Diversion

Diversion.
Nom féminin.

Déviation (routière). “Itinéraire établi pour détourner la circulation” (fr.thefreedictionary.com) ou “fait de détourner la circulation de l’itinéraire normal et de lui en faire prendre un autre” (TLFi).

Bon, on ne peut pas passer par là, il y a une diversion.”

Il y aura alors une route alternative en cas d’accident et de pannes de poids lourds aux heures de pointe pour une diversion, indiquent des techniciens du ministère des Infrastructures publiques.” (L’Express, 19 mai 2010.)

Depuis hier, une nouvelle diversion de la circulation est en vigueur sur la route Vacoas-Candos, à partir de la route St.-Paul en direction de Quinze-Cantons. Notamment à cause de la pose de tuyaux de tout-à-l’égout dans le cadre du Plaines-Wilhems Sewerage Project. Cette diversion, qui ne manquera pas de causer certains inconvénients au public, va durer trois mois.” (L’Express, 19 juillet 2007.)

Dans l’île sœur, qui est française, on parle bien entendu un français “correct” et on utilise le mot convenable, comme par exemple dans cet article du Journal de l’île de la Réunion : “Les nuits des 03 et 04 novembre, les bretelles de sortie de Saint André centre sur la RN2 seront fermées à la circulation dans les deux sens. Une déviation sera mise en place dans le sens Saint Denis/Saint Benoît par l’échangeur du Petit Bazar et dans le sens inverse par l’échangeur de la Cressonnière.” (JIR, 29 octobre 2010.)

L’usage local du mot diversion vient du fait qu’à Maurice la signalétique routière est la plupart du temps rédigée en anglais. Les gens sont donc confrontés à certaines notions ou directives à travers l’affichage dans cette langue (cf. les “cross here”, “bus stop”, “no parking” et autres “no entry”). En anglais britannique — on ne sait de quoi il retourne pour les Américains — on parle de diversion, comme on le voit dans la définition nº 2 du Collins English Dictionary :

diversion (daɪˈvɜːʃən) NOUN 1. The act of diverting from a specific course. 2. Chiefly British An official detour used by traffic when a main route is closed. 3. Something that distracts from business, etc; amusement. 4. Military A feint attack designed to draw an enemy away from the main attack.

C’est la 2e acception qui a donné la diversion en français local et en créole, et ce d’autant plus facilement qu’il s’agit là d’un mot existant déjà en français standard, où il correspond aux sens nº 3 et 4 ci-dessus. Le mot déviation vient du bas latin deviatio, “action de s’écarter de l’orthodoxie” — et en ce sens il serait apparenté aux mots dévier, déviant et déviationniste —, alors que diversion vient du bas latin diversio/diversionis, “diversion, digression”. Sans doute d’aucuns penseront qu’il vaut mieux diversifier ou digresser plutôt que de dévier (du droit chemin), mais quoi qu’il en soit tous les chemins finissent par mener au même lieu.

6 réponses à “Diversion

  1. Chouette chéri, regarde, la rue est barrée, prenons la diversion…on va bien s’amuser !
    Ah si toutes les déviations pouvaient se terminer en diversions …

  2. Je n’en suis pas asolument sûr, mais il me semble qu’on dit aussi dérivation à la place de déviation.

    @arcadius (déviation v/ diversion)
    Faut-il vraiment souhaiter que toute déviance soit divertissante ?

  3. Aquinze
    Ben…un bel exemple de déviance mon cher, un clin d’œil ? votre question contient en effet une ambiguïté que l’on peut apprécier comme une déviance.
    Ma diversion ne signifie pas déviance, et doit s’entendre comme l’acte de divertir, alors que votre déviance se réfère à dévier. Et même si nous voulons la confusion , ma déviance est ce qui ne suit pas la via mater, la voie principale, et elle peut bien être des plus divertissantes ; quand votre question piège ressortit aux déviances qui suppléent, remplacent, occupent la place de la norme , de la rigueur éthique.
    La vraie déviance, comme celle de ces casseurs, à propos desquels « le casseur peu repenti de LSP » a tiré un papier, n’est souvent qu’une faiblesse, ici une faible intégration normative ( faiblesse peut être entendue par certains comme une absence…).

    Vous avez-dit déviance ? :
    http://moutons.karma-lab.net/node/1016

  4. Aquinze, ne parle-t-on pas de dérivation dans le cas de la circulation sanguine, par exemple lorsqu’on subit une opération à cœur ouvert ? (Il subsiste aussi chez moi quelques vagues souvenirs de cours de physique, d’électricité pour être plus précis, au cours desquels il pouvait être question de dérivation si j’ai bonne mémoire.)
     
     
    Arcadius : Ma diversion ne signifie pas déviance, et doit s’entendre comme l’acte de divertir

    Entre divertir et pervertir il n’y a pas toujours une grande différence. Pensez par exemple au cours de la justice.

    Mais peut-être préférez-vous Du Bellay :

    Mais les pleurs en effet sont de nulle valeur :
    Car soit qu’on ne se veuille en pleurant tourmenter,
    Ou soit que nuit et jour on veuille lamenter,
    On ne peut divertir le cours de la douleur.

    Ou Corneille (cf. Médée, où il est justement question de… transports).

  5. marie-lucie

    En France, s’il s’agit de la circulation routière on parle seulement de déviation, pas de dérivation.

    Au Canada, en anglais on parle de detour et non de diversion. (Il y a longtemps que je n’ai pas voyagé dans la partie francophone, c’est pourquoi je ne suis pas sûre du mot fançais qu’on y emploie).

    Je crois que déviance (qui n’est pas dans le TLFI) est un emprunt relativement récent à l’anglais (le TLFI a déviant, attesté pour la premiére fois en 1968).

  6. Siganus Sutor

    Sur le continent américain quand on parle anglais on dirait donc detour pour parler d’une diversion ? L’American Heritage Dictionary a en effet ceci (par le biais de thefreedictionary.com) : detour – “A roundabout way or course, especially a road used temporarily instead of a main route.” Je trouve que ce de/détour-là est à la fois très français et très martien.

    Le Petit Robert (édition de 2006) a une entrée pour déviance, mot attesté à partir de 1968 et issu de déviant (pour sa part attesté à partir de 1923 selon ce dictionnaire). Je n’aurais jamais imaginé que la déviance pût être aussi récente. Serait-ce un signe des temps ? A propos de ces deux mots, le PR renvoie à un encadré consacré au mot voie (issu du latin via), mot ayant de nombreux parents, dont notre déviation (et dévier), mais aussi voyou (un déviant supplémentaire, mais ancien), voyage (nous restons dans les transports), viaduc, convoi, fourvoyer et dévoyer (un retour vers la déviation), ainsi que trivial. Mais, en dépit des apparences, le mot voirie n’appartient pas à cette famille-là.

    Le Larousse médical, lui, a une assez longue entrée pour dérivation :

    Intervention chirurgicale qui consiste à créer une voie artificielle pour l’écoulement de matières ou de liquides, en remplacement de la voie naturelle (tube digestif, voie urinaire, etc.) où siège un obstacle.
    Par extension, le terme de dérivation désigne aussi la voie ainsi créée.

    Suivent une liste et une description des dérivations possibles : dérivations biliaires, dérivations urinaires, dérivations vasculaires et dérivations ventriculaires.

    Le mot pourrait aussi être utilisé sur la voie publique, comme en témoigne cette entrée du Free Dictionary version française, qui cite le Larousse : dérivation – “2. Action de détourner la circulation routière, ferroviaire, etc.; déviation.” On remarquera sur cette page qu’effectivement le mot est aussi employé en électricité, comme supputé hier : “En dérivation, en électricité, se dit de circuits entre lesquels le courant se partage (par opposition à en série): Un montage en dérivation (= en parallèle).”

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