Hache d’armes

Hache d’armes.
Nom féminin.

Hache_d'armes_(Pinna_muricata)_228 Pinna muricata. Bivalve de forme triangulaire, vivant planté dans les fonds plutôt sableux, la pointe en bas et les deux bords supérieurs au ras du sable. Les arêtes supérieures sont tranchantes et peuvent occasionner des coupures chez les personnes marchant pieds nus sur la partie apparente de la coquille.

Selon ce qu’il nous a été donné de voir, en français les haches d’armes portent le nom de jambonneaux, et plus particulièrement, pour ce qui est de l’espèce dont il est question ici, celui de “jambonneau épineux”. À la fin du XVIIIe siècle l’Encyclopédie parle avant tout du genre Pinna sous le nom de pinnes marines. Ce qu’en dit l’encyclopédiste de service : “La pinne-marine est un coquillage de mer, bivalve ou à deux battans, formés de deux pieces larges, arrondies par en-haut, fort pointues par en-bas, rudes & très-inégales en-dehors, lisses en-dedans; leur couleur à la Chine tire sur le rouge, d’où leur vient le nom ridicule de jambonneau.” Va donc pour “pinne marine”, avec deux -n, en français.

Les pinnes qui nous intéressent ici, en l’occurrence les représentants de l’espèce Pinna muricata, se rencontrent dans les océans Indien et Pacifique, où leur nom commun en anglais est “prickly pen shell”, les pen shells formant la famille des Pinnidés, mollusques marins bivalves à la coquille triangulaire dont l’allure générale peut faire songer au bec d’une plume à encre. Le nom du genre renvoie aux pennes, i.e. aux grandes plumes d’oiseaux souvent utilisées pour écrire, d’où le nom de pen shells, ce qui pourrait à son tour renvoyer au calame, donc au calmar — ou calamar —, c’est-à-dire à la mourgate, un autre mollusque de nos lagons. L’encre et la plume… (Encore que le calmar ait aussi sa plume intérieure.)

Adolescent j’avais marché sur une hache d’armes près de Péreybère et ça saignait pas mal — un sang très rouge je me souviens. C’est ta sœur qui m’avait soigné. Vingt-cinq ans après, la cicatrice est toujours visible.”

Hache-d'arme_43Il n’y a pas de jetée pour accueillir ces visiteurs qui sont contraints de parcourir 400 mètres à pieds à marée basse pour rejoindre la plage, dénuée d’aménités de base. Il n’y a pas non plus de coin de baignade à proprement dit et, actuellement, les baigneurs s’aventurent dans le lagon à leurs risques et périls à cause de la présence de «haches d’arme» – animal marin particulièrement tranchant.”
(L’Express, 20 novembre 2009.)

A titre d’exemple, je ne vois presque plus les « sea cucumbers », les « hache-d’armes », les oursins…
(Blog The Media Guru, commentaire d’article, avril 2010.)

Un bon curry de hache d’armes vous tente ? Les membres de l’Association féminine de Case-Noyale font découvrir au public des menus à base de ce mollusque connu comme la grande nacre ou le pinna noblis ce week-end lors d’une expo-vente dans la cour du centre social.”
(L’Express, 3 octobre 2008.)

5. More specifically, l’île aux Bénitiers is rich in species (many may even be endangered or nearly extinct) important to the biodiversity, ecosystemic sustenance and sustainable development of the area (and not just the islet itself), because it is at the heart of a lagoon :
– MARINE: mollusks: clams, « tec tec », « hache d’armes », oysters, « tipoulle », sea urchins, etc.

(Institute for Environmental and Legal Studies, Report on l’île aux Bénitiers, mars 2002.)

Sea-shells that may be removed fom a maritime zone of Mauritius
Common name    |     Scientific name
Betay     |     Trachycardium sp. ; Gafrarium sp. ; Asaphis sp. ; Tellina sp.
Bigorneau     |     Littorina sp.
Bouche d’argent     |     Turbo sp.
Gono gono (Gouse)     |     Pleuroploco trapezium
Hache d’arme     |     Pinna sp.
Mangouak     |     Isognomon sp.
Tek tek     |     Donax sp
.”
(Fisheries and Marine Resources (Prohibition of Removal of Coral and Sea-shell) Regulations 2006, GN No. 95 of 2006, sur le site FAOLEX de la FAO.)

Haches d'armes sur la plage de Pointe aux Sables - Photo : Gro Zippo

Haches d’armes sur la plage de Pointe aux Sables – Photo : Gro Zippo

La hache d’armes, selon le Trésor de la langue française, est une “arme offensive du Moyen Âge munie d’un long manche et d’un fer large terminé quelquefois par un marteau à l’opposé du tranchant.” Dans un contexte moins ancien, le même dictionnaire, à la même entrée, précise que l’expression est aussi synonyme de “hache d’abordage”, citant à l’occasion une narration du voyage de La Pérouse : “Dans quelque circonstance que ce soit, il n’enverra aucune chaloupe ou autre bâtiment à terre, qu’il ne soit armé de ses canons, muni de fusils, de sabres, de haches-d’armes.” Il est à souhaiter que les hommes de M. de La Pérouse, envoyés à terre dans une île du Pacifique, ont su éviter de marcher sur des haches d’armes.

 

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Mise à jour du mercredi 7 janvier 2015.

Sur le site lexpress.mu le 7 janvier 2015.

Sur le site lexpress.mu le 7 janvier 2015.

10 réponses à “Hache d’armes

  1. Pas mal d’avoir lu cet article avant de partir continuer à découvrir cette île; ainsi, j’ai su tout de suite ce que c’était.

  2. En effet, Zippo, c’est cela même. (Cela vous gênerait-il si je me servais de votre photo pour illustrer davantage le billet ci-dessus ?)

    Ces haches d’armes-là semblent avoir été quelque peu roulées par la mer et abîmées — leur coquille est somme toute fine et friable —, mais ce sont bien des Pinna que vous avez photographiées. C’est vous qui avez mis les bouts de bois sur les deux coquilles ou bien les avez-vous trouvées comme ça ?

    A fouiner sur internet (sans fouine, mais avec une souris), je vois qu’aux Seychelles on utilise la même expression, le Dictionnaire créole seychellois – français de Danielle d’Offray et Guy Lionnet précisant que l’asdarm est un “coquillage en forme de hache, du genre Pinna, utilisé aux Seychelles comme appât dans les nasses”, “nasses” qui, j’imagine, correspondent à ce qu’on appelle “casiers” à Maurice. Les auteurs mentionnent une variante lasdarm pour laquelle, comme cela est souvent le cas en créole, l’article défini français a été agglutiné au substantif.

    Pour leur part Baker et Hookoomsing donnent comme forme principale, à Maurice, le nom larsdarm (une hache étant en effet, en général, “enn lars”, avec une manière de -r avant le -s final) et comme variantes lasdam et larsdarm. De façon étonnante toutefois, ces auteurs se demandent si l’expression mauricienne ne viendrait pas d’une (hypothétique ?) “hache de dame” en français. Je ne sais s’ils pensaient à une quelconque Jeanne Hachette, mais je n’ai pour ma part jamais entendu parler de “hache de dame”.

  3. Aucunement, j’en ai 2 ou 3 autres que je peux vous transmettre.
    J’ai trouvé ces haches sur une plage à Pointe aux Sables qui était par ailleurs jonchée de coquilles d’oursins. Ça doit effectivement brasser pas mal là-bas; la baignade y est interdite malgré une jolie mer. J’ai fait ce montage, car on y voit tout de suite le nom qui leur a été donné.

  4. Siganus Sutor

    Peut-être est-ce là un effet du cyclone Dumile qui est passé dans l’ouest de Maurice (et de la Réunion) le 3 janvier, ce qui a dû générer une houle d’ouest sur cette partie de la côte Ouest. Merci pour les deux haches d’armes munies de manche !

  5. Une fois de plus, L’Express pique sans vergogne les photos des autres. Il faut croire qu’ils sont en manque de photographes. Ou que les “caméras” font défaut. Mais c’est encore plus drôle quand ils se trompent en attribuant une image à la mauvaise personne, n’est-ce pas Gro Zippo ?

    http://www.lexpress.mu/article/257249/riambel-un-adolescent-blesse-en-marchant-sur-une-hache-darmes#comment-329412

    « L’hache d’armes est en fait un coquillage qui peut occasionner de sérieuses blessures notamment lorsque l’on s’aventure dans le lagon. » ► L’hache ou la hache ? (Mais le hash, elle aime.)

  6. zerbinette

    Voudriez-vous déterrer la hache de guerre Siganus ?

  7. Siganus Sutor

    Remarquez, Zerbinette, il faudra peut-être se résoudre à la déterrer, cette hache-là. L’Express a trop souvent volé des photos sur lesquelles ils pouvaient mettre la main afin d’illustrer leurs articles. Dans leur journal il leur arrive d’utiliser le mot “éthique”. On se demande s’ils en connaissent le sens.

    De surcroît, comme il était possible de le pressentir, ils ont mis à la poubelle le commentaire dans lequel on relevait leur larcin.

  8. Déterrez ! déterrez ! C’est scandaleux qu’un journal aille piquer des photos sur internet sans même mentionner leur origine.

    L »Express a « la cagne » ? la flemme ?

  9. Je voudrais vous envoyer une photo…

  10. Siganus K. Sutor

    Une photo d’hache d’armes ?

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