Va laver tes mains

“Souvent des fois”, en disant que je dois brosser mes dents, que je viens de couper mes ongles, qu’il faut que j’essuie ma bouche ou que je voudrais laver mes mains, je me fais la réflexion qu’un Français ne parlerait sans doute pas comme ça. Et je me dis que les Français parlant français disent plutôt qu’ils se brossent les dents, se coupent les ongles, s’essuient la bouche ou se lavent les mains.

Quelle n’a donc pas été ma joie de tomber à l’improviste sur des messages fleurant le mauricianisme, et ce dans une cuisine industrielle où il était demandé au personnel de laver ses mains et de couper ses ongles.

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Coupez vos ongles

Lavez vos mains

Mais est-ce bien sûr qu’il s’agit là de mauricianismes ? Ces petites affiches autocollantes ont-elles bien été rédigées par des Mauriciens ? Une enquête (contre X) doit être ouverte.

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Mise à jour du dimanche 29 mars 2015.

Sur le site internet de “SDM Protect”, “société basée dans l’Ain depuis 2001” qui propose entre autres des panneaux de signalisation :

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31 réponses à “Va laver tes mains

  1. This is extremely likely to be English influence: we put our hands in our pockets, not the pockets.

  2. Siganus Sutor

    John, it is possible that the British are to be blamed here (though it doesn’t seem absolutely certain as far as I am concerned). But the point is not about “our pockets” v/s “the pockets”, it is about the use of a pronominal verb, which is more frequent in French than in English or in “Mauritian”.

    F: Je me suis coupé le doigt — I cut myself the finger (one of mine).
    M: J’ai coupé mon doigt — I cut my finger.

    F: Je me suis cogné la tête — I hit myself on the head.
    M: J’ai cogné (tapé) ma tête — I hit my head.

    But the use of a reflexive pronoun doesn’t work the same way in English and in French. In fact I can’t think of any proper pronominal verb in English. And for that matter Creole is like English: monn koup mo lédwa, monn tap mo latet, lav to lamin, koup zot zong, li pé fouy so néné, etc.

  3. En ce cas précis, Siganus, je trouve tout à fait logique qu’on écrive : « Lavez vos mains » et non pas celles des autres !

    Quant à moi, je prends ma douche ou mon bain, car je ne les partage avec personne !

  4. Siganus Sutor

    Je me suis laissé dire qu’en Sibérie la salle de bains se partageait. Ou pas ? À moins que ce ne soit en Finlande.

    Oui, on lave ses propres mains sales, mais n’aurait-on pas plutôt dit, en France, “lavez-vous les mains” ?

  5. J’ai remarqué, depuis un moment déjà, combien vous semblez convaincu de la « mauricianitude » de ce « j’ai lavé mes mains » ou « j’ai brossé mes dents ».

    Pour moi, cependant, cette tournure ne connote pas une différence *régionale* (en admettant que le « français mauricien » soit une variante *régionale* du français de France), mais une différence *sociale*, du même ordre qu’ « aller au coiffeur », « avoir mal la tête » ou « le frère à mon père ».

    On pourrait résumer en disant qu’en France, aujourd’hui,
    « laver ses mains » ou « brosser ses dents », ça fait plouc. On trouverait sans doute quelques explications savantes dans le Grevisse, épinglant l’incorrection de cette construction. Mais au fond, les seuls vrais reproches qu’on puisse lui faire (car d’innombrables horreurs beaucoup plus incorrectes, mais ayant pour elles leur « modernité », se sont imposées dans le français contemporain), c’est que ça sonne vieux, peuple et provincial.

    Je ne trouve donc pas que l’on puisse vraiment parler ici d’un « mauricianisme » (à la différence des étonnantes variations de ce « tout » que vous exploriez il y a quelques jours) mais plutôt d’une survivance du parler commun, supplanté depuis un demi-siècle dans l’hémisphère nord par un parler citadin – pour ne pas dire parisien – qui se veut plus soutenu.

  6. Siganus Sutor

    en France, aujourd’hui, « laver ses mains » ou « brosser ses dents », ça fait plouc

    Dans ce cas ça serait là qu’il se nicherait, le mauricianisme, car à Maurice, pour l’expérience que j’en ai, cela ne fait pas plouc du tout. Parler de « brosser ses dents » est tout ce qu’il y a de normal, d’habituel, de courant. Le registre de l’expression est absolument neutre. C’est au contraire la forme « se brosser les dents » qui possède une connotation étrange, car étrangère. En fait ça serait — je pense, pour moi tout au moins — le miroir de ce dont vous parlez : dire « je me suis brossé les dents » ferait un peu pédant, un peu ampoulé, comme si la personne essayait d’impressionner son auditoire avec ses belles manières et son parler savant. Peut-être se brosse-t-elle même les dents au Perrier ?

    Je ne parle toutefois là que de ce qui se passe autour de moi. Il est possible que dans d’autres cercles mauriciens ce soit normal, courant, ordinaire et pas du tout « snob » — un snobisme léger tout de même — de dire « il s’est lavé les mains ». Pour mieux se faire une opinion il faudrait sans nul doute de bien plus nombreux témoignages.

  7. Well, it’s quite possible that this Mauricianism is a survival of older and lower-class French, but it is no less a Mauricianism for that. It is a North Americanism to say fall instead of autumn as they do in the U.K., even though the word fall was standard there until the 18th century or so, and perhaps survives in some British dialects.

    I think that the presence of the possessive and the absence of the reflexive are most probably linked. If you are told to laver tes mains (as in English) rather than les mains, there is now no semantic ambiguity between laver and se laver, since the reflexive is implied by the presence of a possessive that matches the subject (express or implied). The requirement to use se is then only an arbitrary syntactic requirement, and it can easily fall away.

    In English, this requirement for the possessive has become absolute, with the loss of many reflexives as either a cause or a consequence: mettre ses mains dans les poches (or German stellen die Hände in den Taschen) is non-reflexive, but anglophones must nevertheless express this idea as put your/my/his/her hands in your/my/his/her pockets, as the case may be. Even in the third person, where there is a genuine semantic ambiguity, He washed his feet usually does not mean that John washed Frank’s feet, and if that interpretation actually seems plausible, then one must say emphatically He washed his own feet..

  8. Amusant tout ce qu’on peut trouver sur ce thème sur le Net.

    D’une manière générale, on trouve la forme martienne sur beaucoup de sites québécois, ou états-uniens. Par exemple, cette recommandation de l’OMS est retranscrite en « laver ses mains, sauver des vies » sur le site « lave tes mains ».

    Pas beaucoup de sites français en revanche, à part ce titre où le journaliste a voulu probablement « factoriser » le verbe, comme dans cet article au sujet d’Arlay où, à la maladrerie, il s’agit « de ne jamais laver ses mains ni ses linges dans les fontaines communales ».

    Sinon on retrouve cette forme souvent dans des préceptes ou des écrits religieux: « Le Cohen doit laver ses mains et ses pieds » (Ki Tissa), « Enfant d’honneur, lave tes mains » (Aquamanile), ou « Pilate lava ses mains… ».
    Je note aussi que la forme martienne apparaît dans de vieilles références (ou traductions):
    – « Laver ses mains ce temps pendant que quelque chose se fait », Manus interluere (Nicot, thrésor de la langue française 1606)
    – « lavant obsessionnellement ses mains qu’elle imagine pleines de sang » (Macbeth, Wikipedia)
    – « Je lave(rai) mes mains en signe d’innocence pour approcher de ton autel, Seigneur » Lavabo inter innocentes manus meas et circumdabo altare tuum Domine (lavabo, Wikipedia).

    On trouve aussi Proudhon qui dit « Faire de la politique, c’est laver ses mains dans la crotte. ». Littré précise à la fin de l’item 1 que cette forme est élevée ou poétique, forme probablement utilisée par Zola dans « les mystères de Marseille » avec « … il frottait furieusement ses mains … et se les frottait encore », ou plus loin,  » « … songeant qu’il n’y aurait jamais assez d’eau dans la mer pour laver ses mains. ».

    J’en conclus, pour ma part (seulement), qu’il y a eu un basculement dans le temps vers la nouvelle forme pronominale, peut-être suite à cette étude qui évoque l’intérêt qu’on peut porter à ses membres, objets rattachés à soi ou « détachés ». Hé bé !

    Je connais une expression élégante qui s’utilise ici sous les deux formes: « bouge-toi le cul! », et plus crûment, « arrête de faire ièche et bouge ton cul! ».
    Pour deux autres expressions, quoique très populaires, je ne les ai toujours entendues que sous la forme pronominale, à savoir « je m’en bats les lucioles » (j’ai préféré utiliser une anagramme) et « je m’en tape le coquillard », jamais en tant que « j’en bats mes lucioles« .

    Donc, la forme pronominale semble plus courante (usitée), même si l’autre forme ne me choque pas (peut-être parce que je suis Martien).
    Ainsi je continuerai toujours à dire « je vais tondre mon crâne ».

    Une autre forme martienne que j’ai dû corriger en arrivant ici est une phrase du style « Je fais manger le bébé » (logique: je fais qui faire quoi).
    Il faut dire, correctement, « Je fais manger la bébé », qui pourrait faire un Martien demander (eh oui): « par qui ? ».

  9. Pardon, la première phrase devrait être « Je fais le bébé manger ».

  10. Et dans une phrase comme « Faites ce que vous voulez, je m’en lave les mains » (sous-entendu, j’en décline toute responsabilité), un Martien dira-t-il « Faites ce que vous voulez, j’en lave mes mains » ?

  11. Siganus Sutor

    John, you just made me wonder whether an expression like « se laver ses mains » is technically wrong. It might be redundant (pleonasm), but it should not be very different from the double negation that is common in popular American speech: « I ain’t got no quarrel with them Viet Cong. »

    You say that English has lost many reflexives. How was that older form of English then? I can’t really figure out what could have been so different compared to contemporary English. People used pronouns like myself and himself more frequently?

    Even in the third person, where there is a genuine semantic ambiguity, He washed his feet usually does not mean that John washed Frank’s feet ► Except, perhaps, when your name is Francis and you are pope in Rome.
     

    Christopher : on trouve la forme martienne sur beaucoup de sites québécois, ou états-uniens ► Dans ce cas John avait peut-être raison de soupçonner une influence de l’anglais sur cette tournure. Encore qu’il soit possible d’imaginer qu’au Québec, comme à Maurice, une forme populaire ancienne venue de France a perduré davantage qu’en France même.

    Cela rejoindrait ce qui est dit dans le livre vers lequel tu renvoies (Michaela Heinz, Le possessif en français, page 100), où il est possible de lire qu’en wallon ou en picard, pour ne mentionner que ces deux dialectes, la forme usuelle serait davantage « laver ses mains » que « se laver les mains ». Mais l’auteur parle aussi d’un effet stylistique — effet d’ailleurs illustré en citant un auteur franco-mauricien bien connu.

    Littré : « laver ses mains dans le sang », ça serait presque comme « laver son épée dans le sang ». Ces mains-là ne nous appartiennent presque plus. Ce ne sont plus que des objets destinés à assouvir une vengeance.

    « Factoriser le verbe » ? Ah, ah, on se croirait revenu en cours de maths à l’école. Mais tu pourrais bien avoir raison : « lavez vos mains et vos cueillettes » est plus facile à dire que « lavez-vous les mains et lavez vos cueillettes ». Mais, tu l’auras sans doute remarqué, le nom de la journaliste a une consonance flamande et dans ce cas-ci on est presque en Belgique. (Aquinze pourrait éventuellement mener l’enquête de ce côté-là de la francofffonie.) Quant au cas de la ville d’Arlay, tu auras remarqué que l’article évoquait des statuts rédigés en 1313 — ce qui aurait pu influencer la personne ayant rédigé cette note ?

    Bref, il est possible que la forme dont il est question ici ait été plus fréquente autrefois en français.
     

    Aquinze, non, je ne crois pas qu’ici-bas on entendra jamais « j’en lave mes mains ». Il est bien possible que des Martiens disent parfois « je m’en lave les mains » (je m’en fous), mais cela ressortirait plutôt je pense à une forme figée dans laquelle les éléments ne suivent pas forcément l’agencement qu’on aurait naturellement utilisé dans un autre contexte. On peut dire alea jacta est sans rien savoir de l’ordre usuel des mots en latin.

     

    _______

    PS — Un incident malencontreux m’a fait (auto) réaliser qu’à Maurice on disait bien plus « j’ai tourné mon pied », ou « j’ai foulé mon pied », que « je me suis tordu la cheville » ou « je me suis foulé la cheville ».

     

    _______

  12. Ah, ah, ah, c’est vraiment l’opération mains propres.

  13. Siganus,
    Je l’avais remarqué aussi :
    Mais l’auteur parle aussi d’un effet stylistique — effet d’ailleurs illustré en citant un auteur franco-mauricien bien connu
    …au point que j’ai pensé que Madame Heinz se faisait peut-être un peu des noeuds dans la tête (euh, à la martienne : faisait des noeuds dans sa tête ?) en mettant le caractère inhabituel de la construction sur le compte d’une volonté supposée de l’auteur de suggérer une « ritualisation des ablutions » décrites dans les deux exemples 72 a et b, alors que ce ne serait finalement qu’un mauricianisme…
    Se serait-elle pris les pieds dans le tapis (i.e. aurait-elle pris ses pieds dans le tapis ?) 😉

  14. PS : où vous remarquerez que lorsque les Italiens prennent la tangente, c’est qu’ils ont reçu un pot-de-vin !

  15. Siganus Sutor

    Zerbinette, un pot-de-vin, i.e. une gousse, provoque une prise de tangente ? « Un système de corruption et de financement illicite des partis politiques surnommé Tangentopoli (de tangente, « pot-de-vin » et de poli, « ville » en grec) » ► ah ! c’est en Grèce, pas en Italie !

    Aquinze, « se faire des nœuds dans la tête » = « gaign kongolo » (confusion), c’est-à-dire, littéralement, « avoir un congolo », le congolo en question étant donné comme d’origine bantoue et signifierait la crête d’un oiseau ou une sorte de chapeau porté dans les fancy fairs. En tous cas une histoire de tête…

    Mais en ce qui concerne Leclézio — lequel est infiniment plus franco que mauricien —, voyez l’exemple 70 e) aussi : « elle alla vite à la salle de bains se laver les dents et la figure ». Voilà donc quelqu’un qui sait utiliser les deux formes !

    _______

    Aujourd’hui on a attiré mon attention sur un mauricianisme voisin (ne relevant pas exactement du même problème toutefois) : « Ma tête fait mal » v/s « j’ai mal à la tête » ou « mon ventre fait mal » v/s « j’ai mal au ventre ».

  16. Ou « ma tête me fait mal ». 🙂
    PS: « gaign congolo » pour moi, c’était avoir une crampe, ou aussi, un emmerdement.

  17. Siganus Sutor

    Pour d’autres « gaign kongolo » c’est être embrouillé, avoir du mal à démêler les fils d’un problème. (Quant à savoir quel rapport il pourrait y avoir avec la crête d’un oiseau ou un chapeau de fancy fair, c’est un mystère.)

    Une chose qui m’intrigue aussi : les Français, en général, diront-ils « ma main gratte » ou « mon dos gratte » ? Ou bien plutôt « ma main me gratte » ou « mon dos me démange » — ou autre chose encore ?

  18. Un collègue m’a répondu: « ça me gratte à la main ».
    « Et quand ton dos te démange, ça te démange à ton dos ? »
    « Non, dans mon dos »!

  19. Chassez le naturel, … La réponse est « non, dans le dos ».
    Désolé!

  20. Siganus Sutor

    Donc pas de “ma main gratte” ou “mon dos gratte” ? Jamais ?

    Et je suppose dans ce cas qu’aucun Français ne dirait “Ayo, gratte un coup mon dos…” Plutôt “gratte-moi le dos” ou “tu aurais pu me gratter le dos” ?

  21. “tu aurais pu me gratter le dos” passerait pour un reproche de ne l’avoir pas fait… Si on veut être très très poli pour demander ce service (et compte tenu qu’il s’agit de quelque chose d’assez intime, il faudra certainement y mettre les formes… ), on préférera « pourrais-tu me gratter le dos » plutôt que l’impératif « gratte-moi le dos ».

  22. J’ai pu trouver trois rescapés ce matin, tous nés en France, ayant grandi en France et ayant fréquenté l’école de la République en Moselle, Savoie et Haute Savoie.

    Alors, aucun ne dit « ma tête fait mal » ou « ma main gratte ».
    Pour tout le monde c’est « je me lave les mains », et « j’ai mal à la tête ».
    En revanche pour la gratouille, les réponses varient.

    Collègue no. 1:
    « Ça me gratte à la main », « Ça me démange dans le dos », mais elle peut utiliser « j’ai mon genou qui me fait mal », pas « mon genou me fait mal ».
    Aussi, « j’ai le dos qui me démange ». Elle explique l’utilisation (insconsciente?) de « le » car elle a un seul dos.

    Collègue no. 2:
    « Ça me gratte la main », « Ça me démange le dos ». Le complément d’objet direct m’a un peu étonné sur le moment, mais finalement,
    il y a quelque chose (ça) qui gratte la main (à moi). Alors que la forme « à la main » semble indiquer le lieu plutôt qu’un COI qui est déjà là avec « me »(?).

    Collègue no. 3:
    « La main me démange », mais « ça me gratte à la main », pas « la main me gratte ». En revanche, « j’ai le dos qui me gratte/démange ».

    Deson côté, Gaston, lui, a la rate qui’se dilate.

    PS: Comment un Martien dit « Ça me gratte! » ? Pareil, ou « ça gratte! », ou « je gratte » ? Je n’arrive plus à savoir, même si je gratte ma tête.

  23. Siganus Sutor

    Aquinze, à ma moitié je me vois plutôt dire « tu aurais pu gratter mon dos un coup ? » ou, sur un ton suppliant, « gratte un coup mon dos… » Mais c’est une bonne patte !

    Christopher, merci pour cette petite enquête. Il est à espérer que tout le monde ne se soit pas mis à se gratter le dos, la main ou ailleurs au bureau après tout cela. « Ça me démange le dos » est étonnant en effet, et on aurait là presque envie de rapprocher le verbe démanger du verbe manger. Ah, c’est déjà le cas ? Bon… Mais une question demeure : quand le dos démange, ou vous démange, est-il judicieux de se le laver ? En d’autres mots, un dos sale démange-t-il plus qu’un dos bien récuré ? À voir…

  24. Siganus Sutor

    Aquinze | 22 décembre 2013 à 13:30 : …au point que j’ai pensé que Madame Heinz se faisait peut-être un peu des noeuds dans la tête (euh, à la martienne : faisait des noeuds dans sa tête ?) en mettant le caractère inhabituel de la construction sur le compte d’une volonté supposée de l’auteur de suggérer une « ritualisation des ablutions » décrites dans les deux exemples 72 a et b, alors que ce ne serait finalement qu’un mauricianisme…

    Dans Le Chercheur d’or l’action se passe à Rodrigues. Il est possible que Le Clézio ait voulu faire davantage couleur locale en écrivant “je lave mes mains, ma figure, mon cou,” etc. Pour ce qui est de Mondo, je ne l’ai pas lu et ne saurais dire si le contexte est mauricien ou pas. Toutefois il me semble tout à fait possible que Le Clézio force volontairement le trait du côté de Maurice, car il lui arrive, je pense, de mettre en exergue certaines expressions ou certaines tournures du pays d’origine de ses parents.

  25. Siganus Sutor

    John, this evening it was hard not to think of you while reading a book by Margaret Atwood: “Or they’d go sailing, Callista in slacks with her hands in the pockets, like Coco Channel, and one of Father’s old crewneck jerseys.” (The Blind Assassin, page 177.) But maybe the pockets were not hers after all.

  26. Bonne Année 2014 à tous. Il n’y a pas lieu de se faire autant de soucis, car dans ce cas il est clair que c’est la langue Française en France qui a évoluée dans le mauvais sens au cours des deux derniers siècles. « Je me lave les mains » en Espagnol « Me lavo las manos », on en Italien « Mi lavo le mani » etc. etc. C’est bien clair que les Mauriciens et les Québécois (et nos autres amis Latins) ont bien respecté la forme venant du latin tandis qu’en France elle a subit une évolution negative, et non nécéssaire.

    The French language as spoken in France today should not be used as as an imperative guide for correctness as it has suffered a major « lower » class setback in 1789 and never recovered. (While elsewhere its purity has been fortunately maintained).

  27. Callista in slacks with her ​​hands in the pockets

    That means « in the pockets of the slacks », which is a normal phrase, as distinct from « in the pockets » unqualified. It’s an unusual action for a woman, at least in North America, which is why it’s worth mentioning.

    I dug up some cases in which the reflexive has been lost in English. (In all cases I have modernized the orthography.) At first, reflexive pronouns are the same as simple pronouns, as in French: in 1475, we have: « Therefore I, William Caxton, a simple [i.e. non-noble] person, have endeavored me to write first over all the said book »; it would just be « endeavored » nowadays. Tyndale’s 1525 translation of the Bible says: « Go wash thee in the pool of Siloe », which in the 1611 King James Version is given as « Go wash in the pool of Siloam », with no reflexive; both « go wash yourself » ahd « go wash » are in current use. Shakespeare wrote « I have retired me », meaning « I have gone to bed »; in slightly old-fashioned Modern English it would be simply « I have retired ». By 1618, the -self ending is current: « His Lordship shortly after, wrote a letter to him, resenting himself in very high terms », meaning « expressing his resentment ». Likewise, from 1685 we read « But assure thyself I never met with a lying, sneaking, canting fellow »; we’d say « be assured » in Modern English.

    Lastly, there is an ironic non-standard use of the simple reflexive with love that is still current, in the forms « I love me my dog », « he loves him his dog », « we love us our dog », etc.

  28. Siganus Sutor

    John, thanks for all that. When I read your examples, I also thought of the verb « to repent », which must have been reflexive in English. « Repent thee » does seem to have existed in the “modern” King James Bible (Psalms for instance), whereas nowadays people would often just repent, like what could be found on Google, linking to Wiki Answers: « Catholics must repent and confess their sins if they wish to go to heaven. Some Protestants must repent and seek forgiveness of their sins by prayer, but do not have to formally confess in church. » It might sound quite odd to French ears that “les catholiques doivent repentir”, without the reflexive pronoun “se”, but I suppose it is just a question of getting used to it.

    In Margaret Atwood’s book I later (p. 413) came across the expression « his hands in his pockets », which made me smile again. Maybe the first time she should have written “her hands in their pockets”, i.e. the slacks’ pockets. 🙂

    Lastly, I’m a bit baffled by the construction « we love us our dog ». It doesn’t seem to be the equivalent of « us, we love our dog » (nous, nous aimons notre chien). If not then what?

  29. No, it just means « We love our dog », with the connotation that we love him a great deal, maybe more than we should (whatever that is). It is mock-rural.

    I once wrote about Americans, « We love us our sticky sweet stuffs », referring to the American appetite for peanut butter and the fact that most kinds sold in the U.S. contain sugar. « Stuffs » is also non-standard.

  30. I had to think about her hands in their pockets for a while. Certainly pluralia tantum nouns like slacks, (under)pants, trousers, shorts, shoes, boots, (eye)glasses, scissors, binoculars (that is, those which are always plural in form, and which must be enumerated as a pair of X, two pairs of X, etc.) cannot be referred to as its, but the use of their with them is also slightly uncomfortable. In particular, I can’t wear these slacks, it needs (or its pockets need) to be fixed » is ungrammatical; I can’t wear these slacks, they need to be fixed is fine, and I can’t wear these slacks, their pockets need to be fixed is problematic. Changing these examples to this pair of slacks permits and in fact requires it(s) beyond all doubt, but it would be verbose to write Callista in a pair of slacks etc. I think Atwood took the best possible course.

  31. Siganus Sutor

    I first started to write “her hands in its pockets”, but when “the slacks’ pockets” appeared just after that, it didn’t look right. Now I wouldn’t be able to say whether each leg falls into one slack, which means that each slack would have at least one pocket, or two if you have pockets on the back part of the trousers as well.

    Pantalons used to be plural as well, and it might still be to some extent in Canada, but it’s probably been over a hundred years now that French people have stopped talking of pantalons or une paire de pantalons. But you still have une paire de lunettes (glasses) or une paire de ciseaux (scissors) since une lunette or un ciseau is different from half of the abovementioned pairs.

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