Campagne
II.− [L’idée dominante est celle d’une activité d’un temps limité]
A.− Expédition militaire comportant plusieurs opérations menées sur un vaste théâtre de guerre (par opposition à celles menées dans les places fortes); par extension, la guerre.
B.− Intense activité menée pendant une période limitée et mettant en œuvre un maximum de moyens en vue d’un résultat précis et concerté. Campagne de propagande; campagne économique, politique.
1. [Avec insistance sur le caractère d’agressivité ou de propagande] Faire, mener (une) campagne pour, contre qqn ou qqc.; lancer une campagne.
− Campagne électorale. ,,Ensemble des opérations de propagande qui précèdent une élection ou un référendum« (Jur. 1971).
(Trésor de la langue française.)
« On ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse. » (Clemenceau)
« Un électeur compatissant s’approche d’un candidat malheureux et lui dit :
— Alors, mon ami, vous devez être dépité ?
— Mais non, s’écrit l’autre, z’ai été batti. »
(Yvan Lagesse, Comment vivre à l’île Maurice en 25 leçons, page 67.)
Élection
Procédure par laquelle des électeurs portent leurs suffrages sur les candidats qu’ils chargent de les représenter dans des assemblées administratives de ressort et de compétence variables.
Étymologie et histoire
1. Ca 1135 eslection « à son choix » ; 2. 1155 electium « choix de quelqu’un pour une fonction (par voie de suffrage) »; 3. 1469 eslection « subdivision administrative sous l’Ancien Régime ».
Emprunté au latin electio, -onis class. « choix »; 3 issu de l’ancien français eslection « pouvoir conféré par élection ».
« Il n’est pas possible de se faire élire sur un programme et de l’appliquer. Car le choix est simple : ou l’élu trompe ses électeurs, ou il trompe l’intérêt du pays. » (Général de Gaulle)
Élu
III.− Emploi subst.
A.− [Correspond à élire A]
2. Usuel. Personne qui a reçu un mandat, un titre par voie de suffrages. L’élu d’un parti, du peuple, d’un quartier.
B.− [Correspond à élire B]
1. [Choix à caractère relig.]
a) Être humain à qui Dieu dispense spécialement sa grâce en vue, parfois, de l’aider à remplir une mission sur terre.
b) Être humain à qui ses mérites valent d’entrer au Paradis. Anton. Le réprouvé, le damné.
− Au plur. L’ensemble des êtres humains qui, après leur mort, en vertu du Jugement particulier, entourent Dieu au Paradis et chantent ses louanges. Apothéose, félicité, règne des élus.
c) P. anal.
α) Celui, celle qui semble appelé(e) par les circonstances, par le destin, à jouir d’une supériorité sur le reste des hommes.
− Au plur. Petit clan de gens qui, se reconnaissant les arbitres du goût, de l’élégance, s’arrogent le droit de juger et de critiquer. Il [le comte de Montesquiou] partage l’humanité en deux camps, les élus et les exclus, deux termes à quoi il faut d’abord songer lorsque l’on cherche à définir le snobisme.
β) Spéc. Haut dignitaire dans certaines branches de la franc-maçonnerie.
2. [Choix sans caractère relig.] Être humain qui est l’objet, de la part de quelqu’un, d’une préférence dictée par l’amour, l’affection, l’amitié. Heureux élu, l’élu(e) de mon cœur.
« Si Dieu était élu démocratiquement par tous les fidèles, si ses revenus étaient soumis à l’impôt et s’il était tenu de prendre sa retraite à soixante cinq ans… je deviendrais peut-être croyant. » (Geluck, Le Chat est content.)
“Win or lose, we go shopping after the election.” (Imelda Marcos)
“It’s exciting; I don’t know whether I’m going to win or not. I think I am. I do know I’m ready for the job. And, if not, that’s just the way it goes.” (George W. Bush)
« L’élection encourage le charlatanisme. » (Renan)
« Perte. Privation de ce que nous possédons, ou ne possédons pas. C’est dans ce deuxième sens que l’on dit d’un candidat battu qu’il a « perdu les élections ». » (Ambrose Bierce, Le dictionnaire du Diable.)
« The trouble with free elections is, you never know who is going to win. » (Leonid Brezhnev)
La dixième photo a une saveur particulière: la nonchalance des agents de bords différents autour d’un poteau, rouge d’un côté, mauve de l’autre. On devine une conversation sans grande importance, mais des amis de la vie de tous les jours, qui, une fois les élections terminées et les résultats annoncés, se retrouveront autour de la même table de beuverie… Non? Je l’espère bien…
C’est l’impression que j’ai eue : on était adversaires pour cette élection, mais cela n’empêchait pas de se parler, le fait que l’on soit voisins paraissant avoir davantage d’importance que la couleur électorale des uns et des autres.
Je lui trouve vraiment un air festif à votre « campagne ».
J’ai bien regardé la dixième photo, mais je n’ai pas trouvé quoi que ce soit qui puisse montrer que ces gens soient ou ne soient pas du même côté en politique. Peut-être est-ce parce que, n’étant pas du coin, je ne sais pas reconnaître les signes?
Les couleurs des vêtements (et du chapeau !) Marie-Lucie ! Chaque parti a les siennes.
Je vois! On s’assortit aux couleurs des banderoles de son parti? Le rose (du chapeau) et le violet (du t-shirt) sont-ils les couleurs du même parti?
Zerbinette : Je lui trouve vraiment un air festif à votre “campagne”.
Sans doute, d’une certaine manière, mais les tambours
du Bronxne sont pas toujours les bienvenus, ni les doloks. (Il est vrai que le volume sonore de la campagne a de quoi abrutir les esprits. Il n’est pas étonnant, dans ces circonstances, qu’on ne sache plus bien ce qu’on pense et ce qu’on dit, bordel !)Oui, Marie-Lucie, les élections sont avant tout une question de couleur à Maurice. (Propos pouvant être lus de diverses façons, “nation arc-en-ciel” oblige.) Nous avons d’un côté l’alliance mauve (“violet” se dit “mauve” en mauricien), qui est pratiquement monochrome, et de l’autre nous avons l’alliance dite “bleu-blanc-rouge”, quand bien même le blanc est orange en réalité, comme on peut le voir sur la deuxième photo ci-dessus (il en avait aussi été question là), ainsi que sur certains oriflammes que je n’ai malheureusement pas eu le loisir de photographier. (Le parti qui s’estime être le vrai parti blanc — le Parti Socialiste Mauricien — a porté plainte pour usurpation de couleur (“lol”, comme on dit), mais il ne semble pas que cela ait eu beaucoup d’effet.)
Sur la 10e photo, on voit un activiste rouge (Parti travailliste) et un activiste mauve (MMM) discutant avec d’autres villageois, sans acrimonie particulière.
Ah, je vois que le 6 avril “le Parti Socialiste Mauricien (PSM) a retiré sa motion visant à interdire l’utilisation du blanc par l’Alliance Ramgoolam/Jugnauth/Duval ‘pour l’instant’”, bien que lors d’une élection partielle l’année dernière il y a bien eu un candidat blanc (PSM) contre un candidat encore orange à l’époque (MSM). Le Commissaire électoral a fait remarquer qu’à la différence du symbole (clef, cœur, coq, soleil) il n’était pas possible d’enregistrer une couleur particulière pour un parti politique (Le Mauricien).
> Siganus:
Vous employez le mot « activiste » pour désigner ce que j’appellerais plutôt des militants. Ce mot aurait-il un sens plus « doux » à Maurice que chez nous ?
En effet, du moins chez moi, « activiste » désigne un partisan de l’action directe— avec tout ce que cela suppose d’utilisation de la violence et d’extrémisme — par opposition au légaliste qu’est le militant de base.
Leveto, il ne me semble pas qu’activiste soit un mot particulièrement péjoratif ici. Activiste ou agent sont fréquemment et indifféremment utilisés pour parler de ceux que vous appelez des militants. (Ici “militant” peut être un peu connoté, vu qu’un des principaux partis porte le nom de Mouvement Militant Mauricien, parti dont l’organe de presse s’appelle Le Militant.)
Quelques exemples relevés dans la presse :
« Un activiste travailliste tué dans un accident »
« Narainduth Jeeloll, 44 ans, aussi connu comme Roshan, a été fauché par un 4×4 alors qu’il aidait ses amis, tous des activistes de l’Alliance de l’avenir, à installer des banderoles sur la route Royale de Solférino n° 2, Vacoas. » (L’Express du 26 avril 2010.)
« Un activiste mauve a porté plainte au poste de police de Pailles hier. Celui- ci allègue qu’il a été approché par des partisans de l’alliance bleu- blanc- rouge et que ces derniers lui auraient proposé un emploi dans le port s’il rejoint leur camp. » (L’Express du 23 avril 2010.)
« A son retour au pays, Chantal continue à être activiste pour le PMSD. Lorsque sir Gaëtan Duval meurt, c’est le choc. » (L’Express du 28 avril 2010.)
On trouve même des “activistes militants” :
« Effectivement, entre-temps, James Burty David, le gros loup rouge introduit dans la bergerie à la faveur de la défunte entente Navin Ramgoolam-Bérenger de 1995, a miné considérablement le terrain. Avec, en plus, l’aide de remuants anciens activistes militants qui ont changé de camp, principalement dans les localités ouvrières de Camp Chapelon, Pailles et La Tour Koenig. » (Week-End du 10 juillet 2005.)
Pour ce qui est du sens français, effectivement le Petit Robert donne ceci :
Activiste
– Partisan de l’activisme*. L’opposition des activistes à l’indépendance de l’Algérie.
– Extrémiste. Des activistes d’extrême-droite.
Eh bien voilà un mot qui pourrait figurer dans la liste de mauricianismes du fait de la différence de sens, ou tout au moins de nuance.
* activisme : doctrine qui préconise l’action violente (en politique) – Le Petit Robert (Mugabe)
Il y a donc bien une différence de nuance, en effet. Un parti ne pourrait pas s’appeler en France « Parti activiste » sans provoquer une levée de boucliers, surtout depuis que le groupe « Action Directe » a fait parler la poudre…
Il n’y a pas de “Parti activiste” ici. Il y a juste un “Parti action libéral” qui fait des fautes de français (voir une des photos ci-dessus) et dont le mot “libéral” est à peu près aux antipodes du sens qu’il peut avoir en France. Mais il existe des activistes dans tous les partis, et cela ne gêne personne qu’ils soient appelés ainsi.
Vous auriez donc traduit ce mot par “militant” ?
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Jeudi 6 mai, midi.
Dans L’Express d’aujourd’hui :
« En revanche, personne ne conteste le fait que la journée a été largement dominée par les rouges en termes de logistiques. Tous ceux qui ont sillonné l’île hier ont fait le constat de l’omniprésence des activistes, des banderoles et des voitures rouges. »
Des activistes qui n’avaient pas grand-chose d’extrémiste pour ce que j’en ai vu, malgré leurs gros pavillons*. En fait il était assez cocasse**, dans bien des cas, de voir les deux blocs partager les mêmes “bases” sans problème apparent.
* pavillon = drapeau
** tant au sens mauricien que français
Les choses semblent gagnées pour les bleus, les blancs et les rouges. Surtout pour les blancs sans doute. La question maintenant est de savoir quand est-ce que ces derniers vont redevenir des oranges.
Les boules de cristal valant ce qu’elles valent, qui sait ce que l’avenir nous réserve ?
5 ans après, la roue tourne… Boule viré — Viré mam — Riyé mam.