Bus stop

Bus stop.
Nom masculin.

Arrêt d’autobus.

« Okay, demain matin je t’attends sur le bus stop. »

Je n’ai jamais entendu un Mauricien employer l’expression « arrêt d’autobus ». Cela devrait pouvoir s’expliquer par le fait que les bus sont arrivés à Maurice longtemps après le départ des Français, et qu’il ne restait que l’anglais pour parler de ces arrêts-là. Toutefois, dans des publications écrites en français, une certaine francitude peut être de rigueur : « L’initiative du conseil de village d’Albion est fort louable. Il a fait installer des arrêts d’autobus dans des morcellements* de la localité. Ces arrêts, peints en bleu, se démarquent des bus stop traditionnels. En effet, ils indiquent les numéros des bus qui desservent les villages ainsi que leurs destinations. » (De jolis « bus stop », L’Express du 6 juin 2008.)
 
 
* https://mauricianismes.wordpress.com/2009/12/20/morcellement/

 

 

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Mise à jour du 4 août 2013.

Un bus stop en pleine montée et en plein virage près de Pont Praslin (à gauche du taxi) :

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(Photo tirée d’un album consacré aux Toyota Crown.)

33 réponses à “Bus stop

  1. People are you ready? Do the bus stop!

    I think this song goes back to at least 1975, maybe earlier. I never did disco myself, but I think these were the moves.

  2. On va le refaire en Kreol: bistop. 😀 Là c’est plus marrant.

    Comme ma femme apprend le Kreol en ce moment j’essaie de lui expliquer comment le « u » ou le « e » se transforment souvent en « i » lorsqu’on parle le Kreol.

  3. Sachin : le « e » se transforment souvent en « i » lorsqu’on parle le Kreol

    Ah ? Je ne vois pas trop dans quel cas. Que le u- devienne i-, c’est entendu (lalinn, senti pi, lamizik, plito, etc.*), mais je ne vois aucun e- qui le serait devenu. Quelques exemples ?
     
     
    * Encore qu’il arrive que certaines personnes, dans un phénomène d’hyper-correction, disent « Port-Lui » pour parler de la capitale martienne. (Par ailleurs, le chiffre 8 est prononcé « ouit », ce qui pourrait s’écrire « wit » en graphie LPT.)

  4. J’ai oublié de préciser que je lui expliquais cela dans le cas des articles lors de la contraction que j’appelle « mauricienne »: lipied (le pied), lizier (les yeux), lili (le lit).

    Le huit! Quelle histoire! Petite anecdote : à force de traîner avec moi, mes copains Français m’ont un jour fait remarquer qu’ils savaient tout de suite si une personne que je leur présentais était Mauricienne ou pas… grâce à la prononciation du huit. Même en Français, nous avons tendance à garder la prononciation du huit avec un « ou » en début alors que les Français le prononcent avec un « u » en début, comme tu l’as démontré. L’autre indice est aussi notre manière de compter les heures, encore une fois appris à mes dépens: on dit tout simplement « j’ai attendu deux heures » et non « j’ai attendu deux heures de temps ». Ensuite on m’a expliqué que c’était un vieil énoncé qui ne se pratiquait plus car c’était un quasi-pléonasme.

  5. mes copains Français m’ont un jour fait remarquer qu’ils savaient tout de suite si une personne que je leur présentais était Mauricienne ou pas… grâce à la prononciation du huit.

    Euh… elle pourrait aussi être belge, la personne que vous présentez à vos copains français !

    Personnellement, j’ai longtemps cru que les « Vêpres siciliennes » de l’indépendance de la Belgique était une histoire d’oiseau de mer.

  6. lipied (le pied), lizier (les yeux), lili (le lit)

    Ah oui, bien vu.

    Ce dont on s’est bien moqué chez moi, c’est ma façon de prononcer les -r suivis d’une autre consonne, comme dans parti, Bordeaux ou martin. J’ai un ami français, que je connais depuis plusieurs décennies, qui continue de se payer ma tête à ce sujet.
     
     
    Aquinze, tous les Belges disent « ouit » ?

  7. marie-lucie

    En quoi est-ce que l’emploi de li au lieu de le ou les est une « contraction »?

    Et pourquoi y a-t-il un r final à lizier?

  8. Marie-Lucie, le -r final à lizier est pour s’assurer que l’on prononce le dernier son “é”. Normalement, selon la tentative d’harmonisation de l’écriture du créole qui a été ébauchée sous le précédent gouvernement (Grafi Larmoni), la lettre -e est censée se prononcer “é”. Mais on constate (enfin, disons “je constate”) que la plupart des Mauriciens ont tendance à utiliser la terminaison -er pour noter ce son-là. On écrira plus volontiers « manzer » que « manze », ce dernier pouvant trop facilement être pris pour « manz ». Pour ma part j’utilise l’accent aigu (manzé), ce qui n’est pas « académique » non plus. Ce n’est pas toujours très pratique à réaliser (à cause des gymnastiques du genre “Alt 130”), mais je trouve que cela a le mérite de lever toute ambiguïté potentielle. Je suis manifestement loin d’être le seul à le faire.

    Quant à la contraction dont parle Sachin, il s’agit de l’agglutination de l’article français au substantif, un phénomène très commun en créole.

  9. @Aquinze, j’habite dans le Nord de la France depuis pas longtemps et je n’ai pas encore eu l’occasion de passer du temps avec quelques Belges. Je ferai certainement le constat 😀 .

    @Siganus, je vois comment tu prononces les -r. C’est plus dans le sens du -r Anglais où la voyelle se trouvant avant devient longue « paarti », « Boordo », « maartin ».

    @marie-lucie, c’est une « contraction » car, en Kreol, l’article fait partie du mot même. Ex: pour dire « ce chien » on dira « sa lisien la », on remarque que un chien est un « lisien » et non un « sien ».

  10. > Sachin

    En effet. C’est inc’oyable une chose pareille, n’est-ce pas ?

    Pour ce qui est de l’article agglutiné au nom, il me semble que c’est un processus touchant surtout les noms commençant par une voyelle. (Mais comme contre-exemples nous avons labous, lakras, labarb, lili, lémèr, liki, labou, lalinn, likou, etc., ce qui contredit quand même pas mal mon impression première.) Il me semble en outre que c’est un processus n’ayant pas eu lieu uniquement à la naissance du créole au XVIIIe siècle : cela continue. Par exemple « so loto » (son auto), « enn mové linflyennza » (une mauvaise influenza/grippe), « dézièm latérisaz » (le deuxième atterrissage) ou « enn mari linflasyon » (une super inflation) ne peuvent qu’être des expressions relativement récentes. Je me demande quels sont les mots les plus récents suivant cette structure. Sans doute des mots liés aux nouvelles technologies, mais je n’en trouve aucun pour l’instant.

  11. Sachin, le u de huit ne se prononce pas ou (u) ou u (ü) en français standard de métropole, mais [ɥ]. C’est une semi-voyelle ou semi-consonne proche du w anglais ou néerlandais sans se confondre à elle.

  12. De quelle métropole parle-t-on là ? De la Belgique ?

    Pour ce qui est de la prononciation de 8, je ne comprends pas trop ce que vous dites, d’autant moins que je ne vois qu’un carré blanc entre les crochets. Mais le Harrap’s (français/anglais) donne [*it] (l’astérisque remplaçant ce que ce dictionnaire note comme une sorte de ‘mirror image’ de la minuscule grecque µ), ce signe servant à transcrire le -u dans les mots aiguille, luire, épuisé, sueur, buée, duel, suite, suivi, suisse, fuite, nuance, nuage, puis ou muet — en gros le u- avant une voyelle*. Dans ces mots, pour moi, on n’entend que ü, un ü comme tous les autres ü, turlututu.

    Quant au -t final, on ne le prononce pas toujours en français (à la différence du créole), comme par exemple dans « huit femmes », « huit jours » ou « huit mai ».
     
     
    * Mais [y] — un autre ü donc — dans fluer, fluide, fluorescent

  13. marie-lucie

    Siganus, le caractère phonétique employé par Dominique (celui qui ressemble à un h à l’envers) correspond au [y] (le u de turlututu) comme le [w] correspond au [u] (le ou de toutou). Dans fluide, on pronounce [y], et le mot a deux syllabes (« flu-ide »), mais dans huit ou nuit on prononce ui d’un seul trait, de la même façon qu’on pronounce le mot oui en une seule syllabe [wi]. Le caractère qui ressemble à un h à l’envers désigne le u [y] très rapide pronouncé dans ces mots, une « semi-voyelle » ou « semi-consonne » puisque ce son ne peut se prononcer qu’en même temps qu’une voyelle.

  14. Siganus, si vous configuriez correctement votre navigateur pour lire l’UTF-8, cela n’arriverait pas et je vous soupçonne fort d’écrire à l’aide d’Internet Explorer de CrimoSoft (que son nom soit maudit pendant 77 générations !)

    Marie-Lucie, vous avez fort bien résumé mon propos. J’ajouterai que le [w] est plus belge dans le cas du mot « huit », tandis que le [ɥ] se retrouve en Picardie à la place du [w] belge dans des noms de lieux comme Wissante, mais ailleurs on fait la différence entre les deux semi-consonnes. Cela dit, la semi-consonne [ɥ], ou h inversé a tendance à se perdre parce qu’elle est en concurrence avec des sons voisins.

  15. Dans une note sous un des paragraphes consacrés à la liaison des mots, Grevisse indique ceci :

    Dans la prononciation soignée, la consonne finale de cinq, six, sept, huit, neuf, dix, muette devant un pluriel commençant par une consonne ou un h aspiré s’articule dans tous les autres cas et en particuliers dans les dates, même devant une consonne.

    Puis viennent les exemples, avec leur notation phonétique :

    (…) j’en ai huit [wit’], le huit [wit’] mars, huit [wit’] élèves.

    On observe ainsi que la semi-voyelle présente dans le mot « huit » est notée [w] – alors que le tableau récapitulant la notation phonétique des sons du français qui figure au début du Bon Usage donne « huile » comme exemple de la semi-voyelle [ɥ]. Il est tentant d’en conclure que l’on prend ici Grevisse en flagrant-délit de belgitude !

  16. Marie-Lucie, pour moi muet, nuance ou sueur ont deux syllabes.

  17. marie-lucie

    Aquinze, justement, Grevisse n’était-il pas belge? Je crois que son livre Le Bon Usage continue de faire la fortune de la maison Duculot.

    Siganus, j’aurais dû ajouter que devant les voyelles autres que [i] il y a fluctuation dans la prononciation de la lettre u comme semi-voyelle ou voyelle. Je prononce muet et sueur avec la semi-voyelle, donc en une seule syllabe, mais pour nuance je prononce des deux façons (peut-être selon ce qui précède: une nu-ance mais des nuances).

  18. marie-lucie

    l’agglutination de l’article français au substantif, un phénomène très commun en créole.

    Je suis d’accord que ce phénomène est une agglutination, et non une contraction puisqu’aucun son des mots français correspondants ne manque: une contraction élimine des sons, comme dans l’ami au lieu de *le ami, mais il n’y a pas de contraction pour passer de le chien à lisien.

    Ce genre de phénomène est assez courant pour les mots empruntés. Par exemple, beaucoup de mots empruntés par l’espagnol à l’arabe commencent pas al qui est l’article en arabe, par exemple alcalde ‘maire’ (et même dans d’autre langues, par exemple algèbre).

    En ce qui concerne les emprunts au français, il y a eu sur la côte américaine de l’Océan Pacifique une sorte de pidgin connu sous le nom de Chinook Jargon, à base d’une langue amérindienne mais contenant aussi beaucoup de mots anglais et français (ces derniers provenant des Canadiens francophones au service des traiteurs de fourrures). Dans ce parler (maintenant disparu au profit de l’anglais), presque tous les mots provenant du français conservaient leur article, exactement comme en Kreol.

  19. Marie-Lucie

    Aquinze, justement, Grevisse n’était-il pas belge?

    Oui, je sais bien, mais je trouve finalement assez touchant d’ entendre, au détour d’une note de bas de page, l’accent belge de cette immense référence de la langue française la plus corsetée. Si ce [w] lui a vraiment échappé sans qu’il en ait conscience, avouez que ça ne manque pas de sel !

  20. Le cas de u consonne/w échappe à une bonne partie des locuteurs du nord de la France et de Belgique, tout comme les locuteurs du Midi ne font pas de distinction de longueur entre côte et cote, ou des Parisiens entre brin et brun. Cela montre d’abord que le français est une norme moyenne entre différents parlers et pas un langage imposé par une élite qui se serait tenue seulement dans le pays au meilleur parler (la Brie, la Beauce, les Pays de Loire selon les versions incohérentes qui circulent). En France, nous parlons d’abord une interlangue, un créole qui peut être contaminé par d’autres créoles.

  21. marie-lucie

    Dominique: la Brie, la Beauce? Je n’en ai pas entendu parler dans ce contexte.

    Une interlangue (ou plutôt un interdialecte, une koïnè), peut-être; un créole, sûrement pas (au moins pas selon la définition technique d’un créole, comme celui de Maurice ou de Haïti par exemple).

  22. Dominique : les locuteurs du Midi ne font pas de distinction de longueur entre côte et cote

    Nombre de Mauriciens non plus (mais pas tous, me semble-t-il). Je ne sais ce qu’il en est des heureux habitants de la France méridionale mais, à l’instar des autochtones de l’ancienne Isle de France, je les imagine mal disant muet en une seule syllabe. Cette façon de faire ne me semble bonne que pour les gens du Nord. Je ne connais pas un Mauricien qui dirait autrement que mu-é, en deux syllabes distinctes.

  23. La semi-consonne ué n’existe que devant i. Huile, huit, nuit, etc. Elle n’est pas devant un è et muet a bien deux syllabes à la différence des mots précédents.

  24. marie-lucie

    Parlez pour vous-même, Dominique! Pourquoi appelez-vous cette semi-consonne « ué » et non pas « ui », si (selon vous) personne ne dit jamais « ué » mais seulement « u-é »?

    Mon Petit Robert marque une seule syllabe pour tous les mots que j’ai mentionnés ci-dessus, et aussi pour nuage, suaire, tuer, tueur et bien d’autres mots du même genre (nuage est un de ces mots que je prononce des deux façons).

    Je dis « mon » PR parce que c’est un exemplaire datant de 1968, et la prononciation « officielle » a pu changer depuis. Non que j’aie l’intention de changer ma propre façon de parler, même si d’autres la trouvent un peu archaïque. Par exemple deux heures de temps ne me choque pas du tout.

  25. Que suaire possède selon la prononciation ancienne un ué, soit, mais ce n’est pas du tout le cas des autres mots selon le TLFi qui ne note que la voyelle u et je n’ai jamais entendu votre prononciation.

  26. marie-lucie

    Dominique, je vous pardonne parce que vous êtes sûrement beaucoup plus jeune que moi, et à chaque retour au pays je me rends compte qu’il y a beaucoup de prononciations nouvelles, souvent parce qu’elles suivent l’orthographe et non la tradition (comme le fait, apparemment, le TLFI). Mais je vous assure que je ne suis pas et je n’ai jamais été la seule à parler comme je le fais, et dans mes années d’études en France on ne m’a jamais reprise sur ce sujet puisque non seulement les membres de ma famille mais la plupart de mes profs et de mes camarades parlaient de la même façon. Et si ma prononciation vous paraît si bizarre, pourquoi serait-elle celle qui est indiquée dans le Petit Robert que je possède?

  27. Moi quand je suis retourné au pays on trouvait que je parlais comme un Français, et cela faisait rire certains.

  28. marie-lucie

    Mais pour moi c’est le contraire: je n’ai pas changé ma façon de parler français (car ici je parle surtout anglais), c’est en France que les choses ont changé (au moins pour les plus jeunes que moi).

  29. Sachin, il me revient une anecdote : sur un plan d’arpentage on avait inscrit “tilipié” (ou peut-être “tilipier”) à la place de “tulipier”, un arbre produisant de belles fleurs orange. En effet, pas mal de gens appellent cet arbre tilipié, comme s’il s’agissait d’un petit pied.

    On peut à ce sujet remarquer une certaine incohérence podo(il)logique en créole : un pied c’est enn lipié, mais un pied c’est enn pié. « Mo lipié fer dimal » (mon pied fait mal, ou plutôt, en “bon” français, “j’ai mal au pied”) mais « enn pié goyav » (un pied de goyave). A moins que ce ne soit une trouvaille, puisqu’un pied n’a pas toujours d’orteils et qu’il peut s’avérer utile de différencier les uns des autres.

  30. marie-lucie

    mon pied fait mal, ou plutôt, en “bon” français, “j’ai mal au pied”

    En « bon » français on peut dire aussi « mon pied me fait mal » (mais il faut le « me »). Il me semble que les deux expressions ne sont pas complètement équivalentes: p.ex. après une longue marche on pourrait dire « J’ai mal au(x) pied(s) », mais si on s’est blessé au pied auparavant on peut dire « Mon pied me fait (encore) mal ». La première phrase indique l’état de la personne qui parle, la second l’état de son pied, qui est le sujet de cette conversation ainsi que du verbe.

    Je ne vois pas d’incohérence en créole, mais une certaine logique: lipié vient sans doute de la forme du pluriel « les pieds » (utilisée aussi pour le singulier), mais pié (d’une plante) de la forme du singulier, puisqu’une plante n’a qu’un seul « pied ».

  31. Marie-Lucie, en créole l’article peut être agglutiné au nom que ce dernier soit généralement au pluriel ou pas, e.g. les yeux (mo lizié gos – mon œil gauche) ou le cou (to likou – ton cou).

    Quant à “faire mal”, nombre de Mauriciens diront “mon pied fait mal” ou “mon cou fait mal” quand ils parlent français (disons le français “local”).

  32. En français de Lorraine et d’Argonne, cela devient « j’ai mal le pied ».

  33. marie-lucie

    en créole l’article peut être agglutiné au nom que ce dernier soit généralement au pluriel ou pas

    J’ai bien compris d’après tous les exemples que vous avez cités dans un certain nombre de messages, mais pour les parties du corps qui vont par paires on a plus souvent l’occasion d’employer le pluriel que le singulier (c’est vrai dans n’importe quelle langue). L’exemple de lipié et pié suggère que cela a pu être le cas ici, au moins à l’origine, puisque pié pour une plante n’a pas reçu l’article qui est généralisé pour les autres noms.

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