Balisage

Balisage.
Nom masculin.

Limite de propriété (souvent matérialisée par un mur ou un fencing).

« Pendant des années ils ont jeté des saletés sur le terrain vague qui se trouvait de l’autre côté de leur balisage. »

Au contrat ci-après relaté, il a été fait et observé que la sortie de ce terrain se ferait au moyen d’un droit de passage de 3.05m de large, pris entièrement du lot No. 1 longeant le balisage de Monsieur Deolall Ramsurn pour aboutir à Montagne Longue Road”. (Annonce légale dans L’Express du 21 juillet 2009, page 16.)

« Selon Jean Laurais, “il y a, à Midlands, dans la tournée dite Pavé Citron, tout près du balisage entre Midlands et Sans-Souci, un petit cours d’eau appelé Ruisseau Bety”.” (Week-End du 24 juin 2007.)

« Le Nature Park juxtapose [jouxte ?] la réserve naturelle des gorges de Rivière-Noire. De l’autre côté du balisage, la végétation des gorges et [est] dense et d’un vert profond. » (L’Express du 29 juin 2007.)

En français du dictionnaire le balisage est soit l’action de placer des balises (guides pour la navigation maritime, fluviale, ferroviaire, aérienne), soit, après que cette opération a été faite, l’ensemble des balises ainsi placées. Il est question de guider ceux qui se déplacent. On ne trouve nul déplacement dans le balisage mauricien, tout au moins celui qui a trait à la propriété foncière, sauf en cas de glissement de terrain. L’expression locale pourrait provenir du fait que la limite de propriété est matérialisée sur le terrain par des bornes ou des jalons qui sont vus comme autant de balises.

Il existe un dicton en créole qui dit que « lizié péna balizaz » (les yeux n’ont pas de balisage). Dans l’Étude sur le patois créole de Charles Baissac (1880), l’auteur en donne la traduction suivante : “Les yeux n’ont pas de frontière. (L’œil a le droit de regarder tout ce qu’on montre.)” Ce qu’on pourrait aussi traduire par “la vue n’a pas de frontière”.
 

Il en ressort que cette acception mauricienne de balisage en tant que limite, frontière, démarcation ou lisière date au moins du XIXe siècle.

On trouve aussi un verbe baliser signifiant que le terrain d’une personne donnée est attenant à celui d’une autre. “Si j’habite près de Jayen Cuttaree ? Je balise avec lui…”

 

 
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Mise à jour du 20 juillet 2013

“Balisage Street” sur une carte de Roche-Bois (Directorate of Overseas Surveys, sheet 9806, published 1971) :

Balisage_Street--Roche-Bois--D.O.S._1971

(Cliquer sur l’image pour voir l’extrait de carte en plus grand.)

20 réponses à “Balisage

  1. There is also another sense of balisage, namely ‘markup’, such as HTML tags. There is an annual conference in Montreal (held in English, though) which used to be called Extreme Markup but for the last few years has been called Balisage.

    That’s the translation GT uses here.

  2. Françoise

    C’est vrai qu’en français le mot balisage (entre des terrains) fait plutôt penser à un piquetage temporaire, pendant des travaux par exemple, et non une limite matérialisée depuis longtemps par un mur ou une clôture.

    Je balise avec lui
    Familièrement en français, le verbe baliser signifie avoir peur; dans ce cas précis, l’un aurait-il peur de son voisin ou les deux ensemble de quelque chose ? 😀

  3. arcadius

    Si je baisse les yeux, si je fais le dos rond, bref si je m’efface discrètement face à une menace ou devant un compromis…je balise.

  4. Siganus K.

    John, it is funny how navigation is part of the World Wide Web, this ocean of knowledge and other by-products of the human mind. As you know, it is also called “cyberspace”, cyber being cognate with governor, gouvernement and gouvernail (rudder, helm). We “surf” the web, with “un navigateur web” — a pilot so to speak. Therefore, in such a context, there is nothing strange in finding balises (beacons, buoys) along the way.

    What I don’t understand is how balisage has come to mean something that just materialises a border instead of guiding people on the move. There is a mystery there.
     
     
    Françoise : en français le mot balisage (entre des terrains) fait plutôt penser à un piquetage temporaire, pendant des travaux par exemple

    Cette acception-là existe en français de France ? Je ne l’ai pas trouvée dans le dictionnaire (TLF). Il est vrai qu’à Maurice un balisage n’est pas vraiment quelque chose de temporaire. Au contraire, cela peut être quelque chose que l’on défend comme autrefois on défendait les marches de l’Empire ou le Rideau de fer : chien (qui, en allant et venant le long de la clôture, souligne l’emplacement dudit balisage), murs, barbelés, “verre bouteille”…
     
     
    Arcadius, quelques exemples de balises, baliser et débalisage, , en terrain connu (donc balisé ?).

  5. Siganus K.

    Tiens, cela me donne l’idée de faire une rubrique, laquelle aurait pu s’appeler balisages — presqu’un titre d’émission culturelle —, qui montrerait tous les murs, les barbelés et les verres bouteilles qu’on peut trouver sur “Paradise Island”. De vraies et mauricianissimes défenses contre les voleurs (de paradis).

  6. zerbinette

    Autrement dit, on balise devant vos balisages !

  7. Siganus K.

    Uniquement si on vous dit « napa saute mo balizaz ».

  8. marie-lucie

    Au sens « français », une balise, c’est un objet qui sert de repère, ce n’est pas un obstacle.

    Par balisage je crois que Françoise veut dire l’installation d’une série de cônes ou autres objets similaires relativement légers qui marquent les endroits où les autos ne doivent pas passer, pendant des travaux sur les routes, par exemple, mais qu’on peut facilement déplacer si on a besoin de dégager le passage dans un but précis, par exemple pour faire passer un camion chargé de matériel. Est-ce que je me trompe?

    Je suppose qu’à Maurice il a dû y avoir d’abord des repères temporaires pour indiquer les limites des propriétés, et qu’on a gardé le même mot lorsqu’on a construit des clôtures ou des murs aux endroits ainsi « balisés ».

  9. Siganus K.

    Le mot balisage a peut-être fini par être associé à une barrière quelconque, mais son sens premier — et même son sens primaire —, à Maurice, reste avant tout la limite de propriété, la frontière elle-même. C’est pour matérialiser cette limite-là que les propriétaires ont érigé des obstacles, afin d’empêcher tant l’intrusion que l’“extrusion” (d’animaux domestiques ou d’enfants). Peut-être effectivement a-t-on à une époque ancienne vu les marques jalonnant les frontières des propriétés comme des balises utiles pour une certaine forme de “navigation”, un peu comme les panneaux dont il était question dans ce billet.

  10. Je surenchéris sur les propos de Françoise. Avant d’en faire le relevé topographique et d’en prendre les mesures, le géomètre effectue le balisage (c’est bien ce mot qui est employé) du terrain en plantant des piquets de bois (à l’extrémité peinte en rouge pour une meilleure visualisation) qui serviront de repères. Ce balisage est temporaire et, le plus souvent, les piquets -balises disparaîtront lors des travaux. Il s’agit donc bien dans ce sens, en français, d’une limite virtuelle qui ne sera pas forcément matérialisée ensuite par un mur, une clôture ou une haie.

  11. Siganus K.

    Avant d’en faire le relevé topographique et d’en prendre les mesures, le géomètre effectue le balisage (c’est bien ce mot qui est employé) du terrain en plantant des piquets de bois (à l’extrémité peinte en rouge pour une meilleure visualisation) qui serviront de repères.

    Leveto, vous êtes sûr que ces piquets-là ne portent pas plutôt le nom de jalons ? L’avis d’un arpenteur mauricien serait probablement inutile car l’acception du mot balisage étant ce qu’elle est ici, il sera difficile de démêler le temporaire du définitif. Mais si vous connaissez un géomètre français il serait intéressant de lui demander ce que, dans sa profession, on entend par “balisage”.

    Jetant un coup d’œil au Dicobat, je vois que le jalon répond exactement à ce que vous décrivez dans votre commentaire :
    Jalon n.m.
    Piquet de bois utilisé pour lever les plans de terrains et pour matérialiser des axes ou des repères ; la partie supérieure est peinte en bandes rouges et blanches alternées (…).

    En revanche, à l’entrée consacrée au mot balisage (il n’y a pas d’entrée pour balise) il n’est question que des « équipements de signalisation et d’éclairage de sécurité qui indiquent les issues ou les itinéraires à suivre pour évacuer rapidement un bâtiment ».

  12. On balise
    href= en mer, aussi…

  13. >Siganus:
    ayant dû faire appel à un géomètre-expert pour une histoire de droit de passage cédé à la Mairie qui devait compenser par un bout de terrain, je me souviens fort bien l’avoir entendu parler du balisage des parcelles. Il plantait soigneusement ces fameux piquets, mais je ne me souviens pas quel nom il leur donnait (sans doute « piquets », tout simplement).
    N’étant pas spécialiste de ces choses-là et pris d’un doute, j’ai vérifié sur Google et j’ai trouvé ceci :
    «Le métier de Géomètre/Topographe consiste à implanter et contrôler la géométrie d’un projet préalablement défini. Cela commence par le balisage du terrain (délimitation) et le levé de l’état des lieux avant travaux. »

  14. Siganus K.

    Leveto, si en outre le groupe Vinci le dit, c’est que ça doit être vrai. Vous étiez le propriétaire “victime” du balisage, celui qui a dû faire des concessions à la municipalité ? Je comprendrais dans ce cas que vous vous souveniez de l’expression.
     
     
    On balise href= en mer, aussi…

    Une erreur de balisage, Aquinze ?

  15. > Siganus: Il s’agissait en fait de la copropriété sur laquelle ma clinique est installée et qui a dû en effet céder à la municipalité un droit d’accès vers un nouveau parking. On s’est rattrapés en récupérant une bande de terrain de l’autre côté. Mais ça n’a effectivement pas été simple! (L’avantage , c’était la proximité d’un parking pour mes clients, mais les autres copropriétaires étaient moins favorables que moi à ce projet!).

  16. Siganus K.

    J’espère qu’il n’y a pas eu d’erreur de balisage, car Dieu sait où une telle chose peut vous mener…

  17. > Siganus, ne me faites pas baliser!

  18. Votre langue « ha jalonado » l’espagnol avec des mots comme « jalón ».

  19. Siganus Sutor

    « Lorsqu’une ordonnance fut promulguée le 1er août 1768 pour la division de l’île en districts, il fut stipulé que le quartier des Plaines Wilhems “embrassera les terrains qui sont sur la rive gauche de la Grande Rivière ; ceux qui sont bornés par la Rivière de la Terre Rouge jusqu’au balisage mitoyen des habitations des Sieurs Desribes et de Laulne Longchamp ; (…)” »
    (Guy Rouillard, Histoire des domaines sucriers de l’île Maurice, 1964-1979, page 237, citant J. B. E. Delaleu, Code des Iles de France et de Bourbon, 1772.)

  20. Siganus Sutor

    A feuilleter le dictionnaire de messieurs Baker et Hookoomsing on peut tomber sur le mot balizaz (balisage), entrée à laquelle il est dit que le mot en question pourrait avoir comme origine le français dialectal (“□ ?<Fd v. Robert Chaudenson, 1974, p. 695”). Jusque là, rien de particulièrement surprenant. Mais juste après on peut lire ceci : “? <Portugais balizagem ‘delimitation, marking (of boundaries)’ James L. Taylor, A Portuguese – English Dictionary, 1970”. Et là ça me paraît un peu tiré par les cheveux. Sans doute faut-il avoir l’esprit large, mais aller chercher dans le portugais l’origine possible des mots mauriciens balisage et baliser semble quelque peu far fetched. Les auteurs remettent ça avec le verbe créole baliz/é : “?<P. balizar, 'to delimit (areas); to stake out (boundaries)'. Taylor, 1970.”

    Enfin, qui sait, après tout…

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