Bostoque

Bostoques.
Nom masculin ou féminin, souvent pluriel.

Grosses chaussures lourdes et peu esthétiques, qui sont portées davantage pour leur solidité et leur côté pratique que pour leur élégance. L’expression est surtout utilisée avec une idée de plaisanterie ou de taquinerie.

« A une soirée où tout le monde était sur son trente-et-un il est arrivé avec ses grosses bostoques encore couvertes de boue. »

Je ne sais pas si tu as remarqué, mais ton bostoque-là est en train d’écraser le bouchon de ma plume.”

Le dictionnaire créole-anglais de Ledikasyon Pu Travayer donne la définition suivante:
bostok (n)
big shoes

Parfois le mot est employé avec une valeur d’adjectif.

Tu ne trouves pas qu’ils sont un peu bostoques ces souliers-là ?

Il a été dit que l’expression pouvait provenir d’une marque de chaussures (un peu comme les pixidoos). En l’absence d’autre indication — Robillard ne dit rien à propos de l’étymologie du mot —, l’hypothèse peut être retenue comme étant « possible ». Le Dictionnaire étymologique des créoles français de l’océan Indien, dans la 2e partie consacrée aux mots d’origine non-française ou inconnue, évoque l’hypothèse de la marque, indication précédée d’un point d’interrogation.

En argot de France il existe un mot aussi peu élégant qu’un bostoque pour désigner ces souliers-là : écrase-merde. Du bostoque à la bouse et au bouseux il n’y aurait pour ainsi dire qu’un pas. On en reviendrait ainsi au gros-feuille :

clodhopper
n.
1. A clumsy, coarse person; a bumpkin.
2. A big heavy shoe.

18 réponses à “Bostoque

  1. Que’est-ce qu’un bouchon de plume ?

  2. Siganus K.

    Une plume est ce qui est appelé un stylo en français de France, et son bouchon est la petite coiffe qui empêche les uns et les autres de se barboter d’encre quand l’objet ne sert pas. (Je ne suis plus très sûr du nom qu’on donne au bouchon de plume en France. Capuchon ?)

    Bougon, Bostok, ou Bostock, ça n’aurait pas pu être une marque allemande par hasard ?

  3. Alors un simple bouchon/capuchon de stylo, ce que j’imaginais. Mais pourquoi le stylo traîne-t-il par terre comme un serpent ? Comme celle de la plume de ma tante, la place d’un stylo et son bouchon est sur la table. S’il s’aventure sur le royaume des botoques, ce n’est pas de leur faute à eux s’il se fait écraser.

    Je ne connais pas de marque « bostok » ou semblable. C’est évidemment un Bic que vous avez photographié. Pour les bottes de soldat il y a le terme Knobelbecher, une sorte de pot façonné de cuir avec qui on jette les dés dans les bistros.

  4. Et si on spécule sur « bota » espagnol, avec un « osco » final ou sembable pour désigner des bottes grossières ?

  5. marie-lucie

    Le capuchon, c’est le bon mot. Le bouchon sert à boucher un trou, par exemple celui d’une bouteille.

    On met un capuchon au stylo-bille (le genre Bic) pour ne pas se barbouiller d’encre. Barboter, c’est ce que font les canards, ou les petits enfants dans une eau peu profonde, (à moins que le sens mauricien soit différent).

  6. Siganus K.

    à moins que le sens mauricien soit différent [barboter]

    En effet, quand un petit enfant a mangé en se mettant de la nourriture partout, on entend qu’il (s’) est barboté — de purée de giraumon par exemple. On parle même de “barbotage” (“barbouillage” en français de France), l’exclamation pouvant alors être du genre “Ayo maman ! guette ce barbotage-là !!” (Voir la collection.) De la même façon, on entendra qu’un peintre était barboté de peinture de la tête aux pieds, peintre dont les bostoques peuvent elles-mêmes être barbotées de boue.
     
     
    Et si on spécule sur “bota” espagnol, avec un “osco” final

    Le hic c’est que le -s serait avant le -t de “bostoc”. Je ne suis pas certain que quelque chose comme “botosco” aurait pu donner “bostoque”. (Quoique… en créole peut-être…) Le botox non plus.

  7. >Marie-lucie
    Les anciens “Bic” avaient un capuchon mais aussi un bouchon ; malheureusement (question d’économies ?), le nouveau modèle n’a qu’un capuchon. Pourvu qu’il y ait un des deux, cette « machine à écrire » ne barbouillera jamais.

  8. Il y a aussi ces bostoks-là… (je me demande d’ailleurs bien pourquoi on les appelle « bostoks » !)

  9. Siganus K.

    Il faut vraiment que ce soit la fin des haricots pour qu’on se mette à cuire cuisiner des bostoks…

  10. >Siganus K.
    Il y a quelques pages de l’Histoire où on parle de la faim et de se voir dans « l’obligation » de manger des semelles ; par exemple, pendant le Premier Tour du Monde.

  11. Il faut vraiment que ce soit la fin des haricots pour qu’on se mette à cuisiner des bostoks…

    Ah Sig, vous touchez là à des souvenirs tellement anciens que je ne suis même pas sûr qu’ils soient « réels » – je crois qu’on m’a raconté, dans ma (très) petite enfance, qu’en effet, on a pu être réduit à de telles extrémités qu’on mettait à cuire des lanières de godasse dans le bouillon « pour faire la viande »… Je n’en ai pas retrouvé de traces documentaires. Peut-être que c’est une sorte de légende.

    Mais les « bostoks » dont je vous parlais sont autrement goûteux (et je ne sais pas du tout d’où vient leur nom…) !

  12. Siganus K.

    > Jesús

    Durant la traversée du Pacifique :

    « Pour tromper la faim qui les tenaille, les hommes inventent des recettes de plus en plus dangereuses : on mélange de la sciure aux déchets de biscuits pour augmenter le volume de la maigre ration quotidienne. Enfin la famine devient telle que, comme l’avait prévu Magellan, ils en arrivent à dévorer le cuir des vergues. “Pour ne pas mourir de faim, écrit Pigafetta, nous finîmes par manger les morceaux de cuir dont est garnie la grande vergue afin de protéger les cordages contre le déchirement. Exposés depuis une année à la pluie, au soleil et au vent, ces morceaux de cuir étaient devenus si durs que nous dûmes les laisser pendre quatre à cinq jours dans l’eau pour les ramollir. Alors nous les passâmes sur le feu et nous les mangeâmes.” »
    (Stefan Zweig, Magellan, p. 202.)

    Mais c’est l’explorateur John Franklin, celui qui a cherché le passage du Nord-Ouest au point d’en mourir, qui en son temps était devenu célèbre en tant qu’“homme qui a mangé ses bottes”.

  13. >Siganus K.
    J’ai oublié d’ajouter mon classique « comme vous savez ». D’autre part, rien à voir ce plat « pachydermique » avec les gratons.

  14. Et nous pouvons aussi penser à la Ruée vers l’or et son célèbre repas de bout de chandelle et de semelles de cuir…

    ( un peu avant la première minute de la bande annonce)

  15. In Lewis Carroll’s poem The Hunting of the Snark, one of the characters has a rather forgetful character:

    There was one who was famed for the number of things
    He forgot when he entered the ship:
    His umbrella, his watch, all his jewels and rings,
    And the clothes he had bought for the trip.

    He had forty-two boxes, all carefully packed,
    With his name painted clearly on each:
    But, since he omitted to mention the fact,
    They were all left behind on the beach.

    The loss of his clothes hardly mattered, because
    He had seven coats on when he came,
    With three pairs of boots–but the worst of it was,
    He had wholly forgotten his name.

    He would answer to « Hi! » or to any loud cry,
    Such as « Fry me! » or « Fritter my wig! »
    To « What-you-may-call-um! » or « What-was-his-name! »
    But especially « Thing-um-a-jig! »

    While, for those who preferred a more forcible word,
    He had different names from these:
    His intimate friends called him « Candle-ends, »
    And his enemies « Toasted-cheese. »

    Note that several of his imputed names have to do with marginal foodstuffs.

  16. Ca fait un bail que je ne suis pas venu dans le coin. Les bostoks… quand j’étais ado tout le monde en voulait. Je me demande si le son ne vient pas d’une déformation de la marque « Birkenstok » qui sont des chaussures ultra moches mais super confortables et très orientées, quand on ne parle pas de sandales, travail professionnel d’extérieur ?

  17. Sachin, matelot, ki news ? Tou korek Lafrans ? Lété pé donn bal laba ? (Ici tikoulou dan kannson detsou asoir !)

    Intéressantes, ces Birkenstok. Les sonorités du nom font effectivement songer à “bostok” (ou “bostoque” si on choisit une graphie plus francisée). Comment toutefois savoir si c’est bien ce nom-là qui est à l’origine de nos bostoques ? Je ne sais au juste de quand date l’expression à Maurice, mais j’ai le feeling que le mot est bien plus ancien que la présence de ces chaussures/sandales allemandes dans le paysage, chaussures qui me semblent avoir surfé sur la vague verte de l’écologie et d’un retour vers la nature. Et puis, même si elles sont un peu mastoc ces Birkenstok-là, elles ne correspondent pas tout à fait à ce que nous entendons par bostok, non ? (Voir photos ci-dessus, ainsi que celle-ci montrant un Obama portant des bostoques à son tour.)

  18. Siganus Sutor

    Se pourrait-il qu’il y ait un lien entre le mot mauricien bostoque et le mot russe vostok (“Восток”, orient, est) ?

    BBC News, 7 March 2013
    Antarctic Lake Vostok yields ‘new bacterial life’
    http://www.bbc.co.uk/news/science-environment-21709225

Laisser un commentaire