Pétédènes

Pétédènes.
Nom féminin, généralement pluriel.

Taches de rousseur.

« La copine de Sharmila a une figure remplie de pétédènes. »

Il a été avancé que le mot pétédènes était une corruption de « pets de dinde », le volatile en question étant supposé produire ces motifs-là en pétant à la face des gens. Je n’ai rien trouvé d’écrit qui puisse justifier cette hypothèse et je ne peux que me livrer à ce genre de conjecture pour essayer de trouver une origine au mot.

Dans une entreprise où je travaillais autrefois se trouvait quelqu’un de complexion teint relativement clair qui, sans être roux en aucune façon, avait le visage constellé de « taches de rousseur ». De façon plaisante, il s’appelait lui-même « un Créole moucheté » — il l’était en effet, et bien. Je n’ai malheureusement plus la possibilité de le photographier pour montrer ici la supériorité du mot pétédène sur l’expression tache de rousseur, puisqu’il n’est manifestement pas nécessaire d’être roux pour en avoir.

36 réponses à “Pétédènes

  1. Ah, on vient de faire ressortir que les pintades, qui ont peut-être été appelées « dindes » pour l’occasion, ont un plumage tacheté et que ça pourrait être par association d’idée qu’on aurait utilisé, par plaisanterie au début, l’expression « pet de dinde (i.e. pintade) » pour parler des ces taches cutanées-là.

  2. marie-lucie

    La mignonne fillette de votre photo regrettera peut-être plus tard ses taches de rousseur, car elles ont tendance à disparaître avec l’âge, qui joue d’autres tours à la peau.

    En français québécois il y a (ou il y avait) le joli mot « rousselure ».

  3. Ça n’a sans doute rien à voir — ou alors de très loin — mais ce mot, pétédènes , m’a fait penser aux pétéchies, petites taches hémorragiques sur la peau qu’on rencontre dans certaines maladies.

  4. Marie-Lucie

    l’âge, qui joue d’autres tours à la peau.

    Des rousselures aux tavelures , des pétédènes aux lentigos…

    ;

  5. Toutes les taches ne disparaissent pas avec l’âge. On peut remarquer des gens qui, suite à un certain nombre d’années d’exposition au soleil tropical, présentent de nombreuses taches cutanées. On peut alors trouver des personnes qui ont le dos parsemé de tavelures (merci pour le mot Aquinze), autrement dit de pétédènes qui apparaissent avec l’âge.

    Pétéchie, subst. fém.
    PATHOL., le plus souvent au plur. « Tache hémorragique cutanée punctiforme ou lenticulaire, qui est l’élément éruptif caractéristique du purpura » (Méd. Biol. t.3 1972).
    En effet, Leveto, il y existe une certaine parenté tant homophonique que sémantique entre pétédènes et pétéchies. Mais je ne crois pas que les pétédènes relèvent d’une pathologie très grave. Du point de vue de l’homophonie, on peut aussi penser à Péthidine — quand les choses vont vraiment mal.

    __________

    Ah, je suis pris d’un doute soudain quant au genre de pétédène. Un pétédène ou une pétédène ?… Vaste question existentielle.

  6. My father had this complection. He lived his whole life in Australia, with pleasant reddish tan coloured skin & lots of freckles superimposed. I thought it looked okay.

  7. AJP, some English-speaking people say that they prefer to write connexion than connection, against what is shown in most contemporary dictionaries. (Well, almost: connexionChiefly British – Variant of connection.) But it seems that in any case complection ought to be written complexion*.

    However, I got it completely wrong on my side of things with regards to the French word complexion. It has nothing to do with the colour of the skin. It is related instead to somebody’s constitution or nature:
    Complexion, substantif féminin
    A.− [En parlant d’un animé hum.] Constitution, tempérament.

    The French acceptation corresponds to an obsolete one in English (complexion3. Obsolete a. the temperament of a person). I should have used the word “teint” instead:

    Complexion
    (a) teint; to have a dark/fair complexion, avoir le teint foncé/clair; to have a good complexion, avoir une belle peau;
    (b) Fig. nature, caractère (de quelque chose) ; that puts a new or a different complexion on it, voilà qui change la situation.
    (Harrap’s Shorter, anglais-français/français-anglais, 1993 edition.)

    ______________

    * Well, maybe not so much after all — http://www.merriam-webster.com/dictionary/complection

  8. J’avouerai que je ne connaissais pas ce mot. D’ailleurs je n’avais personne de mon entourage qui avait des tâches de rousseur quand je vivais à Maurice. Ceci explique peut-être cela.

  9. Sachin :           😆         ☻         ☺          😉
    Dire qu’il y en a qui sont teintés complexés par leur teint, ou par leurs pétédènes…

  10. marie-lucie

    Sachin, ce sont des « taches », pas des « tâches » (des devoirs, des corvées). Il y a encore beaucoup de gens (moi par exemple) pour qui ces mots ne riment pas.

  11. @Siganus, effectivement le teint est souvent un sujet délicat à aborder à Maurice.

    @marie-lucie, effectivement, toutes mes excuses.

  12. Oui, on entend parfois des histoires sur les différences de traitement entre frères et sœurs ayant des teints différents ou, en parlant d’un nouveau-né, des remarques du genre « inn gaign prémié lot ». Des personnes claires de peau veulent bronzer ; des personnes au teint foncé achètent des crèmes éclaircissantes. Cela relève-t-il de ce qui pourrait être décrit par l’expression « être mal dans sa peau » ?

    Un petit sondage rapide ce matin au bureau : sur cinq personnes interrogées, deux avaient entendu le mot pétédènes sans trop savoir de quoi il s’agissait, une (la plus jeune) n’en avait jamais entendu parler, deux connaissaient le sens du mot. Pour ce qui est du genre, c’est une autre histoire. Il faudra sans doute lancer une consultation nationale !

  13. Nouveau sondage, à l’heure du déjeuner, parmi les collègues : sur 10 d’entre eux 8 connaissaient le mot pétédènes, 2 n’en avaient jamais entendu parler. La personne en charge du standard téléphonique et de l’accueil avouait essayer d’atténuer les siennes avec du fond de teint.

  14. A. J. P. Crown

    Yes, I thought it looked funny. Complection is completely wrong, it ought to be complexion. When I took physics at school, our teacher (who had written our textbook) made us write « reflexion » instead of reflection. It never caught on, though.

  15. A. J. P. Crown

    You still find these in English, though I never have used them myself:

    2. General character, aspect, or appearance: findings that will alter the complexion of the problem.
    3. A viewpoint, inclination, or attitude: a conservative political complexion.

  16. More GT silliness. [En parlant d’un animé hum.] => [In speaking of a busy hum.], where busy hum means the noise of bees (or human beings as compared to bees) at work. Of course, expecting GT to deal with the abbreviations used in dictionaries is unreasonable.

  17. It has nothing to do with the colour of the skin.

    Je pense que j’ai déjà vu « complexion » utilisé en français avec le sens de teint, couleur de peau, et il y au moins un dictionnaire qui le donne comme premier sens, quoique vieux.

  18. Le Grand Robert donne lui aussi pour complexion le sens vieilli de « teint » avec une citation de Sainte-Beuve en prime :
    «D’une complexion blanche, aux yeux, aux cheveux noirs, le front aisément caressé de songes, d’un naturel très réfléchi et très sensible, il tenait de sa mère et de sa grand’mère, de cette lignée aimante des O’Neilly. »
    Sainte-Beuve, Volupté, xix, p. 187.

  19. Il est étonnant, dans ce cas, que le Trésor de la langue française ne le mentionne pas. Il est étonnant aussi qu’un mot qui, en bas latin, signifiait tempérament ait fini par signifier « teinte de la peau ». Le lien entre l’un et l’autre n’est pas très clair.

  20. marie-lucie

    Un lien possible: tempérament > tempérament révélé par l’apparence physique > apparence du visage > teint. Voir par exemple la vieille théorie des « humeurs » qui lie le corps et l’esprit (humeur sanguine, etc).

  21. marie-lucie

    « être mal dans sa peau »

    Je crois que cette expression n’a rien à voir avec les différentes couleurs de la peau humaine. Quant on est mal dans sa peau, on éprouve un certain malaise, on n’est pas satisfait de soi-même, on est même plus ou moins déprimé. Ce ne sont pas les sportifs qui sont mal dans leur peau, ce sont plutôt les gens qui n’ont guère d’activité physique.

  22. Quand on parle de « complexion sanguine », parle-t-on de la couleur — rougeaude — du visage ou du caractère — emporté — de la personne ?

  23. Siganus, I think that’s exactly the point: the red face and the fiery temperament were thought to be two effects of the same underlying cause — the excess of blood in the body.

    As for character, in Greek it meant a mark engraved on something. Consequently, a person’s character was originally the mark (on his face or elsewhere) of his distinct personality. Similarly, a character in a play is someone with a particular quality (and later a particular person), and a character of text is an abstraction from the mark or glyph that represents it.

  24. marie-lucie

    JC a parfaitement raison.

  25. the red face and the fiery temperament were thought to be two effects of the same underlying cause — the excess of blood in the body.

    … de la même façon que lorsque l’on parle d’une personne de complexion bilieuse, on l’imagine à la fois avec un teint jaunâtre et une tendance à l’aigreur et au pessimisme.

    Dans cette même logique, le flegmatique (ou lymphatique) aurait le teint pâle et le mélancolique le teint sombre.

  26. Español : tache de rousseur, peca .
    ( de picar)

  27. M.-L. : JC a parfaitement raison.

    Parole d’Évangile, en quelque sorte. 🙂
     
     
    Oui, Aquinze, et il m’arrive d’être mélancolique plus que de raison, voire d’être bilieux. Mais comme nombre de personnes, je pense qu’il m’arrive finalement d’être quadricolore.

  28. Aujourd’hui au cinéma j’ai vu une publicité (en français) pour un produit censé faire disparaître les taches sur la peau, Lightenex étant « spécialement développé pour les peaux asiatiques ». J’ai trouvé cela tellement amusant que j’ai eu à emprunter une plume et un bout de papier pour le noter.

    Sur internet on peut trouver des informations à propos du produit en question :

    http://www.pharmaclinix.com/lightenex-cream-50ml-p-30.html
    THE ULTIMATE ASIAN SKINCARE
    Lightenex Cream 50ml.
    # Fades hyper pigmentation and lightens dark skin
    # Evens out uneven skin pigmentation marks (e.g. sun spots, chloasma, melasma, liver spots and freckles), including those caused by contraceptives and medications.

    Quand même 40 livres sterling le pot de 50 millilitres, soit 2,000 roupies.

  29. Siganus Sutor

    Pétédènes sur le museau d’un veau.

    Pétédènes sur le museau d'un veau.

  30. Bonjour,

    « (…) les éphélides ne vous gâchent pas que la peau. À huit ans, sur les bancs de la petite classe, je l’avais déjà remarqué : il est bien moins grave de faire des taches sur son cahier que d’en avoir sur la figure. » (Hervé Bazin, Qui j’ose aimer, Grasset, 1956. p.23.)

  31. Siganus Sutor

    MiniPhasme, tip-top, ces éphélides-là !

    « Du latin ephelis, issu du grec ephêlis, “tache de rousseur”, dérivé de hêlios, “soleil” et epi, “autour de, résultant de”. » — Sans doute est-ce un peu savant pour le commun des mortels, y compris les roux, mais cela colle parfaitement.

  32. MiniPhasme

    En outre, « éphélides » est plutôt agréable à l’oreille, Siganus. On ne peut pas en dire autant de… « pétéchie »* !

    * connaissant l’érythrophobie de leveto, je m’étonne qu’il vous l’ait soumis. Se pourrait-il qu’il n’en ait pas mesuré la portée scatologique ? 🙂

  33. Ah! Mais MiniPhasme, encore aurait-il fallu que l’accent soit grave sur le premier -e- pour que j’y sente une allusion scatologique

  34. J’ai lu la théorie du pet de dinde dans Le bal du dodo de Geneviève Dormann

  35. Oui, c’est une théorie. Le plus probable toutefois c’est que Geneviève Dormann l’a entendu à Maurice, comme cela peut se dire ici-bas sans savoir s’il s’agit là d’une étymologie populaire (« folk etymology ») ou quelque chose d’avéré.

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