Insignifiant.
Adjectif ou substantif.
Insupportable, bête, niais, fatigant.
“Pourquoi bon Dieu ces enfants-là sont insignifiants comme ça !?”
“Tu as décidé de faire ton insignifiant aujourd’hui ou quoi ?”
Extension du sens d’insignifiant : sans intérêt, négligeable, terne. L’adjectif insipide, qui commence de la même manière et qui peut signifier ennuyeux, a pu avoir une influence sur ce glissement de sens.
En effet, on dirait que ces « insignifiants » font tout pour qu’on les remarque!
Exactement ! Et c’est bien en cela qu’ils sont insupportables. Je suis persuadé que certains compatriotes ont pu trouver que je faisais parfois mon insignifiant. D’autres ne possédant pas cette expression-là ont dû penser à peu près la même chose dans leur langue à eux.
Chez moi, on disait plutôt : « tu fais ton intéressant » ! dans le sens de : « tu ferais n’importe quoi pour te faire remarquer ».
Certes, ici aussi on parle de « faire son intéressant ». Mais « faire son insignifiant » a un sens légèrement différent. Il suggère davantage l’agacement créé, le côté niais d’une telle attitude, une gnangnanitude finie si vous voulez. Il n’y a vraiment rien d’intéressant dans une telle démarche.
Chez Michel Tremblay :
— Pose pas ton livre sur ma pâte à tarte ! Pis retourne tu-suite lire c’te livre-là comme du monde ! Tu dois même pas savoir c’que ça conte, tellement tu l’as lu vite ! Enfant insignifiant ! Pis pense pas qu’on va te laisser ouvrir un autre cadeau, là, c’est pas parce que t’as gagné une fois que tu vas gagner toute la journée ! Y’a toujours ben des émites à faire rire de nous autres !
(Un ange cornu avec des ailes de tôle, éd. Leméac/Actes Sud, page 62.)
Reste à savoir ce qu’au Québec on entend au juste par « enfant insignifiant ».
Par ailleurs, ce « comme du monde » a un faux-air mauricien. Pour parler de gens dont il y aurait beaucoup à redire on entend assez souvent « C’est pas du monde ça », expression qui a son rigoureux pendant en créole : « Pas dimounn sa », laquelle pourrait avoir été à l’origine de la version française — ou vice versa.
Dans Le Mauricien du 18 août 2010, page 11 :
« Kamera de sirveyans se enn bon zafer. Dan Pereybère ena tro boukou voler, tro boukou aksidan et ena tro boukou insinifian ki gatt ou plezir ! » (Les caméras de surveillance sont une bonne chose. A Péreybère il y a trop de voleurs, trop d’accidents et il y a trop d’insignifiants qui gâchent votre plaisir !)
Is this « gnangnanitude » related to the « nyania » of Lacan?
« C’est là pourtant que se livre le sens du dire, de ce que, s’y conjuguant le nyania qui bruit des sexes en compagnie, il supplee a ce qu’entre eux, de rapport nyait pas. »
—Jacques Lacan, « L’Etourdit »
No, I don’t think so. TLFi mentions “gnangnan” as being slow, lazy, boring. I would personally tend to see it as (mildly) irritating, mostly due to foolishness, some sort of intentional foolishness.