Grains secs

Grains secs.
Nom masculin pluriel.

Terme générique utilisé pour parler des graines de légumineuses telles que les lentilles, les haricots — blancs, pâles ou rouges —, les gros pois, les pois chiches, les dals, les ambrevades, les ambériques, etc. (Graines séchées provenant de plantes à gousses.) Légumes secs.

Le riz et les grains secs coûteront plus cher en 2010”.
(Le Matinal, 8 décembre 2009.)

La State Trading Corporation compte réguler le marché des grains secs”.
(L’Express, 15 octobre 2010.)

On en parlait depuis quelque temps, le prix des gros pois, grains secs très consommés à Maurice, va enfin baisser. Ceux de la marque Orient, importés de Madagascar, baissent effectivement à partir de demain matin, à Rs 20.75 les 500 grammes au lieu de Rs 28.50.
Guillaume Babet, directeur général de Tire Master Food Business Unit, entreprise importatrice de grains secs, explique cependant que les consommateurs ne devraient pas s’attendre à ce que le nouveau prix prenne effet immédiatement dans tous les supermarchés de l’île
.”
(Le Mauricien, 11 octobre 2011.)

Grains secs : baisse des prix en vue
Les consommateurs peuvent pousser un ouf de soulagement ! Les prix des grains secs notamment gros pois, lentilles, dholl et autres petits pois connaîtront une baisse conséquente d’ici peu
.”
(Le Matinal, 28 septembre 2011.)

La présence visible d’oiseaux, précisément de moineaux, dans ses rayons de grains secs et de riz ne semble pas incommoder une enseigne opérant au rez-de-chaussée d’un centre commercial à Phoenix.”
(Le Mauricien, 31 juillet 2011.)

L’intérieur
Echoppes de
bœuf, cabri,
basse boucherie,
poisson, légumes,
grains secs
.”

À la Réunion, île voisine où la façon de s’alimenter présente un certain nombre de similitudes avec celle rencontrée à Maurice, l’expression consacrée est “riz, grain, rougail”, parfois abrégée même en “R.G.R.”, cette trinité-là représentant l’archétype du repas réunionnais ordinaire, celui qu’on mange chaque jour ou presque. Pour parler de la partie “G”, les Bourbonnais utilisent davantage l’expression “grains” que “grains secs”, cette dernière se rencontrant plutôt à Maurice me semble-t-il. (Si par le plus grand des hasards un Réunionnais venait à passer par là et qu’il acceptait de donner son avis là-dessus…)

Riz, Grains, Rougails ! Dans ma mémoire ces 3 mots sont pour moi si étroitement liés que l’évocation de chacun d’eux suscite aussitôt le souvenir des deux autres.
Dans la cuisine créole cette trilogie correspond en effet au minimum minimorum exigé à chaque repas, tout autre plat (rôti, carry ou achards pour ne citer que les plus courants), n’étant qu’un éventuel complément pour améliorer l’ordinaire. Dans les restaurants typiques de La Réunion ces trois lettres « R.G.R. » (pour Riz, Grains, Rougail) sont d’ailleurs souvent affichées en gros pour attirer l’attention des clients ces plats constituant le menu de base proposé aux clients : pour les « locaux » c’est la certitude de manger créole et pour les touristes c’est un appel à leur curiosité pour les appâter
.”
(Site zanatanyforever.free.fr, mai 2006.)

 

Ɠ

 

En français dit “normal”, le grain est d’abord le “fruit comestible des graminées”, les graminées en question étant la famille des plantes ressemblant à de plus ou moins grandes herbes et produisant de petits fruits parfois regroupés en épis (fataque (Panicum maximum), millet, riz, blé, etc.). Le mot est avant tout utilisé pour parler des céréales (“grain de blé”, “grain d’orge”, “grain de riz”, “grain de maïs”), un peu moins fréquemment du raisin (“grain de raisin”), du café (“grain de café”), du poivre (“grain de poivre”) ou d’autres fruits non céréaliers de taille réduite. Le Trésor de la langue française précise que dans un usage absolu “le grain” ou “les grains” sont les céréales (“commerce, marchand de grains”) — cf. la partie I.A. À Maurice, l’usage absolu de l’expression “les grains (secs)” renvoie aux légumineuses plutôt qu’aux céréales. Cette spécificité est d’ailleurs mentionnée dans le Dictionnaire historique de la langue française (2010, sous la direction d’Alain Rey), lequel précise que “grain désigne (v. 1160) comme en latin le fruit comestible des graminées et en général toute graine ou petit fruit de forme arrondie (grain de riz ; grain de raisin, v. 1225), avec diverses extensions parmi lesquelles, en français de l’océan Indien, grains secs « légumineuses bouillies accompagnant le riz ».”

 

7 réponses à “Grains secs

  1. lorraine D lagesse

    Bonjour..
    Comme toujours commentaires trés explicite et instrutif venant de Siganus…Grains ti la grain gros la grain tout est grain…meme les longanes ;;;; ils sont secs justements, quand ils se vendent en balles, exposées, tels les grains de café…ayant été séchées.. ..Il faut comme vous le savez les mettre a tremper avant cuisson, justement pr les réhydrater…
    Si le Bourbonnais ne dit que «  »grain » » c est qu ici nous aimons les détails et description de nos denrées…et on a la ngue plus déliée et moins séche…salut…

  2. Siganus Sutor

    Grains ti la grain gros la grain tout est grain

    Y compris lorsque ça ne va pas trop dans la tête — ou lorsque le vent se lève, annonçant généralement la pluie, auquel cas on le qualifie de “blanc”, ce grain-là. Quant aux graines, elles sont sensiblement différentes, et feront l’objet d’une autre note.

    Je ne sais pas avec certitude si le Bourbonnais dit plus “grain(s)” que “grains secs”. On le lui demandera lorsqu’il passera à la boutique. (On peut toutefois préciser dès maintenant qu’on trouve bien l’expression grains secs sur les sites réunionnais mi-aime-a-ou.com ou goutanou.re, ou sur celui des journaux comme Le Quotidien, le JIR ou Témoignages.)

    Plus tôt aujourd’hui, alors que je parlais de grains secs à Mme Sutor en lui disant que, pour les Français, les grains c’était plutôt des céréales alors que pour nous c’était plutôt les gros pois, les haricots, les lentilles et compagnie, elle m’a rétorqué :
    — Mais alors, comment ils appellent tout ça, les Français ? Ils n’ont pas un mot ?
    — Je ne sais pas, lui ai-je répondu. Peut-être qu’ils n’ont pas de terme spécifique.
    Sans doute aurais-je dû dire “légumineuses”, mais je me demande si les gens utilisent ce mot-là dans un registre neutre dans la vie de tous les jours.

  3. Linus "Porcius" Asiaticus

    Le Bourbonnais, cette créature qui dit massalé au lieu de massala, qui dit goyavier au lieu de goyaves pour désigner le fruit de l’arbre( « eh, tu’as mangé un goyavier, là? » ) et j’en passe ; curieuse créature qui végète dans des cirques inaccessibles et qui nous envahit ponctuellement en bande, harde, etc. Et dire que cette créature est notre (lointain) cousin!

    N’oubliez pas, Sigane, que les grains, notamment les lentilles sont un élément essentiel du repas dominical classique mauricien -carry de volaille, soupe/crème/consommé/velouté/bouillon de lentille, bouillon de brède, riz et toute la panoplie de chatini, achards, et autres koutias ( de tchalta, mangue, combava). Certains ajoutent même des camarons au carry de volaille. Et tout cela arrosé de rasades de boissons alcooliques, dont pas le moindre le ti lambic.

  4. Siganus Sutor

    Linus, souhaiteriez-vous donc rompre avec votre cousin bourbonnais ? (Ah, cela est déjà fait ? Depuis 1814 dites-vous ?)

    Vous parlez de chatini ? Eh bien c’est ce que les Bourbonnais appellent “rougail”. Tout comme ils appellent “girimbelles” les bilimbis ronds. Quant au cordonnier, ce siganidé commun aux deux îles, eh bien, voyez-vous, ils l’ont apparemment affublé du nom de “marguerite” !

    Pour revenir aux grains secs, il en est au moins une variété que je n’ai pas souvenir avoir jamais mangée : les voèmes. Les ambrevades — du malgache ambérivatry —, ça oui. Il y avait un plant chez mon unique cousine paternelle, et je me souviens de ses gousses plutôt veloutées et un peu collantes. (J’espère qu’il s’agit bien là de l’ambrevade. Il s’agissait d’un gros buisson tendant vers l’arbuste.) Mais les voèmes — du malgache voanemba —, non, je ne me rappelle pas en avoir jamais eu dans la bouche, ni même sous les yeux. Il reste Google pour voir à quoi cela ressemble, cette Vigna unguiculata-là, aka “voème”, “voëhme”, voire “vohème”…

  5. Linus "Porcius" Asiaticus

    Mais le voème, il me semble, n’est pas un grain dit sec. Il ressemble beaucoup au haricot, à la fève « gros pois ». Les ambrevades ont un air de lentilles vertes. Ah, un carry de cerf et d’ambrevades, c’est quelque chose, je puis vous le dire. Mais il faut que ce soit un dry curry plutôt qu’un carry à sauce. Vous trouverez des arbustes d’ambrevades en grand nombre sur les cotes nord de la chaine de Moka, Salazie (encore le Bourbonnais qui pointe son nez) vers la plaine en direction de Congomah, Pamplemousses.

  6. Françoise

    Grains secs
    En France, on les rassemble dans la catégorie «légumes secs» qui comprend les lentilles, fèves, haricots, pois chiches, pois cassés, etc.

  7. Siganus Sutor

    Linus, comme le haricot, le voème peut être consommé en gousses immatures ou en grains arrivés à maturité. Les voèmes verts ressemblent de ce fait aux haricots verts, mais en plus longs et plus fins, comme on peut le voir ici ou , et comme l’indique le nom vernaculaire de “haricot-kilomètre” ou de “yardlong bean”. Les grains de voème, eux, peuvent être consommés de la même façon que les haricots. La plupart du temps, à maturité ils sont clairs avec une tache noire, ce qui leur a valu le nom de “black-eyed beans” ou “black-eyed peas”, mais aussi, en français, de “haricot à l’œil noir” ou de “pois yeux noirs” — cf. cette page du site de la fondation PROTA (Plant Resources of Tropical Africa). Cette variété de voème serait la plus cultivée, mais il en existe d’autres, dont le grain peut avoir un aspect différent. Comme pour les haricots, la forme et la coloration peuvent être variables. L’espèce Vigna unguiculata est connue sous un relativement grand nombre de noms vernaculaires : “voème” donc à Maurice (et à la Réunion), ou “pois yeux noirs”, “haricot-kilomètre” ou “yardlong bean” comme on l’a vu plus haut ; mais aussi “haricot dolique”, “cornille”, “cowpea” (anglais), “niébé” (langues d’Afrique de l’Ouest), “voaemba” (malgache, mais “vohemy” en dialecte antakarana), “lobia” (hindi), “feijão-frade” (portugais), etc.

    Françoise, c’est en effet ce que dit le Larousse : “— 3. Légume sec, graine des légumineuses (haricot, pois, fève), arrivée à maturité, consommée à ce stade.” Et on retrouve bien l’expression dans la presse francophone européenne : “plats cuisinés à base de légumes secs” (Midi Libre), “privilégiez les sucres lents (pâtes, riz, légumes secs) qui vous apporteront des glucides complexes” (La Dépêche), “le soir, mangez des légumes secs (lentilles…)” (RTL) — mais aussi, assez fréquemment semble-t-il, dans la presse algérienne. Il existe même un site internet (légume-sec.com) qui leur est consacré. Merci pour votre contribution.

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