Mazette

Mazette.
Adjectif ou nom féminin ou masculin.

Maladroit au lancer. “Maladroit en ce qui concerne les jeux où il convient de viser une cible” (Didier de Robillard, Contribution à un inventaire des particularités lexicales du français de l’île Maurice, page 116).

Mazette, tu m’as encore raté !

Même pas la peine qu’il essaye, il est trop mazette.

Manman ! ça qui est une mazette ce boug-là !!

Dans le Wiktionnaire on trouve à propos de ce mot une liste de sens qualifiés de “désuets”. Le troisième d’entre eux est le suivant :

3. (Désuet) Personne inhabile à quelque jeu qui demande de la combinaison ou de l’adresse.
• Il ne sait pas jouer, c’est une mazette.

Le Petit Robert (édition 2006) parle pour sa part de “personne maladroite au jeu”, précisant que ce sens, qualifié de “vieilli”, est attesté en français depuis 1640.

Dans son usage le plus courant en français standard d’aujourd’hui — bien que le Petit Robert parle d’usage “régional” à ce sujet —, le mot est une interjection qui exprime l’admiration ou l’étonnement, comme dans l’exemple suivant : “Mazette ! je ne savais pas que tu savais si bien jouer au ping-pong !” En ce sens, il serait un équivalent de “wow !” ou de “ça alors !” Le mot n’est jamais employé de cette façon par les Martiens, lesquels ont en l’occurrence gardé vivant le sens désuet évoqué plus haut. Seraient-ils les seuls dans l’univers visible ?

 

 

 

 

18 réponses à “Mazette

  1. — Va, va, dit-elle, toi qui te vantais, mon pauvre ami! si tu te mettais à gages pour cueillir à quintal la feuille, je crois que, fût-elle toute en brindilles, tu pourrais manger des regardelles!
    — Vous me croyez donc une mazette? répartit le gars, légèrement penaud.

    (Frédéric Mistral, Mireille )

    Ça date de 1859, et depuis ce sens s’est perdu. Ne reste plus aujourd’hui dans le langage courant que l’interjection mais un peu vieillotte elle aussi et en tout cas plutôt employée sur un mode plaisant.

  2. Google Translate is rendering mazette as duffer, which precisely means “personne maladroite au jeu”. It is British English, so I don’t use it, and I think it may be out-of-date even there.

  3. arcadius

    Étymologie :
    Bas-lat. mesgetus, mauvais cheval, dans un texte du commencement du XIIIe siècle. Mais d’où vient mesgetus ? On a indiqué l’allemand matz, maladroit, bûche. Il y a dans le Berry mazet ou mazette, fourmi ; il est possible que ce soit là l’origine de mazette, la fourmi étant un très petit animal, un rien, et ayant servi métaphoriquement à dénommer une mauvaise rosse. Mazet, diminutif de maze, fourmi, vient-il de l’allemand Ameise, fourmi ?
    Merci Mr. Littré.

  4. marie-lucie

    J’ai parfois lu « mazette » comme interjection, mais je ne l’ai jamais entendue autour de moi. Ce mot aurait-il été surtout employé dans un contexte régional (Mistral ci-dessus, Daudet peut-être, c’est-à-dire des auteurs méridionaux?)

    mots allemands

    Quelle coïncidence: mon voisin, qui vient de Russie, s’appelle le docteur Matz.

    arcadius, je doute que le mot berrichon vienne directement de l’allemand Ameise. Il faudrait voir si maze(t(te)) (ou des formes compatibles avec ce mot) existe aussi dans d’autres dialectes, français ou occitans, et aussi s’il y a d’autres formes de Ameise dans d’autres dialectes germaniques. En anglais il y a un vieux mot emmet pour ‘fourmi’, qui pourrait être apparenté à l’allemand Matz, mais le sens de ce dernier semble être trop éloigné (à moins qu’on ne puisse documenter un lien historique).

  5. ►Marie-Lucie:
    Si je me réfère à Etymonline , l’ancien mot emmet , en vieux anglais aemmette, est à l’origine de l’actuel ant , « fourmi . Il est issu du germanique de l’Ouest ( le westique ) *amaitjo ( cf. le vieux haut allemand ameiza , ou le haut allemand Ameise ). Tous ces mots seraient eux-mêmes issus des pré-indo-européens *ai-, « hors, ôté » – et mai-, « coupé », ce qui voudrait dire que la fourmi n’est qu’un petit bout d’insecte.
    Pour ce qui est de l’existence de mazet-t-te , dans le sens de « fourmi », dans d’autres dialectes que le berrichon , j’avoue mon incompétence et l’échec de mes recherches jusqu’à présent, sauf à avoir rencontré un mazar bourguignon qui désigne une larve d’insecte dévoreuse d’écorces ( mais dont l’étymologie est incertaine, mais plutôt à chercher du côté de « manger »).
    Enfin, pour ce qui est de l’emploi de « mazette » comme interjection, je pense comme vous qu’il est plutôt régional et, tombant en désuétude, qu’il est même devenu très local voire peut-être même simplement familial. Mais, « mazette! », c’est quand même plus joli que « waouh! », non ?

  6. Leveto, quel est le sens que donne Frédéric Mistral au mot mazette dans l’exemple que vous citez plus haut ?

     

    John: Google Translate is rendering mazette as duffer, which precisely means “personne maladroite au jeu”.
    The word duffer can also mean “a stupid or foolish person” (SOED). This meaning is totally absent from the word mazette as used by Mauritians. One can be an intellectually brilliant person and still be a mazette when it comes to throwing a stone at a target or a dart at a dartboard.

     

    A propos de l’étymologie du mot mazette, le Petit Robert dit ceci : peut-être métaphore du normand “mésange”.

  7. ► Siganus. Je pense qu’il faut comprendre « mazette » dans la phrase de Mistral comme désignant une « personne faible, molle, sans ardeur ou incapable» ( sens attesté dès 1648 chez Scarron selon Le Grand Robert, mais marqué comme vieilli).

  8. marie-lucie

    sens marqué comme vieilli

    Peut-être vieilli en français de la moitié Nord mais conservé plus au Sud?

  9. leveto

    Cette mazette-là ne serait-elle pas plutôt une mauviette ?

  10. ► Marie-Lucie:
    Je ne peux pas vous en dire plus pour les autres régions françaises (Zerbinette la berrichonne pourra peut-être nous aider) mais en tout cas même en Provence cette interjection se fait de plus en plus rare, remplacée comme je l’ai dit plus haut par des « waouh! », des « wow !» ou d’autres que la décence m’interdit de nommer ici
    ►Aquinze:
    je ne suis pas sûr que Mistral ait connu le nom normand de la mésange « mésette » qui est « pimparin » en provençal. Une mauviette, dans le sens qui nous intéresse, s’appelle en provençal un « coutelou».
    En revanche je pense que ce fin lettré connaissait le mauvais petit cheval comme le joueur malhabile ou la «personne qui manque d’ardeur» de Scarron. Mais peut-être y a-t-il eu à un certain moment un croisement ( une attraction paronymique disent les linguistes) qui a fait que la « mauviette », le mauvais petit cheval, s’est mariée à la « mésette » ( comme dans le pâté d’alouette).

  11. Naturellement (toujours ce fichu escalier à descendre!), je trouve seulement maintenant cette page du Projet Babel qui s’intéresse à l’interjection « Mazette! ».
    Avec une étonnante référence au Don Giovanni de Mozart que je vous laisse découvrir.

  12. arcadius

    Juste pour dire que « mazette » comme interjection ne me semble pas désuet, je me souviens de ces mazette! du Lyonnais et je maintiens cette tradition. J’ai entendu « y a pas mazette » .

  13. marie-lucie

    une étonnante référence au Don Giovanni de Mozart

    Mais dans Mozart Masetto n’est pas une exclamation comme mazette!, c’est le nom d’un des personnages, le diminutif de Tomasetto, lui-même diminutif de Tomaso « Thomas ».

    je me souviens de ces mazette! du Lyonnais et je maintiens cette tradition

    arcadius, merci et félicitations.

  14. Bonjour, Siganus !

    Soit dit en …passant, c’est sur les talons de Monsieur Maze, étalon bling bling s’il en est, qu’il fallait marcher :

    Pitolet, au milieu du bruit des voix, glissa dans l’oreille de son voisin Boissel : « Elle a l’air d’une petite Mazette. »

    Et… Bon Anniversaire, of course !

  15. MiniPhasme

    Euh… mon commentaire a été avalé…

  16. Siganus Sutor

    Euh… merci MiniPhasme. Celebrating our 45th anniversary (Mazette* ! vous en avez une de ces mémoires !)

    Et on se demande (moi notamment) ce que Maupassant entendait au juste par ce mazette-là, lui qui était normand si je ne m’abuse.

     

    * en français dans le texte

  17. MiniPhasme

    Hello, Siganus !

    Le Mazette que vous m’adressez reste à bémoliser ; deux de mes proches le fêtent également.. 🙂
    Maupassant l’associait peut-être au « joueur maladroit en particulier aux échecs » dixit le PL ; si ma mémoire ne me joue pas des tours, Maze n’est qu’un cavalier* manipulé sur un échiquier…

    * ou un mauvais cheval (amusante, l’évolution des figurines…)

  18. Il me semble bien pourtant que je possédais déjà le DHLF à cette époque…Pourquoi ne m’en suis-je pas servi? Mystère et acte manqué…
    Je recopie:

    Mazette est généralement interprété (1622 ) comme un emploi métaphorique du dialectal mesette , « mésange » ( normand, franc-comtois) issu de mésange par changement de suffixe. Ce type de transposition d’un nom d’oiseau à une désignation péjorative d’animal ou d’homme a d’autres exemples avec criquet, linotte, mauviette. P.Guiraud préfère cependant voir dans mazette le diminutif de l’ancien français maez, maes, maïz, mais , « mauvais » ( du latin malifatius ) mais son hypothèse, cohérente avec son interprétation de mauvis ( → mauviette), manque d’une base observée.
    Le mot a désigné, par péjoration, un mauvais petit cheval et, familièrement, (1640), une personne malhabile, un homme sans courage (1648). Il n’est plus guère employé qu’en interjection (1834, mazette!) pour marquer surprise ou admiration.

    Remerciez Alain Rey, pas moi!

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