Île Ronde (4)

Une autre photo de l’île Ronde par ce contributeur* régulier qu’est Gro Zippo sur laquelle on peut constater que le pacman évoqué il y a peu par un autre contributeur* non moins régulier — Leveto —, que ce pacman, donc, s’est fait grignoter le bas du pied.

Ci-dessous on peut voir ledit grignotage d’un peu plus près, lequel serait digne d’un expert ès “mordé-soufflé”. (Les rats ont la réputation de manger les orteils ou autres parties des dormeurs tout en soufflant, ce qui rendrait l’opération indolore.) Sur les deux extraits suivants il est possible constater de visu à quel point la réfraction atmosphérique a rongé le bas de l’île Ronde.

Ce phénomène est dû à des différences de température entre la mer et l’air, la couche d’air située près de l’eau tendant à avoir une température différente des couches plus élevées, ce qui occasionne des indices différents dans l’atmosphère et tend à dévier les rayons lumineux, comme lors du passage à travers une lentille de verre. Nous avons ici, sur le blog de Carrotmadman6, un autre exemple de réfraction faisant flotter les îles au large de la baie de Mahébourg. Ce sont des conditions similaires qui font voir des morceaux de ciel situés plus bas que des éléments du paysage, comme sur cette photo prise en Utah sur laquelle on aperçoit une colline ressemblant furieusement à l’île Ronde sur la photo de Gro Zippo, ou qui font voir des flaques d’eau (de ciel) sur les routes surchauffées par le soleil. Si on clique sur la 1ère photo de ce billet, on peut remarquer, à droite de l’image, que les vagues des brisants semblent flotter elles aussi au-dessus de la mer.

Lorsqu’il a pris sa photo de cet endroit, Gro Zippo se trouvait grosso modo au niveau de la mer. L’île Ronde se trouvant à plus de 20 km de sa “caméra”, il ne pouvait pas voir le lieu ou l’île s’enfonce dans l’eau. À 10 m d’altitude, l’horizon est à un peu plus de 10 km de distance, et seulement à 5½ km à 2 mètres au-dessus de l’eau. La réfraction aidant, il a cependant pu voir ce qu’il y avait sous l’île Ronde. Gageons qu’il n’y a pas trouvé de trésor — pas encore.

 

 

* Contributeur — Quelle n’a pas été ma surprise, ces jours-ci, en rédigeant un billet, de voir que le mot contributeur n’existe pas en français. Du moins selon le Trésor de la langue française. Heureusement, toutefois, qu’il existe d’autres sources auxquelles l’internaute peut s’abreuver. Le wiktionnaire par exemple, qui définit le contributeur comme une « personne qui collabore à l’écriture d’une œuvre commune, à la réalisation d’un projet collectif, notamment sur le réseau mondial. » Ouf ! Et tant pis si certains appellent cela un « barbarisme ».

 

 

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Addendum — Thursday 20 September, 16.30.

In the third comment below, Carrotmadman6 has provided a link to one of his photographs of [the three islands that are close to the southern entrance to Grand Port, namely île de la Passe, île aux Vacoas and] île aux Fouquets [— all three lumped into a single blob by perspective and refraction]. Once again, refraction is creating a mirage that tends to (seemingly) lift low-lying objects above the horizon.

6 réponses à “Île Ronde (4)

  1. Impressionnant (à double titre) ! Je connaissais les lentilles gravitationnelles, mais pas les lentilles insulaires. Ce n’était donc pas des roches à droite de l’île.
    Du coup, je me suis mis à revoir mes autres photos. Ce qu’on voit aussi sur l’île aux Fouquets ne serait pas de l’érosion comme pour l’île aux Aigrettes alors ?

  2. Siganus Sutor

    Et les lentilles rouges, Zippo ? Et les lentilles de Cilaos ? (Ou, plutôt, de l’Îlet à Cordes.) Je suppose qu’il n’est pas nécessaire de mentionner ces split lentils connues sur Mars sous le nom de dal.

    Dans la catégorie des mirages gravitationnels, on aussi a ce qui a été appelé “croix d’Einstein”, laquelle est l’image quadruple d’un quasar lointain (8 milliards d’années-lumière) situé en arrière-plan d’une galaxie 20 fois plus proche déviant la lumière qu’il émet. Étrangement, l’image est composée de quatre points, d’où la « croix », et non d’un anneau continu.

    Jolie, votre photo rapprochée de l’île aux Aigrettes. L’île aux Fouquets (aka « île au Phare ») est elle aussi d’origine corallienne et les éléments y ont sculpté des formes étonnantes – qui sont souvent très agressives pour les pieds – et elle présente par endroit ces encorbellements dus à l’érosion des vagues par en-dessous. Mais sur votre photo de l’île aux Fouquets ci-dessus, je pense que ce qu’on voit sur le côté gauche de l’île est un phénomène de réfraction.

  3. Siganus Sutor

    Carrot, in the île aux Fouquets picture refraction is indeed playing its tricks on our eyes. Did you take it from Mahébourg or from another place further south (cité La Chaux or pointe Jérôme)? At one point île aux Fouquets becomes very narrow and merges into another island, which I can’t identify. Normally it should be the île de la Passe, but I don’t recognize it, especially with red and white patches on the island, and what looks like a blue tent. The faraway waves on the right-hand side aren’t bad either. Quite often I’ve noticed that on very calm days, when you bring your eyes nearly to water level inside the lagoon, you tend to see only the top of the waves on the barrier reef. I haven’t been able to make up my mind whether this was due to the roundness of the Earth alone, or if refraction played a part in that what I could see.

    In the case of the île aux Aigrettes photo, I don’t think we see a refraction phenomenon there. To my eyes this looks just like a thin stretch of turquoise blue water.

  4. @Siganus
    Photos were taken at the same place as the one above, Fort Hendrik Frederik. Not by me, nor by my camera. 🙂
    No, it’s the same island. & île de la Passe is to the right.

  5. Siganus Sutor

    Okaaaay, I see. So it’s île aux Fouquets only that appears on this picture. What is amazing is that refraction has nearly succeeded in cutting the island in two.

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