Mortalité (2)

<<<   Mortalité (1)
(Décès dans l’entourage d’une personne.)

 

1/ Toute personne ayant une mortalité chez lui doit informer le responsable du cimetière au moins trois heures avant les funérailles, et lui remettre les frais funéraires et ses documents attestant le décès.
 

8/ Dorénavant aucun terrain ne sera mis en vente sans qu’il y ait une mortalité.

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mortalité

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Les souvenirs de l’île Maurice pré-indépendante du Dr Mansoor sont marqués par l’élan de solidarité qui existait entre les voisins. ‘Quand il y avait une mortalité dans une famille, par exemple, tous les voisins contribuaient, apportaient un demi-quart de thé ou de sucre pour la veillée mortuaire. Cela, parce que les gens étaient pauvres. Dans la pauvreté, il y avait la solidarité, la sympathie.’
(Week-End/Scope, 14 mars 2008.)

Le président de la société a la dent dure envers les conseillers qui, selon lui, ne contribuent en rien au développement du village. ‘Ils sont présents juste pour distribuer des prélarts* et des chaises quand il y a une mortalité’, dit-il.”
(L’Express, 13 octobre 2008.)

‘Selon nos conditions de travail, un infirmier devrait effectuer 4 nuits par mois. En raison du manque de personnel, nous avons été amenés, après discussions, à en faire 5. Mais depuis quelque temps, nous sommes contraints à en faire 6, 7, 8. Cela n’est pas possible’, dit C. Kureeman. ‘Il ne faut pas nous prendre pour des robots’. ‘Avec cette circulaire, plus personne n’a le droit d’être malade, d’avoir une mortalité ou un mariage dans la famille’, dit le syndicaliste.”
(Week-End, 17 octobre 2010.)

Prenons un exemple, dans le passé quand il y avait une mortalité chez un voisin, le voisinage n’écoutait pas de musique durant un mois. De nos jours, dès le lendemain les voisins écoutent de la musique.”
(Week-End/Scope, 11 novembre 2009.)

Elle a beaucoup de clients. ‘Ils viennent de partout. C’est de bouche à oreille que je me suis fait beaucoup de clients. Ils viennent acheter des fleurs pour toutes les occasions : célébration de mariage, fiançailles, anniversaire ou pour une mortalité.”
(L’Express, 21 février 2007.)

L’entreprise familiale de pompes funèbres qui compte plus de 75 ans d’expérience a été d’ailleurs la première, en 1982, à proposer, outre le cercueil et le corbillard, de nouveaux services à des personnes confrontées à une mortalité.
À ce jour, Elie & Sons offre, entre autres, des services d’embaumement, de transfert du corps, de canapé* réfrigérant, de maquillage, de literie, de chorale et assure l’ensemble des démarches administratives autour d’un enterrement.
La petite entreprise qui emploie une quinzaine de personnes offre ses services dans une fourchette de Rs 3 000 à monter* en fonction de ce qui lui est demandé
.”
(Week-End, 29 octobre 2006.)
 

Parfois le mot mortalité, dans l’acception particulière que l’on rencontre dans un contexte mauricien, se retrouve dans un texte n’ayant a priori rien à voir avec Maurice :

Votre mariage est un événement exceptionnel dans votre vie, car vous allez unir votre vie à celle que vous aimez devant tous les êtres qui vous sont chers. Vous avez certainement déjà pensé à tout que ce soit les bagues, la robe, les fleurs ou encore le buffet et vous allez tout mettre en œuvre afin que ce moment soit vraiment unique et parfait. Toutefois, hélas, il y certains événements comme une mortalité ou l’hospitalisation d’un proche sur lesquels vous n’avez aucun contrôle et qui peuvent justifier une annulation de votre mariage. Nous savons aussi qu’en matière de mariage vous devez très souvent faire des acomptes très importants, ce qui signifie une perte financière très importante en cas de report ou d’annulation de cet heureux événement. Pas de panique, l’assurance mariage en ligne vient à votre rescousse !
(Assurance en Ligne, © 2005-2011.)

A parcourir ce site, où il est questions de “mutuelles”, d’“assurance Grenoble en ligne” ou de “mutuel Bretagne”, on comprend qu’il s’agit d’une assurance destinée à un public français. Dans ce cas que fait là ce mortalité synonyme de décès ? Sans doute qu’à l’heure de l’“outsourcing” faut-il voir là un effet de l’externalisation, donc de la mondialisation.
 

 

* autres mauricianismes

9 réponses à “Mortalité (2)

  1. Mortalité vient effectivement d’un détournement du terme. Cela se rapproche de « la mort ». J’ai déjà entendu des choses comme: « Il y a eu la mort chez moi » ou « il y a eu une mort dans le village ». Pour peu on pourrait même extrapoler un « il y a eu une la mort chez mon voisin » o_0 .

    Par contre, le terme « natalité » ne me semble pas inclus en Martien, si?

  2. Siganus Sutor

    En effet, Pépé, on n’utilise pas le terme natalité pour parler d’une naissance. On parle de nésans. (Autrefois on disait apparemment lanésans, l’article français ayant été agglutiné au nom comme dans beaucoup de mots créoles. Il est assez étonnant de voir que ce substantif a été dépouillé de son article. Sans doute a-t-il été trop vu comme étant un article, justement, et non une simple syllabe du mot — probablement sous l’influence du français.)

    Les gens s’absentent souvent au travail pour « enn mortalité » ou « enn lamor ». Bien plus rarement s’absentent-ils pour « enn nésans ». Ce déséquilibre me paraît refléter un trait de société, la sur-importance qu’on accorde au décès par rapport à la naissance. (Il est toutefois vrai qu’on a toujours le temps, plus tard, d’aller voir le nouveau-né, alors qu’un macchabée ne peut guère attendre, lui.)

  3. >Siganus
    Joli mot ce « macchabée » qui, comme « macabre », a l’origine dans les célèbres frères. Je viens de m’apprendre que notre « macabro » est tiré de votre « macabre ».

  4. @Siganus, c’est peut-être un réflexe mondialement connu que de prendre des journées pour « lamor ». Dans Pratchett, Sam Vimes (commandant en chef de la garde) cherche à améliorer les conditions de travail de ses hommes et demande « au moins 4 jours d’absence par homme et par an pour la mort des grand-mères ».

    Pour « lamor » de l’article de « lanésans » je pense aussi que la longueur rajoutée par l’article dans le mot peut avoir eu un rôle à jouer. En Martien, on n’aime pas les mots trop longs. Ceci dit, on s’est quand même excités avec le Chikungunya.

    @Jesús, sur Mars, on a même une forêt qui s’appelle la forêt de Macchabée. Je me pose des questions sur l’origine du nom maintenant.

  5. >Pépé le Beagle
    Chez nous, « Macabeo » est un prénom et aussi le nom d’une variété de raisin.

  6. In Algherese, the Catalan dialect of the city of Alghero on the island of Sardinia, there are two sets of definite articles. The usual ones, under the influence of the Sardinian language, start with s rather than l, from Latin ipse rather than ille. The l-articles are used for abstractions. So la mort means ‘Death’, abstract or personified; sa mort means ‘the death’ (of which we were speaking).

    It’s natural in all languages, I think, for people to use fancy terms for death. In English people avoid saying died, especially for a recent death: they (but not I, I dislike it) speak of people passing away.

  7. Siganus Sutor

    « My friends say that I know at least something about practically everything ».

    John Cowan, are you telling us that you are knowledgeable in an obscure dialect of Sardinia? La sardine et son compère le cordonnier en restent baba ! What you say about la mort and sa mort is interesting in many respects. It looks so French one cannot imagine it to be from Sardinia. Then, the fact that the article changes whether we speak of death in general terms or whether we speak of a specific death seems quite unusual to me. Do you know if the same principles apply to concepts other than death?

    Yes, sometimes people don’t want to use the word death, mort, lamor, to die, etc., and they prefer to use some form of euphemism instead. Funnily enough, “he’s gone” — while still alive — in Creole is commonly “li finn alé” (French verb aller), while “he’s gone” — he has died — is sometimes said “li finn parti” (French verb partir), the second expression being the one used when somebody is leaving the island, as in “mo ser inn parti yer, li pe al emigre Canada” (my sister is gone yesterday, she is migrating to Canada), a quote from the Diksioner Morisien, which gives the verb parti as “to go abroad”.

    If you don’t like to pass away, I don’t like décéder, which tends to be used in Creole as well, as in “linn désédé” (he has deceased), an expression that doesn’t seem very Creole to me. (By the way, desede is not in the Diksioner Morisien.) I would rather used “trépasser” than “décéder” if there was not much chance that people thought I was poking fun at their lost one.

    I, too, wouldn’t use to pass away. I wouldn’t use to depart either, but that would nonetheless sound more acceptable to my ears. I would much prefer to use the expression to kick the bucket, which has always amused me, even if I have no clue about its origin. I also don’t quite like demise, though I can’t really explain why (too formal maybe).

    English, like probably a lot of other languages, have some colourful expressions to talk of death: the already-mentioned “to kick the bucket”, but also “to pop one’s clogs”, “to croak”, “to check out” and a bunch of other less obvious expressions that can be found on thefreedictionary.com at the entry for die, like “buy it (U.S. slang)”, “peg out”, “buy the farm (U.S. slang)”, “cark it (Austr. & N.Z. slang)”, “hop the twig”. Do you know something about their meaning/origin? And do you know others?

    In French “manger les pissenlits par la racine” (to be pushing up the daisies, literally “to eat the daisies by the root”) is self-explanatory, and I quite like it. “Passer l’arme à gauche” (shift the weapon to the left) is more obscure. What my Harrap’s says about it:

    The expression “passer l’arme à gauche”, meaning “to die”, comes from military terminology, referring to the position in which soldiers hold their weapons when they stand at ease; this is because in French the expression for “to stand at ease” is “être au repos” which can also mean “to be at rest”, ie dead.”

    And another good one is “casser sa pipe” (to break one’s pipe), which gives the image of a sudden death, a death so sudden that the pipe you had been smoking just fell out of your mouth and broke on the ground. “Partir les pieds devant” (to leave feet first) doesn’t need much explanation either, just like “avaler son bulletin de naissance” (eat one’s birth certificate), which Harrap’s translates as “to cash in one’s chips”, the meaning of which is obscure to me.

  8. J’avais pensé à « clamser« , et j’ai ré-entendu récemment un autre mot que j’avais oublié: « caner« .

    Je connaissais une autre explication pour « casser sa pipe », celle du marin qui cassait sa pipe car il pensait qu’il allait mourir.

  9. Siganus, John Cowan: je ne suis pas sûr que la distinction entre LA MORT et SA MORT en Catalan Alghérois s’explique en raison d’une influence sarde (le Catalan Alghérois se parle en Sardaigne, mais est une langue bien distincte de la langue sarde): la même distinction (qui s’applique à bien d’autres choses que la mort) se fait dans bien d’autres dialectes catalans, notamment ceux des îles baléares (et si le catalan s’y parle, comme en Sardaigne, c’est pour la même raison que le français et un créole français se parlent sur Mars, à savoir l’expansion maritime d’une puissance européenne: au Moyen-âge la Catalogne était une grande puissance de l’espace méditerranéen).

    En passant, le Catalan (enfin, certains de ses dialectes) est probablement la langue romane la plus complexe en ce qui a trait aux articles: en plus de la distinction entre les articles définis en s- et ceux en l-, il y a aussi un article défini dont on ne se sert qu’avec les personnes (masculine EN, féminin NA), en plus bien entendu de l’article indéfini.

    « Manger les pissenlits par la racine » est une expression assez livresque ici: on la retrouve cependant dès les premiers paragraphes de ce que certains croient est le plus grand roman québécois, et peut-être canadien, jamais écrit: L’AVALÉE DES AVALÉS, de Réjean Ducharme.

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