Ardeur

Ardeur.
Nom féminin.

Lumière solaire aveuglante.

« On est allé sur la plage ce matin. L’ardeur était tellement forte qu’on ne pouvait même pas ouvrir les yeux normalement. »

« Quand elle arrive à l’hôpital le jeudi matin, jour de la mort d’Eugénia, Marinette tombe des nues. Sa fille a les yeux bandés et un sparadrap sur la bouche. “Je pense qu’on lui a fait cela pour l’empêcher de crier, alors que ma fille me cherchait”, explique la mère. Malgré cette scène, Marinette réalise que sa fille est toujours vivante. Comme explication, on lui dit que c’est à cause de “l’ardeur” qu’on lui a bandé les yeux. » (Week-End, 4 juin 2006.)

En français “normal” l’ardeur du soleil est sa chaleur, sa capacité à chauffer, pas sa luminosité : « Chaleur très vive. L’ardeur du feu. » (TLF.) L’ardeur mauricienne, qui n’est pas obligatoirement acccompagnée du sentiment d’avoir chaud, se rapproche davantage du mot anglais glare, que le Harrap’s traduit par “éclat, éblouissement, lumière éblouissante (of sun etc)”.

Mais en français standard le mot ardeur, du latin ardor, peut avoir d’autres acceptions, y compris dans le domaine médical ou amoureux — voire angélique —, ou encore celui de la voile (mais pas de la vapeur).

« Ardeur : État particulier de l’amour sans l’expérience. » (Ambrose Bierce, Dictionnaire du Diable.)

26 réponses à “Ardeur

  1. Chez nous, « ardor » est aussi éclat. D’ailleurs, le mot « resol » (« sol » est le soleil) est la lumière (ou luminosité) et la chaleur provoqués par la réverbération du soleil.

  2. Pero Jesús tenemos el verbo arder.
    En français arder ( brûler ) et en italien ardere.
    Plus très utilisé par les Gaulois, il donne un participe passé rigolo ; le buisson ardant arde toujours.

  3. Ada, our ardors and arbors

    How sweet of you, Sig, to dedicate one of your note to Nabokov’s masterpiece, though you consider it as pure gloubi-boulga !

    In that sense, you will certainly appreciate that, when I googled « Ada, our ardors and arbors », Van Veen’s almost mystical motto, Google proposed to me, alternatively, « Ada, our errors and harbors »…

    En réalité, si Van Veen aimait « les ardeurs et les arbres d’Ardis », il aimait par dessus tout l’ardeur d’Ada, que l’ « expérience » n’a certainement jamais érodée.

  4. … « que l’expérience n’a jamais éteinte« , aurais-je dû écrire, pour filer la métaphore…

  5. Aquinze, il est certaines associations qui se font d’elles-mêmes, en dépit de nous.

    Ada, our errors and harbors
    Il n’a jamais été entendu que Google détenait la vérité ultime, quand bien même ce dernier pourrait être ardent à prétendre le contraire.
     
     
    Jesús : Chez nous, « ardor » est aussi éclat.

    Voilà qui est intéressant. On se demande quelle influenza ibérique aurait éventuellement pu nous atteindre dans ce cas, sachant toutefois que notre vocabulaire a été influencé par le portugais plutôt que par l’espagnol.

    Une maladie dont le nom m’a toujours fasciné : le “Mal des Ardents”, causé par un champignon parasitant le seigle.

  6. >Siganus K.
    L’ergotisme chez nous, au Moyen Âge, était le « fuego de san Antonio ».
    Le latin « ardor » a aussi l’acception d’éclat.

  7. Le latin « ardor » a aussi l’acception d’éclat.

    Je ne le savais pas, jusqu’à maintenant. Fiat lux, en quelque sorte.

    Qu’est-ce que saint Antoine pouvait-il bien avoir à faire avec les gens se mourrant d’empoisonnement dû à l’ergot du seigle ? J’ai toujours entendu dire qu’on invoquait son nom lorsqu’on avait perdu un objet.

  8. Qu’est-ce que saint Antoine pouvait-il bien avoir à faire avec les gens se mourrant d’empoisonnement dû à l’ergot du seigle ? J’ai toujours entendu dire qu’on invoquait son nom lorsqu’on avait perdu un objet.

    Rien, justement, le Saint-Antoine auquel vous pensez est Saint-Antoine de Padoue. Celui du Feu de Saint-Antoine est Antoine l’Egyptien, dont Flaubert a décrit les affres dans La Tentation de Saint-Antoine.

    J’ai trouvé sur le site de Saint-Antoine l’Abbaye (où reposent les reliques dudit Antoine) cette description du Mal des Ardents :

    « Le mal commençait par une tâche noire ; cette tâche s’étendait rapidement causant une ardeur insupportable, desséchait la peau, pourrissait les chairs et les muscles qui se détachaient des parties osseuses et tombaient par lambeaux. Feu dévorant, il brûlait petit à petit et enfin consumait ses victimes sans qu’on put apporter de soulagement à leurs souffrances. Plusieurs éprouvaient ses plus cruelles atteintes dans l’espace d’une nuit ; s’ils ne mourraient pas au bout de quelques heures. »

    Ecrit de Sigebert de Gembloux au XIe siècle.

  9. Siganus K.

    Aquinze, je me souviens d’une dame qui parlait de “Saint Antoine cochon”, lequel, semble-t-il, était souvent invoqué par toutes sortes de gens. S’agirait-il d’un de ces deux-là à votre connaissance ?

    En ce qui concerne cette insoutenable clarté, je suppose qu’un Mauricien allant faire du ski sur la neige, dans les montagnes (il paraît qu’il y en a), pourra parler d’ardeur là-bas aussi, même s’il est en train de geler sur pied à ce moment-là.

  10. >Siganus K.
    « Je ne le savais pas, jusqu’à maintenant. »
    Moi non plus.
    C’est vrai ce qu’Aquinze nous a raconté. Pour éclaircir un peu, j’ai récité (LOL) cette prière :
    « Saint Antoine de Padoue, toi si doux, d’où ?
    Mais de Padoue, ouvre-moi les yeux, toi si doux .
    Saint Antoine de Padoue, toi si doux , ouvre-moi les yeux et fais-moi retrouver ……car cela m’ est nécessaire. », et eureka !, j’ai trouvé ce lien :

    Cliquer pour accéder à conference_sfc_ENGEL_GUENTER_10_12_2009.pdf

    Certes, saint Antoine de Padoue était Portugais, et dans l’iconographie de l’autre Antoine, le cochon est presque toujours.

    P.S. : C’est en Asturies où j’ai écouté le mot « resol » et là il ne fait pas chaud.

  11. marie-lucie

    « Ardant »? A part le nom de Fanny Ardant, ce mot ne semble pas exister: c’est « ardent » pour le buisson, le Mal et le Bal.

  12. marie-lucie

    Jesús, creo que nos conocemos (en el internet). Ud. no creia que mi nombre fuera mio.

  13. Oui mais, jeu de mots , ardant participe présent de arder , qui brûle…

  14. marie-lucie

    Arcadius, il est bien connu que « ardent » veut dire « brûlant ». Le fameux buisson de la Bible est toujours représenté en flammes, et le « Bal des Ardents » se nomme ainsi à cause de l’incendie qui consuma les malheureux dont les costumes, faits de matières hautement inflammables, prirent feu.

    Et où trouvez-vous le verbe « arder »? « ardent » vient du participe présent du verbe latin qui a donné l’espagnol « arder », terminaison en -er, et non « ardar » où la terminaison -ar correspondrait au -er français (et cette former impliquerait un verbe latin « ardare » avec un participe présent en -ant-). S’il y a vraiment un verbe « arder », ce doit être une création relativement récente d’après « ardent » interprété étymologiquement.

  15. marie-lucie

    pardon: … cette forme …

  16. Et où trouvez-vous le verbe “arder”?

    Marie-Lucie, chez Littré :

    ARDER
    1° V. a. Brûler. Que le feu Saint-Antoine vous arde !
    2° V. n. Être brûlant.
    Haro ! la gorge m’ard, LA FONT. Paysan.

    Ce mot est tombé en désuétude. Le participe passé est ards ou ars.

  17. >Marie-lucie
    « No entiendo qué quiere usted decir. »

  18. In English, the tantony pig, originally « St. Anthony’s pig », is the smallest pig of a litter, the runt. By extension, anyone who follows closely after someone else.

  19. marie-lucie

    Zerbinette, merci.

    Il me semble quand même que le grand homme a fait une erreur: un verbe français « arder » viendrait d’un latin « ardare », il aurait un participe présent « ardant » et un participe passé « ardé ». Je pencherais pour « ardre » comme infinitif, un descendant du latin « ardere » avec accent tonique sur la première syllabe, régularisé pour le verbe espagnol « arder » sur la deuxième syllabe.


    Ah! après avoir consulté entre temps le TLFI (qui ne connaît pas « arder »), je trouve justement à la partie historique de la rubrique « ardent »: « inf. ardre », participe passé « ards’. Un mot attesté donc, mais peu usité en tant que verbe.

  20. marie-lucie

    Jesús, disculpe, quizas Ud. es otro que pienso.

  21. marie-lucie

    Encore ardre pour l’infinitif:

    Haro ! la gorge m’ard, LA FONT. Paysan.

    La citation de Littré montre que le verbe ne peut pas être « arder », verbe du premier groupe, dont la troisième personne du singulier se termine toujours par -e. Seuls les verbes du troisième groupe se terminant en -dre (rendre, tendre, entendre, coudre, moudre, perdre, tordre, mordre, etc) gardent le -d final écrit à la troisième personne du singulier, donc ard comme perd ou mord. Littré a donc soit inventé « arder » par régularisation, soit (plus probablement) copié cet infinitif dans une source fautive.

  22. marie-lucie

    Le Mal des Ardents: Le mal commençait par une tâche noire …

    C,est-à-dire une tache noire …

    Une tâche, c’est un devoir ou une corvée.

  23. zerbinette

    copié cet infinitif dans une source fautive

    Marie-Lucie, celle-ci ? :

    http://portail.atilf.fr/cgi-bin/dico1look.pl?strippedhw=arder

    L’explication se trouve à la rubrique ardre du tilf.

    Arder, accepté par l’Ac. à partir de 1762, est une forme artificielle refaite d’apr. les qq. formes personnelles encore en usage, sans corresp. en anc. fr. en dehors de certains dial., comme l’agn. où -eir > -er. Dans l’ex. suivant il s’agit peut-être d’un italianisme :
    5. Pour avoir un peu de chaleur, j’avais acheté quatre ou cinq scaldini et deux douzaines d’éventails en paille, et je payais les enfants un franc l’heure pour faire arder la braise toute la journée.
    Larbaud, A. O. Barnabooth, 1913, p. 210.

    Si vous avez cherché sur le lien Littré, vous avez vu qu’il indique bien : « arder, ardre ou ardoir ».

    Vous trouverez aussi ardoier, ardoir, hardoir, ardeir, ardeoir, erdoir A HREF= »http://www.micmap.org/dicfro/?d=gdf&w=arder »>ici.

    C’est vraiment un sujet brûlant !

  24. zerbinette

    Désolée, ici :

    ici.

  25. marie-lucie

    Zerbinette, merci d’avoir fait cette recherche. Je ne savais pas (ou je n’ai pas compris) qu’il y avait un lien Littré, sans quoi j’aurais mentionné les formes différentes prises par ce verbe intéressant.

    Mais « arder » est bien une formation relativement récente: en linguistique historique, un ou deux siècles, ça n’est pas grand-chose, et « ardre » date du Moyen Age tandis que « arder » est du 18ème siècle, en passant par « ardoir », etc (autres verbes du troisième groupe).

  26. Siganus K. Sutor

    > Aquinze

    Vous vous souvenez sans nul doute des diverses conversations que nous avons pu avoir au sujet d’Ada, ou l’ardeur, livre de Vladimir Nabokov. (Cela avait commencé ici il me semble.) J’ai récemment lu ce qui suit dans un roman d’un auteur nettement plus fréquentable à mes yeux :

    Reading Nabokov’s Ada : an intermittently brilliant but baffling book — an idée fixe on the rampage, leaving friendly readers stunned and exhausted behind. I have to say that as an admirer of style — a loaded word, but actually best thought of as a synonym for individuality — VN’s mannered artfulness, his refusal to let a sleeping word lie, becomes in this book more and more like a nervous tic than a natural, individual voice, however fruity and sonorous. The studied opulence, the ornament for the sake of ornament, grows wearing and one longs for a simple, elegant, discursive sentence. This is the key difference: in good prose precision must always triumph over decoration. Wilful elaboration is a sign that the stylist has entered a decadent phase. You cannot live on caviar and foie gras every day: sometimes a plain dish of lentils is all that the palate craves, even if one insists the lentils come from Puy.

    (William Boyd, Any Human Heart, page 455.)

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