Quinquet

Quinquet.
Nom masculin.

Verre de lampe à pétrole.

Selon le Trésor de la langue française un quinquet est une « lampe à double courant d’air et à réservoir supérieur », acception que l’on retrouve dans le Petit Robert, lequel cite Musset pour l’occasion : « Allumeurs de quinquets qui voudraient être acteurs ». Plus près de nous, Yasmina Khadra l’emploie lui aussi, toujours dans cette acception, dans un de ses livres :
« — À notre arrivée, on s’éclairait à la marepoza, n’est-ce pas ? Une pitoyable mèche flottante sur une tache d’huile, tu t’en souviens ?… Avec quoi nous nous éclairons ce soir ?
— Avec un quinquet. »
(Ce que le jour doit à la nuit, page 56.)

Ce n’est pas là le sens qui est donné à ce mot à Maurice, où pour certaines personnes un quinquet n’est pas la lampe elle-même mais uniquement le verre chargé de protéger la flamme.

Quinquet_4

Le nom vient d’Antoine Quinquet (1745-1803), pharmacien de Paris, créateur et fabricant des « lampes à la Quinquet », ou « lampes à Quinquet », lesquelles sont un perfectionnement de la lampe d’Argand (vers 1780). (Il est à noter qu’à l’entrée quinquet le Harrap’s donne ceci : “(Argand) oil lamp.”) A cette lampe, Quinquet aurait ajouté une cheminée de verre, celle-là même qu’à l’île Maurice des gens appellent « un quinquet ».

L’électrification du pays ne s’est pas faite d’un seul coup, malgré la faible superficie du territoire à couvrir par le CEB (Central Electricity Board). Dans les années 60, et même encore dans les années 70, il existait un certain nombre de localités qui n’avaient toujours pas eu le courant électrique. Jusqu’à ce que celui-ci arrive, le quinquet était un mot qui revenait souvent dans les conversations de ceux qui n’avaient pas que des bougies pour dispenser un peu de lumière. Aujourd’hui, seul le passage d’un fort cyclone peut pour quelques jours faire revenir le temps des lampes à pétroles — chez ceux qui en ont encore.

Quinquet_6

« Après Claudette je me souviens avoir fait la bêtise de me pencher au-dessus du quinquet pour souffler la flamme. J’en ai eu les cils et les sourcils fondus. »

Toutefois, dans les archives de L’Express.mu il existe au moins une occurrence du mot quinquet qui ne correspond pas à l’acception mentionnée au début de cette note. Le mot apparaît dans un article daté du 21 juillet 2007 : « d’autres se sont remis aux lampes à pétrole – un type de quinquet. » Je ne peux cependant m’empêcher de me demander ce que Nazim Esoof avait exactement en tête lorsqu’il a écrit ce mot-là.
 
 
 

Ж   §   Ж

 
 
 

On entendait un vague ronronnement, probablement un générateur. Le fourmillement de petites lueurs jaunâtres sur la gauche ? L’électricité n’avait pas encore trouvé le chemin du camp des artisans. Personne ici n’irait jusqu’à imaginer la danse des flammes sur les mèches des lampes à pétrole dans l’intimité des cases.

(Carl de Souza, Le Sang de l’Anglais, page 11.)
 
 
 

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Je sortis, me dirigeant vers le Savage Club ; mais au lieu d’y entrer, je m’accoudai sur la balustrade de l’Adelphi Terrace, et je demeurai pensif à contempler la coulée huileuse et brune de la Tamise. En plein air, les idées me viennent plus nettes et plus justes. Je pris la notice que Me Ardle m’avait remise ; je la lus sous un globe* électrique ; et j’eus alors ce qu’il m’est impossible de ne pas considérer comme une inspiration.

Le Monde perdu, Arthur Conan Doyle.
 
 
* voir globe dans la collection
 
 
 

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Ils avaient été des milliers à se ruer sur les ampoules à basse consommation proposées à Rs 15 l’unité ou Rs 40 le lot de trois comme depuis août par le Central Electricity Board (CEB). Si bien qu’en à peine deux mois, il ne restait plus une seule des 200 000 ampoules qui avaient été mises en vente.
A partir d’aujourd’hui, tous ceux qui n’avaient pu profiter de cette «promotion exceptionnelle» pourront le faire. 150 000 ampoules «bayonet» et «vissé» ont été reçues la semaine dernière.

(L’Express.)

Fer lekonomi kouran ek lanpoul ekonomik.

Fer lekonomi kouran ek lanpoul ekonomik. (cliquable)


 
 
 

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Addendum du 4 septembre 2009 :

Quinquet troué. (Merci à Z. pour la photo.)

Quinquet troué.
(Merci à Z. pour la photo.)

Des p’tits trous, des p’tits trous, encore des p’tits trous.

47 réponses à “Quinquet

  1. Je vais sans doute paraître chercher la petite bête, mais à l’origine, la lampe Argand, modifiée Quinquet était une lampe à huile. Placée dans un réservoir en hauteur par rapport au bec, l’huile — trop visqueuse pour agir par capillarité — imbibait la mèche sous la force de son propre poids.
    C’est Pigeon qui inventa la lampe à huile minérale (à pétrole) avec réservoir inférieur : l’essence ou le pétrole, moins visqueux que l’huile, imbibent alors la mèche par capillarité.
    Dans les deux cas, la mèche est protégée par un globe ou un cylindre de verre . C’est cette protection de verre qui a permis de conserver le nom de « quinquet » pour toutes ces lampes.

    Les Mauriciens sont donc plus près de la vérité en ne donnant le nom de « quinquet » qu’au verre.

    P.S: j’ai trouvé tout ça dans le « Dictionnaire encyclopédique Quillet »

  2. Je vais sans doute paraître chercher la petite bête

    Mais non, Leveto, au contraire, ce que vous dites là est très instructif. (Ah, Leveto et son Quillet, que ferait le commun des mortels sans eux, hein ?) Je ne comprenais pas trop ce « réservoir supérieur » (supérieur à quoi ?) et, pour ainsi dire, vous éclairez ce problème sous un jour nouveau. La lampe à pétrole dont je parle et dont j’ai mis deux photos serait donc une lampe Pigeon*, à réservoir inférieur. Mais dans le cas des lampes à huile (Argand et Quinquet), à réservoir supérieur donc, ce qui avait pour effet de faire descendre l’huile sous son poids propre, comment diable faisait-on pour empêcher l’huile de continuer de descendre une fois la lampe éteinte ? La beauté de la capillarité des lampes à pétrole est que celle-ci est alimentée par l’évaporation du pétrole au niveau de la flamme, laquelle cesse dès qu’on éteint la lampe.

    Pour ce qui est des Mauriciens, j’ai tout à coup un doute pour ce qui est l’universalité — toute relative — de ce mauricianisme-là. Je suis à me demander si ce n’est pas dans mon entourage uniquement, ou tout au moins pour un nombre limité de personnes, que le mot est utilisé dans ce sens-là. Je mène l’enquête, laquelle est rendue plus difficile par la rareté de ceux qui ont connu les lampes à pétrole. (Mon grand-père en avait paraît-il un certain nombre, qu’il bichonnait amoureusement. C’était lui qui, tous les soirs, procédait à la cérémonie sacrée de l’allumage. Je me souviens encore de la joie qui avait été la sienne lorsque, peu après un cyclone ayant endommagé le réseau électrique, il avait reçu toute sa famille à la clarté de ses lampes à pétrole qui avaient repris du service pour l’occasion.)
     
     
     
    * Comme je vous parle je pense à ce qu’on appelle « primus » ici, qui est une lampe (à pétrole) à pression. On pompe le réservoir avec une espèce de petit piston avant d’allumer la lampe, laquelle est pouvue d’un manchon et donne une lumière beaucoup plus forte que les lampes à pétrole ordinaires. Je me demande d’ailleurs si je ne devrais pas mettre « un primus » dans ma collection de mauricianismes.

  3. Your Martian lamps are very fancy. Ours only burn kerosene–and they have a « chimney ».

  4. They are sometimes called « paraffin lamp », aren’t they? I have always found it odd since for me paraffine is a kind of white wax (which is by the way used to make candles).

    Your Martian lamps are very fancy.
    If you click on the second photo and zoom on the top of the chimney you will see something written there: « Made in Austria ». 🙂

    Incidentally, didn’t we discuss that already, at Crown’s maybe? I think I asked you, or somebody else, what a quinquet was called in English. And I think you said « a chimney », didn’t you?

  5. Leveto, êtes-vous sûr que la lampe Pigeon fonctionnait au pétrole ? Votre Quillet est-il disert à ce sujet ? Parce que ce que je viens de trouver sur Wikipedia me fait supputer que ces pigeons-là n’ont pas tout à fait le même plumage que les deux lampes visibles ci-dessus.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Lampe_Pigeon
    « La lampe Pigeon est une lampe fonctionnant à l’essence minérale dont le principal fabricant fut Charles Pigeon qui développa sa fabrication pour l’éclairage domestique. »

  6. They were never called « paraffin lamps » on the farm. We had paraffin, the solid wax, and we used it for preserving jams and jellies. You heat the solid paraffin on the top of the stove, very carefully since it is very volatile when melted, then pour it on the top of the jam you have just made.The jam will keep for years in this way.

    Someone gave me a « paraffin lamp » once. It had a small round cotton wick and burned a special liquid from a special bottle. Liquid paraffin, I suppose. Unlike kerosene, it had no oder. This « paraffin lamp » I think is a decorative thing, like a candle. It would not have been used for real lighting.

    I don’t remember a previous discussion, but it’s possible.

    Kerosene lamps were used on the farm before electricity. My mother showed me how to trim the wick and how to adjust it to burn without leaving carbon deposits on the inside of the chimney. For some reason I also want to call this thing a « flue » which is what we call the mechanism for opening a chimney–the real kind with a fireplace–but I’m not sure about that usage. It was before my time. Kerosene does not burn clean–it is one of the more dangerous fuels, both for the potential for explosion and for chemicals that are left in the air while it is burning. I had a heater with kerosene in Jordan–they call it something like kaz–propone (much safer) is gaz or khaz, something like that. Very cheap. I could buy several liters, maybe four, for about six dollars, and it would last me several months. It was kept in a palstic container in the bathroom with the window cracked. The soba, the little kerosene heater, which looked like R2D2, was always extinguished in the bathroom since it gave off a terrible smell when it went out. Jordanians never sleep with this kerosene heater on, and they always crack a window when they have it on.

    My father tells a story about his mother trying to blow out an electric lamp after they got electricity on the farm. The old habits are very ingrained.

    By the way, Hat is looking for advice about French guillemets, or guillemots, or italics with quotations:

    http://www.languagehat.com/archives/003577.php#more

  7. Mon Quillet n’est hélas guère explicite et il semble en effet se contenter d’opposer essence minérale et pétrole à huile.
    J’ai trouvé un site assez complet (ou la « Pigeon » est en effet classée dans les « lampes à essence à mèche simple ») et pourvu d’un glossaire anglais-français-allemand:
    http://lumiara.perso.neuf.fr/lumiara/fr/miscfr.htm

  8. Siganus K.

    Nijma, check there
    http://www.languagehat.com/archives/003321.php
    around December 14, 2008 08:42 AM .

    I think what you call a kerosene lamp is called a paraffin lamp in the U.K.

  9. A. J. P. Crown

    That’s right Sig. Our paraffin is what Americans call kerosine and some others call jet fuel — I think we discussed that too.

  10. A. J. P. Crown

    150 000 ampoules «bayonet» et «vissé» ont été reçues la semaine dernière.

    You use both kinds?

  11. Siganus K.

    Yes, both. It’s a bit ‘à voile et à vapeur’, isn’t it?

    But I wonder why the journalist wrote it bayonet.

  12. A. J. P. Crown

    Presumably everything in one building is either à voile or à vapeur; otherwise you would all go mad, and nobody would call it paradise anymore.

    Another question might be: why is it ‘baïonnette’ in French, if it originated in Bayonne. Is there some reason not to use a Y?

  13. Because it’s Greek. (You know what they say about the Greeks.)

    It’s been written with an -i since the 18th century (cf. this dictionary for instance). It may have something to do with the fact that in Gascon and in Basque the name of the city is written Baiona.

  14. I hate it when old people tell the same stories over and over.

    I don’t know about the Brits, they’re likely to do anything.

    This is like the « paraffin lamp » I had:
    http://www.northwestglass.com/handblown-glass-candle-lamps-amazing-glass-candle-lamps-c-22_74.html
    It burns « paraffin oil », in a special bottle, which has no smell whatsoever.

    My kerosene lamp looks something like this. I used to use it for power failures after storms, but now I have breathing problems and I can’t tolerate the smell.

  15. A. J. P. Crown

    Wow, that’s a nice book. But Bayonette, Il faudroit écrire baïonnette. That makes it sound like somebody had been spelling it bayonette, doesn’t it?

  16. A. J. P. Crown

    Damn. Language just told me about that happening. Oh, well.

  17. A. J. P. Crown

    By the way, I like your quinquets. Are they yours?

  18. Thanks for liking them, even if they are not mine. But what do you mean exactly? What is a quinquet near Oslo? Is it the whole lamp or is it just the glass, or any other part of the lamp?

  19. A. J. P. Crown

    Not sure. I did understand the point of your post, but I didn’t specify because I meant I like both the glass & the whole.

  20. A. J. P. Crown

    The Primus stove (so-called in England) is apparently a Swedish invention. My guess is that this was a trade name based on the Latin primus inter pares, which seems to have been a Swedish gimmick in that period — see Volvo (Latin) = I roll / I roll over. Nobel’s word ‘dynamite’ (Swedish dynamit) is from Greek ‘dunamis’ = power.

  21. Yes! I thought that a primus was primarily a cooker. A friend of mine was adamant that it was a lamp instead, so I listened to him. But I can see on the Wiki page your are linking to that this stove looks very much like what you would find in a local hardware store (maybe not so much nowadays). It has been used here for decades and had a bad reputation for accidents and for setting people alight — especially women.

  22. A.J.P., did you know that:
    1. primus – the presiding bishop of the Episcopal Church of Scotland.
    http://www.thefreedictionary.com/Primus
    And do you know what is the difference between Episcopalians and Presbyterians? There is a church just opposite the freemason lodge in Phoenix, and on the sign it says « Presbyterian Church of Mauritius ». I wondered whether it had something to do with Scotland (the name of the church is St Columba I think). A wink maybe to those who follow « le rite ancien écossais et accepté », or some shit like that…

  23. A. J. P. Crown

    Okay, I’ll take a look next time I go to a lodge meeting in Phoenix.

    I think of all Presbyterians as being Scottish, but not all Scots as being Presbyterians. I’d guess that the ‘Episcopal Church of Scotland’ is pretty much the same as the Church of England, i.e. Protestant, but established rather than non-conformist.

  24. Primus inter pares « first among equals » isn’t just a gimmick, it’s a form of government often associated with the Swedes. As I recall, there is a hill where the Swedish kings were proclaimed, but they were chosen by the other nobles rather than inheriting the title or being chosen by the church as in the « Holy » Roman Empire when sovereigns were crowned by the pope.

    « Episcopal » is simply the name of the Church of England in America. The Methodists sometimes use the word « episcopal » in their name, but in fact, although they have strong historical ties with the C of E, there was a break in succession, the C of E not having ordained or otherwise blessed the Methodist bishops in America. I guess they needed more Methodist clergy, the average lifespan of a « circuit rider » being 30 years or so, so they just sort of declared themselves bishops and started ordaining new pastors. Wesley himself (the founder of the Methodist movement in England) visited America when he was in his 80’s and sniffed a snooty elitist sniff at the fledging movement.

    The Protestant movement in Europe sprang up in different countries at about the same time, but with different leaders. The Presbyterians followed Calvin. Also they don’t have bishops, but are governed by a group of « presbyters » or lay (secular) leaders. Another Primus inter pares informal leadership set-up.

  25. A. J. P. Crown

    I didn’t say primus inter pares was a gimmick, I said that the Swedes using Latin and Greek for trade names may have been a gimmick in the late nineteenth century. Primus inter pares — the role of a Prime Minister among his or her cabinet colleagues –is no more identified with Sweden than with Britain. It has nothing to do with kings.

    ‘Episcopal’ is not the name of the Church of England in the United States. They just had a big ‘discussion’ about homosexual clergy, who aren’t allowed in the C. of E. but are okay with the Episcopalians in the United States, apparently.

  26. You say tomato
    it’s still all Anglican.

    http://www.catholic.org/international/international_story.php?id=34166

    The branches of a tree may not all flower at the same time, but they still spring from a common root.

  27. Anglican Communion–

    Here, this one’s better:
    http://www.answers.com/topic/anglican-communion

  28. primus inter pares

    The British prime minister is elected, right? So in the sense I’m thinking of, it doesn’t quite qualify. Think Saint Olaf, who was fetched from Sweden by a group of nobles. He didn’t set out to be their leader on his own. This term is actually used quite a bit in the field of history to describe a common feature of European medieval kingship. The king (or sometimes queen, as queens were more common in this relatively disorganized time of small decentralized kingdoms) was selected as the result of consensus between local elites. Later the church got mixed up in the selection process, the divine rights of kings and all that, and it all became a big power play between massive institutions.

    http://www.answers.com/main/ntquery?s=Primus+inter+pares&gwp=13

  29. That’s medieval though. Why it would be an effective marketing tool in the 19th c. is beyond me.

  30. A. J. P. Crown

    The British prime minister is elected, right? So in the sense I’m thinking of, it doesn’t quite qualify.
    The British PM is not elected, no. He is an elected Member of Parliament, who is chosen, by the majority Parliamentary party, as their leader, to be PM. Subtle difference from the US system.

    Section Four here Prime Minister of the United Kingdom, on ‘First Among Equals’. Also the Wikipedia piece here, Primus Inter Pares has Section 2.5 on the UK.

  31. Un exemple supplémentaire faisant voir que l’acception « normale » de quinquet renvoie plutôt à la lampe qu’au verre :
    « Derrière le balcon, la fenêtre ne s’ouvrit pas et dans la rue nul ne se montra, pas même le veilleur de nuit qui presque toujours s’approchait avec son quinquet pour tenter de prospérer grâce aux miettes des sérénades. »
    (Gabriel Garcia Marquez, L’Amour aux temps du choléra, page 179.)

    Je serais curieux de savoir quel pouvait être le mot espagnol correspondant à quinquet.

  32. Si j’en crois les dictionnaires consultables sur Internet, le mot espagnol est tout simplement quinqué … (Les espagnols ne prennent que très rarement du thé, c’est connu!)
    Est-ce celui utilisé par G G Marquez ?, je n’en sais rien …

  33. Leveto, il serait intéressant qu’un de ces jours un hispanisant passant par ici (ou repassant par là) et possédant une copie de L’Amour en espagnol nous donne le mot employé par le prix Nobel colombien.

    Aujourd’hui, pour la première fois, j’ai vu un quinquet à trous. Il aurait pu en avoir 6, comme la flûte à six schtroumpfs, mais il n’en avait que 4. Qu’à cela ne tienne, cette curiosité mérite d’être affichée, ce qui a été fait dans la note. (Voir plus haut.)

  34. Leveto, grâce au Jesus non pas de Montréal mais de LSP j’ai pu voir ce que Garcia Marquez disait en espagnol :

    El balcón no se abrió, ni nadie se asomó a la calle, ni siquiera el sereno que casi siempre acudía con su candil tratando de medrar con las migajas de las serenatas.

    Le problème c’est que ce candil-là ne paraît pas très bien correspondre à la définition « académique » du quinquet. A croire que ce mot-là est prédisposé à prendre des sens variés. Il faudrait demander à Yasmina Khadra aussi (voir citation dans la note) ce qu’il entend, lui, par « quinquet ».

  35. Si j’en crois les dictionnaires que j’ai pu consulter, candil correspond plutôt aux anciennes lampes à huile (la lampe d’Aladin…) qu’au quinquet.
    Je ne trouve pas de mot français pour nommer ce type de lampe (c’est sans doute ce qui a conduit la traductrice de G.G. Marquez à utiliser « quinquet »), mis à part le lamperon, en verre, qui s’emploie aujourd’hui encore dans certaines églises.
    En revanche, je trouve plusieurs appellations régionales, comme le lumeron (à Soissons), le crachet (ou craisset, crassin, à Amiens et en Flandre, et cresset en Angleterre; du latin crassus, gras) et encore le chaleu (ou chalé en Auvergne, sans doute du latin candela. C’est ce dernier mot qui se rapproche le plus, du moins étymologiquement, du candil espagnol.

  36. candil correspond plutôt aux anciennes lampes à huile (la lampe d’Aladin…) qu’au quinquet.
    Je ne trouve pas de mot français pour nommer ce type de lampe

    Ben dans ce cas pourquoi ne pas le traduire tout simplement en « lampe » ? La phrase aurait alors été : “Derrière le balcon, la fenêtre ne s’ouvrit pas et dans la rue nul ne se montra, pas même le veilleur de nuit qui presque toujours s’approchait avec sa lampe pour tenter de prospérer grâce aux miettes des sérénades.” Si le candil ressemble à la lampe d’Aladin — ce que suggère en effet le site proposé par Jesús —, alors cette traduction serait tout à fait parlante.

    Un cresset en Angleterre ? L’Oxford English Dictionary (Shorter) précise que le mot vient du vieux français « craicet », « craisset », « cresset », de même sens :

    A vessel of iron or the like, made to hold grease or oil, or an iron basket to hold pitched rope, wood or coal, to be burnt for light ; usually mounted on the top of a pole or building, or suspended from a roof.

  37. Rectification SigK : le quinquet à trous est comme la flûte : il n’en a pas quatre mais SIX !

  38. Ha ha, géniâââl ! Nous chantions ? Eh bien nous allons pouvoir danser maintenant !

    Re: « SigK ».
    Savez-vous qu’il existe une marque suisse de produits pour béton, notamment des mortiers de réparation, qui porte le nom de « Sika » ? Il faudra que je songe aux implications que cela pourrait avoir sur mon moi et mon surmoi.

  39. el candil: Selon le site web indiqué, ce mot s’applique non seulement aux lampes à huile de type primitif (comme sur la grande photo) mais à des lampes portatives beaucoup plus modernes, bien que maintenant dépassées. Je doute fort que le veilleur de nuit de GGM se promène dans les rues avec une lampe de type primitif, dont l’huile risque de se déverser, ou la flamme de s’éteindre. Bien que le mot espagnol soit assez vague (mais il est peut-être plus précis pour GGM), il s’applique sûrement à une lampe portative non électrique, d’un type disons dix-neuvième siècle, ce que suggère la traduction française quinquet. Mais ce dernier mot ne semble pas s’appliquer à une lampe faite pour une utilisation à l’extérieur: le mot pour cela serait plutôt lampe-tempête, une lampe portative à section carrée avec 4 panneaux de verre encastrés dans un support en métal, ce qui empêche la flamme d’être affectée par le vent (ce type est aussi illustré sur le site qui montre les différentes sortes de candil).

    Le mot espagnol signifiant lampe en général est lampara, qui n’est pas celui employé par GGM dans le contexte du veilleur de nuit. Note linguistique: ce mot a un accent sur le premier a, pour signifier une palabra esdrujula (accent sur le premier u), c’est-à-dire accentuée sur l’antépénultième, autrement dit la troisième syllabe en comptant à partir de la fin du mot, ou bien, si on préfère, une syllabe suivie de deux syllabes à voyelles inaccentuées, comme dans lampara et esdrujula.

  40. Marie-Lucie, le Jesús dont il était question plus haut disait ceci sur le blog où lui avait été posée une question sur le quinqué :

    Au mot «sereno*» (et oui, du latin «serenum», de «serum», le soir –même étym.-, la nuit ; pourtant «serenata» vient de l’italien, mais à la fin…) est plus relié «farol», si bien on trouve aussi «quinqué» et «candil». Parfois ils sont employés comme synonyme de «lampe» et n’oublions pas d’où est ce grand écrivain.

    Farol, ne serait-ce pas ce qu’on pourrait appeler un fanal, mot qu’aurait pu utiliser la traductrice de Garcia Marquez ?
     
     
    * veilleur de nuit

  41. Pour ce qui est de savoir si à Maurice le quinquet est la lampe ou uniquement le verre de la lampe, on peut noter la définition qu’en donnent Baker & Hookoomsing dans leur Diksyoner : kenke – E. Glass of an oil lantern (paraffin lamp). F. Pièce en verre recouvrant la flamme d’une lampe à huile.

  42. fanal: dans mes souvenirs de lecture, et dans la grande majorité des exemples du TLFI, le mot « fanal » s’applique à une source de lumière fixe et non portative. Si un veilleur de nuit portait un fanal, ce serait sans doute pour le poser sur un support où il resterait pour éclairer les environs, pas pour éclairer le chemin dudit veilleur dans sa tournée nocturne. Une lampe portative peut servir de fanal si on la pose en en lieu stratégique, mais le mot « fanal » décrit la fonction de la lampe utilisée, plutôt que sa nature.

  43. Marie-Lucie, on peut remarquer qu’en anglais le mot fanal renvoie à un phare, ou à la lampe d’un phare (a beacon, a lighthouse; a ship’s lantern — SOED). Par définition la lampe d’un phare ne saurait être déplacée, ce qui ne manquerait pas de causer des naufrages. (Il existe à Rodrigues un “Mont Fanal”, ou “Montagne Fanal”, situé près de Port-Mathurin, la capitale et le port de la petite île. La raison pour laquelle ce sommet à été nommé ainsi est évidente.)

    Toutefois, à Maurice le mot fanal peut, me semble-t-il, s’employer pour un moyen d’éclairage portatif. Baker & Hookoomsing, dans leur Diksyoner kreol morisyen, donnent pour le mot fanal la traduction anglaise suivante : “lantern”. On retrouve le mot “lantern” dans le Diksyoner de LPT, à côté du terme “signal-light”. On remarquera au passage que les feux de position d’une voiture sont souvent appelés “lanternes”, comme dans la phrase “Monsieur, le soleil s’est couché ; vous auriez dû allumer vos lanternes pour que les autres automobilistes vous voyent.” (Accessoirement, un fanal peut aussi être un poisson du genre Priacanthus.)

  44. There is an ancient joke about a ship in fog which sees a light shining brightly dead ahead, and signals « SHEER OFF » (i.e. change direction to miss me). The reply was « YOU SHEER OFF ». Indignant, the ship replied « AIRCRAFT CARRIER » to which the reply was « LIGHTHOUSE ».

    Hurricane lamp in English typically refers, at least in non-technical language, to a kerosene/paraffin lamp of the type shown above, typically with a wick but sometimes with a Wellsbach mantle, which provides much brighter light. Smaller lamps use mineral oil (which has no smell). A Coleman lamp uses ordinary gasoline and a mantle.

  45. Pour continuer d’alimenter le débat à propos de la signification du mot quinquet à Maurice, cet extrait du premier roman de Carl de Souza, extrait qui ne devrait guère éclairer les choses sous un jour nouveau cependant.

    « Bien entendu, le soir, dans les « baïtkas » assis à même le sol à la lueur d’un vieux quinquet, on parlait des injustices, de la mauvaise répartition des biens. Comme si nous y pouvions quelque chose ! De jeunes intellectuels, revenus après leurs études en Angleterre ou ailleurs, avocats et médecins, tenaient un langage nouveau. » (Carl de Souza, Le Sang de l’Anglais, page 121.)

    Encore une personne qui prend le quinquet pour une lampe !

  46. Bonjour Siganus, ouvrir ses quinquets veut aussi dire : regarder attentivement (mais ce n’est plus très courant).

  47. Siganus Sutor

    Bonjour Lamid. Content de vous revoir par ici.

    En effet, les quinquets peuvent aussi être les yeux (mais pas ici-bas), tout comme les mirettes il me semble. (Mais les mirettes ne peuvent-elles pas être aussi ces trois morceaux de tôle fixées à un piquet, peintes de deux couleurs différentes, et qui servent dans le bâtiment ou les travaux publics à vérifier que trois points sont bien alignés dans un plan vertical ? A moins qu’on ne les appelle des “nivelettes”… (Petit trou (de mémoire) à combler.))

    Mais puisqu’il vous arrive de vous occuper de bâtiment ou de travaux publics, avez-vous déjà entendu employer le mot “comblage” pour parler de remblaiement ? (Cf. ce commentaire dans la note “Port-Louis (1)”.)

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