone de cette année-là :

    Bon Dié té dire av’ zot « Zot tout piti piti,
    Amar’ zot langouti, coup d’vent pour vin’ midi. »

    http://concordancemmc.free.fr/Textes%20anciens.htm#1892 Antelme 1892

    Mais je ne suis pas certain que les jeunes générations d’aujourd’hui connaissent bien l’expression. Qui plus est, dans les dictionnaires créoles de Baker & Hookoomsing et de Carpooran on ne la trouve pas. En revanche, on trouve “amar léker” dans le Baker & Hookoomsing, avec exactement ce sens-là.

  393. Pour moi, amarre léker = plutôt pour se préparer à une épreuve qui sera dure psychologiquement, émotionnellement, mais il faudra « rester fort ». Alors que amarre langouti = plutôt pour se préparer à des temps durs (travail dur, vie pas facile…)

  394. Christopher

    Je lis que ma filleule a huit sujets pour sa nouvelle année d’études.
    Un autre anglicisme utilisé pour « matière » ?
    Il est vrai que pendant les épreuves d’une matière, on peut tirer un sujet (avec son fusil, comme dirait Dupontel).

  395. Siganus Sutor

    Mais oui, Christopher, une très bonne suggestion, le “sujet”. Un pendant au “papier” (d’anglais, de français, de maths), d’ailleurs.

  396. Christopher

    Un autre anglicisme ? À l’instar de « par », pour joindre quelqu’un au téléphone, il faut le contacter sur le 675~~ (tiens une vieille connaissance).
    On peut aussi trouver des infos sur le 525~~.
    Il paraîtrait qu’en GB, on dit « contact me on the +44~~ », et aux EU, « contact me at +1~~ ».
    Ici, c’est « appelle-moi au téléphone », mais « appelle-moi sur le portable ou sur le téléphone fixe ».

  397. Bonjour, je n’ai pas lu toutes les dernières suggestions, alors les miennes feront peut-être doublon, mais je vous les livre en vrac :
    un phénomène (un original)
    faire les commissions (faire les courses)
    chauffe-bain : ça existe, mais guère utilisé aujourd’hui pour chauffe-eau
    en-bas-là-haut (sans dessus-dessous)
    il a fait ça par exprès (au lieu de « il a fait ça exprès »)
    elle avait couru toute la journée, le soir elle est tombée sec ! (s’est endormie tout de suite) ou elle s’est endormie « comme une roche »

  398. Ha ! ha ! « elle est tombée sec », jamais « elle est tombée sèche », n’est-ce pas ?

    Oui, tellement « local », le « par exprès »…

    Oui, « en bas là haut » pour à l’envers, ou « devant derrière » de même que « droite dans gauche ». (Des nuances que ne possèdent pas les Français.)

    Le « chauffe-bain » est dans la même lignée que « se baigner » pour « se doucher », « se laver ».

    Je ne suis pas certain que les « commissions » ne soient pas faites en France aussi, à côté des courses. À vérifier.

    Quant au « phénomène » (original, type sortant de l’ordinaire), j’ai l’impression que ça pourrait s’entendre chez les Nordistes aussi. Peut-être que le ton et la diction utilisés pour le dire pourraient par contre être caractéristiquement mauriciens : « Phénomène ce boug-là ! »

  399. Bonjour,

    Je me permets de vous contacter pour vous parler d’outils autours de la langue française.

    Depuis un peu moins d’un an est disponible sur notre site, un dictionnaire numérique.
    Ce dernier propose une définition courte, les synonymes, antonymes et également les difficultés liées au mot. Avec plus de 150 000 entrées dont les mots issus de la francophonie française et les mots rares, anciens.

    Ce qui m’a fait rire, et je suis sûre que ça va vous plaire, c’est qu’on a intégré plus de 5 000 ouvrages de référence. Et donc, sur chaque mot recherché, vous pouvez trouver les expressions liées. Que cela soit dans la littérature classique et contemporaine, mais aussi dans des articles numériques, vous retrouvez comment a déjà été employé ce mot.
    Vous pouvez le découvrir à cette adresse : http://www.dictionnaire.cordial-enligne.fr

    Dans un autre registre, nous avons publié un manuel de français : accord du participe passé, règles de grammaire, analyse des constituants d’une phrase, règles typographique. Une aide complète en ligne.
    grammaire.cordial-enligne.fr

    Vous êtes bien entendu libre de référencer nos outils, toutefois, je pense que nos ressources peuvent séduire vos visiteurs. Qu’en pensez-vous ?

    Bien cordialement,

    Estelle Nivert

  400. Chicaner : taquiner, embêter, se moquer gentiment « il n’arrête pas de me chicaner » – le mot existe en français, avec à peu preès le même sens, mais n’est plus utilisé je pense, alors qu’ici il est resté longtemps

  401. baroque : d’un langage pas très correct, pas très académique : français baroque, expressions baroques.

  402. Pourriez-vous ajouter à vos mauricianismes le mot « gond ». Je ne sais pas trop comme ça s’écrit, mais il s’agit du « charançon », l’insect qui envahit le riz.

    Merci

  403. Jojo,

    Chicaner (transitif) dans le sens de taquiner, se moquer, ne serait pas d’usage courant en français standard ? Il me semble que le verbe est assez courant, mais qu’il n’a pas tout à fait le sens qu’on lui donne à Maurice, en particulier en créole (tonn tro sikann li, samem linn amerdé koumsa). Le Larousse en ligne parle du verbe en ces termes :
    Critiquer quelqu’un mal à propos, sur un point de détail : On nous chicane sur l’emploi de ce mot.
    Contester quelque chose à quelqu’un : On lui a chicané le droit d’assister à cette réunion.
    http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/chicaner/15269
    Ça serait plus “critiquer”, “contester” que “se moquer de quelqu’un”, “s’amuser à ses dépends”.
    Le TLF va lui aussi dans ce sens : “Cela me chicane. Cela me donne du tourment, de l’inquiétude.”
    http://www.cnrtl.fr/definition/chicaner
    Mais il nous faudrait des Français standard pour confirmer la chose.

    Oui, baroque dans le sens de bizarre, pas tout à fait standard, un peu comique. On dira par exemple d’un étranger qui fait l’effort de parler créole sans toutefois le maîtriser parfaitement qu’“il parle un créole baroque”. Il me semble toutefois que l’expression est infiniment plus fréquente en créole qu’en français mauricien.

     

    Nathalie,

    Si je comprends bien la suggestion, les Mauriciens emploient le mot “bol” au lieu de “saladier” ? Il est possible que ce soit là une particularité langagière locale, mais qu’est-ce qu’un saladier si ce n’est un gros bol ? 🙂
    Ah, il semblerait que le bol soit en principe réservé aux liquides, du moins si l’on en croit le TLF : “Pièce de vaisselle de forme généralement hémisphérique servant à prendre certaines boissons”. Mais je dois m’élever ici contre ce sens restreint, sinon il ne sera plus possible de manger un “bol renversé” au restaurant ! Ou avoir tout simplement un bol de riz. Alors peut-être est-ce une question de taille uniquement. Mais un très gros bol dans lequel on mettrait autre chose que de la salade — par exemple de la crème au chocolat, de la semoule ou des mines —, l’appellera-t-on “saladier” en France ?

     

    David,

    Je pensais avoir inclus le mot gon / gond dans la liste, mais je dois me rendre à l’évidence : il n’y est pas. Longtemps je me suis demandé s’il s’agissait là d’une particularité mauricienne. On le trouve par exemple sous la graphie gon dans le Dictionnaire classique de la langue française (1827), où il est donné comme signifiant “charançon, calandre”.

    On retrouve le même mot, écrit avec un -d final cette fois-ci, dans le Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique (1809) et dans d’autres ouvrages anciens.

    Baker & Hookoomsing pour leur part mentionnent une origine bretonne, ce qui paraît étonnant, et ils renvoient à Chaudenson qui parlerait à ce propos de “français dialectal”, ce qui rejoindrait l’extrait ci-dessus (“dans quelques cantons”). Peut-être quelque Français ou Française parlant un patois dans lequel il est question de gonds infestant le blé ou la farine et venant à passer par ici pourra nous faire part de son avis ?

    Quoi qu’il en soit, l’expression (utilisée aux Seychelles aussi) ne semble pas d’usage courant en français standard d’aujourd’hui et mériterait ainsi de faire partie de la liste de mauricianismes.

  404. Christine M. d'Unienville

    Bonjour,
    MERCI pour cet excellent site. Je ne me lasse pas de le parcourir !
    Toutefois, je note que « gonnage ou gonage ?!? » ne s’y trouve pas ? Qui pourrait me dire d’ou vient ce mot ou cette expression bien de chez nous : « Arrete de manger des gonnages », « Cette boutique vend plein de gonnages » etc.
    Merci. Bien cordialement
    Christine

  405. Hello… How about ‘pincul’, as in ‘avarre’ ou ‘crabe’? Can’t find it on the list… 😀

  406. *avare… Oups… 🙂

  407. File là-haut

    J’ai lu qu’au Brésil, les esclaves qui appartenaient à la royauté dans leur tribu, surtout des bantous, étaient appelés des nacao (nation). Ainsi le prince Ratsitatane serait un nacao aux yeux des Portugais. Sachant que la communauté bantous a peuplé les côtes de Madagascar, je soupçonne fortement, pourquoi on appelle, par extension, les descendants d’esclaves de chez nous, des « nations ».

  408. Mervyn North-Coombes

    Dear Siganus,

    I discovered your site by Google miracle a while back after seeing some ‘novembriers’ in an uncaptioned photo of South African landscape in the British press and looking in vain in various dictionaries for the flower’s commnon name in both non-Martian French and English or its botanical name at least.

    Merci donc pour Agapanthus praecox (que je n’arrive pas à taper en italiques sur cette page…) et chaleureuses félicitations pour votre site, que j’explore et savoure petit à petit.

    Hearty congratulations also for your site’s génial (italics again) ‘Martian Spoken Here’ title. I confess, however, that I am less smitten with ‘Mars’ as the declared home of our celebrated language, believing that ‘Martius’ (which I unreservedly regard as your creation) would not only do it much better justice but also serve in no small way to enhance the characteristically profound and wide-ranging uniqueness of our island home.

    As a branding specialist (retired), may I humbly suggest perhaps that you seriously consider registering both ‘Martian’ and ‘Martius’ as your very own trade marks? I cannot wait to be able to contribute occasionally to a blog entitled ‘Only In Martius’, devoted to all things Mauritian other than language and thus a natural and most desirable extension of your present site.

    Bien cordialement,

    Mervyn

  409. Siganus Sutor

    Dear Mervyn,

    Thank you very much for your kind words et vos encouragements qui me vont droit au cœur. La raison-d’être de ce blog était de discuter des expressions utilisées à Maurice en tant qu’usage particulier et régional de la langue française globalisée. J’imaginais, de façon un peu naïve sans doute, que bien des Mauriciens auraient pris la chose à cœur et que cela aurait donné lieu à de longues discussions (le vindaye est-il du « vin d’ail » ? qui connaît le verbe bangoler et quel sens lui donne-t-on ? d’où vient le mot « poban » ?), voire à des empoignades ! Mais, las, peu de contributeurs sont venus ici donner leur son de cloche. De façon paradoxale, il y a eu davantage d’étrangers que de Mauriciens pour s’intéresser aux mauricianismes de façon active et contribuer au débat. Tant pis…

    As for Mars, Martius and whatnot, it was just in remembrance of an old friend who, when we were both students in a faraway country, used to call me « his Ma.r.tian friend ». I owe him a lot.

    Yours gratefully and expectantly,

    Sig

  410. rapporter – verbe souvent utilisé pour signifier « donner des fruits ». Exemples:
    1) Cet arbre rapporte des letchis.
    2) Mon manguier n’a pas rapporté cette année.

  411. J’ai cherché le mot « frivil », pas trouvé – dérailleur en français – qui à mon humble avis serait tout bêtement originaire du mot anglais « free wheel » !! ??
    J’espère en apprendre plus des spécialistes !!

  412. MADAYA CONDEAH

    Poc poc a aussi le sens d’avoir peur, ou d’être peureux, capon. « Linn tann dir lanket pu uver, li pe poc poc! » « Sa enn mari poc poc sa, li pa pu ena kuraz dir la vérité! »

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