Dilo li précieux

Anou pense lézot
nou servi zis séki
nu bizin parski
dilo li précieux !

Ministry of Energy
& Public Utilities
in collaboration with the
CWA
Central Water Authority

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31 réponses à “Dilo li précieux

  1. À part le mot « précieux » (et « pense »?), s’agit-il de créole martien correct sur les plans lexical, grammatical et orthographique? Également, comment un locuteur natif lirait-il « précieux » à voix haute? À la française, ou à la martienne? Dans ce dernier cas serait-ce réalisé /presje/?

  2. C’est pas la CWA qui a des tuyaux percés un peu partout dans l’île ? Je pense qu’ils devraient déjà nettoyer devant leur porte avant de donner des leçons. Ceci dit, il est nécessaire de faire attention à sa consommation d’eau.

  3. TOUS les tuyaux de tous genres sont percés ici….donc fuite de partout…mais bon soyons zen..et croyons que bientot nous aurons ce qu il faut dans nos reservoirs…Non pour garder l eau, mais pour purifier les canalisations et ainsi, distribuer équitablement, cette précieuse eau…

  4. Siganus Sutor

    Etienne, grammaticalement c’est du créole correct. (Encore heureux que les autorités mettant des affiches en créoles sachent s’exprimer dans cette langue !) Au niveau du lexique c’est un peu plus bancal : je ne connais pas le mot “précieux” en créole, et j’aurais plutôt dit “anou pense lézot dimounn” qu’un “anou pense lézot” davantage calqué sur le français “pensons aux autres”. Pour ce qui est de la graphie, c’est un peu n’importe quoi, comme d’habitude. Non seulement c’est n’importe quoi, mais celui qui a rédigé cette affiche n’est même pas fichu d’être en phase avec lui-même : anou (allons…, let’s…) est écrit avec un -ou final alors que nu (nous), qui se prononce exactement comme “nous” en français, est écrit avec un -u final. Pense aurait normalement dû s’écrire pans, mais je comprends dans une certaine mesure pourquoi ils ont préféré l’écrire “pense” : le mot se prononçant exactement de la même façon en français et en créole, l’écrire “pans” aurait probablement dérouté une majorité de personnes. C’est sans doute aussi ce qui a justifié l’utilisation de la graphie “précieux”, à la française, même si les prononciations ne sont pas identiques en français et en créole. Sinon le reste est écrit de façon à peu près normalisée — aux accents près.

    Pépé, ce n’est pas que je veuille excuser ce “corps paraétatique”* calamiteux qu’est la CWA, mais il est sans doute plus facile de penser à fermer la douche pendant qu’on se savonne ou d’éviter de laisser couler l’eau à gros bouillons quand on fait la vaisselle que de remettre à niveau un réseau de distribution en ruine. Il reste toutefois vrai que c’est prêter le flanc à la critique de mettre ce genre d’affiche sur la voie publique quand on perd soi-même 50% de l’eau qu’on injecte dans les tuyaux.

    Alsace, peut-être que près du Champ de Mars trouve-t-on encore quelques tuyaux qui ne sont pas percés ?

     

     

    * Le corps paraétatique (de parastatal body), voilà probablement un mauricianisme supplémentaire. Je me demande si on trouve ce type de corps-là — un corps gras la plupart du temps — dans d’autres pays on l’on parle peu ou prou une manière de français. Au Canada peut-être ?

  5. Ça me rassure; je me disais que je ne connaissais pas le mot « précieux » en créole, mais ça ne prouvait rien. J’ai pas trouvé d’équivalent non plus.

  6. GT makes it parastatal body, which is a term I never heard in English before. Googling shows, however, that the very first hit is from a gov.mu site!

  7. Siganus Sutor

    Therefore the expression seems to be a double mauritianism, both in French and in English. A pure Martian invention, taken out of the red dust. An unidentified celestial body.

  8. Siganus, le mot anou est-il un verbe (utilisable à toutes les personnes et à tous les temps et modes) ou seulement une interjection? En français, allons est une forme du verbe aller qui est aussi utilisée comme interjection, ce qui n’est pas lpossible avec presque toutes les autres formes de ce verbe. Je voudrais donc savoir si c’est ou non la même chose en créole.

  9. [Je ne suis pas Siganus, j’essaye de me justifier pour la réponse] Je traduirais « anou » par « let’s » en anglais. « Anou pense » : « let’s think ». C’est l’impératif à la première personne du pluriel qui n’existe pas en créole en « conjuguant » le verbe (sauf erreur) et qui se fait un peu à l’anglaise en mettant « anou » devant le verbe.

  10. Siganus Sutor

    Zippo, ce que vous dites correspond parfaitement à ce que j’aurais dit : “let’s” est l’exact pendant de “anou”.
    — Anou al borlamer = Let’s go to the beach/seaside.
    — Anou manz enn bon cari = Let’s eat a nice curry.
    — Anou satouy so lipié = Let’s tickle her feet.
    — Anou fou li enn bézé = Let’s thrash him.
    — Anou téléfonn li = Let’s phone her.
    — Anou alé = Let’s go. (Ici on aurait aussi pu tout simplement dire “anou”, en gros “allons-y” en français.)

    Il me semble que ce tour de phrase a “contaminé” le français tel qu’il est parlé à Maurice : je ne suis pas certain que des phrases telles que “allons chatouiller ses pieds” ou “allons lui téléphoner” soient monnaie courante en français européen. (Mais peut-être que si, finalement ?) Ce qui n’est “définitivement” pas français — là j’en suis sûr —, c’est l’expression allons aller (e.g. “allons aller aux courses !”), calque parfait de l’expression créole anou al (…).

    Marie-Lucie, comme l’a dit Gro Zippo, anou vient du verbe aller, mais ce n’est pas là forme usuelle de ce verbe, lequel se conjugue de la sorte au présent : mo al, to al, li al, nou al, zot al, zot/bann-la al. Par exemple : “mo al laboutik” (je vais à la boutique), “ou pé al Port-Louis la ?” (vous allez à Port-Louis là ?) Par contre “mo alé” employé de façon indéterminée signifie “je pars”, “linn fini alé” signifie “il est déjà parti”. On ne peut pas dire “linn fini al” tout court, ne me demandez pas pourquoi (“c’est comme ça” :-)). Pour pouvoir le dire, il faudrait un complément, e.g ; “linn fini al so lakaz” (il est déjà parti/rentré chez lui/à sa maison).

    En créole les verbes ont souvent deux formes. Par exemple le verbe manzé (manger). Normalement on le conjugue mo manzé, to manzé, li manzé etc., en emploi absolu. Mais si le verbe est employé avec un complément d’objet, alors il faut dire manz : “li pé manz so diri” (il mange son riz), “Ki to lé manzé dimin ? Mo envi manz maniok fri” (Qu’est-ce que tu veux manger demain ? J’ai envie de manger du manioc frit), “tanto mo pou manz lakaz” (ce soir je mangerai à la maison — et non “ce soir je mangerai la maison” :-)). Par contre dans “dir li mo fini mo louvraz apré sa mo vini” (dis lui que je finis/termine mon travail/ouvrage et puis je viens) les verbes dir (dire), fini (finir, terminer) et vini (venir) ne peuvent s’employer que sous cette forme-là.

  11. Siganus Sutor

    Haha, je viens de me faire prendre la main dans le sac : Mme Sutor m’enjoint de venir dîner (il est huit heures passées), et comme je reste là à lui parler des verbes invariables en créole, elle me dit “vinn enn fwa” (viens une fois), me prouvant par là que le verbe vini n’est pas invariable — alors même que je venais de l’écrire quelques instants auparavant.

    Bon, il faut vraiment que j’y aille, sinon karay pou so !

  12. Tout d’abord: mes parents, dont l’un travaille et l’autre travaillait pour le gouvernement fédéral, me confirment que « corps paraétatique » / « parastatal body » n’est pas un terme courant au sein de la fonction publique fédérale canadienne.

    Ensuite, je me demande si ANOU ne serait pas issu de À NOUS et non de ALLONS : si on compare ANOU AL au français À NOUS (D’ALLER), il me semble que sémantiquement la différence est mineure, et phonologiquement la correspondance est parfaite.

  13. Siganus Candide :
    « Ce qui n’est “définitivement” pas français — là j’en suis sûr —, c’est l’expression allons aller (e.g. “allons aller aux courses !”), »
    Gros soupir ! Notre musée des horreurs comprend bien ce genre d’article.

  14. marie-lucie

    Siganus, merci de vos précisions sur les formes du verbe AL.

    Etienne:
    Ensuite, je me demande si ANOU ne serait pas issu de À NOUS et non de ALLONS : si on compare ANOU AL au français À NOUS (D’ALLER),

    C’est justement ce que je m’apprêtais à écrire. Il n’y a absolument aucune raison linguistique d’associer le an- initial de ANOU avec le al venu du verbe français aller, et le -ou final n’est pas une terminaison verbale ni dans l’une des langues ni dans l’autre. Du point de vue de la forme de ce mot, il n’y a donc pas lieu de l’associer à allons.

    Au contraire, en français À NOUS fait pendant à À VOUS (de jouer, de prendre la relève, la parole, etc), et aux points de vue sémantique (la signification) et pragmatique (les circonstances dans lesquelles ces expressions s’emploient) ces expressions permettent de s’adresser à un groupe, soit celui dont on fait partie, soit un autre qui lui est opposé. Naturellement, on a davantage d’occasions de s’adresser à son propre groupe qu’à un autre. Il es donc fort probable que À NOUS est passé d’un emploi où il alternait avec À VOUS dans le contexte d’une situation qui comporte deux groupes de participants (p.ex. une partie de jeu, un débat, un travail d’équipe) à un emploi singulier dans un contexte où il ne s’agit que d’un seul groupe.

  15. Siganus je pense que vous avez dû faire un raccourci entre « aller » et « anou ». Pour moi « anou » est une forme contractée de « anou alé » de telle sorte que « anou » tout court est synonyme de « allons-y ». J’aime bien utiliser à la place le mot « tchalo » qui, je pense, vient du bhojpuri signifiant aussi « allons-y ». Avec des copains, nous utilisions aussi « roul baton » pour « partons », une autre manière de dire « allons-y ».

    Tout comme pour « vini »/ »vinn », pour « finir » il existe aussi la forme « finn » utilisé comme auxiliaire pour le passé comme dans « mo finn manzé ». Etymologiquement, je le rapprocherai de « j’ai fini de manger ». Pour « vini », certaines membres de mo fami « méprisait » l’utilisation de « mo pou vini » et préférait la forme « mo pou vien ». C’était trop katia(felo)! Foutour !

    Pour « dir » effectivement péna naryen pou dir.

  16. johnwcowan

    I think these parastatal bodies are what are called informally in the U.K. quangos, an acronym for ‘quasi-autonomous non-governmental organizations’ (formally they are known, at least in England, as non-departmental public bodies). There seems to be no American name, though among American examples are the Postal Service, which is unsubsidized and supports itself solely by selling stamps, but is required to provide universal service at a fixed price, and the Corporation for Public Broadcasting, which is a private non-profit corporation that channels national public funds to local public (non-commercial) radio and television stations.

  17. Siganus Sutor

    Étienne & John, the expression parastatal body seems to be a genuine Mauritian invention. I didn’t know we ever invented anything.

    Il semblerait effectivement que je me sois un peu mélangé les pinceaux pour ce qui est de anou et aller. Puisque “anou (…)” devient “allons (…)” en version française, j’ai sauté trop rapidement à la conclusion que l’un était issu de l’autre. Je ne suis toutefois pas le seul à avoir commis un tel raccourci. Dans le Diksioner Morisien, Carpooran, pour l’entrée anou !, donne une brève origine de certains mots entre accolades et dans ce cas-ci on peut lire ceci : {Fr. Allons !}. Pour leur part Baker et Hookoomsing sont un plus diserts pour ce qui est de l’origine de ce mot et de ses formes passées :

    anu (arnu, †[anoṅ], †[ano], †[aloṅ], †[aloṅ nu]). E. Let’s (first person plural of the imperative). F. (Première personne plurielle de l’impératif). :1867: □ < F/Fd à nous de, allons voir Robert Chaudenson 1974 (Le Lexique du parler créole de la Réunion), p. 679-80 (+ infl <K ar).

    (Pour ces auteurs “oṅ” transcrit le son [ɔ̃] (comme dans “thon”), alors que “on” transcrit les sons [ɔn] (comme dans “bonne”).) Eux aussi, toutefois, mentionnent “allons” dans l’étymologie, bien qu’après “à nous de”.

     
    Zippo : pour « finir » il existe aussi la forme « finn » utilisé comme auxiliaire pour le passé comme dans « mo finn manzé ». Etymologiquement, je le rapprocherai de « j’ai fini de manger ».

    En effet. Il faut toutefois garder à l’esprit que finn, sous cette forme, n’existe pas en tant que verbe en dehors de la fonction de marqueur du passé (à l’instar de ti, pour le passé plus lointain, et de pou ou de va pour le futur). (A ce sujet, faites-vous une différence entre, disons, “mo ava vini” et “mo pou vini” ou entre “li ava pas pran toi” et “li pou pas pran toi” ?)

  18. J’ai parfois essayé de trouver la nuance entre ces 2 formes de futur « mo ava/pou vini » pour l’expliquer à un de mes collègues avec qui on « s’invective » en créole tous les matins (principalement des jurons).

    Avec « ava » je dirais qu’il y a un peu de conditionnel alors que « pou » exprime un futur certain. Par exemple, « mo pou vinn rodd twa dimin ». Pas de doute, asperr mwa, zour mwa si mo pa vini! En revanche, j’utiliserais « si li pa kaav vinn rodd twa, mo ava vini ».

    Autre exemple avec ces 2 nuances: « Si péna diri, mo ava manz dipin, apré mo pou bwar enn dahi ».

    On pourrait penser que la forme « ava » correspond au plus-que-parfait (avoir fait), mais dans les exemples précédents c’est plutôt un futur « conditionnel ». En français il n’y a pas cette nuance; dans les 2 cas « je viendrai te chercher » et « s’il ne peut pas venir te chercher, (alors) je viendrai », c’est la même forme de futur de l’indicatif.

    Je pourrais imaginer un use case utilisant un futur antérieur avec cette phrase « si li bizin kass, mo ava pay li avan la fin di moi ». Un peu tiré par les poils ok, mo ava rodd enn lott (pas de garantie) :-).

    Pareil dans l’autre exemple, « si loto plin, li ava pa pran twa » (conditionnel) et « li pa kontan to lagel, péna katakata, li pou pa pran twa » (certain).

    My 2 Martian cents 🙂

  19. Gro Zippo: la distinction que fait le créole martien n’existe peut-être pas en français normatif, mais elle existe bel et bien en français canadien (québécois). Outre JE VIENDRAI, on a JE VA VENIR (la forme VAIS de la première personne est très rare chez nous) et JE SUIS POUR VENIR. Et la forme en POUR, comme sur Mars, a une valeur plus tranchée: dans la phrase « s’il ne peut pas venir te chercher, je va venir », on ne peut pas remplacer « je va venir » par « je suis pour venir ». Par contre, « je va venir te chercher » et « je suis pour venir te chercher » se disent tous les deux.

    Cette ressemblance ne me surprend pas beaucoup: Robert Chaudenson avait déjà souligné que le créole de La Réunion et certains parlers conservateurs du Québec ont en commun la distribution des formes du futur simple et du futur avec ALLER: tous les deux se servent de préférence du premier dans les phrases négatives (JE NE VIENDRAI PAS) et du second dans les phrases affirmatives (JE VA VENIR).

    Une question cependant: si cette distinction existe en créole martien, la faites-vous en français martien?

  20. Ce qui me revient à l’esprit spontanément, c’est que l’utilisation de la forme « je vais venir » est plus fréquente, avec sa forme négative « je ne vais pas venir ». La forme « je viendrai » me semble plus formelle dans le contexte Martien; ça fait « français ». Cette forme sera aussi privilégiée à l’écrit (justement parce que ça fait français, pour éviter de perdre des points).
    Je ne vois pas de différence d’utilisation du coup; dans les 2 cas on dira « je vais venir te chercher demain » et « s’il ne vient pas te chercher demain, alors c’est moi qui vais venir ».
    La forme interrogative n’utilisera pas non plus « viendras-tu? » et peut-être même pas « vas-tu venir? », mais plutôt « tu vas venir ? ».
    Je préfère laisser à ceux qui sont au pays de confirmer ou d’infirmer mes dires. Ayant passé plus longtemps en Fance que sur Mars maintenant, j’ai parfois le raisonnement un peu biaisé.

  21. marie-lucie

    Il y a beaucoup de cas où ce qu’on dit « français de France » ou « français standard » s’applique presque seulement à la langue écrite, qui est souvent fort différente de la langue parlée. Ceux qui n’ont guère de contact avec la langue telle qu’elle est parlée familièrement en France (et pas seulement à la télévision) se font donc une impression fausse de cette langue. Par exemple, il existe un « dictionnaire québécois » (je ne me rappelle pas le titre exact) avec trois colonnes: anglais, français standard, français québécois. Dans beaucoup de cas il n’y a pas de différence entre le français québécois et le français parlé familier, dont ce dictionnaire ne tient pas du tout compte (je ne veux pas dire qu’il n’y a pas de différences, mais ce dictionnaire les exagère en comparant deux variétés qui ne sont pas équivalentes). D’autre part, certains semblent penser que tout ce qui se dit en France est « standard ». Par exemple, j’ai entendu à Radio-Canada un professeur québécois qui disait qu’il ne fallait pas dire « quétaine » mais « ringard », parce que seul « ringard  » était du français standard. Mais pour moi « ringard » est un mot d’argot! Et pourquoi bannir un mot sous prétexte qu’il n’appartient pas à ce « français standard » si fade, si collet monté, si artificiel? On se croirait encore au temps de Malherbe, qui a banni tant de mots pittoresques.

    Enfin, revenons à nos moutons: quand on dit que « je viendrai » fait (trop) « français de France », c’est plutôt qu’il fait « français écrit ». Au contraire, « viendras-tu? » fait « français écrit » et même « archaïque » en France, non pas à cause du futur, mais à cause de l’inversion pour former la question.

    Mais je ne suis pas d’accord pour dire que les deux formes du futur sont équivalentes en France. En ce qui concerne la différence entre « tu viendras » et « tu vas venir » (ou « je viendrai » et « je vais venir »), il me semble que le futur suggère un plan bien arrêté, presque officiel, pour ce qui est encore l’avenir, tandis que l’usage du verbe ALLER indique une intention ou même un désir existant dans l'immédiat, sans que les détails de l'événement à venir soient forcément connus. Il y a donc pour la forme avec ALLER une connotation émotive qui manque au futur proprement dit, et la différence n'est pas seulement une différence de style ou de niveau de langue, sauf que la langue écrite (surtout dans un contexte intellectuel ou administratif) laisse moins de place à l'expression des émotions que la langue parlée.

    Par exemple: "J'ai manqué le dernier autobus, est-ce que tu peux venir me chercher? – Oui, je VAIS VENIR, mais pas tout de suite: je VIENDRAI te prendre à telle heure/dans une heure, etc". Pour une réponse négative, "Je ne VAIS PAS VENIR" suggérerait que la personne ne VEUT PAS venir, tandis que "Je ne VIENDRAI PAS (avant telle heure/parce que …)" a un ton plus neutre mais plus définitif: soit la personne qui parle a pris elle-même une décision négative, soit elle a accepté les circonstances qui l'empêchent de répondre positivement, mais il n'y a plus de place pour l'émotion.

    Autre exemple: "Tu as tout/juste le temps de faire ta valise, le taxi ARRIVERA à telle heure" (c'est ce qui est prévu) mais au contraire: "Dépêche-toi de finir ta valise, le taxi VA ARRIVER" (= il peut arriver d'un moment à l'autre, et je m'inquiète).

    Ne vivant pas dans une région francophone, je ne connais pas la locution ETRE POUR faire … , mais il y a en France "ETRE PARTANT(E) POUR faire …." (locution relativement moderne) qui indique que la personne qui parle est prête à se lancer dans une conduite proposée, dans le cadre d'une discussion au cours de laquelle les membres d'un groupe essaient de se mettre d'accord sur un plan d'action. Je ne sais pas si l'une ou l'autre de ces locutions ont un rapport avec l'anglais to be for doing … ‘être partisan de faire …’.

    _______

    Etienne, question d’orthographe: « je VAS » (prononcé comme « pas », pas comme « ma ») est une forme dialectale, de l’Ouest de la France aussi bien que du Canada. Personnellement, j’écrirais « je vas venir » (comme « tu vas venir ») plutôt que « je va venir » (comme « il va venir »), que je n’ai jamais vu ((à moins que ce ne soit la nouvelle orthographe?)

  22. marie-lucie

    Pardon, il y a beaucoup trop d’italiques ci-dessus, mais je suis trop fatiguée pour rectifier.

  23. Marie-Lucie, ne vous méprenez pas sur mes intentions, je sais, ou plutôt, je me suis rendu compte que ce qu’on écrit dans une forme concise ne permet d’exprimer clairement sa pensée, et aussi parfois, ce qui se veut être un compliment ou une boutade humoristique peut être pris comme une invective. Je ne mettais pas en cause l’utilisation du français sous sa forme standard ou pas. A Maurice, nous estimions que nous parlions « notre » français et « notre » anglais à notre manière et, comme je l’ai lu au début de la rubrique « Suggestions », nous disions que les Français et les Anglais parlaient avec accent. Quelqu’un y a dit que c’était plutôt les Mauriciens qui avaient un accent. Nous les Mauriciens prononçons « dis » un peu comme les Marseillais: « dji »: Le ‘d’ est très « mouillé » (un peu comme le ll des Espagnols; « mouillé » est-il le terme linguistique pour cette prononciation?). C’est pareil pour le ‘t’; ainsi « tu » se prononce « tchu » (un peu le tch des Italiens comme dans ciao) ou « petchi » pour « petit ». Ainsi quand on était gamins, on jouait à parler français (comme les Français) en prononçant de manière légère du bout des dents le ‘d’ et le ‘t’. Nous essayions aussi avec peine de prononcer des ‘r’ gutturaux, des ‘o’ comme de vrais ‘o’ et pas des ‘œ’, et utilisions des phrases plus formelles (au sens mauricien) telles que « Dis donc, viendras-tu alor(rrrrr)s? » (« alors » permettait d’avoir un ‘o’ et un ‘r’, on ne prononçait surtout pas le ‘s’ final comme on le fait souvent sur Mars). C’est en ce sens que je différenciais le français mauricien du français français. Quand je me payais une note pas bonne en anglais (en français ça allait), je soupirais silencieusement en pensant à la chance que devaient avoir les petits Anglais et les petits Français de toujours avoir 100/100 dans leur matière respective. Je crois que c’est Y. Lagesse qui raconte l’histoire du ministre mauricien qui revient d’Angleterre et qui dit que ce qui l’a le plus frappé là-bas, c’est pas les bobbies, mais le fait que les enfants de 3 ans parlent l’anglais aussi bien. Je vous rejoins sur les idées que nous pouvions nous faire de la « Vera Franca » 🙂 car les seuls contacts que nous avions avec le français étaient nos bouquins, nos instits (je les remercie souvent dans mes pensées) et nos parents, rarement les touristes. Moi j’avais eu juste la chance d’avoir des cousins québécois, et quand ils sont venus sur Mars, j’avais remarqué qu’ils avaient un autre accent que les Français. J’adore écouter parler mon cousin malgré les « efforts » qu’il m’a dit faire en ma présence pour se rapprocher d’un accent « français » afin que je puisse suivre. Il me fait parfois son vrai parler et là je suis noyé.

    Mais je ne suis pas d’accord pour dire que les deux formes du futur sont équivalentes en France.

    Je pense pouvoir être d’accord avec vous sur ce point, mais je répondais à la question d’Etienne à savoir « si cette distinction existe en créole martien, la faites-vous en français martien? « . Donc en français martien, je ne perçois pas de subtilité entre « je viendrai » et « je vais venir ». Je note juste que les Martiens (moi inclus quand je suis au pays) préfèrent utiliser « je vais venir » plutôt que « je viendrai », qui fait plus français (au sens où, comme j’ai essayé de le clarifier et j’espère y être parvenu, c’est ce qu’on entendrait d’un Français en séjour). J’essaye peut-être d’éviter de me prendre un « arrête de faire ton Franças là don(c)! ».

    Effectivement je pense que ce vous expliquez pour le français de France correspond bien à la nuance qu’on (du moins, que je) retrouve entre « pou » et « ava », même si je m’étonne que « ava » dériverait de « avoir » et
    exprimerait un « passé » (dans la forme du plus-que-parfait) plutôt que d’avoir le rôle effectif d’un futur d’intention ou de désir comme vous le mentionnez. Peut-être aussi que je me trompe sur l’étymologie de « ava » et qu’au lieu de dériver de « avoir » il dériverait de « a va ». Un ancien collègue me disait souvent en Schtimi: « mi’j j’m’a va ». (moi je m’en va(i)s). Ça vient peut-être de « je m’en va(i)s faire » qui est devenu « mo a(n) va fer »? Est-ce possiblement une bonne explication ?

  24. marie-lucie

    Gro Zippo, je ne vous critiquais pas! il m’arrive souvent, en répondant à un message portant sur la langue, d’essayer de préciser mes propres réflexions et de faire des découvertes: je n’avais jamais particulièrement réfléchi à la différence sémanque et surtout pragmatique entre les deux formes du futur. On dirait que cette différence (peut-être avec quelques modifications) existe dans toutes les formes du français, ainsi que dans les créoles à base française. Il est rare que deux formes soi-disant synonymes se conservent longtemps dans la même langue: si elles sont – ou deviennent – vraiment équivalentes (au moins dans la majorité des cas) l’une finit par disparaître, mais si la différence est importante dans le fonctionnement et l’usage de la langue, les deux persistent, ou bien, si l’une disparaît, c’est parce qu’on a inventé une autre façon de dire ce qu,elle exprimait. Et souvent on pense que deux formes sont équivalentes parce que « on peut dire les deux », mais en examinant bien les contextes de leurs usages on découvre que ce n’est pas tout à fait vrai.

    Je trouve que votre explication de A VA comme venant de EN VA est très plausible, bien plus que celle qui la fait remonter au verbe avoir. Dans un français plus ancien on trouve des formes de « s’en aller » beaucoup plus fréquemment qu’en français moderne, par exemple dans la chanson où il est question du fils du roi qui S’EN VA chassant » et non « VA à la chasse » (ou plutôt « est à la chasse »).

    Merci aussi pout les précisions sur l’accent mauricien, que je ne connais pas du tout. La prononciation des syllabes « di, ti » et « du, tu » rappelle l’accent québécois avec « dzi, tsi » et « dzu, tsu » (la transcription usuelle, qui n’est pas très précise). C’est la même tendance phonétique selon lequel les voyelles « fermées » qui sont prononcées avec la pointe de la langue à l’avant de la bouche presque fermée affectent les consonnes précédentes, car par anticipation de la prononciation de ces voyelles, le bout de la langue, n’ayant que très peu de place pour « manœuvrer », a tendance à presser contre les dents ou les alvéoles ou même plus loin vers le palais, ce qui produit les sons « z, s » ou « j, ch » ou quelque chose d’approchant (le mot « mouillé » qui décrit la deuxième sorte de sons n’a en effet pas cours en linguistique, le terme technique est « palatalisé »). Mais je suis surprise que cette palatalisation existe aussi dans la prononciation marseillaise! Il est vrai qu’il y a très longtemps que je n’ai pas entendu de Marseillais, et la prononciation locale a pu évoluer dans l’intervalle.

    Quant à « alors » et autres mots avec « o » devant consonne, il y a beaucoup de Français qui prononcent un son beaucoup plus voisin de « œ », et parfois même identique à ce dernier: vers 1950, le linguiste français Marcel Cohen avait écrit un article intitulé « C’est jeuli le Mareuc ». Cette tendance est particulièrement frappante devant un « n »: une de mes collègues, Parisienne (et maintenant en retraite comme moi), disait par exemple ce qu’on aurait pu transcrire en gros par « une beune perseunne », ces deux mots rimant presque exactement avec « jeune ».

  25. Marie-Lucie: tout d’abord je crois que l’article « C’est jeuli le Mareuc » a été écrit par André Martinet, et non Marcel Cohen. Ensuite, oui, JE VAS est plus fréquent comme orthographe que JE VA: simple paresse de ma part. Mais qualifier JE VAS de forme de l’Ouest de la France est quelque peu anachronique: au dix-septième siècle les deux formes JE VAIS et JE VAS étaient en compétition dans la langue de la cour royale elle-même: et pour le français canadien comme pour les créoles français il est clair qu’ils ont tous pour ancêtre une forme de français parisien très proche de la norme de l’époque. La ressemblance entre la réalisation ts, dz de t,d devant i et u en québécois et la prononciation martienne de ces consonnes remonterait d’ailleurs, selon au moins un spécialiste, à ce français.

    Gro Zippo: votre étymologie pour AVA me semble d’autant plus vraisemblable que nous avons, au Québec, une distinction entre JE VAS « je vais » et une forme MA (parfois orthographiée MAS, M’A ou M’AS) qui sert seulement à marquer le futur: on peut dire JE VAS PARTIR À MONTRÉAL ou MA PARTIR À MONTRÉAL, mais comme verbe de mouvement seul JE VAS est possible: JE VAS À MONTRÉAL, jamais *MA À MONTRÉAL (L’astérisque, en linguistique, indique une forme ou phrase impossible). Il est clair que cette forme dérive d’une contraction d’un ancien (JE) M’EN VAS. Ceci indique qu’à l’époque où Mars et le Canada ont reçu leurs premiers colons de France la langue desdits colons faisait un plus large usage de S’EN ALLER (je renvoie à l’exemple que donne Marie-Lucie) qu’en français normatif moderne.

  26. marie-lucie

    Etienne, l’Ouest de la France (géographiquement plutôt le Nord-Ouest) est une région conservatrice au point de vue linguistique. Je parle surtout de la population rurale, dont les parlers sont en voie de disparition mais avaient beaucoup de ressemblances avec les parlers canadiens. Je me rappelle un médecin d’une ville de Normandie qui avait assisté (peu après le dernière guerre) à une conférence faite par un professeur de médecine canadien qui avait étonné l’assistance parce qu’il parlait « comme un paysan » des villlages environnants. Il est fort possible que ces parlers aient conservé des deux côtés de l’Atlantique des traits qui existaient à Paris à la grande époque de l’immigration, mais cela voudrait dire qu’il n’existait guère de différences dialectales dans la France de l’époque. D’autre part, de même que maintenant on trouvait alors à Paris des gens venus de toutes les parties de la France, d’où les discussions savantes pour choisir entre différentes variantes telles que JE VAS ou JE VAIS.

  27. nous avons, au Québec, une distinction entre JE VAS « je vais » et une forme MA (parfois orthographiée MAS, M’A ou M’AS) qui sert seulement à marquer le futur: on peut dire JE VAS PARTIR À MONTRÉAL ou MA PARTIR À MONTRÉAL

    Étienne, voilà qui est étonnant, car ici aussi il est possible d’entendre des gens dire “ma faire ça” ou “ma partir une fois”. En fait, la forme que jusqu’à présent je jugeais “canonique” (en français mauricien) était “moi faire ceci” ou “moi faire cela”, et le fait que certains disent “ma” au lieu de “moi” me semblait un raccourci. Ce que vous dites là m’oblige à reconsidérer ce point de vue.

    Dans la note consacrée à l’expression “jusqu’à l’heure” je racontais l’histoire d’un étudiant mauricien en France qui avait été rattrapé bien malgré lui par sa mauricianité : “La présidente du jury lui fait signe que le temps est terminé mais lui, emporté par son excitation, ne peut renier le Mauricien qui refait alors surface. ‘Moi finir, moi finir !’, implore-t-il. Réponse cinglante de la présidente : ‘Ah, toi y en a parler petit-nègre.’” Dans la liste de mauricianismes, j’ai mis ce “moi”, à la lettre m-, mais je me prends à me demander si je n’aurais pas plutôt dû le mettre sous la forme “moi/ma”. J’ai précisé qu’il s’agissait de l’ellipse du verbe laisser dans les expressions du genre “laisse-moi faire”, “laissez-moi finir”, “laissez-moi voir”, etc., ellipse qui serait apparue sous l’influence du créole, où l’on dit “mo fer”, “mo fini”, “mo get”, etc. Mais peut-être cela correspond-il plutôt à un usage ancien et régional en français ? Est-ce qu’au Québec les phrases “ma partir à Montréal” ou “ma mettre du sirop d’érable sur ton pain” peuvent avoir peu ou prou le sens de “laisse-moi partir” ou “laisse-moi mettre” — ayant de ce fait un sens proche de anou ou de let’s, mais avec la première personne du singulier plutôt que la première personne du pluriel ?

  28. Marie-Lucie: chez Language Hat, en février 2009, dans les commentaires du billet « Speaking in tongues » j’ai donné quelques sources indiquant que le français québécois est issu d’un français parisien très proche de la norme cultivée de l’époque, et le français acadien d’un français parisien plus populaire et avec des influences dialectales. Sans trop vouloir me vanter, j’ai moi-même, lors d’une présentation, souligné que les créoles français doivent eux aussi provenir de ce français parisien cultivé et ne rien devoir (hormis quelques mots, qui d’ailleurs auraient très bien pu pénétrer à date ultérieure) aux parlers de l’Ouest de la France.

    Il existe bel et bien nombre d’anecdotes portant sur la ressemblance entre le québécois et le français de Normandie. Mais elles ne prouvent rien: des ressemblances entre le québécois et d’autres français régionaux, y compris des formes de français parlées dans des régions/provinces qui n’ont joué aucun rôle important dans l’histoire démographique de la Nouvelle-France, s’observent aussi. La française de Savoie dont j’ai parlé ici (celle dont les grands-parents disaient « souliers » et non « chaussures ») trouvait notre accent très semblable à celui de ses grands-parents et a éprouvé une réelle surprise lorsque je lui ai dit que la Savoie n’avait pratiquement pas fourni d’immigrants à l’époque de la Nouvelle-France.

    On observe d’ailleurs ce genre de nivellement dialectal dans le cas d’autres langues européennes qui ont pris racine outre-mer: ainsi, l’anglais néo-zélandais est un parler anglais qui est « non-rhotic », comme l’anglais britannique d’aujourd’hui, mais il n’y a aucun doute que la majorité des colons de la première génération arrivée en Nouvelle-Zélande étaient des gens de l’extérieur de Londres parlant divers dialectes anglais qui étaient (pour la plupart) « rhotic »: mais le prestige de l’accent londonien (qui avait déjà perdu le /r/ en finale et devant consonne) était tel que deux générations plus tard les traits de cet accent londonien, y compris cette chute du /r/, s’étaient généralisés à l’ensemble de la population anglophone née en Nouvelle-Zélande. Je soupçonne qu’une unification linguistique semblable a eu lieu au cours de l’histoire de la Nouvelle-France: les locuteurs natifs du français parisien normatif ne constituaient qu’une petite minorité, mais comme les londoniens en Nouvelle-Zélande, il s’agissait d’une minorité jouissant d’un prestige si élevé que leur usage linguistique a balayé celui de la majorité des premiers colons.

    (En passant, une de mes ambitions serait un jour d’écrire un livre comparant les différentes langues européennes -anglais, français, espagnol, portugais, néerlandais et russe–qui ont pris souche à l’extérieur de l’Europe (y compris sous des formes créolisées): j’ai déjà une modeste bibliographie, et un trait commun, c’est que malgré l’indiscutable diversité dialectale des premiers colonisateurs, une uniformisation, dans le sens d’une acquisition de la norme, semble s’être effectuée partout. Un mystère, en fait, est que cette uniformisation semble avoir procédé beaucoup plus vite en français qu’en espagnol américain).

    Bon, assez parlé de moi. En réponse à Siganus: le MA québécois ne s’utilise jamais comme impératif ou comme synonyme de « laisse-moi »: également ce n’est qu’à la première personne du singulier que l’on distingue ALLER marque du futur et ALLER verbe de mouvement (à part JE VAS et MA, le verbe se conjugue comme en français normatif). J’ai déjà observé que d’autres créoles français ont des formes de type MA, avec un sens de « futur première personne », qu’on explique généralement comme étant une contraction de MOI VA. Il se peut qu’il s’agisse d’une ressemblance purement fortuite entre le québécois et les créoles français.

  29. Les Réunionnais utilisent une forme équivalente pour leur futur, mais à la 3ème personne. « Je vais faire » se dit « mi sa-va fer » comme si c’était « je s’en va faire ». Souvent le « va », ou plus precisément le ‘v’, disparaît pour laisser une voyelle ‘a’ longue, tel « mi sa’a fer ».
    On peut retrouver cette forme à l’instant 0:50 dans cette chanson du groupe Carrousel: « mi di a ou, l’a pran moin toutt, li sa’a par rodd le boutt », sauf erreur, « je vous le dis, elle m’a pris tout, elle (s’en) va partir chercher ailleurs ».

    Le ‘s’ peut disparaître aussi, et parfois un ‘r’ pourra être rajouté comme on peut l’entendre souvent dans cette interview de Mr Danyel Waro. A 1:50 « li a rantt dan sosiété komm sa li » (« il va rentrer dans la société comme ça, lui »), à 1:55 « li l’é prézan, li a laiss son trass » (« il est présent, (et) il va laisser sa trace ») et à 2:39 « li ar mett lafrik ladan, li ar mett … l’a toutt » (« il va mettre de l’Afrique là-dedans, il va mettre … y a de tout ».

    Un autre titre de Carrousel est Na voir demain, qui est une contraction probable de « Nou a voir demain » (« nous verrons demain »), sans doute pour éviter un hiatus comme cela existe aussi en céole martien, par exemple, dans « monn fer » qui remplace « mo inn fer » (« j’ai fait »).

  30. Pardon, en réunionnais, une contraction de « Ni a voir demain ». J’en arrive à me mélanger :-).

  31. Siganus Sutor

    Étienne, c’est noté pour le ma québécois, qui n’est donc pas équivalent au ma martien.

    Quant à aller, on le retrouve dans une autre expression locale, le mot — que j’ai écrit allez avec un -z final, comme s’il s’agissait en quelque sorte de l’impératif — signifiant “d’accord”, “okay”. Par exemple :

    — Tu veux quelque chose à boire ?
    — Allez !

    Ce mot “allez” qui peut donc servir à exprimer son assentiment peut être remplacé par “right” (prononcé “raït”, comme en anglais mais avec un /r/ initial un peu plus rauque), voire même par “allez right”.

    — Tu veux boire une bonne bière glacée ?
    — Allez right !

    (“Right” est aussi employé fréquemment pour dire “okay”, “c’est bon”, “ça va”, “c’est corec”, voire pour ponctuer le discours, surtout lorsqu’il se veut particulièrement affirmatif et convaincant, un peu comme certains pourraient le faire en ponctuant leurs propos de “okay” censés rallier leur interlocuteur à leurs propos.)

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