À toucher

À toucher (de).
Locution verbale.

Attenant à ; adjacent à ; contigu à ; à côté de.

J’ai commencé, il y a un an et demi, par une causerie à la Muslim Benevolent Hall avec 15 à 20 personnes et ces jours-ci, nos programmes attirent entre 150 et 200 Mauriciens. Les lundis, je suis, après Maghrib, à la mosquée de La Caverne, à toucher de la pâtisserie Oozeer, les mardis à Ar-Rayhaan, Camp Chapelon, et les mercredis à la Rabita Hall, Port- Louis, après la dernière prière du soir.”
(Star n° 1368 du dimanche 27 Mars 2011.)

Les « wetlands » sont juste derrière, à toucher, cela implique-t-il de combler des zones inondables, pour contenir l’eau en cas de grosses pluies ?
(Le Mauricien, 10 avril 2012.)

Maison, 2 chambres à coucher, salon, garage, cour clôturée à toucher de la SBM, Lallmatie. Tel. 753-2387/ 242-9619 (après 16 heures).”
(Maisons à louer, LexpressProperty.com, 28 novembre 2011.)

Pour la cérémonie, nous avions loué le campement à toucher du mien, c’est à dire une des maisons de Kirun Callichurn”.
(Forum Ile-Maurice.com, 13 mars 2006.)

Lundi dernier, la police a procédé à l’arrestation de Ramdev Gopee, un planteur âgé de 48 ans habitant la région. Selon les recoupements d’informations auprès de la police et de l’AREU, il a utilisé sept produits, à savoir l’Hartal’, le ‘M 45’, le ‘Merol’, le ‘Funguran’, le ‘Widomil’, le ‘Cymdush’ ainsi que le ‘Vertinex’ qu’il a mélangés pour asperger ses plants qu’il cultive dans un champ à toucher de l’école primaire de Camp Ythier, ce qui a causé une intoxication des enfants et du personnel enseignant de l’établissement, selon le communiqué de la police.”
(5-Plus Dimanche, 3 mars 2002.)

Company Name: Marday Saumynaden
Address: route Royale (à toucher Sunjoo Store)
City: Coromandel

(Site Mauritius-yellow-pages.info.)

Ж

Il est possible que les expressions attenant à, adjacent à ou contigu à soient plus “justes” que l’expression mauricienne à toucher (de), mais cette dernière me semble plus imagée, donc plus judicieuse, donc plus exacte d’une certaine manière, de par ce qu’elle fait naître dans l’esprit de celui qui l’entend.

12 réponses à “À toucher

  1. Je n’ai jamais su si « à toucher » était transitif direct ou indirect. J’ai l’impression que quand c’était un « nom », c’était plutôt direct: « le bus stop est à toucher St Jean Store ». Pour les autres utilisations, je touque-touquais

  2. Pas beaucoup d’occurrences de « à toucher » sur la toile, mais je suis tombé sur un lien qui a retenu mon attention. Une encyclopédie en ligne catalane propose cet article à propos de Dochiariou. Vous noterez la phrase « Se trouve situé au migt de la península de l’Athos, à toucher de la baie de Sigitikos ».
    J’ai pensé, comme ça m’est arrivé souvent, à une mauvaise traduction automatique de l’article original en catalan. On y voit la traduction de al costat de différent du al lado de espagnol. Que dit GT de la traduction en catalan de « situé à toucher de la maison » ? La traduction semble être mot à mot, mais si on prend la chaîne catalane pour la retraduire en français, on obtient « situé à côté de la maison« .
    Je suis allé voir un de mes collègues d’Alicante (donc catalaphone) qui m’a dit plutôt utiliser al costat de, mais qui m’a montré des articles utilisant l’expression a tocar de connue aussi, par exemple, celui à propos de l’ouvrage à toucher de la maison.

    Y aurait-t-il une piste catalane à explorer ? No ho sé.

  3. Siganus Sutor

    Zippo, lu récemment dans un roman offert par une amie ès blog :

    “On utilise comme on peut l’ombre engourdie des forêts, cavaliers harassés, trois nuits de suite sans vrai sommeil, bercés par les chevaux, l’œil fixé sur les croupes qui moutonnent devant nous, le sommeil nous prend comme une fièvre, il faut se pincer, parler aux voisins, voix très basse, mon adjudant-chef je me sens comme une bête, profites-en, ça permet de tout supporter, le sommeil revient, on s’affaisse, le buste à toucher les sacoches, on manque de glisser de cheval, sursaut, alors c’est la tristesse, comme si elle avait attendu son heure.”

    Hédi Kaddour, Waltenberg, page 26.

  4. Oups, j’ai pas dû préciser: pas beaucoup d’occurrences de “à toucher” sur la toile dans le sens de « à proximité (de) ». Ici je suis pas sûr s’il faut comprendre « le buste à côté des sacoches » (dans lequel cas, je m’attendrais à « le buste à toucher des sacoches »), ou s’ils s’affaissaient jusqu’à toucher les sacoches avec le buste (comme dans « à toucher le fond ») ?

  5. Siganus Sutor

    Oui, bien sûr. “Une fois dans l’ascenseur, il s’approcha d’elle à effleurer ses fins cheveux de son nez.” “Il courut à perdre haleine pour ne pas la perdre.”Elle le regarda avec des yeux vides, à faire naître des frissons sur son dos.” Il s’agirait plutôt de ce genre de tournure que de celle de l’expression fréquemment entendue à Maurice. Mais de lire cela dans un livre m’a suffisamment fait sourire pour que j’aie envie de le noter ici.

    En ce qui concerne la nuance entre “direct” et “indirect” selon qu’il s’agisse d’un nom ou pas, je dois avouer ne pas bien saisir de quoi il s’agit. N’est-ce pas toujours une chose qui est à toucher (d’) une autre chose ? Si tel est le cas, alors ce sont toujours des noms (substantifs) dont il est question, non ?

    Je ne suis pas certain que l’expression mauricienne soit due à une influence catalane, ou ibérique au sens large, mais il n’est pas impossible qu’il s’agisse là d’une tournure ancienne en français (ou dans un dialecte français) et que, du fait de la parenté des langues romanes — en sus du fait que la Catalogne soit à toucher de la France —, il puisse y avoir là un héritage commun, héritage qui aurait fini par disparaître en français hexagonal. Il y a toutefois beaucoup de “peut-être” dans tout cela…

  6. Pour le direct ou l’indirect, je voulais dire que je ne savais s’il fallait dire « à toucher le magasin » (toucher quelque chose) ou « à toucher du magasin » (à [un] toucher de, un peu comme en anglais « at one hand’s reach »); donc j’utilisais l’une ou l’autre alternativement. Dans tous les extraits des journaux, il semble que ce soit indirect avec l’utilisation de « à toucher du/de ».
    Je doute aussi de l’origine catalane; c’était en essayant de trouver une vieille référence française que je suis tombé dessus après une myriade d’autres utilisations de « à toucher ». C’était juste marrant de ne retrouver cette expression martienne que dans des références traduites du catalan. Ça m’a étonné d’abord que GT traduise « a tocar » par « à côté de », mais le fait d’apprendre que l’expression « al tocar de » existe m’a fourni une explication.
    J’avais parié sur une forme française ancienne commune, mais je n’ai rien trouvé.

  7. Oui expression courante en castillan, mais inusitée en Français , je ne suis pas remonté plus loin que les expressions déjà anciennes données par Littré.
    Aujourd’hui on peut entendre :
    __Où habites-tu ?
    __facile c’est la maison près de l’église, tu vois l’église ? bon, c’est à toucher.
    L’expression à toucher signifierait : très, très, près.
    C’est une ellipse qui maintient « à toucher » en vie : il m’a frôlé, à toucher.( à me toucher. )
    On peut aussi lire dans le langage publicitaire : un catalogue à toucher, c.a.d.à découvrir…du bout des doigts.
    http://francois.gannaz.free.fr/Littre/xmlittre.php?rand=&requete=toucher&submit=Rechercher

  8. Je doute moi aussi qu’il puisse exister un lien direct entre l’expression martienne et catalane: entre autres parce qu’un tel usage de « à toucher » semble tout à fait étranger à quelque forme de français canadien que je connaisse: or, les archaïsmes français qui se retrouvent sur Mars ont tendance à se retrouver chez nous aussi. Sémantiquement, le lien entre toucher et proximité semble clair, de sorte que je crois qu’il faut y voir une pure coïncindence.

  9. Zippo, il m’est difficile aussi de décider si la formule consacrée est “à toucher” ou “à toucher de”. Les deux se disent. Quelle est celle qui se dit le plus ? Je n’en mettrai pas ma main à couper mais il me semble qu’en français mauricien c’est celle qui comporte la préposition. Par contre en créole, puisque “de” n’existe pas, la forme consacrée est celle que vous appelez directe : “so lakaz a tousé filling Total Flacq”.

    Arcadius, cela est quand même une coïncidence étonnante de retrouver la même formulation en castillan et en français de Maurice. Serait-ce qu’on appelle une “évolution convergente”, du même genre que celle ayant abouti à l’ichtyosaure et au dauphin ? Quant à Littré, je ne vois pas parmi les 45 variantes proposées celle qui correspondrait à la locution mauricienne, pas même la 36e (toucher à dans le sens de “être limitrophe”) ou la 42e (se toucher dans le sens d“être contigu”). Comme il est mentionné dans la définition, il s’agit d’une locution, c’est-à-dire d’une forme quasi figée.

    Étienne, certes, la similitude entre l’expression catalane et la mauricienne est probablement le fruit du hasard, mais dans ce cas une question demeure : d’où a bien pu sortir la locution utilisée à Maurice ?

  10. Gro Zippo

    Ça doit dépendre du proxy Internet utilisé; jusque-là je n’avais trouvé qu’une occurrence de « à toucher » utilisée sous une forme intransitive: « formée de hautes falaises sous lesquelles on trouve, à toucher, de grands brassiages ».

    Etonnamment aujourd’hui, lors d’une recherche, j’en trouve plusieurs:
    « On appelle ainsi une anse de sable qui se trouve à toucher Roscoff dans l’Est » (1970),
    « Cette passe se trouve à toucher la pointe du raz  » (Almanach 1900),
    « la plus grande profondeur se trouve à toucher cette jetée » (1823),
    « la crique de la Pissote se trouve à toucher la pointe »,
    « une usine, …, se trouve à toucher la gare de Jouy en Josas » (forum 2012),
    « la maison se trouve à toucher au cabinet du docteur lamy  » (Forum 2011).

    Pas mal de références se rattachant à la Bretagne (à part Jouy).

    La recherche situé à toucher donne aussi quelques résultats, certains se rapportant à des proximités anatomiques.

  11. Siganus Sutor

    Zippo, peut-être faut-il voir dans l’expression mauricienne “à toucher (de)” une influence du vocabulaire maritime. Si ma mémoire ne me joue pas de tour, deux bateaux “costé-costé” sont dits “amarrés à couple” (ou peut-être “à couples”, au pluriel), ce qui est d’une construction similaire, à l’utilisation du verbe près.

  12. Siganus Sutor

    Ce matin sur les ondes de Radio One il était possible d’entendre une réclame pour un bureau de deuil, laquelle disait à peu près ceci : « Elie & Sons* à Beau Bassin, à toucher du Nid d’Hirondelle ».

    * http://www.elieandsons.com/

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