Sailler

Sailler.

Verbe intransitif.
1. Déraper, en parlant d’un véhicule ou d’une personne en mouvement.
« Le chemin était mouillé. J’ai saillé en essayant d’éviter un chien et c’est alors que mon auto a tapé avec un arbre. »

Verbe transitif.
2. Faire glisser quelque chose à l’horizontale, en général une chose trop lourde pour être soulevée.
« Donne moi un coup de main, on va sailler la table contre le mur. »

Il semblerait que le terme vienne de la marine. Le capitaine de frégate Pierre-Marie-Joseph de Bonnefoux, dans son Dictionnaire abrégé de marine (1834), donne la définition suivante à l’entrée sailler : « Verbe actif et neutre. To haul, to rous[s]e (halar, sallar). Sailler les boulines, c’est les haler avec force pour bien ouvrir les voiles. — Sailler une pièce de bois de l’avant ou de l’arrière, c’est la faire glisser dans cette direction. — Un bâtiment qui saille de l’avant est celui qui va bien de l’avant. — Un tangon saille par le travers, ou s’écarte du bord dans cette direction ; et ainsi de suite. »

Le vice-amiral Willaumez, dans son Dictionnaire de marine (3e édition, 1831), a une entrée pour sailler (page 512), mais aussi, page 515, une entrée pour le verbe saquer dans laquelle il dit ceci : « Faire riper par sauts, sailler ; faire glisser, mettre en mouvement un corps quelconque ; le retirer de sa place, le traîner, le pousser avec effort. » Ce saquer-là, qui est donné comme équivalent de sailler, ressemble beaucoup à la définition 2 figurant ci-dessus. Elle correspond en outre à ce qui figure sur le site des archives départementales des Côtes d’Armor (Bretagne) : « Il y avait un terme qui était utilisé pour les doris : on disait qu’ils « sailler » [saillaient ?] un doris pour le faire glisser sur la vase. » (6. Evolution de la pêche côtière à Erquy : témoignage oral de Raymond Pays.)

A Saint-Pierre et Miquelon il existe une expression qui paraît avoir un rapport direct avec le verbe sailler : les « bois de saillage », sur lesquels on fait semble-t-il glisser les bateaux.
http://tites-croix-du-caillou.over-blog.com/article-36634915.html
http://www.afc-spm.net/fr/44/19-bois-de-saillage-ile-aux-marins.html
http://www.mathurin.com/article2771.html
Cela n’est pas sans faire penser aux garnements qui, du haut de leurs douze ou treize ans, s’amusaient à faire des « saillages » avec leur bicyclette, tant et si bien que les « caoutchoucs » en étaient parfois usés jusqu’à la trame.

Les deux acceptions ci-dessus se retrouvent en créole : « loto inn sayé lor labou » ou « anou say sa pirog-la enn tigit ». Par contre en créole seychellois (en principe très proche du créole mauricien) il existerait un sens que je n’ai pour ma part jamais entendu : « parer, éviter » (Diksyonner Kreol-Franse).

 

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Mise à jour du dimanche 31 mars 2013

Sur cette vidéo filmée le 30 mars 2013 lors des inondations meurtrières ayant frappé Port-Louis on entend un homme dire “bann loto-la inn sayé” (ces autos-là ont saillé), lesdits véhicules ayant été déplacés par la force des eaux (3:15).

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