Pain maison.
Nom masculin.
Pain de forme arrondie, d’un poids règlementaire de 100 grammes et se vendant actuellement au prix fixé de deux roupies cinquante.
Pendant très longtemps le « pain maison » a été le pain par excellence, celui qui se mangeait à toutes les occasions et qui constituait la base du déjeuner d’un nombre substantiel de personnes. Dans une assez large mesure c’est encore le cas. Le site seeyhoo.com a une phrase savoureuse à propos de cette nourriture bien terrestre : « Le pain maison est à Maurice ce que la baguette est à la France. »
Le pain maison d’antan était fait avec une farine un peu grise, moins raffinée que celle utilisée pour des gâteaux par exemple, et le dessous (plat) du pain comportait un peu de son collé sur la croûte. On y retrouvait régulièrement des corps étrangers les plus variés, ce qui faisait l’objet d’articles dans les journaux.
Il me semble qu’à Maurice on parle bien plus facilement d’“un pain”, de façon absolue, qu’en France (ou ailleurs en domaine francophone ?), là où l’on dira plutôt « une baguette », « un bâtard », « une ficelle » et ainsi de suite. Un Martien dira par exemple « j’ai amené mon pain », voulant dire par là qu’il a avec lui un sandwich en guise de casse-croûte. Un « pain achards » (dipain asar) est un pain maison (ou, aujourd’hui, un morceau de baguette parfois) contenant des achards, un « pain Gool » est un pain (sandwich) vendu par la tabagie Gool, etc.
Quant à la partie « maison » d’un pain maison, Dieu sait d’où elle provient. (Peut-être à l’origine ce type de pain n’était-il fabriqué que par des particuliers, chez eux.) Il peut toutefois être intéressant de noter qu’en créole on dit enn dipain maison (un pain maison), alors même que maison se dit lakaz.
Très appétissants, ces pains!
Je suis peut-être à l’ancienne mode, mais pour quelque chose de plus gros qu’une baguette je dirais « un pain », à moins qu’il ne soit important d’en préciser la grosseur, par exemple « Achète un bâtard, pas un pain de deux » (= de deux livres – si cette expression s’emploie encore). Mais je n’appellerais pas un sandwich « un pain ».
Marie-Lucie, sur Mars si le sandwich comporte des ingrédients vus comme étant un tant soit peu relevés (pas au sens de pimenté mais plutôt au sens de “de standing”), autrement dit autre chose que des achards, du vindaye ou des gâteaux piment, c’est-à-dire de la viande avec laitue, tomate et mayonnaise, bref quelque chose passant pour assez “européen”, alors on l’appellera “pain fourré”. Il va de soi qu’un tel “pain fourré” ne peut jamais être préparé avec un pain maison. Il doit être fait avec un pain ressemblant à la baguette.
Il est difficile d’estimer la dimension de vos pains maison, mais par leur forme et leur couleur, ils ressemblent à nos « pistolets », dont on se régale surtout le matin au petit-déjeuner…
Pour les sandwichs, on utilise traditionnellement* des… pains-sandwich, connus en France sous le nom de pains au lait, et lorsqu’ils sont garnis **, on parlera de sandwichs fourrés.
A noter que l’usage est encore bien vivace dans de nombreuses familles belges de ne faire qu’un repas chaud par jour, l’autre (celui du midi ou celui du soir) étant un repas-tartines. Il ne s’agit pas à proprement parler de sandwich, mais d’une tranche de pain gris, beurré ou pas, qu’on recouvre d’une tranche de fromage ou de jambon ou des deux, et qu’on accompagne éventuellement d’une soupe (les Belges sont des grands mangeurs de soupe…)
Il est ainsi courant que les jeunes enfants ne fréquentent pas la cantine de l’école à midi (souvent considérée comme trop coûteuse), mais disposent dans les locaux d’un lieu où ils peuvent manger les tartines glissées chaque matin dans leur cartable par leur môman. On dit alors que les enfants sont inscrits au « dîner tartines ».
Cet usage se poursuit d’ailleurs au-delà de l’enfance, de nombreux salariés apportant eux aussi leurs tartines dans une boîte rectangulaire sur leur lieu de travail.
Quant à la baguette belge, c’est un peu compliqué, car elle correspondrait plutôt au batârd évoqué par Marie-Lucie, tandis que ce qu’on appelle « pain » en France est appelé « pain français » en Belgique francophone…
* je dis traditionnellement, car mondialisation oblige, on trouve maintenant à Bruxelles des sandwichs avec à peu près n’importe quelle sorte de pain, de la baguette, blanche ou grise, aux bagnats ou au pain tranché, en passant par la ciabatta, et sans compter les pitas, tacos et autres dorums…
** Il y a partout en Belgique des petits « snacks » où l’on peut choisir la garniture de son sandwich, généralement toutes sortes de « salades », poulet au curry, thon piquant, salade de crevettes, salade de crabe (ou plutôt de surimi), toutes à base de mayonnaise, qu’on agrémentera de « crudités » (une rondelle de tomate, une pincée de carottes râpées et deux tiers de feuille de salade). On pourra aussi choisir de l’ « américain préparé » (variante belge et mayonnaisée du steack tartare), un « club » (jambon blanc – gouda – oeuf dur), des boulettes coupées en tranches, ou pour les plus branchés, un tomate-jambon cru-mozarrella…
Disons qu’un pain maison doit faire cinq pouces de diamètre par là, en moyenne.
Aquinze, le repas de midi que vous décrivez correspond bien avec ce repas en Amérique (Etats-Unis et Canada): le plus souvent soupe et sandwich. Très peu d’enfants habitent assez près de leur école pour retourner à la maison à midi (surtout si les deux parents travaillent à l’extérieur) et les enfants emportent leur repas dans une boîte spéciale, avec la soupe dans une petite bouteille isolante. Les ouvriers font la même chose, avec une boîte plus grosse et plus solide, et les « cols blancs », s’ils ne mangent pas dans une cafétéria, emportent leur(s) sandwich(s) dans un sac en papier caché dans leur serviette (attaché-case) ou leur sac.
Je crois que le « pain de lait » que vous décrivez serait pour moi du « pain de mie ». Pas seulement pour moi, c’est ce qui est écrit sur le paquet.
Marie-Lucie, le pain au lait (et non pain de lait) est un petit pain de forme oblongue avec une croûte souple d’un ocre soutenu et une mie jaune et moelleuse, mais ce n’est pas exactement la même chose que le pain de mie, qui se présente généralement sous la forme d’un parallélipidède mou à l’intérieur très blanc et qu’on achète le plus souvent déjà coupé en tranches dans un sachet en plastique, tranches qu’on recoupe en diagonale pour en faire des toasts ou des sandwichs à la mode anglaise ou américaine… (on trouve maintenant de ces sandwichs industriels emballés sous vide dans toutes les stations-services et les « supérettes » de quartier…)
Sig, cinq pouces de diamètre, dites-vous. Voyons, cela nous fait quelque chose comme 12 centimètres et demi, n’est-ce pas ? Je dirais que nos pistolets n’excèdent généralement pas 4 pouces. Et leur dessous, également plat, est souvent marqué de petits ronds – je suppose qu’ils cuisent aujourd’hui sur des grilles ajourées, mais il est bien posssible que comme vos pains maison, on les posait autrefois sur un lit de son avant de les enfourner….
Et vous savez pourquoi ils sont appelés « pistolets » ?
Il est ainsi courant que les jeunes enfants ne fréquentent pas la cantine de l’école à midi (souvent considérée comme trop coûteuse), mais disposent dans les locaux d’un lieu où ils peuvent manger les tartines glissées chaque matin dans leur cartable par leur môman.
C’est le cas de tous les enfants mauriciens, ou presque. Sauf que nous semblons mieux équipés qu’en Belgique : le pain des enfants n’est pas mis dans leur cartable mais dans une tente, c’est-à-dire un petit panier fermé prévu pour cet usage, dans lequel on met aussi une gourde de jus. (Souvenirs, souvenirs…) Inutile de préciser que le « pain d’école » est un pain maison dans l’immense majorité des cas (du moins à l’époque où j’allais à l’école).
Cet usage se poursuit d’ailleurs au-delà de l’enfance, de nombreux salariés apportant eux aussi leurs tartines dans une boîte rectangulaire sur leur lieu de travail.
Hé hé…
Aquinze, à vos descriptions minutieuses je retrouve maintenant dans ma mémoire le « pain au lait », qui en effet n’est pas du tout la même chose que le « pain de mie » devenu envahissant: j’avais eu l’impression que vous parliez d’une sorte de vrai pain, plutôt que d’une sorte de gâteau individuel qui se mange avec les doigts.
Mais je ne reconnais pas du tout les « pistolets ».
Et le « pain perdu » trempé dans du lait et des œufs avant d’être passé au poêlon, vous le connaissez ? Ma mère le faisait parfois, avec des tranches de pain maison rassis, et nous mettions du sucre dessus. Miam !
Aquinze : On pourra aussi choisir de l’ “américain préparé” (variante belge et mayonnaisée du steack tartare)
Pour autant que je me souvienne, à la Réunion un « américain » est un sandwich particulièrement diététique : pain + frites + fromage gratiné. A chacun son Américain ?
le pain de mie, qui se présente généralement sous la forme d’un parallélipidède mou à l’intérieur très blanc
C’est ce qu’à Maurice on appelle un « pain moule ». (Tiens, il faudra vérifier si je l’ai dans la liste de mauricianismes celui-là.) Un très gros pain moule peut recevoir le nom de « corbillard* », appellation que je n’ai cependant pas entendu depuis bien des années.
* Au sujet du corbillard Robillard parle de « “Pain moule” de forme allongée. » — http://www.bibliotheque.refer.org/html/maurice/lexique/corbilla.htm
Pain perdu is the remote ancestor of North American French toast, which, however, is dipped in an egg-milk mixture with spices (cinnamon, nutmeg, etc.) and eaten with sweet syrup, ideally real maple syrup.
Je connaissais le pain perdu seulement de nom avant de venir au Canada où j’ai appris à le préparer, sans épices toutefois. Somme toute c’est une façon de traiter le pain rassis pour en faire une sorte de grosse crêpe.