Archives quotidiennes : 14 avril 2010

Jeanmalac

Jeanmalac.
Nom masculin.

Jamalac, pomme de Java ou pomme d’eau (Syzygium samarangense). Fruit juteux, rose à rouge dans sa variété principale, poussant sur un arbre de la famille des Myrtacées. En sus des trois cités ci-dessus, il est connu sous de multiples autres noms : poire d’eau, jambose rouge, pomme rosée, poire ou pomme Malaque, pomme de Malaisie… Il règne dans ce domaine une certaine confusion, tant pour ce qui est des noms communs que des noms scientifiques. La confusion peut s’étendre aux espèces voisines.

« Lors de leur visite ils avaient amené un panier de jeanmalacs, et tout le monde est tombé dessus. »

Le nom aurait normalement dû être jamalac, mais dans les faits on entend plus souvent la prononciation jeanmalac, jean comme la route Saint-Jean et malac comme la compagnie Harel-Mallac. Cette prononciation semble se rencontrer aux Seychelles aussi.

Le nom commun jamalac a lui-même une origine inhabituelle puisqu’il résulterait de la recombinaison du nom d’un fruit voisin, le jambose (ou jamrosat, jambrosade ou jam-rose), et d’un nom scientifique (latin) : Jam(bos) malac(censis) aurait ainsi donné jamalac*, qui serait donc le jambose de Malacca, un des plus célèbres détroits indonésiens.

Le rapport de l’arbre peut être très important, au point que les branches ploient sous le poids des fruits. Ces derniers peuvent littéralement pleuvoir lorsqu’une réaction en chaîne intervient à la suite de la chute d’un premier jeanmalac, d’où l’expression “grainé kouma zanmalak”.
 
 
 
 
* Ange BIZET et Annie WALTER, Problématique de terminologie botanique en français, page 44 (pdf) :
« Jambos issu du malais, transmis par le portugais, entre dans la terminologie scientifique, Eugenia jambos L. Il devient en français “le jambos” pour Candolle, puis la jambose, jambosier, que nous retenons. Dans l’abondante variété des appellations on rencontre “jamrose’” et “le jamerose” par croisement avec “pomme-rose, pommier-rose”, “pomme de rose”, “pomme rose”, autres appellations de plusieurs fruits du même genre (pour leur parfum de rose). Jambos devient générique, Jambosa vulgaris, pour Candolle (reclassé Syzygium jambos depuis 1992). Il désigne donc plusieurs espèces, notamment, Jambosa malaccenis (Eugenia malaccensis. L., Syzygium malaccense. Merril et Perry) pour lequel nous retenons Jamalac (n.m.) formé par contraction, sous forme d’un acronyme par télescopage Jam(bos) malac(censis) avec -m- bivalent¹. La conservation de la séquence jam- maintient le nom dans la série formée sur la racine malaise, jambose, jamerose, jambolan, jamelonguier… L’abrègement malac se retrouve dans l’appellation postérieure de pommier malac. Le nom en un seul mot est nettement préférable pour des raisons de concision. L’arbre est donc le jamalaquier.
La situation complexe de synonymie et de polysémie est aggravée par des traductions mot à mot de l’anglais dont la situation est au moins aussi confuse (rose apple, pink apple, Malay apple, mountain apple…).
(…)

« 1. La création n’est pas explicite. A. de Candolle, Origine des plantes cultivées (1883. réédité en 1984, Laffitte reprints, Marseille). Cette forme néologique est rare au XIXe siècle. Cette analyse morphologique permet de comprendre que “jamelac” ou “jamlac” ne sont que des erreurs de typographie de même que “jamboisier” (sous l’influence de framboisier) pour jambosier. »