Verre bouteille

Verre bouteille.
Nom masculin.

Tesson de bouteille, morceau de verre cassé.

Verre bouteille ayant séjourné dans le sol.

Verre bouteille ayant séjourné dans le sol.

— Qu’est-ce que tu as eu à ton pied ?
— Avant-hier j’ai marché sur un verre bouteille.

« S’il n’y a pas de couteau allons essayer de couper la corde avec un verre bouteille. »

L’expression “verre bouteille” ne se trouve a priori qu’une fois dans le Trésor de la langue française : « DÉR. 2. Bouteiller, verbe intrans., technol. du verre (cf. supra II C). Se remplir de bulles d’air, se goder en cours de fabrication. Le verre bouteille. » A priori ce verre bouteille serait du verre dans lequel se trouveraient des bulles d’air. Sinon, à Montréal il existe un “café-bar depuis 1942” qui s’appelle Le Verre Bouteille. Plus près de nous, à la Réunion, une sorte de gros rocher de forme biscornue, situé sur le bord du cirque de Mafate, porte le nom de Roche Verre Bouteille. « Ce rocher tire son nom de sa forme ainsi que de son apparence. En effet, vu d’assez loin il rappelle une forme de bouteille. Vu de près vous pourrez constater la présence de nombreux cristaux incrustés dans la masse du rocher. Il s’agit de cristaux d’olivine. » (Site Rando-Réunion.com.)

A Maurice certaines personnes plantent des verres bouteille (on aurait aussi pu dire « plantent du verre bouteille », encore que moins fréquemment), des morceaux de verre cassé donc — ou des tessons comme le dit Aquinze dans un commentaire ci-dessous —, sur le sommet de leur « mur d’entourage » pour empêcher aux voleurs de “sauter la muraille”. Cela a un aspect extrêmement agressif. L’esthétique aussi en pâtit sérieusement. Parfois ce genre de dispositif dissuasif se trouve le long d’une voie publique à une hauteur atteignant à peine un mètre, ce qui constitue un danger potentiel pour les passants, en particulier les enfants. On ne peut s’empêcher de se demander s’il n’existe pas une loi ou un règlement quelconque interdisant la pose de verre bouteille sur les murs, en particulier les murs bas.

Lorsque les morceaux de verre sont petits — arbitrairement disons de largeur inférieure à 1 ou 2 centimètres — on ne parlera plus de verres bouteille mais d’éclis.

18 réponses à “Verre bouteille

  1. Ici c’est le vert bouteille !

  2. Je ne m’attendais pas à ce que l’expression « verre bouteille » existe dans le dictionnaire, avec de surcroît le sens qu’on lui donne à Maurice, mais ce qui m’étonne pas mal c’est de ne pas voir le mot « éclis » (écli ? éclit ?), lequel est couramment employé pour parler des petits morceaux de verres, mortels pour les pieds nus, qui tendent à se répandre partout lorsqu’on casse un verre par exemple. Le Petit Robert a le mot éclat, « fragment de corps qui éclate, qu’on brise », l’entrée pour ce mot renvoyant à « brisure, morceau, et aussi éclisse, écornure, esquille, recoupe”, mais il n’a pas éclis, prononcé « ékli ». Cela est probablement très drôle, car je le tenais pour acquis, mais mon verre s’est brisé comme un éclat de rire.

  3. Coucou Zerbinette. Vous n’êtes pas restée bloquée sous la neige ?

    « Vert bouteille » oui, comme d’autres ont « gros bleu ». Je ne pense cependant pas qu’il a pu y avoir une influence par homophonie, même si les bouteilles peuvent assez souvent être vertes.

  4. “Vert bouteille” oui, comme d’autres ont “gros bleu”

    J’aurais plutôt dit « gros rouge » 😉 !

    Bloquée sous la neige non, mais heureusement qu’il fait froid, cela m’a remis les idées en place après un abus de « kriek » au milieu des pantins… 😆

  5. Le «verde botella» est une nuance de couleur très répandue, et plus ancienne que le «verde pistacho» par des raisons évidentes. La cause de cette nuance est la présence de fer dans sa composition ; il s’agit d’un verre impur. En ce qui concerne l’expression «verre bouteille», chez nous il n’y a pas d’expression pareille mais, dans le dialecte des villages de mes parents on dit «vridus» (de «vitreum», verre) pour tous les morceaux. Mes amis de là, lorsqu’ils étaient petits, pilaient les «éclis», cités par Siganus, d’un bout des murs plûtot par colère contre le propiétaire bête.

  6. Votre verre bouteille, c’est ce qu’on appelle des « tessons ». On les coulait en effet dans le ciment sur le haut des murs de propriétés pour en empêcher l’accès aux voleurs, mais je ne crois pas que ça se fasse encore.

    Plus poétiquement, près de chez moi, en Bretagne, il y a une plage qui, du temps où on n’allait pas à laplage, servait de décharge publique pour tout ce qui était vieilles bouteilles, vieilles assiettes cassées, vieux ustensiles en terre – on l’appelait le Toul Teill (?), ce qui veut dire à peu près « Trou à Déchets » . Tous ces débris ont été depuis mille et mille fois roulés par la marée, et il ne reste plus aujourd’hui, mêlés au sable, que des petits morceaux de matière usés, dépolis, de toutes les couleurs – un vrai trésor pour les amateurs de bricolage…

    > Zerb : vous exagérez. Ce n’est quand même pas une Kriek chez Toone qui a pu vous déplacer les idées !

  7. On dit aussi des « culs-de-bouteille »

    Aquinze : si, si, la preuve, j’y ai oublié mon téléphone ! Mais si ce n’est pas la Kriek, c’est vous ? 😉 D’ailleurs, si j’avais eu les idées en place, je vous aurais rendu votre tournée !

  8. >Aquinze
    oh que si que ça se fait encore et que c’est très « effrayant » pour le risque que court un jeune « maraudeur » -ou pas d’ailleurs- de se blesser !
    et là:
    >Siganus « Il est difficile de se demander s’il n’existe pas une loi »
    ne voulez-vous pas dire qu’ « il est impossible de ne pas se demander s’il existe…? »
    une anecdote enfin qui j’aime beaucoup :
    « «Céleste, Odilon peut partir dans 10 minutes, et rentrer vers 6 h 1/2, 7 h du matin. Approchez de moi la chaise»,
    et au verso :
    «J’avais entendu fer au lieu de verre.»
    Cette prose tachée de café au lait a trouvé preneur pour 21 150 euros. »
    C’est le dernier mot de Proust , par écrit, et la solution de l’énigme est
    http://domi33.blogs.sudouest.com/tag/%C3%89douard+Launet

  9. Siganus, vous pouvez retrouver votre sourire!
    Le Grand Robert m’apprend:
    Eclis : (n.m.) éclat d’une matière dure

    Et vous viendrez alors, imbécile caillette,
    Taper dans ce miroir clignant qui se paillette
    D’un éclis d’or, accroc de l’astre jaune, éteint.

    Tristan Corbière, les Amours jaunes,

    Tandis que mon Quillet * (qui ne connaît pas «éclis») me donne:
    Ecli : (n.m) languette de bois éclaté. Spécialement dans le domaine maritime.

    *et le Littré en ligne approuve.

  10. En ce qui concerne les murs agrémentés de tessons de bouteille, voici ce qu’en dit un professionnel:
    «Ce n’est pas interdit ! Sachez toutefois que si un gamin du village se blesse en escaladant ce mur, votre responsabilité sera engagée. Vous pourrez être condamné à payer les frais médicaux de la victime voire à lui verser des dommages et intérêts conséquents si elle s’est gravement blessée par exemple. »

  11. Oui, Aquinze, tesson, c’est cela même ! Je change de ce pas la définition en haut de la note. Mais disons que des tessons ne sont pas obligatoirement en verre, n’est-ce pas ? Il peut s’agir de poterie, auquel cas Zerbinette nous expliquera, avec moult détails, ce que sont les ostraca.

    De la kriek au milieu des pantins, Zerbinette ? Ce sont eux qui tiennent le verre et qui lampent, j’espère. Pour ce qui est du gros rouge, par opposition au gros bleu*, souvenez-vous du père Georges : « goûte à ce velours, ce petit bleu lourd de mena-aceuh. »

    Leveto, quand les verres bouteille sont à deux mètres de hauteur, c’est une chose, mais il me semble que cela est autrement plus grave quand on les mets à un mètre de haut le long d’un trottoir.

    Merci à vous et au Grand Robert pour « Eclis : (n.m.) éclat d’une matière dure ». Ouf ! Mais vu que le mot ne semble guère utilisé en France — il n’est pas dans ce grand dictionnaire qu’est le TLF —, je pense que j’ai là quelque chose de plus pour ma collection.
     
     
    * « bleu marine » sur la planète rouge

  12. rien que vous n’aurez trouvé dans les dictionnaires déjà, comme par exemple le lien avec les éclisses en lutherie; par contre, les éclats de verres e: et d’abord souvent polis par la mer,( ou la rivière) qui les redépose sur le rivage,et ainsi réutilisé dans des pratiques artistiques(plus ou moins « outsider ») diverses

  13. Et si 7 : “Il est difficile de se demander s’il n’existe pas une loi”
    ne voulez-vous pas dire qu’ “il est impossible de ne pas se demander s’il existe…?”

    En effet, me voilà en train de dire le contraire de ce que je voulais dire.

    Toone ? Voilà un nom qui sonne comme un gros mot, car « toune », ou « toutoune* », renvoie à un endroit que rigoureusement ma mère m’a défendu de nommer ici. Et qu’y a-t-on fait, dans ce Toone-là, à part boire de la Kriek ?
     
     
    * Ah, complètement à l’ouest, une fois de plus, les Canadiens : toutoune (n.f.)— 1. (Canada Franco) fille ou femme grosse, mal faite.

  14. >Siganus
    et pourtant , j’ai bien compris votre question,TRES justifiée , même si je suis (TRES !) loin de savoir me servir de l ‘ordinateur.
    P.S.j’imagine que vous avez lu sur la toile la manière dont Hagège parle de « la créolisation des langues »

  15. Toone ? Voilà un nom qui sonne comme un gros mot

    Qu’allez-vous imaginer Sig ! Toone « Un vrai de vrai. Un estaminet comme on n’en fait plus dans les entrailles du théâtre de Toone. Plus Bruxellois, ça n’existe pas… Après le spectacle, on y vient prendre une gueuze et une tartine de fromage blanc aux herbes. » Sauf que je n’avais pas de temps pour le spectacle ! Mais je reviendrai.

    Vous saurez tout ici

  16. Dorénavant je comprends mieux l’allusion aux pantins. Et ce petit monde a bu combien de verres et combien de bouteilles ?

  17. Voilà une réalisation avec des tessons de bouteille
    « La tombe porte également une double épitaphe extraite du recueil Calligrammes, trois strophes discontinues de « Colline »[7], qui évoquent son projet poétique et sa mort, et un calligramme de tessons verts et blancs en forme de cœur qui se lit « mon cœur pareil à une flamme renversée ».

  18. Les tessons et les culs de bouteille ne sont pas exactement la même chose. Si une bouteille tombe par terre et se casse, le goulot et le fond restent souvent intacts tandis que le reste de la bouteille se brise en morceaux irréguliers. Le cul de bouteille n’est que le fond rond, surmonté de pointes formées par l’éclatement du corps de la bouteille.

Laisser un commentaire