Fourchette

Fourchette.
Nom féminin.

Fourche (outil pour les travaux agricoles).

Fourchette_85De tout temps mon grand-père a aimé cultiver la terre. Même âgé il continuait à planter ses légumes. À sa mort ma mère a hérité de sa fourchette.”

Le Mahatma Gandhi Institute met en scène au Mauritius Institute l’histoire des outils qui ont servi à labourer la terre, à planter la canne. Serpes, pioches, fourchettes, pik, arrosoir et autres bons génies du monde agricole, ont quitté, le temps d’une exposition, le Folk Museum of Indian Immigration du MGI, pour conter les dessous de la canne à sucre.”
(L’Express, 23 avril 2006.)

Délaissant leur train-train quotidien de la programmation logicielle pour une journée de bienfaisance à destination des habitants de Trois Boutiques, les employés d’Infomil ont, pendant une journée ponctuée de coups de pioche, de fourchette et de râteau, transformé un terrain en friche en un jardin potager clôturé.”
(Le Matinal, 5 octobre 2011.)

Les employés d’Infomil (Mauritius) ont délaissé, jeudi, leur train-train quotidien de la programmation logicielle Fourchette_(jardin)--Reclame_Espace_Maison pour une journée de bienfaisance à l’intention des habitants de Trois Boutiques. Une journée ponctuée de coups de pioche, de fourchette et de râteau, pour transformer un terrain en friche en un jardin potager clôturé où pousseront laitues, carottes, brèdes tom pouce et bringelles pour les habitants nécessiteux.”
(Le Mauricien, 8 octobre 2011.)

FourchetteRs 575.91 Rs 403
Fourchette Jardin (Lasher) – Rs 732.59 Rs 586”
(Publicité d’Espace Maison & Jardin.)

Le présumé assassin Sanjeev Nunkoo, 32 ans, habitant de Beau Bassin, a confessé avoir tué Hélène Lam Po Tang, 61 ans, à coups d’une fourchette de jardinage et d’un couteau, sur les instructions de son patron Gary Lam Po Tang, l’époux de la victime.”
(Le Matinal, 30 octobre 2010.)

La victime gisait dans une mare de sang après avoir été agressée de pas moins de 25 coups de « Trishul » ou (fourchette de jardinier) et de couteau en son domicile à l’avenue des Roses, Morcellement Swan, à Baie-du-Tombeau.”
(Week-End, 31 octobre 2010.)

Or, à ce jour il n’y a nulle trace de la fourchette à main utilisé en jardinage qui a aussi servi à agresser Hélène Lam Po Tang ni n’en fait-il implicitement mention dans ses aveux. A l’autopsie de la victime, le chef du service médicolégal de la police, le Dr Sudesh Kumar Gungadin mentionne toutefois l’utilisation de cet outil à trois dents.
En effet, sur les 25 plaies répertoriées sur le corps de la victime, seules quelques unes ont été causées par un couteau. L’ex enseignante a été frappée à la tête avec un tube métallique avant d’être lardé de coups de couteau et frappé avec la fourchette, sans doute prise, par l’un de ses deux agresseurs parmi les outils que la victime utilisait pour s’occuper de ses plantes
.”
(L’Express, 3 novembre 2010.)

Selon le constable Yasine Chady de la Scene Of Crime Office, Hélène Lam Po Tang a reçu 28 coups de couteau et de Votez_9_fourchettes_(Lalmatie)_30 fourchette de jardin, dont 17 dans le dos.”
(L’Express, 12 novembre 2011.)

Ram Hurree est un agriculteur heureux. Ou presque. Ses terres, à La Marie, lui rapportent 8 à 9 tonnes d’oignon par récolte. Leur mécanisation et leur irrigation ont réduit drastiquement ses coûts. “Aucune nécessité de biner la terre à coups de pioche et fourchette”, dit-il, non sans fierté.”
(L’Express, 30 mai 2006.)

À l’entrée fourchette, au sens premier le Petit Robert ne parle que de l’ustensile de table dont on se sert pour piquer les aliments. Suivent une demi-douzaine de sens dérivés de l’aspect fourchu de la chose, de la pièce soutenant un fléau de balance à l’écart entre deux valeurs extrêmes. À aucun moment n’est-il fait mention d’un outil utilisé pour le jardinage ou les travaux de ferme. Idem pour le Grand Larousse. Tout au plus dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert mentionne-t-on, sous le nom de fourchettes, de petits bâtons enfoncés dans le sol pour soutenir des cloches de verre :

Fourchettes, (jardinage) sont de petits bâtons de bois taillés à dents, que l’on enfonce autour des cloches de verre placées sur les couches, pour les élever, afin de donner de l’air aux plantes. Il y a plusieurs étages à ces fourchettes, qui peuvent aussi, étant plus fortes, soûtenir des paillassons & brise-vents.

À Maurice le mot fourchette est le plus souvent utilisé pour parler de l’ustensile dont on se sert pour manger ou manipuler de la nourriture — même si beaucoup de gens préfèrent la cuiller à la fourchette pour manger leur riz —, mais il existe aussi ce sens second (l’outil) qui semble être absent du français standard, sauf, peut-être, en certaines occasions, pour parler de petits outils de jardinage relativement proches de l’ustensile que l’on trouve dans la cuisine. Il ne semble pas que le mot fourchette soit jamais employé en France pour parler de l’objet de grande taille qu’on manipule à deux mains et qu’on peut enfoncer dans le sol à l’aide du pied. À propos d’un tel outil, MM. Baker et Hookoomsing parlent d’un déplantoir — mot dont je n’avais jusqu’à l’heure jamais entendu parler et qui, selon Google images, se rapporterait davantage à une petite pelle qu’à une fourche, grande ou petite.

Diksyoner kreol morisyen, page 112.

Diksyoner kreol morisyen, page 112.

La deuxième acception mauricienne du mot — celle donc qui correspond à la fourche avec laquelle on creuse ou retourne la terre — doit peut-être son existence à quelque influence anglaise. Car en anglais un seul mot, fork, est utilisé pour parler aussi bien de la fourche que de la fourchette. (But this is far from certain.) Et si le verbe anglais to fork existe tout aussi bien que le verbe français fourcher, il semblerait que ce ne soit qu’en créole qu’on puisse foursété, ou fourcheter en version francisée.

– Mise à jour du mardi 4 décembre 2012 –
(Merci à C. pour la photo.)

Fourchette_(fourche)_421

14 réponses à “Fourchette

  1. lorraine D lagesse

    OUI BIZARRE CE TERME DE FOURCHETTTE ICI EN PARLANT D AGRICULTURE
    Il existe aussi les machines agricoles avec des fourchettes qui doit provenir de FOURCHE…
    mais nutilisons pas aussi le mot fourchette…pour parler d evaluation d un objet ou autre « entre une fourchette de prix » ?

  2. Siganus Sutor

    Il existe aussi les machines agricoles avec des fourchettes qui doit provenir de FOURCHE…

    Lorraine, il est évident que le mot fourchette provient du mot fourche, lui-même du latin furca (sans qu’on puisse apparemment remonter plus loin pour ce qui est de l’origine (obscure, uncertain) du mot latin lui-même). Comme l’indique le suffixe –ette, une fourchette est censée être une petite fourche, ce qui rend d’autant plus étrange l’habitude mauricienne consistant à appeler fourchette un objet de cette envergure.

    Extrait du Dictionnaire historique de la langue française (édition de 2010), page 880 :

    Dictionnaire historique de la langue française

    Sinon, comment sont-elles, ces machines agricoles munies de fourchettes ? Je n’ai pas le souvenir d’en avoir jamais vu une seule. (À moins qu’il ne s’agisse de ces tracteurs tirant une sorte de rouleau comportant des pointes qui repiquent le sol ?)

    Par ailleurs, une question de la plus haute importance, qu’il est probablement judicieux d’évoquer ici, est la suivante : pourquoi les Anglais mangent-ils les petits pois avec l’envers de la fourchette ? Il est vrai qu’ils sont parfois des originaux, mais là c’est quand même pousser le vice un peu loin. Si encore ils avaient eu pour coutume de piquer les petits pois un à un, passe encore…

  3. Le mot fourchet peut désigner un étai utile pour maintenir les branches d’un arbre trop chargé.
    Avec sa forme, ce fourchet (contraction de fourchetine ?) pourrait peut-être aussi désigner une fourche (à deux dents) pour transporter de la paille ou du fumier, comme dans cet extrait de Poète et paysan:
    « J’ai dans les mains un fourchet, le manche est poisseux, je charrie du fumier, les vaches me toisent. ».
    Fourchette s’obtiendrait en prononçant le t final « -ette » comme dans certains patronymes martiens (sur Mars, Guy Forget s’appellerait « Forgette »).

  4. Le portugais « forquilha » et l’espagnol « horquilla » (tirés aussi du latin « furca ») sont usités pour parler de l’objet de grande taille duquel vous parlez. Les mots usités pour parler de l’ustensile de cuisine n’ont rien à voir avec cette étymologie.

  5. In the United States, we scoop up peas onto the fork, neither stabbing them nor mashing them. This is difficult, and it’s usual to eat something else (potatoes, rice, meat, etc.) in the same bite to try to keep the peas in place. More rational would be to use a spoon, but this would involve a great deal of switching between fork and spoon, made worse because in North America the fork is held in the right hand, while still placed on the left side of the plate. People like me who mostly eat one item at a time are not bothered by this so much.

  6. lorraine D lagesse

    petit « poise » » disait ma grd mère pour » pois » machine agricole, etc etc…que vous dire??pour la façon de manger les ppois avec la fourche..si non que encore mon illustre grd mère disait qu il fallait le moins possible ouvrir en grand sa bouche pour enfourner les mets…et que le ppois ne devait pas etre piqué vulgairement…Pourquoi???i don t know…
    OUI les machines agricole avec des fourches commes des énormes piques…qu on dit « des fourchettes » »…
    Le trident est bien une grosse fourchette n est ce pas ,
    et le dieu de la mer devait bien « piquer » » sa peche avec cela….
    La fourchette a légumes contient bien 4 piques et celle du poisson 3…Pérqué??

  7. Siganus Sutor

    Jesús, le peu d’espagnol que je connais me suggère que le suffixe –illa signifie “petite” en castillan. (Oui, j’ai déjà lu Tortilla pour les Dalton.) Si jamais cela était, cela signifierait qu’une horquilla serait une petite furca, tout comme la fourchette en français étymologique. L’Académie royale espagnole aurait-elle une explication pour ce qui est de cette appellation en relation avec un objet suffisamment grand pour qu’une personne normalement constituée ne puisse pas la manipuler avec une seule main ?

    Et, accessoirement, comment appelle-on la fourchette de table en castillan ? (Et en fala ?)

  8. >Siganus Sutor
    Oui, « horquilla » vient du diminutif d’ « horca » (qui est le même objet mais aussi la potence). L’Académie seulement donne cette explication. Vraiment ce mot n’est déjà un diminutif ; seulement si on pense à une « horca » petite (comme un jouet) on pouvait dire aussi « horquilla » alors qu’il est plus probable d’employer « horquita » pour exprimer cette idée. Il se peut que l’acception de potence ait quelque chose à voir avec l’emploi le plus répandu de « horquilla » au lieu de « horca » : une sorte d’euphémisme par tabou.

    « Horquilla » est aussi votre épingle à cheveux et la fourche de la bicyclette. Par sa forme, « horquilla » ( et « horca ») est aussi l’outil employé pour étayer les arbres.
    Pour la curiosité, en galicien l’outil agricole est appelé « pala » tandis qu’en castillan ce mot est votre pelle. La polysémie fait que « pala » soit aussi l’outil des maçons en galicien.
    Quant à la fourchette de table, c’est « tenedor » (de « tener » : tenir). En fala, « teniol ». Et l’outil et la potence, « folca » ; le « f » initial latine reste dans ces mots sans changer par le « h » comme en castillan. Pourtant, comme néologismes présumés tirés du castillan et adaptés à notre phonétique, nous disons « ulcuilla » pour l’épingle à cheveux et la fourchette de la bicyclette.

  9. Siganus Sutor

    Zippo : Le mot fourchet peut désigner un étai utile pour maintenir les branches d’un arbre trop chargé.

    C’est ce que pour ma part j’appelle une fourche. Par exemple vous coupez une relativement grosse branche de votre goyavier. Vous gardez la section principale, en essayant de l’avoir la plus longue possible, et vous recoupez deux fois juste au-dessus de la prochaine ramification de façon à avoir une espèce de béquille à la Salvador Dali. Vous pouvez ainsi vous en servir pour soutenir ou soulever une branche de votre plant de letchi qui descend trop près du sol. Et pour autant que je sache cela porte le nom de “fours” — [furs] — en créole, jamais de “fourset”.

    Je ne sais si le mot français fourchet est une contraction — ou ‘apocope’ — de fourchetine (intuitivement j’aurais tendance à penser que non), mais il me semble peu probable que ce soit la forme écrite de fourchet, prononcé à la mauricienne en entendant le -t final, qui puisse être à l’origine de l’expression mauricienne fourchette en tant qu’outil agricole. Il me semble plausible que ceux qui se servaient le plus de l’outil au temps où l’expression “fourchette” a commencé à s’entendre à Maurice, eh bien que ces gens-là n’avaient qu’une très vague notion de la façon dont cela pouvait s’écrire — ou aucune notion du tout. Je pense bien plus probable que la forme orale existait avant que le mot apparaisse à l’écrit, si tant est même que certains aient parlé par écrit de la fourchette-outil à une époque éloignée de la nôtre. (Il faudrait voir si le mot figure dans les publications locales anciennes parlant d’agriculture.)

    Il est cependant intéressant d’avoir évoqué cette piste. Peut-être aurons-nous plus tard des éléments montrant que mon impression première était fausse et que c’est vraiment le fourchet qui est à l’origine de la fourchette en tant qu’outil. Il faudra cependant expliquer le changement de genre — à moins d’y voir une influence ultérieure de la fourchette en tant que couvert.

  10. Siganus Sutor

    qui est le même objet mais aussi la potence

    > En français aussi, selon les éditions Le Robert, la fourche était un gibet, comme on peut le voir sur cet extrait du Dictionnaire historique de la langue française :
    Dictionnaire Historique de la langue française (2010)
    Il y est question des “fourches patibulaires”, expression dont l’attestation ne remonterait cependant qu’à la fin du XVIIe siècle.

     
    Un même mot — pala — pour parler pêle-mêle de la pelle et de la fourche ? Ils sont fous ces ga(u)liciens ! Quand on sait que c’est aussi une raquette en bois plein du jeu de pelote basque, il y a de quoi perdre son latin.

     
    Quant à la fourchette de table, c’est « tenedor » (de « tener » : tenir)

    > Ce qui laisse à penser que le couteau et la cuiller n’ont guère besoin d’être tenus ! À Maurice c’est souvent la ligne qu’on tient. Quand on doit vous passer une personne au téléphone, on vous dit souvent “tenez la ligne”. Encore une influence anglaise…

  11. Siganus Sutor

    une « horca » petite (comme un jouet) on pouvait dire aussi « horquilla » alors qu’il est plus probable d’employer « horquita » pour exprimer cette idée

    Jesús, vous me faites prendre conscience qu’à côté du suffixe diminutif -et / -ette en français il existe aussi le suffixe diminutif -ille, que l’on retrouve par exemple dans escadrille (petite escadre), brindille (petit brin), barbille (petit barbe), négrille (petit nègre), fibrille (petite fibre). Et peut-être dans ce mot quasi-espagnol qu’est mantille, laquelle pourrait être une petite mante — mot lui-même apparenté à manteau.

    À ce compte-là notre fourchette agricole, si elle avait vraiment été de taille réduite, aurait pu avoir été appelée fourchille, ce qui aurait fait un bon pendant à la faucille.

  12. Siganus Sutor

    in North America the fork is held in the right hand

    Is it always so, John? Then what happens when you need to pin down your steak to your plate while cutting it with a knife? Do you hold the knife with your left hand? Upon seeing my daughter do it I could not help but think that she was somewhat bizarre, if not deviant, but she might only be (North) American after all.

  13. in North America the fork is held in the right hand
    Come again!!!, may be in some regions but where I am in Canada- fork is still kept in the left hand.
    However since I have lived and worked in the US , I have seen people cutting their steak into biting pieces in one shot in their plate and then use their fork in the right hand to eat their meal.

  14. Siganus Sutor

    Beaver, is it that difficult to fork things in one’s mouth (I didn’t say to shovel) with one’s left hand? One doesn’t need to be a leftist or an ambidexter* to be able to do the simplest of things with her or his left hand.

     

    * Notwithstanding the fact that some might see the movement of the right hand in dexterity and ambidexter.

     

    _______

    Il semblerait que les “fourchettes rouges” aient remporté quelques sièges lors des élections villageoises de dimanche dernier (cf. le billet précédent). Certaines fourchettes en carton pourraient éventuellement être utilisées anbalao, dans quelques mois, en guise de trishul lors du pèlerinage vers le “Ganga Saroovar” cher à Deltaman :

    From Le Mauricien, 4 December 2012

    Cela ne sera malheureusement pas possible toutefois, car le trishul est un trident, et dans l’un comme dans l’autre mot on a la racine tri-, trois. Une fourchette à quatre dent ne saurait donc être ni un trishul ni un trident.

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