Courpa

Courpa.
Nom masculin.

Escargot. (En général l’espèce Achatina fulica, d’origine est-africaine, dont certains individus peuvent avoir une taille relativement élevée.)

Regarde tous ces courpas qui montent en haut des murs. Il va sûrement pleuvoir.”

Les Espèces Allogènes Envahissantes (EAE), ce sont donc des espèces qui ne sont pas indigènes à Maurice, Rodrigues ou toute autre île de la République de Maurice, mais qui ont été introduites chez nous de l’extérieur, soit par accident ou délibérément. Ces EAE nous arrivent sous toutes sortes de formes et peuvent aussi bien être des plantes ou des animaux, que des bactéries ou des virus. Le ‘courpa’ qui dévore nos plantes, le corbeau qui envahit nos villes, les nombreuses espèces de mouches des fruits, les rats, les mauvaises herbes de nos jardins, champs et forêts et presque toutes les maladies qui affectent notre santé, sont des exemples d’espèces étrangères envahissantes.” (Week-End, 7 mars 2004.)

Notre regard déchiffre un courpa, lui nous indique une peste, espèce comestible toutefois. Après tout, ce sont des escargots, ces Giant african landsnails introduits bien maladroitement à Maurice vers 1845.” (L’Express, 11 décembre 2004.)

Atmaram Balchand qui va régulièrement dans sa cressonnière est inquiet : ‘Courpa la pond so dizef lor ros. Dizef la rose kouma chewingum. Après cresson, safoila c’est bredes songes et violettes, nou finn fatigué lutté pour qui lotorité pran compte. Narien pas fin fer ziska zordi’, s’indigne-t-il.” (L’Express, 19 juillet 2007.)

Vishnu Lutchmeenaraidoo a lui aussi évoqué le même thème du ‘nou bann’ et que ceux qui se disent ‘calipa sont plutôt des courpa qui sont en train de mettre le pays sur un volcan communal après l’avoir déjà mis sur un volcan social’.” (Week-End, 18 novembre 2007.)

C’est un vrai ‘courpa’ deguisé en ‘courpa’ pour utiliser une expression chère au très regretté Sir Gaetan Duval. Xavier, c’est un fiasco!” (L’Express, commentaire d’article, 12 mars 2010.)

Il n’y avait point de danger dans cette partie de l’île, les jeunes filles circulaient librement, sans risques d’agression. Mon passe-temps était de ramasser des coquillages qui ressemblaient à des petits courpas d’une couleur proche de la nacre.” (Week-End/Scope, 5 août 2005.)

– Comment tu veux que je dise: quand tu mets de la viande dans le mixer qu’est-ce que tu as? de la viande hachée, donc quand tu fais la même chose avec des courpas, c’est pareil, c’est haché… après qu’est-ce que tu as fait?
– J’ai mis la… crème…
– … quelle crème? Tu deux dire le courpa haché.
– Tu vois comment tu es? Ça même je ne voulais pas te raconter
.”
(Week-End, 23 janvier 2011.)

 

Courpa lisant l'horoscope.

 

Pour certains, le mot courpas — écrit avec un -s final — signifie littéralement “qui ne court pas”, du verbe courir, le gastéropode en question étant censé être celui qui ne peut prendre ses jambes à son cou (cf. Pravina Nallatamby, qui l’écrit “court-pas”, allant jusqu’à mettre un trait d’union entre court et pas). Dans son Inventaire (1993), l’universitaire Didier de Robillard réfute cette hypothèse : “L’étymologie ‘court’ + ‘pas’ ne semble pas avérée.” (Page 85 de l’ouvrage, lequel peut être téléchargé en pdf – 7.1 MB.) Pour Baker & Hookoomsing (1987), le mot aurait une origine bantoue, ces auteurs citant le mot ekhoropa, du makua (langue d’Afrique de l’Est apparentée au swahili), mot figurant dans le dictionnaire portugais-macua d’Alexandre Valente de Matos (1974, Lisbonne) avec la définition suivante : “Caracol. Ha muitas variedades, sendo de realçar o caracol gigante.” La traduction du portugais n’est pas donnée, mais il appert que caracol signifie bien escargot. Va donc pour une origine bantoue. Le naturaliste France Staub, pour sa part, l’appelle “le Couroupas” dans son livre Faune de l’île Maurice et flore associée (1993), variante qui figure aussi dans le dictionnaire de Baker et Hookoomsing, sous la graphie kurupa. Cette variante se rapprochant davantage du mot makua, il est possible qu’elle constitue une forme ayant moins divergé du mot originel que le plus fréquent et plus moderne courpa (kurpa), ce qui contribuerait à renforcer l’hypothèse d’une origine est-africaine.

Si l’espèce d’escargot la plus commune est le gros Achatina fulica, il n’est pas le seul à Maurice. D’autres espèces sont susceptibles de croiser son sillage visqueux, certaines d’entre elles ayant figuré sur une série de timbres émise en 1996, laquelle comprenait entre autres l’espèce Harmogenanina implicata et l’espèce Pachystyla bicolor, toutes deux endémiques à Maurice. Il nous semble que la série en question comprenait aussi un timbre montrant un “escargot-tueur” dont nous n’avons pas encore trouvé le nom scientifique mais dont une photo de la coquille se trouve ci-après. Cet escargot possède une coquille allongée de couleur claire, il est de taille largement plus faible que les gros et omniprésents courpas africains dévastant cultures et jardins et, selon un témoignage de première main, il serait capables de tuer ces derniers en leur grimpant dessus avant de les poignarder avec un dard.

Il est possible de noter qu’aucun Martien, à notre connaissance, ne mange de courpa, bien que l’Achatina fulica soit semble-t-il consommé en Afrique continentale.

 

 

(Ce billet est dédié à Courpa, commentatrice sortant parfois de sa coquille.)

17 réponses à “Courpa

  1. Slurrpp, slurrp, merci, merci de me dédier une page, j’en bave!!!

  2. Pas trop quand même, il ne faudrait pas provoquer d’accident de la route.

  3. Courpas pas éna zoreilles….lére li marsé li glisse glissé..So la caze lor so lédos, so li zié lor 2 poteaux..;etc etc…OUI SiganusK je connais un ami prètre qui éléve des tit courpas (tit gris) IL dit que c est délicieux..IL ne fait pas de balabres comme ces dames avec leurs cour pas a la créme…
    Eh toi tu as déja mangé tit courpas toi ????

  4. Jamais vu ou entendu chez les martiens, c’est en persillade qu’on me mange souvent chez les françois, beurre, persil, ail juste posé sur ma chair (euhhh…), passé au four…escargots de bourgogne servis dans tout bistrot de quartier soucieux de la cuisine du terroir ou pour les fetes!
    Un escargot au beurre d’ail s’il vous plait!
    C’est la phase ‘d’avant’ la preparation qui est la plus importante: On nous degorge!!!!!!la normalement on bave tout ce qu’on peut baver!
    Mes amis sont plus petits, coquilles rondes, quoique pas toujours, les plus gros sont enfouis dans de petites carapaces pour les besoins esthetiques visuels!, nous sommes vite ‘gobés’ à l’aide d’une cuillère « spechialle », trop drole en cherchant un peu j’ai trouvé ca pour l’origine du mot cuillère!!!

    cuillère n.f. cuillère [kɥijɛr] (lat. cochlearium, de cochlea, escargot, parce que l’ustensile servait à manger des escargots)
    (amis linguistes, vous confirmez?)

    Bref, chez les martiens, MAIS surtout chez Rodrigues, c’est mon autre ami gastéropode marin qui est consommé, son nom lacaze est konokono, grossssse limace ramassée en mer, on dit Konokono ‘protégé ‘ mais il largement consommé et proposé dans tout bon resto ou chez tout bons amis! en salade finement decoupé, mariné dans une belle grosse vinaigrette avec beaucoup de limon rodrig et de piment, c’est Slurrrrrrppppp!!!

    Sur ce, je vous laisse, j’ai une autoroute a traverser!!!

  5. C’est la phase ‘d’avant’ la preparation qui est la plus importante: On nous degorge!!!!!!la normalement on bave tout ce qu’on peut baver!

    Chez mon grand-père, c’était tout un évènement, la préparation des excargots. D’abord, c’étaient nous les petits qui étions chargés de la chasse aux escargots, ça nous occupait pendant deux-trois jours. On mettait tous les escargots dans un grand tonneau pour qu’ils « dégorgent », justement, et chaque matin il fallait rattraper ceux qui s’étaient encourus* la nuit. Une grosse semaine de jeûne, et hop, dans une marmite d’eau bouillante.

    Ensuite, on retirait chaque escargot de sa coquille, on enlevait l’estomac (ou l’intestin, je ne sais pas trop, bref l’appendice noir), et on re-remplissait les coquilles avec les escargots cuits et nettoyés (c’est pourquoi on met les gros dans des pplus petites coquilles, ou alors on met plusieurs petits).

    Puis préparation du « beurre d’escargot », beurre-ail-persil, comme dit Courpa, bien malaxé. On bourre les coquilles jusqu’à ras bord de ce mélange, on dispose les coquilles sur des plaques et on met le tout au four jusqu’à ce que le beurre frémisse – il faut que ce soit très très très chaud. On attrape la coquille entre deux doigts, on harponne la bestiole avec une pique, on aspire un bon coup le beurre fondu et on peut même « saucer » ce qui reste dans l’assiette avec du pain frais… C’est… fantastique.

    J’ai des souvenirs émerveillés de ces orgies d’escargot, des douzaines et des douzaines, rien à voir avec la frêle portion qu’on vous sert pompeusement et à prix d’or dans les brasseries.

    * s’encourir : et un belgicisme, un !

  6. Ah, mon Dieu, j’en coquille d’excitation rétrospective…

    Lire : « escargots » (et non excargots) et « plus petites » (au lieu de pplus petites).

  7. Effectivement, l’escargot au beurre d’ail est un délice. En petits amuse-bouche en vol-au-vent aussi. Ceci dit, manger des courpas… beurk

  8. Courpa, ce qui ne manque sans doute pas de piquant, c’est que le mot konokono signifierait justement “escargot” dans une autre langue bantoue d’Afrique de l’Est, le swahili. Le konokono mauricien (Pleuroploca trapezium) serait en quelque sorte un escargot marin, tout comme le gastéropode mentionné dans l’article de L’Express du 19 juillet 2007 (cf. les exemples d’utilisation dans le billet) serait un escargot d’eau douce, gastéropode dont il avait vraisemblablement été question le 10 janvier 2011 dans le billet “Coquillage d’eau douce”.

    A Maurice, le konokono peut être confondu avec un autre “sea snail” appelé “zéro”, comme évoqué ici le 4 juillet 2010 dans un commentaire renvoyant lui-même à un autre commentaire où il avait été question des déboires de Rabin suite à l’ingestion de konokonos rodriguais. Finalement, Courpa, vous avez une très grande famille, une famille qui glisse sur terre mais aussi sous la mer et dans les rivières, mares et autres lacs. Vous vous y retrouvez avec tous ces cousins ?

    Pour ce qui est du lien de famille entre le mot cuiller et les escargots, il semblerait que vous ayez raison ! À l’entrée cuillère, Dauzat et al. (Dictionnaire étymologique) donnent ceci : “Fin XIIe s., Aliscans (cuillier), masculin, puis féminin ; latin cŏchlearium, petite cuillère pour les œufs et les escargots (cochlea), d’après Martial.” Ce qui est confirmé par Le Petit Robert (“latin cochlearium, ‘ustensile à manger les escargots’”) et par le Trésor de la langue française informatisé (“Du latin impérial cochlearium ‘cuiller’, dérivé de cochlear(e) (pluriel cochlearia) ‘instrument pointu servant à manger les escargots’ d’où ‘cuiller’, dérivé de cochlea ‘escargot’). Ce qui m’étonne toutefois là-dedans, ce n’est pas tellement qu’il soit question de cuillers pointues dans le TLFi, c’est que l’ustensile connu sous le nom de cuiller a bien dû être utilisé longtemps avant qu’on ne s’en serve pour manger des escargots — ne serait-ce que pour manger de la soupe, une nourriture bien plus commune que les “petits gris”.

     
     
     
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    PS — Wikipédia consacre un court article au cochlearium. La photo qui l’illustre montre des cochlearia romaines en argent qui auraient été retrouvées en 1992 à Hoxne, dans l’est de l’Angleterre. On peut ainsi remarquer que ces objets ont un manche très fin dont l’extrémité est effilée. Ces cuillers étaient probablement retournée de façon à utiliser le bout du manche pour extraire l’escargot de sa coquille. En cela il s’agit d’un objet spécialisé. Pour manger de la soupe on utilisait certainement un autre type d’ustensile, qui devait porter un autre nom en latin (ou en gaulois).

  9. Au fait, si étymologiquement la cuiller est un ustensile pour manger des escargots (cf. plus haut), alors une “cuiller de bois” serait sans doute une manière d’oxymore. Une “cuiller à café”* aussi.

     

    * appelée teaspoon par les Anglais

  10. olimalia

    Je crois plutôt que la cuiller en latin, cochlear, doit son nom à sa partie creuse qui ressemble vaguement à une coquille. Quicherat donne pour cuiller en fer, « concha ferrea », que ne mentionne pas Gaffiot, où l’on retrouverait la même analogie.

  11. Non seulement nous avons des cuillères dans le tiroir à couverts mais nous avons deux cochlées dans nos oreilles internes.

  12. Françoise

    Si je me souviens bien, les achatines sont arrivées en France dans les années 70. Ma grand-mère les avait préparées « à la bourguignonne » pour nous faire goûter… L’achatine à la chair caoutchouteuse ne soutient vraiment pas la comparaison avec l’escargot de Bourgogne (Helix pomatia L.) délicieux comme le décrit ci-dessus Aquinze. C’est peut-être une question de recette, mais il reste toujours important de les manger bien cuites, le risque de parasitose, heureusement rare, étant rapporté (voir ici, dans l’introduction de l’article).

  13. J ai beaucoup apprécié toiute la correspondance sur les courpas & C°…les recettes …de beurre d ail & escargots c était the MUSY quand on allait a «  »l étranger » » » quand on pense que souvent c est du mou de veau qui farcissent les coquilles…!!!pouah…..
    En parlant de beurre d ail…j ai le souvenir de beurre RANCE a la boutique du chinois..sans oublier le lard rance…qui parfumait l étalage..
    Pourquoi dit on «  »je suis rance » » quand on est fatigué ou qu on a plein le dos…(comme le courpas avec sa caze)…Pourquoi rance???
    Il y avait aussi ce terme de «  »fioute » » por le bain interne..le lavement, a l eau de savon..suivit d huile de ricin et d une pastille limon pour adoucir ce traitement…D ou vient le «  »fioute » » est ce le bruit que cela faisait…comme le courpas qui quand il glisse il fait «  » quoi ??? » » » salut Lorraine

  14. marie-lucie

    Cuiller/cuillère et coquille: Avant l’invention des cuillères que nous connaissons, on devait se servir de coquilles de certains mollusques comme ustensiles pour les liquides (comme cuillères ou comme bols, selon la taille).

  15. Je ne me souviens plus trop si c’était au Sénégal ou au Cameroun, c’était en Afrique francophone en tout cas. On y avait tourné un documentaire dont une des séquences était consacrée à un village ou l’on élevait les courpas. Préparés dans une sorte de ragoût épicé, ils semblaient très appréciés…
    ps: sinon je suis comme Pepe…escargots (en petite dose) je ne dis pas non. Courpas, non merci!!!
    pps: En définitive, le konokono c’est encore meilleur. Petite anecdote: il y a quelques années, j’ai même découvert, à Rodriguesn que la combinaison salade de KonoKono et soupe de Bambara produisait un effet, comment dire, … particulier!

  16. Siganus Sutor

    C’est la deuxième fois qu’on vous entend parler de cet effet-là (spécifiquement dû au mélange konokono/bambara ?) et on continue de se poser des questions quant à sa nature véritable ! :mrgreen:

  17. Waow, que de mots et d’explications pour une si petite et insignifiante bête! Mais ça en vaut le détour, surtout quand il s’agit d’étymologie! Enfant, à Saint-Aubin, nous distinguions les « kurpa » communs de ceux avec la coquille allongée plus claire que nous appelions « kurpa La Reyon (Réunion), allez savoir pourquoi !! Un mot que nous a appris certainement les grands, et on n’a fait que répéter comme on apprend la langue intuitivement. Autre remarque: dans la chanson « Enn zolip’ti lakaz » du Groupe Folklorique de P Louis – je ne connais l’année où elle a été composée – en créole assez francisé probablement fin du 17è siècle – on entend : « si mo ena morso taba, pu fer va o mon lafime, mwa mett li dan pip kurupa » (visiblement un pipe faite du coquille d’un « kurpa » dit « kurupa » ici !

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