Varangue

Varangue.
Nom féminin.

Véranda.

Varangue_port-louisienne

« Allons s’asseoir un coup sous la varangue. On aura de l’air. »

Selon le Trésor de la langue française, il s’agirait d’un « mot créole issu du croisement de l’anglo-indien veranda(h) (véranda) avec varangue¹ », l’entrée varangue¹ étant celle consacrée à la varangue marine, laquelle est un des os du squelette d’un bateau construit en bois de façon traditionnelle.

Telles des toiles d’araignées, des filins laissés par les colporteurs pendaient encore sous la varangue de ce qui avait été l’une des plus belles bâtisses de la capitale.”
(L’Express, 8 août 2004.)

L’adolescente se trouvait sous la varangue de sa maison en début de soirée mardi, quand soudain, vers 18h45, son père Vidianand Arjoon a entendu une détonation. Il s’est alors précipité vers la terrasse pour constater que sa fille gisait par terre saignant abondamment.”
(Le Matinal, 16 décembre 2010.)

Sur ces paroles, l’enseignant explique avoir fait remarquer au policier qu’il ne travaillait pas et qu’il était habilité à se vêtir à sa guise. ‘Je lui ai aussi dit qu’il n’était pas autorisé à faire de commentaires sur ma tenue vestimentaire et ma personnalité. Cette remarque l’a considérablement agacé.’ L’homme poursuit avoir, de là, été amené sous la varangue du bâtiment de la poste.”
(Week-End, 12 juin 2005.)

« La varangue ou véranda doit être maintenue autant que possible, car elle favorise les zones d’ombre propices au repos et aux conversions conviviales en fin de journée. »
(W. Lam Po Tang prône l’approche bioclimatique, L’Express du 14 octobre 2005.)

Il est vrai qu’une maison sans varangue n’est finalement qu’un tupperware. Un livre s’intitulant « Vivre à l’île Maurice » portait même ce sous-titre évocateur : « La vie en varangue ». Une maison mauricienne se doit donc de posséder une varangue, aussi petite soit-elle.

_____________

Une page sur laquelles des photos de varangue devraient apparaître au fil des ans : https://mauricianismes.wordpress.com/clins-doeil/varangues/

20 réponses à “Varangue

  1. More delights from GT: « The porch or veranda should be maintained as much as possible because it promotes the gray areas conducive to rest and user-friendly conversion late in the day. » Sounds just a bit geeky to me. (As usual, I looked at the French and was instantly enlightened, despite not knowing any French.)

    This post reminds me of one of Isaac Asimov’s jokes, which goes something like this (the book it comes from is only available in snippet view):

    Finkelstein took a trip from the city to visit his old friend Goldberg, who had retired and moved to the country. Goldberg waxed eloquent on the delights of retirement and country life. « But you know what the best thing is? »

    « No, what? »

    « The end of the day, when I can relax and lie down on my veranda. » Goldberg sighed. « Oh, my beautiful veranda. »

    When Finkelstein returned home, his wife asked him how Goldberg was.

    « He seems fine, but I think he must have divorced his wife. »

    « What?? »

    « All he could talk about was his new Gentile girlfriend, somebody named Veranda. »

  2. Ha ha, good fun, John. I don’t know if Varangue is Gentile too, but we, on our side of the world, always lie under our Varangue (“enba Lavarang” in Creole, « sous la Varangue » in French).

    Incidentally, we tend to pronounce the words ending with -angue not quite like the French. It sounds more as if these words ended with -ang, as if we were speaking Malay or something. Une mang (a mangoe), un tang (a tenrec), sa lang (her tongue), malang (dirty), and so on. I think only unusual words like « exsangue » would be pronounced the French way. (I’m not even sure about that either.)

  3. marie-lucie

    Siganus, même en français français (sauf dans le Midi), quand on parle vite sans faire un effort pour articuler distinctement, on dit la lang (etc), et aussi la janm (= la jambe), et même la chanm (= chambre), quand ces mots ne sont pas suivis d’une voyelle. Ce phénomène a une explication phonétique toute simple, qui est décrite dans les ouvrages de linguistique française.

  4. Marie-Lucie, je n’ai peut-être pas bien prêté attention mais il ne me semble pas avoir jamais entendu un Français prononcer « langue » comme on prononce le nom de Jack Lang ou l’onomatopée bang !

    En créole une mangue (enn mang) se prononce même parfois (souvent, même) avec un -a plus qu’un son -an : « mah-ng ».

  5. marie-lucie

    Dites de façon normale (sans prononcer le e du premier mot comme les Méridionaux) « langue de bois » ou « jambe de bois » et vous ne prononcerez ni un [g] ni un [b] mais la consonne nasale correspondante, à cause de la voyelle nasale qui précède. On ne s’en rend pas compte, parce qu’il est difficile de remarquer tous les petits détails de notre prononciation quand on parle vite, surtout si les mots sont au milieu d’une phrase, mais c’est un phénomène bien documenté. Chez les autres on ne remarque que ce qui nous paraît inhabituel, comme un accent régional ou étranger, et encore, on ne remarque que certains détails, pas tous.

  6. Sig

    Pour abonder dans le sens de Marie-Lucie, je n’entends pas bien (entendre au sens d’ouïr autant que comprendre) la distinction que vous faites entre « Jack Lang » et « langue ». Dans les deux cas, le son *an* est nasalisé, sauf, comme le note ML, dans le Sud de la France, où l’on détache plus nettement le *a* du *n* – où l’on détache, en vérité, tous les sons, y compris les e muets, même quand il n’y en a pas ! (Il parl-eu plusieur-eu lann-g’-eu)

    Et je vous assure qu’en France, personne ne prononce l’onomatopée « bang » bann-g’. Au mieux, bingue…

  7. That sounds like English to me. Nancy Sinatra sings it here:

  8. And Cher did it too:

  9. A. J. P. Crown

    This may seem pedantic, but I feel it’s important. Cher did the first one, the one that was the big hit in English. It was written by Sonny. According to Wiki, the Nancy Sinatra version only became popular because it was featured in Quentin Tarantino’s Kill Bill and it was subsequently used as the theme music for Wimbledon.

  10. marie-lucie

    Siganus, pour moi le nom de Jack « Lang » se prononce exactement comme « langue », et je dirais aussi « bang » (en français) de la même façon (tous avec le son du ng anglais, plutôt que d’un vrai [g] sauf pour insister), mais ce qu’Aquinze écrit « bingue » doit être une adaptation de la prononciation américaine, qui justement ne finit pas par un vrai son [g].

  11. Marie-Lucie, il faudrait que je puisse vous parler pour vous faire entendre la différence que moi j’entends entre Lang et langue prononcé « à la française ». Vous avez un compte Skype ?

    Aquinze : Dans les deux cas, le son *an* est nasalisé

    En effet, mais dans Lang le son -an est court alors qu’il traîne davantage en longueur dans langue (du moins dans la prononciation que j’essaye de faire comprendre, -endre).

    Et puis j’entends une différence dans le « ng » aussi. Dans langue je n’entends que -gue, pas -ng. (Cette dernière transcription demanderait sans doute à être écrite d’une autre manière, car on n’entend pas vraiment le -g — comme dans gag — dans une telle terminaison, pas plus qu’on ne l’entend dans disons Ming.)

  12. Sig, votre histoire de langue et de bang m’a rappelé l’incompréhension du passant à qui j’avais demandé, à l’époque où je me perdais encore dans Bruxelles, l’avenue de Cortenberg, prononcé, à la française, Cortimbère…

  13. marie-lucie

    Dans sa propre langue on a tellement l’habitue de parler sans se préoccuper de savoir comment on le fait qu’il est difficile de remarquer exactement ce qu’on fait. Dans le même genre d’idées, il est difficile de reproduire à l’écrit des sons qui n’ont pas de place dans l’orthographe qui nous est habituelle, comme celui qui s’écrit « ng » en anglais et dans lequel on ne reconnaît ni un vrai [n] ni un vrai [g] mais quelque chose d’intermédiaire pour lequel la position de la langue dans la bouche est la même que pour les sons [g] et [k]. Il y a pour ce son un signe phonétique spécial, qu’on apprend en général en classe d’anglais.

    Vous avez raison sur la longueur du « an » dans langue , c’est à cause d’une tendance de la langue française à allonger les voyelles nasales devant une consonne (prononcée) à la fin d’un mot (soit qu’on le prononce seul, soit qu’il se trouve à la fin d’un groupe de mots ). Si on prononce Lang plus court, c’est sans doute parce qu’on a conscience que c’est un mot étranger et non le mot langue. D’autre part, si vous dites langue tout seul, en prononçant bien distinctement, vous ferez bien sûr entendre le son [g], mais sans doute pas si vous dites langue de bois ou langue de chat à la vitesse normale de la conversation, comme je l’ai dit plus haut. (Ce n’est pas moi qui ai inventé ça, et ce n’est pas non plus limité à une petite région, c’est mentionné dans les ouvrages traitant de la phonétique du français).

  14. Aquinze, je suppose que les Belges prononcent le -g final, comme dans iceberg. (Quoique je me demande si certains en France ne prononcent pas le mot comme s’il s’agissait d’un « ice bear »…)

    Marie-Lucie : langue de bois & langue de chat.
    Je suis entièrement d’accord avec vous. Je n’imagine personne ou presque, en France, dire autre chose que « lang de chat » ou « lang de bois ». Mais une personne faisant attention à sa diction dira plutôt l-an-gue, avec un son « an » allongé et un vrai [g] final, je crois, lorsque par exemple elle prononce un discours. J’imagine que les « gens qui parlent bien » le diront plutôt de la sorte. A Maurice c’est pratiquement impensable. Je pensais à tout cela en imaginant qu’un Français par exemple aurait pu prononcer « varangue » de la façon que j’ai décrite plus haut, et que ç’aurait sonné bizarre pour des oreilles locales. Peut-être pas bizarre tant que ça, mais certainement pas local, justement. (En créole « lavarang » peut parfois presque avoir un son -a à la place du son -an, comme dans le cas des mangues.)

    Nijma & AJP : Do you know if Cher sang this song more like Nancy Sinatra and Sheila in the beginning? It looks as if she wanted to revamp the song with a hard rock sound. To try give it a renewed life? I’m afraid I much prefer the 60s way.

  15. I think this is the one–it sounds familiar. I don’t remember the Sinatra one.

  16. Cortenberg : non seulement les Belges prononcent le g final, mais ils disent cor-teunne-bergue…

    Iceberg : je pense qu’aujourd’hui, à peu près tous les Français prononcent le g final, mais on entend sans doute encore plus souvent « isse-bergue » qu’ « aille-ce-bergue »…

  17. marie-lucie

    Iceberg: en France on prononce cet hybride anglo-allemand « isse-bergue » comme dit Aquinzer.

    Mais on fait rimer « Gutenberg » (un nom connu depuis longtemps) avec « Camembert », comme « Luxembourg » avec « toujours ».

    Langue: Siganus, je crois que nous sommes d’accord: « lan-gue » c’est pour « bien parler », mais tous les jours on prononce « lang », par exemple pour dire « Tire la langue! »

  18. marie-lucie

    (Pardon, « Aquinze »).

  19. Siganus K.

    Sur, sous ou dans la véranda ? (Leveto, le 28 janvier 2010)
    j’aurais du mal à dire “dans la varangue” ou “dans la véranda” (Siganus, le même jour dans la même note)

    Tout le monde ne semble pas avoir les mêmes a priori quand il s’agit de dire “dans la varangue”. M.-T. Humbert dit à la fois sous et dans la varangue. « Sassita avait préparé du thé et l’avait aussitôt servi dans la varangue, sur la petite table d’osier. » (A l’autre bout de moi, page 459.)

  20. > Leveto

    Lui ne savait plus quoi faire et était resté dans la varangue, tant il avait peur que leur propriétaire se réveille et les surprenne dehors à cette heure.

    Carl de Souza, La maison qui marchait vers le large (1996), page 119.

    Mais je persiste et je signe : pour moi il est plus normal de dire “sous la varangue”, i.e. “enba lavarang”.

Laisser un commentaire