Franco-Mauricien

Franco-mauricien.
Nom et adjectif.

Blanc mauricien, ou Mauricien blanc, ce qui est — presque — bonnet blanc et blanc bonnet.

Bernard Idelson (de l’université de La Réunion), chercheur en histoire de la presse indo-océanique, note qu’à partir de 1930 les journaux s’imbriquent de plus en plus «dans le champ politico-ethnique – représenté par les quatre groupes identifiés dans la Constitution mauricienne : les hindous, les musulmans, les sino-mauriciens et la population générale (qui désigne les franco-mauriciens et l’ensemble de la population créole).»
(L’Express, 15 novembre 2010.)

Pour l’élection de janvier 1886, deux composants ethniques s’affrontèrent. D’un coté il y avait les oligarques qui regroupaient tous les éléments conservateurs mais c’est sous l’étiquette Réformistes qu’ils se présentèrent aux élections de janvier 1886 dont les grands chefs de file sir Célicourt Antelme et sir Henry Leclézio avaient une influence considérable dans les affaires du pays. Ils représentaient la ligne dure du pouvoir conservateur franco-mauricien à Maurice. Et de l’autre coté, il y avait les démocrates qui plus tard se regroupèrent sous la bannière du Parti Libéral et qui prônaient une vraie réforme de l’administration du pays. Le Parti Libéral regroupait l’élite créole mais également les blancs dits «pauvres».”
(Site du parti MMSD, dont le Leader, Éric Guimbeau, est franco-mauricien, au sens mauricien de l’expression.)

En réponse à l’article de M. Yvan Martial rendant compte de ma conférence du Dodo Club sur « l’identité franco-mauricienne », paru dans Expresso n° 556 du 24 juin 2007, je tiens à apporter ci-dessous quelques précisions.
(1) Je n’ai, dans ma conférence, absolument pas parlé d’une identité franco-mauricienne qui « varierait sans cesse » ou « gagnerait en élasticité ». Bien au contraire, ma position fut d’argumenter que cette identité franco-mauricienne s’est construite dans le temps, en s’adaptant aux circonstances de l’histoire grâce à la mobilisation de certains marqueurs identitaires. J’ai illustré ce propos en montrant la récurrence, à travers l’histoire, de deux marqueurs identitaires privilégiés du groupe franco-mauricien : la culture française et l’argument de l’antériorité sur le sol de l’île
.”
(L’Express, 1er juillet 2007.)

Cet accent particulier est également la résultante de l’éloignement des ces Franco-Mauriciens avec l’ancienne mère patrie, ce qui explique l’abondance de mots et d’expressions propres aux dix-huitième et dix-neivième siècles dans leur vocabulaire. En deux mots, un parler français traînant et chantant où l’articulation des mots trahit le frottement anglo-saxon et l’autarcie de cette communauté mêlée d’un petit air hautain de grand-bourgeois, vestige d’une époque servile révolue.”
(Benjamin Moutou, Les Chrétiens de l’île Maurice (1996), page 386.)

For example, the Bhojpuri vernacular spoken by many of the Indo-Mauritians has been so strongly influenced by other languages that it is unintelligible to Bhojpuri-speakers in Bihar, and the Franco-Mauritians – like all other Mauritians – eat spicy curries and lots of rice.”
(Thomas Hylland Eriksen, lecture presented at the University of Oxford, December 1999.)

La langue de Molière continue d’être une des langues officielles de l’Assemblée nationale et n’est plus, comme jadis, la chasse gardée des Franco-Mauriciens et des personnes de couleur comme cela a été longtemps le cas.”
(Sydney Selvon, Le Dimanche, 3 Juillet 2011.)

Ki sa bébête qui so nom Mauricien ? Zamais mo vine trouve sa bébête-là ! Indo-mauricien, mo konné. Franco-mauricien, Créole mauricien, Sino-mauricien, Misilman mauricien, mo konné. Mais zamais mo fine zoine sa bébête qui so nom Mauricien !
(L’Express, 14 juillet 2006.)

Mo penser ki pou resoudre situation creole, bann franco-mauricien (blanc) ki detenir la grande majorité des terre sur l’ile, bizin repartage zot la terre avec creole puisque c bann francais ki ti capture zot depi lafrique pou amene zot fer esclavage dan maurice, pou après laisse zot a la belle etoile pou arive ziska maintenant kot zot pa remi de cette malheureuse episode de l’histoire.”
(L’Express, commentaire d’article, 14 août 2010.)

‘Fernand Leclézio était un précurseur. En s’associant avec la famille Gujadhur (famille indienne, alors qu’être ‘blanc’, franco-mauricien dans les colonies était synonyme de tous les privileges) pour créer FUEL, il avait déjà la vision de Maurice de l’an 2000.’ – Jacques de Maroussem
(Site maisoneureka.com.)

Jean-Claude de L'Estrac & POV, L'île Maurice racontée à mes petits-enfants (2009), page 14.

Avec les Créoles, les Franco-Mauriciens — ou Blancs — composent ce que la Constitution définit sous le terme de “population générale” (General Population). Dans un certain contexte, “franco-mauricien” est une façon plus politiquement correcte, plus consensuelle, de dire “blanc”. L’expression est construite de la même façon que les expressions “Sino-Mauricien” ou “Indo-Mauricien”, lesquelles renvoient aux Mauriciens d’origine chinoise ou indienne. Mais le terme “franco-mauricien” peut être ambigu à plus d’un titre.

D’abord, tous les Franco-Mauriciens ne sont pas exclusivement d’origine française. Cela se voit notamment au niveau des patronymes, qui peuvent avoir des connotations germaniques (Koenig, Ritter), britanniques (Bathfield, Tennant, Rogers) ou autres, sans que l’appartenance des gens portant de tels noms au groupe franco-mauricien soit remise en cause, pour peu qu’ils soient reconnus comme tels de par leur filiation, leur histoire personnelle, leur façon de s’exprimer (en français mauricianisé) et leur mode de vie.

Ensuite, il existe un relativement grand nombre de personnes qui ont la double nationalité française et mauricienne sans avoir le phénotype — et surtout la reconnaissance sociale — les rangeant dans la communauté franco-mauricienne. Il est par ailleurs possible de noter à ce sujet que la plupart des Franco-Mauriciens ne sont pas franco-mauriciens, dans le sens qu’ils ne possèdent pas la double nationalité française et mauricienne.

Cela peut donner lieu à certains quiproquos lorsque l’expression “franco-mauricien” est utilisée. Si on parle de “franco-mauricien” à propos d’une personne dont le nom permet de comprendre qu’il n’est pas question là d’un Mauricien blanc, le risque d’erreur est quasi inexistant. Par exemple : “Miss France 2011 : la Franco-Mauricienne Sabine Hossenbaccus classée quatrième dauphine” (site Kotzot, 5 décembre 2010). Compte tenu de son nom de famille — et sauf s’il s’agit d’un nom d’épouse —, il est très peu probable que la personne en question soit perçue comme appartenant à la communauté blanche de Maurice.

Parfois c’est plus ambigu :

Pour le Premier ministre, l’Attorney General, en prenant fait et cause publiquement en faveur du Franco-Mauricien Jean-Marie Richard dans l’affaire des allégations d’actes de brutalité policière à Grand-Baie, a commis un péché de « lèse-Premier ministre ».”
(Week-End, 4 octobre 2009.)

L’individu mentionné ici possède un prénom et un patronyme à consonance française. Il pourrait donc s’agir d’un Franco-Mauricien au sens restreint. Il appert que, dans ce cas-ci, il s’agit de quelqu’un que la société mauricienne classerait parmi les créoles, militant créole qui plus est puisque, actif dans la mouvance de la FCM (Fédération Créole Mauricien), il est un des défenseurs autoproclamés de la communauté.

Parfois l’utilisation de l’expression est plus ambigüe encore :

Jean-Marie Gustave Le Clézio attendait, avec nous, depuis fort longtemps cette consécration planétaire. Elle est tombée, jeudi dernier, le prix Nobel de littérature a été attribué au franco-mauricien.”
(Week-End, 12 octobre 2008.)

Il s’agit ici d’un écrivain dont le patronyme est bien connu à Maurice, la famille en question ayant fait souche dans l’île depuis le XVIIIe siècle. Et le père et la mère de Le Clézio sont des Leclézio mauriciens, mais lui-même est né et a grandi en France — ce qui saute aux oreilles quand on l’entend parler —, ayant avant tout un lien de cœur avec Maurice. Par ailleurs, il possède la nationalité mauricienne aussi, qu’il a obtenue quelques temps avant de recevoir le prix Nobel. Tout ceci fait que lorsqu’un journal parle à son sujet de “franco-mauricien”, on pourrait se demander s’il est question de sa double nationalité ou de son appartenance à l’une des communautés de l’île.

Ʊ

 

 

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Mise à jour du vendredi 29 mars 2013

Voice_of_White--Le_Mauricien--19_mars_2013_(p.19)

 
Tribune parue dans Le Mauricien du 29 mars 2013, illustrée par un cartoon de l’excellent Deven T. sur lequel on voit ce qui semble être un Franco-Mauricien évoquant un (hypothétique) “Voice of White” créé, selon toute évidence, en réaction aux activités de l’organisation “Voice of Hindu”.

Voice_of_White--Le_Mauricien--19-03-2013--Cartoon--Deven_T

 

 

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Mise à jour du samedi 20 décembre 2014

A Maurice, on a des sentiments plutôt nuancés vis-à-vis de la France. Parce que nous avons nos franco-mauriciens. Chez nous, nous nous disons qu’ils vivent dans des vases clos. Cela crée de la méfiance.”
(Nazim Esoof, L’Express, 20 mars 2012.)

27 réponses à “Franco-Mauricien

  1. lorraine D lagesse

    IL y a aussi ce terme trés insultant d etre traité de «  »FRanco » » » qui n est ni lard ni cochon…et meme que certains ont dit que la religion catho du pays, furent mis en place uniquement pr les Franco….lé lé rat blanc !!!

  2. Vous trouvez que “Franco” est un terme très insultant en lui-même ? Pourquoi ? Parce qu’il renverrait au dictateur espagnol ? Je ne dis pas que la dernière expression mentionnée dans votre commentaire soit particulièrement “neutre”, mais j’aurais plus de mal à voir l’insulte dans le mot “franco”. (Un ami, à la langue piquante à ses heures, avait avancé une fois qu’il aurait été plus judicieux d’utiliser l’expression “blanco-mauricien” que “franco-mauricien”.)

    Mais diriez-vous que, dans l’ensemble (même s’il est dangereux à mon avis de tomber dans les généralités à partir d’un certain nombre de cas particuliers), que dans l’ensemble donc, les Franco-Mauriciens se sentent les plus mal aimés de tous les Mauriciens ?

  3. Curieuse coïncidence: Franco est mort le 20 Novembre 1975 et aujourd’hui le parti fondé par les franquistes a obtenu la majorité absolue.
    Certes, en espagnol, le mot “franco” n’a rien de péjoratif.

  4. Je pense qu’on peut faire la différence entre « franco-mauricien » dans le contexte Martien et « franco-mauricien » dans le contexte littéraire français. Sur Mars, le terme est associé à la population « blanche ». Je me rappelle d’ailleurs d’une partie de « Monopoly » où ma voisine disait « mo poyé couma blan ».

    Dans un contexte purement littéraire, un franco-mauricien aurait une appartenance aux deux pays, aux deux cultures. Cela n’implique aucune appartenance communautaire ou raciale.

  5. Au fait, excellent la couverture de « Rémi et Marie ». J’ai appris le Français dans ce livre. As-tu un exemplaire de ce dernier ou bien sais-tu où on peut encore en trouver sur Mars ?

  6. Siganus Sutor

    Toi aussi tu as appris à lire et à écrire le français grâce à Rémi et Marie ? Je ne sais pas si on peut encore en acheter (de seconde main probablement), mais cette copie des “petits écoliers mauriciens”, je l’ai retrouvée dans les affaires de ma mère. Il faudrait demander à certaines librairies si elles en ont, ou si elles savent où s’en procurer. En tous cas tu n’es pas le seul à en chercher…
     

    Jesús, je serais tenté de penser que le nom de famille du caudillo se rapporte lui aussi aux Francs, tribu germanique à l’origine du mot français, donc, indirectement, du mot composé franco-mauricien. (La droite espagnole mainstream — “centre-right” comme disent certains médias anglophones — est donc l’héritière directe du parti du généralissime Franco ? Voilà un pedigree pour le moins sulfureux. Mais je me souviens que, lors de l’unique visite que j’ai faite en Espagne, certaines personnes d’un certain âge exprimaient ouvertement leur nostalgie pour le franquisme.) Mais dites-moi, est-ce qu’en espagnol franco, ou un mot étroitement apparenté, serait l’équivalent du français franc, dans le sens de libre, direct, loyal, qui s’exprime ouvertement, sans artifice ni réticence ?
     

    Pépé : Je pense qu’on peut faire la différence entre « franco-mauricien » dans le contexte Martien et « franco-mauricien » dans le contexte littéraire français.

    Pour ma part je ne verrai pas la chose, dans un contexte français, comme relevant avant tout de la littérature. En dehors de Le Clézio et de quelques rapprochements que l’on pourrait faire entre les littératures françaises et mauriciennes, le terme franco-mauricien apparaît somme toute assez peu dans un contexte littéraire. En revanche il peut être relativement fréquent pour ce qui touche par exemple à la double nationalité, aux relations bilatérales ou à toute chose concernant la France et Maurice, de la même manière qu’on rencontrera les expressions “franco-britannique”, “franco-algérien”, “franco-russe”, “franco-chinoise” (ou “sino-française” si on préfère), etc.

    Dans un contexte spécifiquement mauricien, en effet, on aurait d’abord tendance à penser “blanc” quand on entend “Franco-Mauricien”, mais comme je le disais plus haut, cela peut être ambigu. De notoriété publique, le bouillonnant personnage cité en exemple n’est pas blanc, et sa nationalité n’a pas grand-chose à voir avec l’affaire dont il était question dans l’article de Week-End du 4 octobre 2009. On peut dès lors se demander quelle était l’intention du journaliste de l’hebdomadaire d’accoler le qualificatif de “franco-mauricien” au nom de Jean-Marie Richard. Qu’il ait la double nationalité française et mauricienne — si tel est bien le cas — n’a à peu près rien à faire avec les polémiques ayant pu exister entre Jean-Marie Richard, la police, l’ancien Attorney-General, la communauté créole et tutti quanti.

    Je me rappelle d’ailleurs d’une partie de « Monopoly » où ma voisine disait « mo p[a]yé couma blan ».

    Jamais entendu cette expression pour ma part. Comment les blancs payent-ils ? “Rubis sur l’ongle”, comme le dit l’expression française ? (C’est fou, quand on y pense bien, de voir à quel point dans l’imaginaire collectif mauricien les blancs sont associés à l’argent. De L’Estrac lui-même… (comme on peut le voir sur l’illustration dans le billet).)

    Mais n’était-ce pas toi, Pépé, qui avais fait un post dans lequel tu parlais de ton village natal du nord de l’île et du fait que, pour un enfant ayant grandi là-bas, un blanc ne pouvait pas être un Mauricien mais uniquement un touriste ?

  7. The English Wikipedia says: « Owing to Franco’s human rights record, in 2007, the Spanish government banned all public references to the Franco regime and removed any statues, street names, memorials and symbols associated with the regime. » The post-Franco regime would not take such actions if it did not think franquismo was still a threat.

    As for the name, it seems clear that franco in Spanish has much the same implications as franc, or English frank for that matter:

    adj.
    1. Sincero: sonrisa franca.
    2. Abierto, comunicativo: carácter franco.
    3. Sin impedimento, libre de obstáculos: dejar el paso franco.
    4. Claro, evidente, que no deja lugar a dudas: está en franca desventaja.
    5. Libre o exento de impuestos: puerto franco.
    6. De un pueblo germánico que conquistó la Galia Transalpina, actualmente Francia, o relacionado con él. Más en pl.
    7. Francés. También s.: los francos y los valones.
    ♦ Se usa como pref. en ciertos compuestos: francófono, francófilo.
    8. m. ling. Lengua hablada por este pueblo.
    9. Unidad monetaria de Francia, Suiza y otros países: voy al banco a cambiar pesetas por francos franceses.

    Diccionario de la lengua española © 2005 Espasa-Calpe

  8. Une des premières leçons de Rémi et Marie: « Maman fait la vaisselle, Papa fume la pipe ». Aujourd’hui on dirait « Mama fer louvraz, Papa kass poz » :-).
    A l’époque on trouvait les livres de la génération précédente, comme le Claude Augé, au Corner House. Je ne suis pas sûr que ce magasin existe toujours, du moins, je ne le situe plus. Moi aussi, ça m’a interpellé, il faudrait que j’y aille voir à la prochaine visite port-louisienne.

  9. >Siganus K. Sutor
    Je viens de trouver ce lien avec la distribution du nom Franco en Espagne; ici on dit que c’est le 104ème. 7 de nos provinces gagnent à La Coruña, où est El Ferrol, la ville de Franco. http://www.miparentela.com/mapas/detalles/franco.html
    Je connais quelques personnes avec ce nom, comme la famille d’une amie à Badajoz, et un collègue colombien à Almadén, par exemple. Aussi, par curiosité, le « Concejo » (conseil municipal) de ma femme en Asturies est « El Franco ». Vous pouvez voir la devise des armes où on relie Franco avec le roi : http://es.wikipedia.org/wiki/Archivo:Escudo_de_El_Franco.svg
    Quant à l’origine je ne sais pas; quelques liens parlent d’un chevalier français mais j’en doute parce que ces pages ne sont pas d’Histoire.
    Du parti (PP*) je ai dit seulement qu’il a été fondé, premièrement sur le nom de “Alianza Popular”, par franquistes, desquels le plus connu est Fraga Iribarne. Ce Galicien, qui a été sénateur jusqu’à le 27 Septembre 2011 et qui, à ses 88 ans, a annoncé le 2 Septembre son retrait de l’activité politique, avait commencé celle-ci pendant le franquisme en 1951.
    De la nostalgie dont vous parlez je peux vous assurer que c’est vrai. Il ne faut pas que “gratouiller” un peu dans la peau de plusieurs pour l’écouter.
    D’autre part, l’ami John Cowan vous a déjà remarqué un tas d’acceptions pour le mot “franco”. Et, à propos de son com, hier même j’ai mis mes pieds dans la rue “Pilar Primo de Rivera” à Madrid** ; cette femme était la sœur de José Antonio, le fondateur de « Falange Española », parti fasciste qui n’avait pas eu qu’un seul député pendant notre République mais qui avait collaboré avec ses jeunes dans notre guerre. Depuis le premier moment Franco a « absorbé » et utilisé l’idéologie de ce parti jusqu’à la fin***. Certes, le dernier chef a été Adolfo Suárez, paradoxalement notre premier président de la démocratie.
    *Pendant le premier gouvernement d’Aznar il y avait une bonne blague reliée avec le parti et les franquistes et leurs issus : Franco, de l’autre côté, demandait un Espagnol récemment mort les noms des politiciens et lui-même était stupéfié des lignages ; presque tous étaient fils ou proches parents de franquistes, hormis Fraga, alors le président de Galice.
    ** La mairie de Madrid n’est pas pressée de changer le nom. Bon, c’est le PP le parti du maire. Et elle n’est pas la seule lente à ce sujet ; chez nous c’est le même problème.
    *** J’ai déjà raconté plusieurs fois que dans mes salles de classe il y avait toujours une photo de Franco, autre de José Antonio (le martyr de la guerre par antonomase) et un crucifix au milieu d’eux jusqu’à 1975 : Christ et les deux brigands ?

  10. Christ et les deux brigands

    En français, on dit traditionnellement le Christ et les deux larrons, c’est-à-dire les deux voleurs.

  11. >Marie-lucie
    Merci. J’avais trouvé les deux mots en internet et je ne savais pas quel est le plus usité. Dans ce lien, vous pouvez voir des photos (les deux dernières) avec Christ et les deux larrons :
    http://coleccionescolar.com/paulaescolar.html

  12. >Marie-lucie
    Après avoir vu les photos je remarque que seulement la dernière a lesdites personnages. La vierge m’a trompé.

  13. A. J. P. Crown

    As for the name, it seems clear that franco in Spanish has much the same implications as franc, or English frank for that matter
    The only time I hear ‘frank’ in English, it means a type of sausage.

    And off the topic of franks, here are some things from Mauritius that I just saw in Vikram Seth’s music room. How did he get hold of them, or can anybody buy stuff like that?

  14. Siganus Sutor

    AJP, don’t try to pretend you have never fed a “machine à sous” in Deauville with at least one franc.

    And have you never heard of that American architect who had the very good idea of building a house over a waterfall? What was his name déjà?

    Regarding the ship models, yes, anyone can buy them on Mars. Frankly, it’s not a big deal. But have you read that wonderful book called A Suitable Boy? Or, as the case may be, An Equal Music (which I found pretty good)?
     

    Jésus, j’espère que ce n’est que la première fois que la vierge vous trompe. Il me semble qu’il existe toujours le mausolée de Franco, dans une vallée encaissée, là où certains de ses partisans sont eux aussi enterrés. Parle-t-on de démanteler tout cela ou bien n’est-ce même jamais mentionné ?

    Sinon, trouve-t-on beaucoup de Franco-Espagnols de part et d’autre des Pyrénées ?

     
    Zippo, moi non plus je n’arrive pas à me rappeler dans quel coin de Port-Louis se trouvait Corner Store !

     
    John, I don’t get this one very well:

    8. m. ling. Lengua hablada por este pueblo.

    Which language, spoken in which village, are we talking about here?

  15. >Siganus K. Sutor
    Il y a quelques jours, j’ai écrit cela dans LSP :
    « À propos du « Valle de los Caídos » mais en pierre, hier même une Commission du Parlement a décidé de déplacer Franco et la seule condition est la permission de l’Église. Notre ministre Jáuregui en avait parlé au Pape pendant sa visite à Espagne mais il a resté muet. La droite commence à battre les tambours de guerre : ils aiment que cette « pyramide » soit respectée. »
    Il y a une erreur que j’ai commise : la Commission était du Gouvernement.

    Aussi, comme blague, j’avais ajouté que Leo Bassi, un comique italien, a fait aussi « Francolandia », un « Valle de los Caídos » gonflable :
    http://www.leobassi.com/archives/personal/2_marzo_2010francolandia_el_valle_de_los_caidos_hinchable.html
    Entre autres, le 20 Novembre il y a eu une manifestation des fascistes comme un hommage à Franco. Le bout était le « Valle » mais le commencement était la rue Génova de Madrid. Par hasard, le siège du Parti populaire est dans cette rue mais la raison est une autre : José Antonio habitait dans cette rue.
    Pour finir, la réponse à votre question à John .- Maintenant le dico a changé : «[franca] on dit de la langue qu’ont usité ces peuples »[les Francs].
    Pour la langue et Francisco Franco, c’est dommage que je ne trouve en Internet une photo censurée à l’époque où on peut voir sa bouche ouverte et sa langue, comme s’il la mordait.

  16. A. J. P. Crown

    Yes, I liked both of them a lot. Then I found out that my cousin had been his tutor at university, and he’s a really nice guy. He still sends my cousin & his wife little presents, years later. And to round off my name-dropping, Edgar Kaufmann Jr for whose parents Wright built Fallingwater was a teacher when I was at architecture school in the late ’70s. He was at that time a lovely little old man, very polite and always cheerful, who always wore a straw boater in the summer and a bow tie.

  17. A. J. P. Crown

    Crap. That was supposed to be under Edgar Kaufmann’s name only.

  18. Siganus Sutor

    I should start wearing a bow tie. That wouldn’t be bad for a fish of my genus. Do you think a dot one would suit me?

    I always wondered how a Hindu writer could bear the name of an Egyptian god. One day the mystery might be revealed to me, especially if you, Artur, happen to know Seth almost personally.

     

    Jesús : «[franca] on dit de la langue qu’ont usité ces peuples » [les Francs].

    Mais oui, pueblo, people, peuple, et pas uniquement village.

  19. >Siganus K. Sutor
    « Pueblo » n’est pas seulement village. On dit, par exemple, « el pueblo español celebrará mañana, día 6 de diciembre, el Día de la Constitución”.

  20. « Mais n’était-ce pas toi, Pépé, qui avais fait un post dans lequel tu parlais de ton village natal du nord de l’île et du fait que, pour un enfant ayant grandi là-bas, un blanc ne pouvait pas être un Mauricien mais uniquement un touriste ? »

    Quelle mémoire !! En effet, c’est un très vieux post de mon ancien blog où je racontais ma vision « campagnarde » de « l’homme blanc » à Maurice. Je devrais peut-être le retrouver dans mes archives.

    Concernant l’expression, il se peut que d’autres personnes connaissent cette expression. Pour la relation blanc-argent, c’est vraiment un vestige de l’époque coloniale dont beaucoup de Martiens ont du mal à se séparer.

  21. Je connaissais aussi l’expression, mais pas dans le sens du rubis, c’est-à-dire, jusqu’au dernier sou, mais plus par la facilité à payer n’importe quelle somme sans aucune difficulté. Nous l’avons utilisée entre copains et cousins au Monopoly, mais elle pouvait s’utiliser dans d’autres contextes: « sa loto la, mo paye li koma blan, péna katakata ».
    Une autre expression m’a interpellé quand j’ai fait la connaissance d’un membre d’une « grande » famille musulmane (très connue aussi à la Réunion); on m’avait dit « sa, blan dan mizilman sa ».
    Ma préférée, qui peut sembler raciste (elle a dû l’être au départ), est « kan dé blan kozé, enn nwar pa rantré ». Je l’ai apprise alors qu’elle étaient utlisée par 2 créoles noirs. Elle veut dire que, quand deux personnes parlent d’un sujet important, il ne faut pas les interrompre avec une question banale. Les 2 blancs de l’expression peuvent être de n’importe quelle communauté chacun. L’expression « monwar » a subi le même glissement par son utilisation pour des personnes pas forcément noires.

  22. En espagnol on dit aussi “estar sin blanca” ou “no tener blanca » (n’avoir un sou).

  23. ne pas avoir…

  24. Siganus Sutor

    Pépé : En effet, c’est un très vieux post de mon ancien blog où je racontais ma vision “campagnarde” de “l’homme blanc” à Maurice. Je devrais peut-être le retrouver dans mes archives

    Dans ce cas rien n’empêcherait d’en mettre des extraits ici, pour mieux illustrer le sujet du billet.

    Ce qui y était dit me fait songer à cette jeune Mauricienne de ma connaissance dont le phénotype pourrait, en effet, la faire passer pour une touriste d’Europe. Elle faisait part de son exaspération d’avoir à régulièrement justifier le fait qu’elle soit bien mauricienne et non pas une touriste, comme si sa mauricianité à elle était par nature suspecte. Quant à son frère, lorsque pour la énième fois un taximan lui crie “Taxi ? Taxi ?”, il lui arrive de répondre “Non, sorry, mo pena taxi mwa, mo pa enn sofer taxi mwa.”
     

    Zippo : sa, blan dan mizilman sa

    N’était-ce qu’une question d’argent, ou bien y entrait aussi le prestige de la famille en question ? Par ailleurs, le fait que des gens ait l’épiderme plus ou moins foncé ou plus ou moins clair influence fréquemment le jugement qu’on peut avoir sur X ou Y, surtout lorsqu’on a en tête un mariage potentiel. Il arrive que, lorsque dans une famille les enfants ne reçoivent pas à la naissance la même dose de mélanine, ceux (et surtout celles) qui en ont le moins peuvent être qualifié(e)s de “premier lot”. Il arrive ainsi que les heureux parents reçoivent ce genre de commentaire : “Inn gaign prémié lo la !”

    L’expression “monwar” a subi le même glissement par son utilisation pour des personnes pas forcément noires.

    En effet, il m’est arrivé d’entendre dire “kozé mo nwar !” à des gens aux yeux bleus et aux joues roses…
     

    Jesús : En espagnol on dit aussi “estar sin blanca”

    Ce qui signifie ? Estar est un des verbes “être” si je ne m’abuse, sin pourrait être “sans”. En quelque sorte “être saigné à blanc” ?

    Mais dans cette expression existe-t-il un quelconque lien, même indirect, avec la couleur de l’épiderme de la personne ?

  25. Au départ, l’argent et le prestige me semblaient indissociables. Plus tard, j’ai réalisé que tous n’étaient pas aussi nantis. Mon père avait un lift avec son chef (blanc) qui devait aussi se rendre au boulot à 7 heures en conduisant lui-même sa voiture (on voit jusqu’où peut aller l’image caricaturale). J’en ai connu d’autres très « ouverts », mais qui se plaignaient de la difficulté de rencontrer leurs amis chez eux, tant qu’ils habitaient chez leurs parents. Dormann dépeint un peu ce « classement » dans son livre Le bal du dodo.
    Ce jeune copain musulman n’était pas nanti non plus, c’était juste la famille qui avait un grand « nom » (si ça veut dire quelque chose), mais peut-être aussi parce qu’il avait le teint « biscuit » et avait ces jolis yeux vert bouteille qu’on voit chez certains musulmans.
    Ah ces mariages avec des couleurs différentes … La raison invoquée est souvent une raison autre à la défaveur du prétendant (plus vieux, pas assez diplômé, trop possessif, …) quand celui-ci tire vers le foncé. Un jour, je me suis entendu dire que j’épouserais une européenne parce que « to pwal rodd lapo blan »; j’avais répondu que la couleur de la peau de ma compagne m’indifférait (n’en déplaise aux mécontents, mais encore faut-il assurer ses arrières au pays), sinon j’aurais dû renier certains de mes ancêtres proches. Mais là, le contre-argument est tout aussi cinglant: « to pou gagn enn mouss dan leu alorss ». Pran perdi !!!

  26. >Siganus Sutor
    Comme vous dîtes, au lieu d’« être » nous avons deux verbes, « ser/estar » avec deux emplois. Pour cela, un hispanophone peut s’embrouiller avec « être » et « to be ». On dit, par exemple, « yo estoy en mi casa » (je suis chez moi) et « yo soy un hombre » (je suis un homme). Il y a deux semaines, je l’ai dit à une amie qui aura un poste important (vice-recteur) qu’elle n’oublie jamais, lorsque cela arrive, qu’elle « está »(est) dans ce poste mais qu’elle « no es vicerrectora » (n’est pas).
    Dans l’expression « estar sin blanca » le verbe a le même sens que dans vos « être sans emploi » ou « être sans voix », par exemple. L’adjectif « blanca » semble être tiré d’une ancienne monnaie de cette couleur dû à l’argent qu’elle avait. Pourtant, en internet la monnaie en question est attribuée à plusieurs rois.
    En plus de « blanca » on dit aussi « real, céntimo, duro, perra*… »
    * Chienne, mais vraiment ces anciennes monnaies (1870) avaient un lion. La valeur était 5 et 10 centimes de peseta. Curieusement ce nom a été usité jusqu’à nos jours à cause de la valeur ; les monnaies de 10 centimes que j’ai connues avaient un chevalier ou Franco.

  27. Siganus Sutor

    [Zippo] Pépé, aujourd’hui je suis tombé sur un cartoon de l’excellent Deven T. dans Le Mauricien du 4 juillet 2012 sur lequel on voit un homme qui semble être un touriste européen et qui, devant un panneau annonçant la vente de plats chinois, indiens, arabes ou créoles, demande s’il n’y a rien d’européen. Le vendeur hilare lui répond alors qu’il lui suffit de “payer comme un blanc”.

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