Dans le billet intitulé Accent créole on pouvait voir la devanture d’une librairie sur laquelle était écrit “asté ek vender” (des livres). La même librairie étend désormais ses activités à travers l’île, à grand renfort de réclame sur prélart, et il est possible de noter une plus grande rigueur pour ce qui est de l’usage de l’accent aigu — un argument de vente sans aucun doute. Pour la prochaine fois cependant il faudra s’efforcer de faire porter la rigueur sur le mélange créole/français, ce “112 la postes” en particulier étant une offense méritant un retrait d’au moins 4 points. Et ce n’est qu’après un certain nombre d’années qu’on pourra envisager de la constance dans la graphie du créole lui-même, pour l’édification des jeunes générations scolarisées.
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Asté ek vendé
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Aussi capav asté ou livre
dans tou les 112 la postes
à travers Moris
Je m’interroge sur l’utilisation de « tous les 112 »; ici j’aurais écrit « tou bann 112 »
« tous les » semble s’imposer avec les jours comme dans « tou lé zour », « tou lé swar », « tou lé dimans », même si dans ce dernier cas on pourrait dire « tou bann dimans ».
Je donnerais un rôle d’adjectif numéral à « bann », alors que « tou lé » serait synonyme de « sak ». Ainsi je différencierais « tou lé zour mo al travay » de « tou sa bann zour mo finn travay ».
Toulétan (ou toultan) — i.e. sakfwa — toulé zour, toulé tanto, etc. : il me semble qu’il s’agit d’expressions plus ou moins figées marquant la répétition, le côté périodique de la chose. L’article défini français “les” n’existe pas tel quel en créole, son équivalent étant “bann” — ou rien du tout. Il me semble que lorsqu’une entité plurielle est considérée comme un tout collectif, un ensemble générique pour ainsi dire, il n’y a pas d’article du tout. “Zanfan coum sa mem sa : to bizin répet mem zafer 10 kout pou zot komans konpran”. “Fransé kontan manz dipin ek zot dézéné”. “Dan granmatin bis boukou lor nouvelrout.” Par contre : “Bann zanfan ki ti lor bis stop talerla ti bann malelvé.” “Bann Fransé Marseille difisil pou konpran zot langaz.” “Bann bis UBS-la fer boukou lafimé.”
Quoi qu’il en soit, ce “tou les 112 la postes” n’est guère akadémik. Sans doute faudrait-il mettre l’ICAC sur l’affaire.