Badame

Badame.
Nom masculin.

Fruit du badamier (Terminalia catappa).

Badames verts, badames mûrs, badames secs et feuilles de badamier.

Badames verts, badames mûrs, badames secs et feuilles de badamier.

Le nom du fruit est une adaptation du mot hindi badam signifiant amande. (Par exemple en anglo-indien, “badam milk” est le nom donné au lait à l’amande.)

En effet, le fruit mûr, une fois séché, peut être ouvert à coups de roche ou, si on est mieux équipé, de marteau. La bourre périphérique étant enlevée, on tombe sur une noix dure qu’il convient de casser d’un judicieux coup sur la tranche. Après un petit craquement caractéristique, on peut l’ouvrir en la séparant en deux et, si tout s’est bien passé à la suite de tant d’efforts et de risques pour les doigts, une amande dorée au cœur d’albâtre est à portée de lèvres :

Badames ouverts et amandes. (De gauche à droite et de haut en bas : amande noire pourrie, ce qui arrive souvent ; amande bonne à croquer ; amande cassée en deux pour en montrer l’intérieur ; amande bonne à manger encore prisonnière de sa noix.) — Photo cliquable.

Badames ouverts et amandes. (De gauche à droite puis de haut en bas : amande noire pourrie, ce qui arrive souvent ; amande bonne à croquer ; amande cassée en deux pour en montrer l’intérieur ; amande bonne à manger encore prisonnière de sa noix.) — Photo cliquable.

Au Bengale, les fruits du Terminalia catappa sont appelés desī bādām, c’est-à-dire “amandes du pays” (country almond), ce qu’en mauricien on aurait probablement appelé “amandes locales”. Yvan Martial, pour sa part, prononce le mot avec un drôle d’accent : « George V se moquait pas mal des Mauriciens. Il voulait seulement revoir ses amis, les Antelme. Point à la ligne. On dut lui rappeler ses devoirs princiers et de prétendant à la couronne britannique. La Queen Mary jeta son dévolu sur nos… badâmes. Tous les goûts sont dans la nature. » (Dispersion des livres du bibliophile Leclézio, L’Express du 21 juin 2006.)

Quelques vauriens se souviennent encore de leur lointaine enfance, de ces tapades de badames au cours desquelles ils se canardaient à coups de fruits lourds et mûrs, au grand dam de leur épiderme. Ça ne semble pas si loin pourtant.

 

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8. kan sorti lekol al kokin badame kot voisin,,, kass badam ar ross apre sa tasse uniforme (lerla gagne kriye ek mami)”.
(Forum RadioMoris.com, 27 mars 2007.)

he ou la matelot alle reposer occupe ou la santer boire un bon du lait badame
(L’Express, commentaire d’article, 1er avril 2012.)

7 réponses à “Badame

  1. marie-lucie

    Très jolies couleurs, ces badames, et leurs feuilles encore plus. Et des amandes dorées au cœur d’albâtre – quelle élégance! Ils sont gros comment, par rapport aux vraies amandes? Comment est leur goût? Et trouvez-vous quelquefois des badames philippins?

  2. Quand les feuilles tombent en hiver, elles prennent parfois des couleurs extraordinaires, qui n’ont rien à envier à celles qu’on peut trouver sur la côte Est de l’Amérique du Nord en automne (voir par exemple cette photo sur le site du journal The Hindu, même si les couleurs semblent un peu déformées ici). Certaines peuvent être d’un rouge étonnamment vif.

    Il est possible de manger la pulpe du fruit mûr, mais c’est très âcre et plein de fibres. Je ne connais personne qui les déguste par plaisir. C’est à se demander ce que la future reine Mary avait pu leur trouver. (Était-elle enceinte lors de sa visite à Maurice ?)

    L’amande, elle, est nettement meilleure. Elle est vaguement sucrée. Son goût délicat pourrait vaguement rappeler celui de la vraie amande, mais elle est moins dure que cette dernière. Je n’ai jamais vu de badame philippin.

  3. Marie-Lucie, vous sous souvenez peut-être d’une conversation ancienne à propos de l’adjectif « mirobolant » (venant de myrobolan) et de la mirabelle. Eh bien ce myrobolan-là pourrait bien avoir été le badame dont vous avez quelques photos plus haut.

    http://www.cnrtl.fr/definition/myrobolan
    Myrobolan
    A. −Fruit comestible du badamier. V. badamier ex. 2:
    − En partic., vx. Fruit desséché du badamier autrefois utilisé en pharmacie pour ses propriétés purgatives et en tannerie pour ses propriétés tannifères. On connaît, en pharmacie, sous le nom de myrobalans, cinq sortes de fruits desséchés qui viennent de l’Inde et de l’Amérique (Littré-Robin 1858). Les écorces de saule et de bouleau ainsi que le gambier donnent un cuir souple et spongieux, le myrobolam [sic] et le sumac un cuir très souple (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux, 1947, p.63).
    http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2007/02/26/myrobolan/

    D’ailleurs un autre terminalia, qui par son port ressemble beaucoup au badamier (Terminalia catappa), porte encore le nom de « Black Myrobalan » ou de « Chebulic Myrobalan ».
    http://en.wikipedia.org/wiki/Terminalia_chebula

    La Jeanne, la Jeanne,
    On la paie quand on peut des prix mirobolants…

    (Georges Brassens)

  4. kouassi marius

    jeveux juste que l’on me donne l’utilisation de la bourre retirée ?

  5. Siganus Sutor

    Saperlipopette ! je viens d’apprendre que les mots badame et badamier sont utilisés au Gabon aussi :

    http://www.unice.fr/ILF-CNRS/ofcaf/14/B14.html

    badame, n.m. Spéc. (du hindi « badam »). Fruit du badamier* (Terminalia catappa Linn.) dont l’amande comestible est très appréciée des enfants. Parfois, ils n’étaient que deux à casser* des badames, au bord de la route. (Moussirou-Mouyama, 1992 : 64). Et soudain, on les rencontre habillés tous de leurs haillons et pieds nus en bord de mer, certains en train de casser les badames et d’autres en train de vendre des crabes… (Ndong Mbeng, 1992 : 24). Car les baigneurs le [: un hippopotame] nourrissaient avec des aliments toxiques (badames) et sans le vouloir pouvaient le rendre malade. (L’Union, 17/01/1992).
    DER. : badamier*.
    LOC. : casser* des badames.
    SYN. : amande [des Tropiques].

    LE FRANÇAIS EN AFRIQUE
    Revue du Réseau des Observatoires
    du Français Contemporain en Afrique Noire
    LE LEXIQUE FRANÇAIS DU GABON
    REMERCIEMENTS – INTRODUCTION
    BIBLIOGRAPHIE
    LE LEXIQUE
    Karine BOUCHER
    Suzanne LAFAGE
    (Entre tradition et modernité)
    N° 14 – 2000
    http://www.unice.fr/ILF-CNRS/ofcaf/14/14.html

    On a du mal à comprendre comment un mot hindi à l’origine a fait pour atterrir au Gabon, sur la côte occidentale de l’Afrique. Peut-être le mot a-t-il transité par Maurice et la Réunion. À moins qu’il ne soit utilisé dans les Antilles aussi, par lesquelles il aurait passé avant de (re)traverser l’Atlantique.

    Le soleil baigne les rues de sa chaleur. Parfois écrasante. Les gens ne marchent pas beaucoup ici. Ils attendent. Un taxi. Une petite brise. Les ombres des badamiers sont salutaires.

    http://herxav.canalblog.com/archives/2013/04/25/26775289.html

  6. En Afrique on appelle le badamier « Mauritian almond »

  7. Chris, merci pour votre très intéressante contribution. Je suppose qu’il doit s’agir de l’Afrique anglophone (Afrique de l’Est ?). Voilà qui pourrait être mis en parallèle avec “l’aloès vert” (Furcraea foetida), aussi connu sous le nom de “Mauritius Hemp” bien que la plante ne soit pas du tout originaire de Maurice.

    Toutefois, en googlant l’expression “Mauritian almond” on ne trouve pas beaucoup de “hits” qui renvoient à l’Afrique continentale. Auriez-vous quelques exemples d’utilisation ?

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