Peser

Peser.
Verbe transitif.

Presser, appuyer sur, enfoncer.

Ce matin on pouvait entendre un mari dire à sa femme, à qui il changeait un pneu de voiture : “Pèse le frein un coup, pour que la roue ne tourne pas quand je lâche les boulons.” Ce qui a eu le mérite de faire revenir à l’esprit d’un collectionneur de mots qu’à Maurice on “pèse des boutons” (tant ceux qui sont sur un appareil ou sur un mur que ceux qu’on peut avoir sur la figure ou sur le dos), qu’on “pèse un taquet” (interrupteur), qu’on “pèse un bouchon” (en liège) dans une bouteille, qu’on “pèse quelqu’un sous l’eau”, qu’on “pèse son nez” (pour ou pour ne pas boire de l’huile) ou qu’on “pèse un frein” — entre autres possibilités. Cela ne signifie pas qu’on cherche à connaître la masse desdits boutons, taquets, bouchons, personnes, nez ou freins, en les pesant à l’aide d’une balance par exemple, ce qui pourrait correspondre à une acception normale du verbe peser en français standard, mais qu’on les presse, qu’on les enfonce, qu’on appuie dessus…

 

 

 

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Mise à jour du samedi 7 juillet 2012.

Extraits du petit dictionnaire de Nadia Desmarais illustré par Monique Raffray, Le français à l’île Maurice (imprimé par R. Coquet, Imprimerie Commerciale, Port-Louis, île Maurice, 1969) :


(Page 71.)


(Page XII.)

8 réponses à “Peser

  1. lorraine D lagesse

    hello simple petite idée bé bétte…
    Peut etre que ne pouvant pas bien prononcer le mot «  »presser » » on a dit alors perser…car on le dit aussi pour le linge qu on perse, le trou qu on perse…mais on perce par la pour voir une pièce…(fille ou garçon)

  2. « peser » pour « presser, appuyer sur, enfoncer ».
    En français de France, on emploie dans ce sens le verbe « peser » avec un COI introduit par « sur »: « peser sur » signifie « exercer un certain poids, une certaine pression sur » : on pèse sur une porte pour l’ouvrir ; un fardeau pèse sur l’épaule.
    Et j’apprends que nos cousins beaux provinciaux connaissent l’expression « peser sur le champignon» pour « accélérer ».
    Mais «peser» verbe transitif direct dans le sens d’«exercer une pression sur quelque chose» me semble être du pur martien !

  3. Siganus Sutor

    Lorraine, quand on “perce le linge” on le fait avec un -c, non ? Quant à “percer quelque part”, c’est “arriver quelque part”, “débarquer”, etc., qu’il y ait ou pas une pièce pour vous attendre — me semble-t-il.

    Leveto, en français “normal” (ou “normalisé” si vous préférez), “peser sur quelque chose” ce n’est pas simplement appuyer sur quelque chose. C’est appuyer dessus très fortement, en se servant de la pesanteur justement, donc en utilisant son poids propre. Je vois mal un Parisien peser sur la barre d’espace d’un clavier d’ordinateur, à moins que celle-ci ne soit complètement bloquée. Mais un Martien le fera lui : plus ou moins délicatement, du bout du pouce ou de l’index, il pèsera (sur) la space bar pour valider une commande ou pour faire tomber les briques du jeu de Tétris.

    En ce qui concerne la construction “peser quelque chose (ou quelqu’un)”, il est plus que probable que cette tournure du français parlé à Maurice ait été fortement influencée par le créole, langue dans laquelle il est possible de peser toutes sortes de choses, directement, transitivement. Hier soir, à la table du dîner, nous nous demandions quelle expression, quel mot, les Français emploient pour “peser un bouton”, opération consistant à extraire le maximum de matière répugnante de ces désagréables choses qui peuvent apparaître en relief sur la peau. Nous sommes pour ainsi dire restés sur notre faim. À moins que “presser un bouton” soit la formule consacrée (par l’Académie française) ?

  4. Siganus Sutor

    Leveto, pour revenir à ce que vous disiez à propos des Québécois qui utilisent l’expression “peser sur le champignon”, voilà ce que je viens de lire dans le Dictionnaire historique de la langue française à l’entrée peser :

    “□ En emploi concret peser sur, qui suppose en français de France un effort, correspond simplement à « appuyer », sens très vivant en français de Suisse, du Québec (peser sur le bouton) et qu’on a pu noter dans l’usage régional de Nantes, en France.”

    Peut-être faudrait-il signaler à Alain Rey et à ses collaborateurs l’usage de peser tel qu’il est rencontré à l’île Maurice.

     
    Par ailleurs, en jetant un coup d’œil dans ce Dictionnaire des termes mauriciens* offert par Aquinze, j’ai vu que le verbe peser figurait en bonne place – illustration et tout. Voir la mise à jour du billet ci-dessus.

     

    * Écrit, si j’ai bien compris, par la tante de Lorraine et illustré, si j’ai bien compris, par la cousine de Lorraine.

  5. «À moins que “presser un bouton” soit la formule consacrée (par l’Académie française) ?»
    Oui, il me semble qu’en France métropolitaine on emploie « presser » pour un bouton ( et quand je parle de bouton, honni soit qui mal y pense, je parle d’un bouton d’acné,et de rien d’autre!).
    Pour ce qui est de vos remarques à propos de « peser sur », j’agrée sans effort, comme Nadia Comăneci .

  6. Cobbler, quid des petites vieilles qui vont se faire ‘peser’ la tension artérielle au dispensaire du coin? Li fin al pese so tension.

  7. Leveto, hier nous avions une jeune Française chez nous et la conversation a brièvement dévié vers les éruptions cutanées dues entre autres à [Lakmé] l’acné. Selon elle — selon la jeune personne, et non selon Lakmé — en France on devrait percer des boutons.

    Gaël, il ne me semble pas avoir jamais entendu parler de “peser la tension”/“pez tension”. (Dans le domaine médical tout au plus dirais-je que le médecin a “pesé mon ventre”, pour dire qu’il l’a palpé, qu’il l’a pressé.) Mais cela ne veut bien évidemment pas dire que personne ici-bas n’utilise l’expression “peser la tension”, en quoi je verrais une allusion au fait que le brassard vous comprime le bras quand on le gonfle.

  8. Pézé nou allé kouma fizétt!
    Pézé = appuyer sur le champignon, brutalement

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