Dévider

Dévider.
Verbe transitif.

Vider (rendre vide un contenant en enlevant ce qui était dedans).

Devider_un_seau_92Hé toi, ne dévide pas ce seau-là ici ! Fais-le plutôt sur une plante, pour qu’elle profite de l’eau.”

Je n’ai pas dévidé le drom depuis deux mois, mais ça n’a pas trop fait la gomme.”

L’eau était boueuse. On a eu à dévider les tanks et faire venir des bowsers.”
(Entendu en novembre 2012.)

Le cargo qui transporte 32 tonnes de riz [sic] faisait route vers la Côte d’Ivoire quand il a été stoppé de son trajet après une avarie de moteur. Les courants l’ont alors poussé sur les récifs du nord de l’île. Après les réparations nécessaires, le commandant s’est rendu compte que l’eau inondait la salle des machines. La Mauritius Port Authority (MPA) a alors décidé de dévider les 1 000 tonnes de fiouls se trouvant dans les cuves du bateau avant de le faire remorquer jusqu’à Port-Louis.”
(Le Matinal, 21 août 2011.)

Devanand Ramkhelawon a de l’émotion dans la voix lorsqu’il évoque le mardi 25 septembre. Un peu après 18h ce jour-là, alors que son ami Sunilduth Bungshee l’aide à ramasser les sacs poubelle, ce dernier entend un bruit provenant des ordures à quelques pas d’eux. Sunilduth Bungshee a alors la réaction suivante : « Devanand, mo krwar ena enn sat ou enn lisyin ki pe plore, » mais refuse de s’y aventurer. Devanand Ramkhelawon se dirige vers le petit carré en béton réservé aux ordures et dévide un à un les sacs poubelle. Stupeur… il découvre à l’intérieur de l’un des sacs un nouveau-né de sexe féminin ayant encore son cordon ombilical.”
(Week-End/Scope, 11 novembre 2005.)

Dans une cuve, les pulpes sont mélangées aux sucres et aux pectines de fruits. La cuisson prendra 2h à 2h30, « il faut noter que des contrôles sont effectués à différentes étapes. Le taux de sucre, d’acidité, de cuisson sont vérifié avec un facto mètre et un ph metre. Tous les paramètres doivent être atteint », explique Reaz Gunga. Une fois la pâte prête, c’est le travail d’un petit groupe de 4 femmes qui commence. À chacune sa fonction. L’une à l’aide d’un broc prend la pâte d’un sceau [sic] pour le disposer sur un plateau. Une autre égalise la pâte et enlève le surplus. Une troisième femme tient adroitement une plaque sur laquelle retombe l’excédent. La quatrième prend ensuite le plateau pour le disposer sur des étagères. Les mêmes gestes sont répétés jusqu’à ce que le sceau se dévide.”
(Week-End/Scope, 24 septembre 2008.)

Grand-Baie est l’illustre exemple d’une de nos plus belles plages métamorphosée en eye-sore et qu’aucun de nos lointains visiteurs qui auraient fait les 20,000 km ne voudrait voir.
Parallèlement, Trou-aux-Biches, qui a été sacrée la plus belle plage mondiale en 2011, se voit petit à petit mais sûrement dévider de son sable
.”
(Week-End, 23 janvier 2012.)

L’Ile Maurice c’est vraiment un plaisir pour certains. On nous dévide les poches, devient propriétaire des plages et on s’en fiche de notre vie.”
(L’Express.mu, commentaire d’article, 19 janvier 2012.)

Le leader du Parti Mauricien Social Démocrate, Xavier-Luc Duval annonce un budget responsable. Celui-ci sera présenté le 4 novembre prochain à l’Assemblée Nationale. « Ce n’est pas un budget électoraliste. Lorsqu’il sera présenté, vous serez alors convaincus que les législatives ne sont pas derrière la porte », a déclaré le vice-Premier ministre et ministre des Finances lors d’un congrès du PMSD, à Terre-Rouge, ce dimanche 23 octobre.
« Nous ne pouvons pas dévider la caisse, puis subir la famine trois mois plus tard », a-t-il ajouté
.”
(L’Express, 23 octobre 2011.)

Hans Nayna, 24 ans, a été appréhendé à sa descente d’avion le 24 mai dernier par les hommes de l’Anti Drug & Smuggling Unit (ADSU) avec 408 g de gandia, dont la valeur marchande est estimée à Rs 183 000. À sa descente d’avion, lors d’une fouille, les douaniers avaient remarqué que son sac à dos était anormalement gros après avoir été dévidé.”
(Le Mauricien, 3 septembre 2014.)

‘Bassin Cahin’ a aussi été dévidé de son eau dans le but de trouver des indices pouvant mener au meurtrier. Des indices ont été relevés.”
(Le Matinal, 27 février 2014.)

“Merci de vous assurer que votre "shopping bag" est bien dévidé afin d'éviter un contrôle de routine.” – Photo prise au Super U de Grand Baie – Copyright : Christopher.

Merci de vous assurer que votre « shopping bag »
est bien dévidé afin d’éviter un contrôle de routine
.”
– Photo prise au Super U de Grand Baie –
Copyright : Christopher.

Le Petit Robert (2006) parle du verbe dévider dans les termes suivants : « 1. Mettre en écheveau (le fil qui est sur le fuseau ou sur les bobines d’un métier à filer). » Il s’agit dans ce cas de dérouler le fil pour le replier sur lui-même d’une manière telle qu’il ne s’emmêle pas. D’une façon plus générale, il est là question de dérouler le fil enroulé sur une bobine (cf débobiner) ou un autre objet. Sur un bateau on peut aussi laisser filer une ligne, une corde préalablement lovée, et on parlera dans ce cas de “dévider un cordage”. La deuxième acception du dictionnaire a trait au fait de manipuler certains objets filiformes, notamment ceux liés à une pratique religieuse : « 2. Faire passer entre ses doigts. – Dévider son chapelet, son rosaire. »

Il n’est donc pas possible, selon les définitions du dictionnaire ci-dessus, de dévider un seau d’eau, la caisse d’une boutique, un réservoir ou un sac, qu’il soit “poubelle” ou pas, tel qu’on le voit dans les exemples et les citations figurant plus haut. Cet usage, celui qui consiste à se servir de “dévider” à la place de “vider”, constitue une particularité mauricienne. Cette façon de parler se retrouve chez les Bourbonnais aussi, régionalisme mentionné dans le Dictionnaire historique de la langue française (2010, page 2454) : « ▪ Le verbe s’emploie pour “vider” en français de la Réunion (dévider ses poches ; aussi au figuré, dévider son cœur). »

En français dévider est attesté depuis le XIe siècle au sens de « mettre en écheveau (le fil qui est sur le fuseau que l’on vide ainsi) » (DHLF), sens toujours en vigueur, ce qui a donné naissance à des termes tels que “dévidoir” (nom d’appareil de tissage, XIIIe s.), “dévidement” (action de mettre le fil en peloton, XVIIe s., fait de se dérouler, XIXe s.), “dévideur” (personne qui dévide le fil, XIXe s.) ou “dévidage” (action de dévider, XVIIIe s.). L’usage mauricien pour des choses qui n’ont rien à voir avec le fait de dérouler un objet filiforme est influencé par le créole, langue dans laquelle n’existe que le verbe dévider (dévid enn tank, enn drom, enn séo, enn karay, enn caisse camion, enn boite ; dévid so pos, so sac, so lakaz). Ce mot créole est l’équivalent exact du verbe français vider, auquel il ressemble tant qu’il s’est parfois substitué à lui en français “local”.

Dictionnaire historique de la langue française, p. 2454.

Dictionnaire historique de la langue française, p. 2454.

15 réponses à “Dévider

  1. Lorraine Louise lagesse

    DEVIDER. À un impact PLUS FORT PLUS PRÉCIS ET DE DÉVIDER LES TRIPES D UN POISSON EST PLUS CONVAINQUANT QUE DE JUSTE VIDER,,,,ET D AILLEURS CES 2 MOTS SONT DE LA MÊME RACINE,,,
    ICI QUAND IL PLEUT, C EST GROS GROS LA PLUIE,,,,ON A VU CELA DEPUIS QQS JRS,, !!!!! DONC NOS SUPERLATIFS COLLENT BIEN À NOTRE CRÉOLE SI COLORÉS ,,,,MOI JE SUIS PR DÉVIDER MON SAC AVEC QQ UN ET NON VIDER,,,DÉVIDER C EST COMME INONDER ,,,,,SANS RETENUE,,,,
    CORDIALEMENT,,,L

  2. Siganus Sutor

    Lorraine Louise, ne vous retenez pas. 🙂 Si je vous suis bien, les choses sont plus vides lorsqu’on les dévide plutôt que lorsqu’on les vide ?

    Dévider les tripes d’un poisson, en bon français cela reviendrait à les dérouler. Pourquoi pas ? Les Français, eux, parleront peut-être de “vider un poisson” — ou sa tirelire.

    À ce sujet Pagnol a un passage très imagé : « Je courus au pin le plus proche, et j’y grimpai, épouvanté. Je m’assis à califourchon sur une grosse branche, craignant l’apparition subite d’un sanglier blessé, celui-là même qui avait dévidé sur dix mètres les entrailles du braconnier manchot. » (La Gloire de mon père.) On ne sait pas si après avoir perdu un bras puis ses tripes le braconnier était toujours en vie, mais j’ose croire que dans ce cas l’emploi du verbe dévider correspond bien à ce dont vous parliez plus haut.

    Dans le droit-fil, si je puis dire, du passage ci-dessus, nous avons quelque chose de plus ambigu sous la plume d’un Mauricien du XIXe siècle (né à Pau toutefois et ayant vécu principalement en France), Paul-Jean Toulet, lequel a tenu un journal lors d’un voyage au Moyen-Orient : « Il s’est fait des horreurs pendant la guerre des Fellahs. Une jeune fille grecque à qui on arrache les yeux, pour remplir les orbites de pétrole, allumé ensuite. Un Français dont on scie le cou. Un homme dont on dévide les boyaux. Cela s’appelle les ‘événements’. » (Journal et Voyage, Alexandrie, 22 novembre 1888.) A-t-il parlé comme Pagnol ? Sans doute que oui, car les boyaux, c’est long, donc ça peut s’enrouler et se dérouler. S’il avait parlé comme un vrai Mauricien, il aurait plutôt écrit qu’on lui avait “dévidé de ventre” (le contenant).

  3. Christopher

    Quand l’ATM est complètement dévidé, il faut attender pour le repleindre (sic). Qui sann-la n’a pas gagne la comprenaison ?

  4. Lorraine Louise lagesse

    SANS AVOIR À COMMETTRE AUTANT D ATROCITÉ CITÉES PAR SIGANUS,,,,DÉROULER OU DÉVIDER,,,OU VIDER , LE TOUT À LES MÊMES RÉSULTATS,,,SE DÉBARRASSER,,,,D UNE QQ CHOSE QUI NOUS EMBARRASSÉ,,,,DÉVIDER SES BOYAUX EST UN GRAND SOULAGEMENTS,,,
    ET COMME NOUS SOMMES DES MOICIENS. , RESTONS AINSI,,,ET PARLONS ,, PEU , MAIS BIEN NOTRE PATOIS FRANCO CREOLO ANGLO INDIANO ,,,,MORICIANISME,

  5. Remplir et plein,,,sont malgré tout deux termes un peu cousins oui mais n ayant à la fin divers significations bien distingue,,sorry le mot n est pas korrect,,,,on fait le plein en ré chargeant sa batterie,,,,son essence d auto mais on rempli sa vie d amitiés,,,d INTERETS
    est ce repleind CHRISTOPHER???PEUT IMPORTE LE MOTS UTILISÉS POURVU QU IL FASSE COMPRENDRE CE QUE NOUS SOUHAITONS DIRE,,,ET MO PLEIN AVEC ZOT QUI PAS PE COMPREND,,,,,

  6. Siganus Sutor

    Oui, Christopher, un ATM est un contenant, qui contient du… liquide. En toute logique il peut donc se dévider.

    Lorraine Louise, je ne sais pas si j’aurais aimé qu’on me dévide les boyaux, même si on les suspend comme des chapelets de saucisses dans Port-Mathurin.

  7. Au premier abord ‘dévider’ me semble un peu bizarre, mais on s’y fait très vite (sauf pour les boyaux que je ne peux pas m’empêcher de voir déroulés… et qu’alors il me paraît dur de ‘repleindre’)

  8. Siganus Sutor

    Zerbinette, en lisant vos trois premiers mots j’ai d’abord cru que vous causiez mauricien. “Au premier d’abord” est une expression bien locale, en créole, pour dire “tout d’abord”. Mais à la deuxième lecture j’ai vu que le “d-apostrophe” manquait.

    On s’habitue à tout, même au plus bizarre. Alors pourquoi pas “dévider” ? Il me semble qu’on aime bien créer des mots en utilisant le préfixe dé- sur Mars : “dévirer” pour “renverser” ; “délâcher” pour “défaire” (les lacets par ex.) ; “démailler” pour “démêler”, “disentangle” ; “décloqué” pour “démis” (une épaule par ex.) ou “délaminé*”, “qui se détache” (un crépi par ex.) ; “décorder” pour “détordre” (une corde ou une lance cordée) ; “dégoutter” pour “goutter”, “couler” ; “défalouté” (péj.) pour “foutu”, “cassé”, etc.

    Mais il est vrai que ce préfixe-là est loin d’être rare en français : déminer, déchaîner, défaire, décoloniser, démonter, dégorger, désapprouver, desceller, décaler, décavé, dégriffé, etc. Parfois on a un peu de mal à comprendre la raison-d’être du préfixe exprimant la négation, l’action contraire, la privation, la cessation, l’éloignement, la séparation ou la destruction. Même si ce n’est pas toujours de cela qu’il s’agit, il peut être amusant de le voir ainsi dans les mots dé-buter, dé-céder, dé-périr, dé-charge, dé-bile, dé-cati, dé-traqué, dé-piler, dé-battre, dé-barras, dé-bander, dé-mol(l)ir, dé-couper, dé-conner, dé-finition, dé-lire, dé-ment (et dé-mentir), dé-fonce, dé-généré, dé-tracteur, dé-marche, dé-primer, et bien d’autres encore. Les mauricianismes évoqués au paragraphe précédent ne sont finalement que quelques gouttes d’eau déversées dans un océan.

     

    * tiens, délaminé ne figure pas dans le Petit Robert

  9. Sig
    Au premier d’abord vous parlez d’évidence…
    Je me rentre à l’ombre, faire ma pelote, mais ne comptez pas me voir dévider un rosaire.
    http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definition/d%C3%A9vider

  10. …. « Qui [tel Arcadius] dévidât mieux un cas de conscience ».

    ps : qu’est-ce qu’un rosaire ‘enfumé‘ ? Que ne ferait-on pas pour une rime !

  11. Christopher

    Siganus, réflexe conditionné ? J’ai pas pu m’empêcher de penser à toi; check ça: la photo qui fait le buzz.

  12. Christopher

    « réflexe conditiionnel » serait mieux.

  13. zerbinette

    Est-ce qu’il pleut souvent à Maurice ?

  14. Siganus Sutor

    Hey, Christopher, bonnto net sa ! Le buzz ne m’a pas atteint, semble-t-il, mais ce qui figure dans l’article du Défi est absolument dé-goû-tant ! (Je ne parle pas là des cancrelats.) La chose me rappelle une conversation entendue lors d’une réunion tenue en 2012, réunion au cours de laquelle des notes de meeting ont compris les mots suivants : “Il y avait des infiltrations partout. Pendant que les travailleurs mangeaient, de l’eau dégouttait dans leur nourriture.” Cela avait cependant été écrit avec 2 -t, comme dans le mot “goutte”.

    La pluie à Maurice, Zerbinette ? Disons tous les jours. Mais le soleil brille aussi tous les jours. Comme dirait la station (cryptée) de Vacoas : “beau à mi-couvert avec ondées”.

  15. MiniPhasme

    Hello, Siganus !

    Sans la version scatologique de l’incontournable Rey, je vous aurais bien proposé de dévider votre sac… 🙂

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